dimanche 14 avril 2013

La Pragmatique Sanction de Bourges, ou l'affirmation du pouvoir royal sur l'Eglise de France... à travers les livres

Amis Bibliophiles bonjour,

En 1438, Charles VII, assemble les principaux ecclésiastiques de France, des docteurs en droit, ses grands conseillers et familiers dans le palais du duc Jean de Berry à Bourges. À l’issue de cette réunion le roi édicte le 7 juillet “La Pragmatique Sanction de Bourges” qui repose sur des principes gallicans. 


En effet cette ordonnance reprenait les idées des canonistes français, affirmait le pouvoir royal sur l’Eglise de France et son indépendance vis à vis de la papauté. Elle donnait au roi la possibilité de nommer les évêques et les abbés, elle supprimait les appels en cours de Rome et certains droits fiscaux pontificaux (annates).

Bien sûr Rome condamna ces décrets. Louis XI,  en 1461,  abrogea la Pragmatique Sanction mais pas son usage. Le concordat de Bologne, en 1516, entre le roi François Ier et le pape Léon X, la remplaça définitivement, mais retint le principe d’une église gallicane.

Dans ce contexte d’affirmation de l’entité française, les éditions de la Pragmatique Sanction sont nombreuses. 

L’édition princeps in-4°, sans lieu ni date, de 35 feuillets de 27 lignes en caractères romains est attribuée par Brunet à Ulric Gering et datée de 1472 environ. Elle est décrite d’après l’exemplaire du libraire Potier en 1856. Cette édition n’apparaît pas, en tant que telle du moins, au C.C.Fr. Ceci dit, elle semble logique; Guillaume Fichet, le recteur de l’Université de Paris avait tout à la fois favorisé l’installation des proto-typographes parisiens (dont Ulric Gering) et pris parti pour la Pragmatique Sanction de Bourges aux côtés du Parlement de Paris contre le projet de suppression de Louis XI. Il reste à en localiser des exemplaires.

Une autre édition incunable parut en 1476 environ, à Toulouse, avec les caractères gothiques utilisés cette même année par l’imprimerie locale sans qu’on identifie l’imprimeur. Ensuite, les impressions se succèdent, à Paris en 1481 chez Jean Bonhomme, puis en 1484 et 1486 et à Lyon en 1488, Chez Guillaume Balsarin,  etc.  

Jean Bonhomme à Paris publie en 1486 la première édition commentée par Côme Guymier. Au début du XVIe siècle, Philippe Pigouchet fait fonds de ce titre dans son catalogue, en 1502 et 1503 avec le commentaire de Côme Guymier et le réimprime en 1510 pour Jehan Petit sous la forme d’un gothique latin avec les deux marques de Jehan Petit et de Philippe Pigouchet. 

Une édition post incunable 1503
PRAGMATICA SANCTIO,
 Philippe Pigouchet, Jean Parvi, Paris, 1503 ;
 in-8 gothique deux colonnes, 205 ff, 1 f blc, 31 ff.
  Marque de Jean Alexandre sur le titre et celle de Philippe Pigouchet au verso du dernier feuillet.
Les éditions en gothique français sont peu nombreuses. Bechtel en récence deux seulement. Celle de 1508 imprimée par Gaspard Philippe à Paris pour Martin Alexandre dont on ne connaît pas le traducteur est la première en français. La seconde est donnée en 1513 par Michel Le Noir.

Comme on voit, de nombreuses éditions sont enrichies du commentaire de Côme Guymier, chanoine, licencié en droit, président aux enquêtes de Paris, qui meurt en 1503. Sa glose, véritablement expansive, encadre alors tout le texte de la Pragmatique Sanction, faisant d’un petit opuscule un gros ouvrage.

Commentaire de Cöme Guymier
Les éditions du XVIe siècle sont souvent accompagnées du texte du Concordat de 1516. À Lyon, les libraires Vincent, (Simon en 1532 et Antoine en 1538) et à Paris, Galiot du Pré (en 1546 et 1554) comptent parmi les plus prolixes de la Pragmatique.

Une édition lyonnaise assez courante avec le  commentaire de Cosme Guymier :
PRAGMATICA SANCTIO studiosis utilissima cum Concordatis. Lyon, Antoine Vincent pour Mathieu Bonhomme 1538 (1539 nx st.) Petit in-8, 267 ff. 54 ff. n. ch., XXI ff,  7 ff. n.ch. 
Une édition en français :
La Pragmatique Sanction contenant les décrets du concile national de l’Eglise gallicane assemblée en la ville de Bourges, au règne du Roy Charles septième avec le concordat d’icelle avec le Très chrétien roy François Premier de ce nom, et le Pape Léon Dixième, Paris, Vincent Sertenas, 1561, in-12°, 58 ff. 1f. 
Après le XVIe siècle les éditions se firent plus rares, l’indépendance vis à vis du Souverain Pontife était acquise. Peut-être faut-il noter, comme derniers feux d’un patriotisme de province, l’édition augmentée des commentaires du jurisconsulte natif de Bourges, François Pinsson des Riolles, en 1666 à Paris.

Lauverjat

1 commentaire:

  1. Nous allons chercher l’exemplaire de Fichet !

    Il faut relire la remarquable thèse de Joseph Salvini « Application de la Pragmatique Sanction sous Charles VII et Louis XI au Chapitre de Paris » (Paris 1909).

    Un exemplaire de l’édition de Lyon, Benoît Bonnyn [pour Simon Vincent], 1532 est passé récemment en vente, j’ai failli miser mais je me félicite de ne pas l’avoir fait, l’ami Lauverjat était sans doute tapi dans l’ombre…

    Textor

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