Amis Bibliophiles Bonsoir,
En 1992, en partant du concept proposé auparavant par Hegel, l'américain Francis Fukuyama publia en 1992 un livre qui fît grand bruit, La Fin de l'Histoire et le dernier homme, dans lequel il énonce l'hypothèse que l'Histoire s'est achevée avec l'éclatement de l'Union soviétique, et la chute de diverses dictatures (Espagne, Grèce, Chili, etc.). En effet, selon lui, le jour où un consensus universel sur la démocratie arrivera, les conflits idéologiques n'auront plus lieu d'être.
Sa théorie sera à mon sens balayée avec les conflits en Irak et au Proche-Orient, mais bon... quel rapport avec la choucroute comme dirait mon ami Bertrand, dont le bons sens me ramène si ce n'est souvent sur terre, du moins généralement autour de quelques bières blanches?
Et la fin de la bibliophilie alors? Toujours aucun rapport?
J'avoue que le dernier débat qui a animé le blog et illustré une fracture nette entre les Modernes ("fais ce que voudras, relie si tu le souhaites, etc.") et les traditionnalistes ("touche pas à mon broché ou le fantôme de Clouzot viendra te massicoter!")... ce débat disais-je m'a conduit à me poser la question suivante :
La bibliophilie ne serait-elle pas morte au début du 20ème siècle? Les grandes sociétés de bibliophiles ont disparu, les grands bibliophiles encore vivants sont des hommes nés avant 1940, les revues bibliophiles n'ont pas survécu... Qu'en est-il?
Devons-nous parler de bibliophilie au passé uniquement? Ou bien est-elle en train de changer? Ce sport qui était très élitiste, avouons-le, il y a une centaine d'années a-t-il perdu de sa saveur en se démocratisant? les Jean de Bonnot et consorts lui ont-ils coupé les jarrets?
Ne sommes nous pas finalement, que de gentils amateurs avec une minuscule? Non, mais alors quoi? C'est quoi la bibliophilie aujourd'hui? Quelque chose de moins social, de moins statutaire et de plus personnel?
Ouh la, mal la tête moi... Et vous, sinon, un avis?
Hugues
En 1992, en partant du concept proposé auparavant par Hegel, l'américain Francis Fukuyama publia en 1992 un livre qui fît grand bruit, La Fin de l'Histoire et le dernier homme, dans lequel il énonce l'hypothèse que l'Histoire s'est achevée avec l'éclatement de l'Union soviétique, et la chute de diverses dictatures (Espagne, Grèce, Chili, etc.). En effet, selon lui, le jour où un consensus universel sur la démocratie arrivera, les conflits idéologiques n'auront plus lieu d'être.
Sa théorie sera à mon sens balayée avec les conflits en Irak et au Proche-Orient, mais bon... quel rapport avec la choucroute comme dirait mon ami Bertrand, dont le bons sens me ramène si ce n'est souvent sur terre, du moins généralement autour de quelques bières blanches?
Et la fin de la bibliophilie alors? Toujours aucun rapport?
J'avoue que le dernier débat qui a animé le blog et illustré une fracture nette entre les Modernes ("fais ce que voudras, relie si tu le souhaites, etc.") et les traditionnalistes ("touche pas à mon broché ou le fantôme de Clouzot viendra te massicoter!")... ce débat disais-je m'a conduit à me poser la question suivante :
La bibliophilie ne serait-elle pas morte au début du 20ème siècle? Les grandes sociétés de bibliophiles ont disparu, les grands bibliophiles encore vivants sont des hommes nés avant 1940, les revues bibliophiles n'ont pas survécu... Qu'en est-il?
Devons-nous parler de bibliophilie au passé uniquement? Ou bien est-elle en train de changer? Ce sport qui était très élitiste, avouons-le, il y a une centaine d'années a-t-il perdu de sa saveur en se démocratisant? les Jean de Bonnot et consorts lui ont-ils coupé les jarrets?
Ne sommes nous pas finalement, que de gentils amateurs avec une minuscule? Non, mais alors quoi? C'est quoi la bibliophilie aujourd'hui? Quelque chose de moins social, de moins statutaire et de plus personnel?
Ouh la, mal la tête moi... Et vous, sinon, un avis?
