Amis Bibliophiles bonjour,
L'imprimerie serait la plus grande invention humaine... ou au moins l'une des plus grandes inventions humaines, et les imprimeurs les artisans de cette révolution. Très tôt les imprimeurs ajoutèrent leur marque pour identifier et authentifier leur production. Elle permet aussi à un imprimeur d'éviter la circulation d'éditions pleines de fautes sous son nom (article 16 de l'ordonnance de 1539, sous le règne de François Ier interdit aux libraires et imprimeurs d'utiliser la marque d'un de leurs confrères).
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Atelier d'imprimeur, la marque de Josse Bade, libraire et imprimeur à Paris (1517) |
Cette marque d'imprimeur, ou marque typographique, apparaissait sur la page de titre ou sur le colophon (en fin de volume). Aux débuts la marque se trouvait plutôt au colophon, où l'on retrouvait également les éléments distinctifs principaux du livre, alors que la page de titre présentait parfois uniquement le titre, ou un frontispice portant un portrait de l'auteur ou une allégorie. Sa taille pouvait varier, en fonction de la taille du livre, comme par exemple dans les ouvrages de Plantin.
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Le compas d'or de Plantin |
Peu à peu, la page de titre prît une importance plus grande, on y retrouvait le titre, l'auteur, le nom de l'imprimeur, la ville et la date, etc. marquant la fin progressive de l'utilisation du colophon. On retrouva alors souvent la marque d'imprimeur sur la page de titre; ainsi l'édit de Henri II du 11 décembre 1547 ordonne que le nom et l'enseigne de l'imprimeur soit apposé au début des livres. Cette disparition progressive est également stimulée au XVIIe par la plus grande rigueur dans la mise en application du système des privilèges, nominatifs et datés, qui rendent leur usage superflu et font que les marques qui subsistent prennent surtout une dimension symbolique. En 1730, paraît le Thesaurus Symbolorum de Friedrich Roth-Scholtz, premier répertoire de marques typographiques anciennes.
La marque d'imprimeur, qui reprenait souvent le dessin apposé par les imprimeurs sur les balles de livres avant expédition est à mes yeux l'un des plaisirs du bibliophile. On imagine quel soin apportèrent ces professionnels du livre au choix et à la réalisation de ces marques, qui sont souvent allégoriques et toujours de petits bijoux.
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Marque de Fust et Schoeffer, imprimeurs |
La première marque d'imprimeur utilisée fût celle de Fust et Schoeffer à Mayence, en 1462, elles semblent commencer en France vers 1470, à Paris et Lyon, mais aussi dans des villes plus petites comme Angers, Chablis, Rennes ou Rouen... où les plus grands imprimeurs font graver leur marque et l'apposent sur leurs ouvrages. Aujourd'hui, rares sont les imprimeurs qui utilisent des marques.
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Marque de Georges Mittelhus, Paris, 1488 |
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Marque de Levet, imprimeur à Paris, 1489 |
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Marque de Husz, imprimeur à Lyon, 1488 |
Petite curiosité, que vous avez peut-être rencontrée, il arrive que l'on croise deux marques, celle du libraire et celle de l'imprimeur, dans ce cas, le libraire était souvent placé au début de l'ouvrage et l'imprimeur à la fin. Il arrive également que l'on retrouve les marques typographiques sur les reliures elles mêmes, que les imprimeurs faisaient apposer sur les ouvrages, comme dans les cas de Tory et Gryphe.
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Marque de Gryphe, imprimeur à Lyon, 1526 |
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Marque de Tory, le pot cassé, libraire à Paris, 1429 |
J'aime les histoires que nous racontent les marques, la symbolique est en générale forte: référence astrologique, maçonnique ou alchimique, voire personnelle comme dans le cas de Tory, ou clin d'oeil, comme chez Lecoq, Lenoir ou Colines.
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Marque de Simon de Colines, imprimeur à Paris, 1527 |
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Marque de Philippe Le Noir, imprimeur et libraire à Paris, 1530 |
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Marque de Jean Lecoq, imprimeur à Troyes |
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