Voici la suite du message de Xavier sur les différents styles de dorure. Pour des considérations plus générales sur chaque type de reliure, utilisant telle ou telle forme de dorure, vous pouvez retrouver bon nombre des styles présentés dans mes divers articles sur les différents type de reliures.
Le style Régence, le XVIIIe.
On y recherche la légèreté, l’équilibre et la délicatesse ; on y trouve des visages féminins, des animaux (colombes, dauphins,..) ; des jardins fleuris, des thèmes de chasse et de pêche….de la rocaille.
En fait, la dominante caractéristique est l’intégration des thèmes floraux. C’est la période de Le Monnier, Pasdeloup, de Derôme et de son fer à l’oiseau. Mais la seule innovation est l’apparition des décors mosaïqués, les relieurs précédemment cités s’y sont essayés. (quelques fers à l’oiseau)
Le XVIIIe est quelque peu en panne d’inspiration et nous voyons apparaitre le style Anglais qui se prolonge sous le Directoire et la Restauration. La révolution : Elle rompt avec le passé et est promesse d’avenir, mais destructrice des œuvres anciennes telles les armoiries, dorures et même des livres ; d’où les armes grattées sur des ouvrages que l’on peut trouver aujourd’hui. Plus de reliures de luxe, il ne reste que les travaux courants dont les décors sont très simples dans leur conception : l’art officiel domine. L’empire : le Consulat et l’Empire ne renient pas les grandes et glorieuses civilisations disparues ; palettes grecques et lauriers sont de rigueur, couronnes de roses nouées d’un mince ruban flottant d’allure sévère. C’est la période des frères Bozérian, peu enthousiastes de l’art officiel ; Ils y créent les dos sans nerfs, les petits fers noyés dans des fonds pointillés : ils amorcent le style romantique.
Le style Romantique : moment fort du XIXe.
Quelques fers restauration (1815-1830) Décors de type "cathédrale" : La dorure à la plaque facilite grandement la tâche (la célèbre maison Gruel en a gravé d’une incroyable finesse) Quelques roulettes romantiques. Les pastiches, seconde moitié du XIXe ;
Pour tous les arts les créations sont totalement axées sur le passé. La dorure s’inspire alors de tous les styles français, mais aussi Chinois et japonais.
Les dorures croissent en nombre ; notons aussi que la plupart des fleurons anciens qui peuvent encore exister de nos jours furent gravés à cette époque très active. Les plaques antérieures au XIXe siècle sont supérieures en épaisseur au 6.5mm/7mm imposés par l’industrialisation de la dorure.
Les fers, quand à eux, possèdent sur la tige un renflement ; c’est donc un moyen de vérifier « l’authenticité » des plaques et fleurons réellement anciens.
Le retour à la créativité, avec l’atelier de Marius-Michel (le père était le doreur de Capé) qui s’illustra par la qualité, mais aussi par ses conceptions valorisant la flore et le feuillage ; les mosaïques souvent serties de filets annoncent le XXe siècle. Le XXe siècle, l’art déco, 1925 Merci Xavier,
H
Pour en savoir plus , et les ouvrages consultés pour cet article :
-Julien Fléty-La gravure des fers à dorer, Technorama. 1984
-Pascal Alivon-Styles et modèles. Guide des styles de dorure et de décorations des reliures. Arnoville, 1990, isbn : 2950453902
-Henri Béraldi-La reliure du XIXe siècle
-E.Quentin-Bauchart-Les relieurs 1500-1900, aussi en PDF ici :
-Louis-Marie Michon-Les reliures mosaïqués du XVIIIe
-Léon Gruel-Conférences sur la reliure et la dorure des livres, 1896
8 commentaires:
Une bien belle paire d'article Xavier !
Merci.
Amitiés, Bertrand
PS : pour Bergamote...
dans ce cas article prendrait bien un S ou un X ?? Comme j'hésite, je préférais m'abstenir (sourire).
Amitiés, Bertrand
Ah, Xavier, je savais bien que la suite de ton article allait être au moins aussi intéressante que la première partie. Et je ne suis pas déçue. Bravo. J'aime beaucoup le petit arbre et le bonnet phrygien en dessous de "la nation la loi et le roi".
Hugues : on ne peut pas cliquer sur les images pour les agrandir ? Sur mon blog, c'est automatique, comment se fait-il que sur le tien ce ne soit pas pareil ?
Bergamote (qui n'aime pas le html)
PS pour Bertrand : voyons, tu es bien placé pour savoir que l'expression "une belle paire de" est toujours suivie du pluriel (clin d'oeil)
Merci pour cet article.
Une question : la matière première des dorures est-elle forcement de l'or ?
Vincent
Vincent, je ne peux pas répondre en ce qui concerne les siècles précédents, en revanche je sais qu'actuellement, pour la dorure, on peut utiliser de l'or, des films métallisés (argentés, cuivrés...), des films de couleur (type Oeser), du noir de fumée... ou même rien du tout (pour la dorure "à froid").
Merci pour ces précisions Bergamote.
Le^s explications sur les aspects techniques sont toujours utiles et interessants....
Vincent
J'ai une ou deux reliures (allemandes et anglaises) des XVIIè et XVIIIè siècle qui sont décorées au fer à chaud mais argentées et non dorées, ce qui avec les siècles et l'oxydation de l'argent (qui noircit presque intégralement) donne un résultat pas très heureux et plutôt désagréable à l'oeil. J'ai eu en mains dernièrement une reliure de deuil en maroquin noir décorée de fers argentés, aux armes du régent (vers 1717) sur un Office de la semaine...
Bonne soirée,
Bertrand
Oui, les dorures étaient réalisées à la feuille d'or et les argentures à la feuille d'argent parce que c'était le plus pratique à défaut d'être le plus économique. Cependant, Laboulaye décrit une technique bâtarde de dorure sur cuir qui consistait à vernir l'argenture avec une mixture (dont il donne le détail) afin de retrouver l'apparence de l'or. Je pense que cette technique a du être utlisée dans l'ameublement car je n'ai rien vu qui y ressemble sur un livre.
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