Hugues
24 commentaires:
Pour moi la bibliophilie est une passion intime et personnelle, et elle est bien vivante.
Néanmoins, c'est vrai qu'en lisant certaines interventions la semaine passée, j'ai eu ce sentiment que la Vraie bibliophilie au sens où l'entende certains membres du blog, aurait disparu.
- Aspects bibliographiques plus importants que ressenti du bibliophile.
- Respect aveugle des thèses des anciens, Clouzot et les autres, comme s'ils étaient infaillibles.
- Elitisme.
La bibliophilie est elle morte? Je ne crois pas, mais elle a bien changé, vraiment.
Antoine
P.S.: A propos de la reliure d'un ouvrage broché: je suis plutôt d'accord avec Hugues; pour un bibliophile des années à venir, un ouvrage du XVIIe relié dans une reliure du XXe aura un double intérêt bibliophilique, comme un illustré XVIIIe dans une belle reliure maroquin XIXe (dans ce domaine, je suis plutôt pour le pastiche que la nouveauté: un incunable dans une reliure à la cathédrale, quelle drôle d'idée !)
Flûte, j'ai perdu tout le début de mon commentaire (encore une fois...).
Je disais qu'en somme, à mon avis, la bibliophilie n'évoluait guère: nous n'avons tendance à le croire que parce que nous voyons le passé de façon monolithique. En fait, le XIXe et le XXe fourmillaient de "petits" amateurs comme nous, dont les principes étaient fort variés: il n'est que de lire les traités de bibliophilie du XIXe, et leurs avis opposés, pour s'en convaincre. Ne croyons pas que les avis d'un Brunet, par exemple, reflétaient tout le XIXe: sans parler des querelles personnelles qui l'opposèrent à Quérard ou d'autres confrères, je rappelle que sa tendance à estimer la valeur d'un livre avant tout sur ses qualités intrinsèques (les bonnes et les mauvaises éditions) plutôt que sur ses attraits physiques n'était pas représentative de tout son siècle.
Le passé a déjà cru souvent vivre une "rupture" bibliophilique: il n'est que de lire un ouvrage, que l'histoire rend à mes yeux particulièrement ridicule, celui de Clément Janin, fin des années 1920 (je ne me rappelle plus le titre exact; il était paru aux éditions R. Kieffer). Clément-Janin avait une certaine condescendance pour certains bibliophiles rétrogrades qui cotinuaient de privilégier les illustrés du XVIIIe, alors qu'il existait tant de beaux livres modernes illustrés ! Que valent aujourd'hui, à quelques exceptions près, ces ouvrages publiés par Kieffer, Emile Paul, Au sans pareil...: peu de chose en vérité.
Quant au déclin des sociétés bibliophiliques, il me semble qu'il ne bouscule pas tellement le paysage: celles-ci n'ont eu leur heure de gloire que dans l'entre-deux guerres, et pour des considérations dans lesquelles la spéculation et les snobisme comptaient pour beaucoup...
Bref: je ne crois pas qu'il y ait de rupture bibliophilique; cette illusion n'est due qu'à une vision trop monolithique d'un passé au fond protéiforme et pétri de contradictions... comme notre propre époque.
Guillaumus (désolé pour ce message si long)
P.S.: sur le site de la bibliothèque municipale de Lisieux, on trouve les opinions d'un "petit" bibliophile du XIXe siècle pestant contre les "élites" de son temps: l'auteur paraît, à vue de nez, un peu fêlé, mais sa verve est fort amusante.
P.P.S.: Il existe de "grands bibliophiles" jeunes: à moins que je ne confonde avec un homonyme, je crois qu'E. Pierrat, dont P. Bergé disperse une partie de la collection, est fort jeune. Sans parler de tous les anonymes, qu'on ne découvre qu'après leur mort (et donc quand ils sont "vieux"; plusieurs manuels - celui de Galantaris par exemple, notent d'ailleurs que la bibliophilie naît souvent à un âge avancé).
Voici le lien vers le texte dont je parle:
http://www.bmlisieux.com/litterature/bibliogr/deville/devil001.htm
Bonsoir Guillaumus,
je viens de lire avec attention et plaisir le texte d'Etienne Deville de 1904.
Quelle fougue ! Quelle véhémence !
Mais surtout à mon sens, au milieu de quelques vérités bonnes à dire, ce qui transparait c'est un flot de jalousie et de frustration !
Que ne les envie-t-il pas ces amateurs fortunés qui lui enlèvent les plus beaux livres qu'il ne peut posséder. S'il le pouvait n'en serait-il pas instantanément le meilleur porte-parole.
Comme en matière de Gouvernement (puisque c'est la soirée politique sur le blog semble-t-il), il est toujours plus facile d'être dans l'opposition que dans la majorité.
Non ?
Et puis, même s'il a raison sur certains points, le monde est monde et reste dominé par l'Homme. Heureusement ou malheureusement, les choses vont ainsi.
Je ne peux pas collectionner les Ferrari et pourtant je n'en veux pas à ceux qui les alignent dans leurs garages bondés.
Je ne peux pas collectionner les incunables et pourtant je n'en veux pas à ceux qui en ont plein leurs étagères.
Le texte de Deville est un bon texte cependant qui méritait d'être lu, je ne le connaissais et vous en remercie.
Amitiés, Bertrand
"ces épaves auraient peut-être péri si je ne les avais pas recueillies ! Je les ai tirées de l’obscurité, décrites aussi complaisamment que je l’aurais fait si j’avais eu à dresser le catalogue d’un Grollier ou d’un duc de La Vallière"
C'est joliement écrit et résume assez bien "ma" vision de la bibliophilie...
elian
Bonsoir Bertrand (et elian),
Je partage largement votre point de vue sur le texte de Derville, qui suinte l'aigreur; pour ma part, je ne suis, comme lui ,qu'un très modeste collectionneur, mais mon point de vue est inverse: je me dis chaque jour que, s'ils le souhaitaient, les "Grands" bibliophiles pourraient rafler en un jour ce que j'accumule depuis des années, et me réjouis que des miettes me soient laissées... Toujours l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide.
Guillaumus
Cher Guillaumus, votre reflexion est très juste.
Tout l'avantage que vous avez sur ceux qui vous dominent du haut de leurs montagnes de billets (tout comme moi d'ailleurs)...
C'est votre bon goût ! votre détermination à trouver les bons livres ! votre savoir en un mot.
Choses de bien des milliardaires n'auront jamais. Et heureusement !
Néanmoins il y a des milliardaires qui ont du goût, et ceux-là sont redoutables !!!
Amitiés, Bertrand
Qu'il n'y ait plus de Grands Bibliophiles, avec tout ce que cela comporte de statutaire et d'élitisme de bon aloi, cela me parait relever du même phénomène que la disparition des Grands Intellectuels, des Grands Ecrivains, des Grands Industriels, des Grands Que sais-je encore. Il me semble, mais je ne suis pas sociologue ni historien, que la rupture a eu lieu dans les années 1970/1980. Que ce soit la fin de la bibliophilie, je n'en suis pas convaincu.
Si je peux parler de ma propre démarche (ou collectiviser mon narcissisme, comme dirait JF Khan), je ne la vois pas comme vraiment différente de mes grands anciens. En cherchant à me constituer une bibliothèque complète sur les Hautes-Alpes, tant en collectionnant les beaux ouvrages, les beaux exemplaires, c'est-à-dire en étant bibliophile, qu'en amassant de la documentation, des petites plaquettes rares, des photos, des livres récents, etc., je me mets dans les pas de quelques bibliophiles du passé (je ne cite pas les noms, leur notoriété n'a guère dépassé le Dauphiné). Les conditions ont changé, mais ce qui nous motive reste, me semble-t-il, identique : l'amour de notre coin de pays et des livres. Le mélange des deux nous fait bibliophiles et collectionneurs.
Ce qui a le plus changé, c'est l'univers relationnel et social dans lequel vivait ces bibliophiles du passé. Effectivement il existait une Société des Bibliophiles Dauphinois, des sociétés savantes qui restaient ouvertes aux amateurs éclairées, des libraires qui faisaient référence. Aujourd'hui, le lien entre les bibliophiles est devenu plus ténu et plus lâche. Mais, c'est peut-être le moment d'inventer une nouvelle sociabilité dans le monde de la bibliophilie ? Je crois que si ce blog a tant de succès, c'est qu'il correspond à ce besoin de créer des liens. Mais, il n'est pas seul. Il n'y a qu'à voir la richesse de l'activité autour du livre sur le Net. Moi-même, en créant un site, je me suis aperçu qu'il y avait beaucoup de personnes à la recherche d'un avis, d'un conseil, d'une piste de recherche. Autant que j'ai pu le percevoir, ce sont des personnes passionnées par un sujet : l'histoire de leur pays, de leur famille, des personnes qui cherchent à échanger, mais pour lesquelles il n'y a plus de structures institutionnelles qui le permettent. Le Net le permet aujourd'hui. A nous de le faire vivre, avec l'exigence de rigueur et d'honnêteté indispensable.
J'arrête là ma réflexion, car il est tout de même tôt. A vous lire, si mon propos vous inspire.
Jean-Marc
Bonjour Jean-Marc,
Je suis peut-être votre premier lecteur ce dimanche matin.
Ne croyez-vous pas que les Sociétés des Amis des Bibliothèques, qu'elles soient nationales (BnF, Arsenal, etc)ou municipales, qui sont à la fois éditrices et savantes, ont remplacé les anciennes Sociétés de Bibliophiles ? Elles ont gagné la place publique par des publications et des expositions, souvent influencées par le régionalisme. Elles participent à "l'invention d'une nouvelle sociabilité dans le monde de la Bibliophilie", mais à la différence du Net, en conservant le dialogue direct, plus formateur et plus humain, dans une espèce d'esprit de compagnonnage. Et puis n'oublions tout de même pas qu'il y a encore de grands bibliophiles, pas obligatoirement milliardaires (c'est la Société d'aujourd'hui, trop dépendante de l'argent, qui ne parle que de ces derniers), de grands libraires bibliophiles (pas obligatoirement vieux, n'est-ce pas Bertrand), de grands historiens du Livre (le français ne devrait pas se cantonner à son petit hexagone, il y a aussi de grands esprits chercheurs chez nos amis étrangers), de grands bibliographes (ce sont eux qui nous guident inconsciemment dans nos recherches d'exemplaires)et quelques revues de haut niveau, françaises ou étrangères (on en a déjà parlé sur ce blog). La Bibliophilie n'est pas morte. Elle est immortelle, comme l'est la soif du savoir et du beau de tout être humain normalement constitué.
Amitiés du matin
Jean-Paul
Pour poursuivre notre dialogue matinal.
Tout à fait d'accord pour dire que la bibliophilie n'est pas morte et qu'elle a encore de beaux jours devant elle.
Ma réflexion est probablement influencée par ma propre expérience personnelle (décidément, on n'échappe pas à la collectivisation du narcissisme !). Vivant à Paris, je suis loin de ces cercles régionaux, dont je sais qu'ils existent. Il m'est difficile de m'y insérer car cela demande du temps et de la disponibilité. Mais je suis intimement persuadé que l'échange direct reste le plus formateur et le plus enrichissant. Aujourd'hui, sur Grenoble et les Hautes-Alpes, ces échanges passent essentiellement par les libraires. C'est pour cela, pour reprendre un autre débat d'il y a quelques semaines, ils restent indispensables. Quand on a gagné leur sympathie, ce sont des intermédiaires précieux. Malheureusement, lorsque je suis allé à Grenoble récemment, un des libraires m'a annoncé qu'il fermait boutique (les charges, etc.) pour ne plus travailler que sur Internet. Le monde change ! D'où l'importance des salons, qui restent une autre occasion de rencontres (pour ma part, je pense au Salon du livre de Regionalisme Alpin de Grenoble, une fois par an).
Quelle matinée studieuse !
Amitiés
Jean-Marc
N'oublions pas également qu'à l'heure d'aujourd'hui, 9 personnes sur 10 préfèreront dépenser 3.000 euros pour les fêtes dans un écran plasma trop grand pour leur salon que dans une belle reliure ou un incunable digne de figurer dans une belle bibliothèque qu'ils n'ont plus...
Les goûts changent, évoluent.
Amitiés, Bertrand
Je crois pour ma part que ce dernier message de Bertrand est l'une des raisons.
Selon moi, la bibliophilie au sens privé, n'est pas morte, mais socialement elle l'est... et probablement parce que le livre n'est plus au centre de notre société.
Jusqu'à la fin du 19ème, et même jusqu'au 1er tiers du 20ème dans nos campagnes, avouons que le livre, même banal, était un objet de luxe, ou au moins un signe statutaire important.
L'écrit imprimé était d'ailleurs quasiment le seul moyen de communiquer et transmettre la connaissance. Les bibliothèques, "bourgeoises", justement, étant un vrai signe d'appartenance sociale. Et finalement, pour un bourgeois de l'époque un peu lettré, ou voulant s'en donner l'air, le livre constituait un passage quasi obligé de son élévation sociale.
Aujourd'hui, il faut bien l'avouer, le livre n'est plus... Je connais des gens qui font des carrières brillantes, après des études brillantes, et qui n'ont chez eux aucun livre. Ils ne lisent en réalité qu'un ou deux livres par an, sur la plage. Mais oui, ils ont une, deux, trois voitures, des écrans plasmas, des ipods, des tableaux, des résidences secondaires, des vêtements et des montres de marque.
Je ne les juge pas, au contraire, cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont incultes ou superficiels.
Mais force est de reconnaître que le livre a perdu une grande part de sa place et de son aura dans notre société, en tant qu'objet, et même objet de culte.
Alors, non, bien sûr, la bibliophilie de chacun existe toujours, mais honnêtement, la bibliophilie a quand même perdu de son importance, et de façon significative, non?
"Amis des bibliothèques"? Oui. Mais pour quelle audience? Elle ne dépasse guère un cercle très restreint d'initiés. Idem pour ce blog. Où sont les "Plaisir du Bibliophile", "Cercle du Bibliophile", etc?
Hélas... Loin derrière nous. La bibliophilie n'est pas morte, mais on l'a connue en meilleure santé, non? Et c'est quand même à nous de la faire vivre, non?
H
Mes expériences rémoises ont été plus optimistes : une centaine de personnes aux conférences (pas beaucoup de jeunes dans une ville universitaire, c'est vrai), des centaines pour les expositions ; le "Livre des Livres" s'est vendu à environ 20 000 exemplaires (mais c'est vrai aussi : où sont-ils ces amateurs là que je connais pas, sauf quelques dizaines); "Le Bibliophile Rémois" a eu pendant vingt ans, sans aucune publicité, environ 150 abonnés éparpillés en France, en Belgique, au Luxembourg et en Italie. La Bibliophilie n'est pas morte, elle est bien vivante : notre Société favorise malheureusement l'enfermement et défavorise les contacts et surtout les échanges. Ces derniers, faits de notre domicile par ordinateur, restent anonymes, sans engagement véritable, un peu égoïstes, un peu vaniteux ...mais de grâce, n'arrêtez pas ! En outre, de même que l'ordinateur ne tue pas le papier (il a besoin d'une imprimante !), le blog ne tue pas les contacts humains directs, puisque nous sommes nombreux à vouloir nous retrouver autour d'une fontaine de bière blanche ... ou de beaujolais ! pour deviser de nos bonheurs existentiels bibliophilesques.
Je dois aller chercher le pain quotidien..à tout à l'heure
Jean-Paul
Je pense que les deux derniers messages de Jean-Paul et de Hugues ont bien resumé la situation actuelle.
D'une part une désacfection grandissante pour le "livre" dans toute son acceptation, d'autre part "quelques cercles de passionnés" qui essayent tant bien que mal de faire perdurer la "passion" du livre.
Continuons.
Amitiés, Bertrand
Je rejoins les messages précédents. En effet, je pense que cette évolution de la bibliophilie est lié au lent changement du statut du livre dans notre civilisation.
Les nouvelles élites se préoccupent moins de culture, il suffit de comparer le bibliophile Mitterrand à la présidence "bling bling" de Sarkozy. Un "honnête homme" ne se doit plus posséder une belle bibliothèque.
Par conséquent, la bibliophilie est aujourd'hui moins un instrument de distinction sociale.
J'y vois plutôt une avancée positive...
"Les nouvelles élites se préoccupent moins de culture, il suffit de comparer le bibliophile Mitterrand à la présidence "bling bling" de Sarkozy."
Il n'y a qu'à comparer les photographies officielles des présidents de la Ve république qui ont posé devant la bibliothèque: De Gaulle, Pompidou, Mitterand, Sarkozy. L'une me semble moins crédible que les autres... saurez-vous deviner laquelle?
Gonzalo
PS/ Hugues, j'ai peur d'entrainer la discussion sur une pente trop politique! Rétablissez vite la discipline!
Il semble évident que le livre a perdu la place qu'il occupait au XIXe s. tant dans la représentation sociale que dans la transmission du savoir. Les évolutions technologiques (dont nous sommes aussi acteurs) et sociétales (consommation de masse, immédiateté des besoins, ...) sont en décalage avec l'univers bibliophilique. Pour autant, je pense que la bibliophilie est loin d'être morte, et nous le prouvons, nos horizons, centres d'intérêt sont divers, mais nous sommes animés d'un même mouvement.
Cela dit, c'est vrai que le public bibliophilique a changé, les belles bibliothèques ne font plus partie des critères de reconnaissance sociale et ont été remplacées par les belles voitures et les écrans plasma. Pourtant, les bibliophiles qui restent sont de vrais amoureux des livres et je serais d'ailleurs curieux de connaître la moyenne d'age de notre modeste échantillon : une idée de sondage Hugues... Moi, c'est 42 ans...
Longue vie à la bibliophilie
Philippem
Avec mes 64 , ça va monter !
Jean-Paul
36 et toutes mes dents qui dit mieux !
Amitiés, Bertrand
30 et beaucoup de couronnes (est ce mieux ou pire?)
Il y a un Malherbe superbe qui va partir pas cher sur ebay dans moins de dix minutes !!
Jean-Paul
La bibliophilie n'est surement pas morte, de même que le monde de la culture et des intellectuels, mais il s'est refermé sur lui-même. Comme vous l'avez déjà dit, le livre, mais je rajouterai même l'écrit en général, n'est plus au centre de la société. On cherche l'instantané, le sensationnel, l'immédiat, l'image. On préfère se faire mâcher la réflexion avant de l'ingérer. On est rentré dans le siècle de l'image, qui dure depuis environ 30 ans aujourd'hui. Il faut faire se rapprocher cela de l'écroulement, en France tout du moins (mais c'est aussi le cas dans des pays ayant de longues traditions de l'écrit, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, qui subissent à leur tour ce changement culturel), du nombre de lecteurs de la presse écrite.
Pour s'apercevoir de ce changement, il n'y a qu'à tout simplement regarder les émissions de déco à la télé. Combien de maisons ou d'appartements avec des bibliothèques? Je regardai il y a deux trois semaines D3co sur la 6, où l'on voyait dans une maison pour seuls livres, des dictionnaires et une encyclopédie. L'animatrice a réussi à dire que les étagères ployaient sous le poids des livres (il y en avait tout juste une dizaine...). Rebelotte une semaine plus tard dans l'émission "Question Maison" sur la 5e, où dans la rubrique dans laquelle un architecte d'intérieur s'occupe de réorganiser l'espace intérieur d'un appart, il réussit à définir sous l'appellation "bibliothèque", une sorte de demi-étagère sur laquelle il y a 3 livres qui se battent en duel! Et encore, il y avait des livres.
Combien de fois entend-on des personnes expliquer que le but de leur décoration est de cacher tout ce qui peut être visible, à commencer par les livres? Il y a encore 20 ans, le summum était de voir une grande bibliothèque, remplie de livres (si possible de livres anciens), décorant un salon ou un bureau.
Aujourd'hui, ce n'est malheureusement plus le cas. Mais le livre n'est pas mort!
La bibliophilie n'a pas à craindre des nouvelles formes de transmission de la connaissance. Au contraire ! Et votre blog le prouve qui permet à de simples amateurs isolés de faire de réels progrès dans la perception de ce plaisir et qui leurs donnent une motivation supplémentaire. Par contre, le simple gout du livre et de la lecture pourrait devenir un privilège réservé à une élite hostile aux écrans plats et aux encéphalogrammes de la même couleur... Cordialement. Pierre
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