Amis Bibliophiles Bonsoir,
Imaginez, vous consultez vos emails et vous tombez sur un email de la Librairie Sourget... Première étape, l'hallucination, on pense à une erreur d'adresse email. Il est vrai que mon patronyme et mon prénom sont quasiment identiques à ceux d'un des plus grands milliardaires du 20ème siècle, oui mais voilà, il est mort depuis quelques années, quand même.
Deuxième étape, on pense à un mailing, et non, c'est bien moi le destinataire... Troisième étape, la consécration... on se dit, ça y est, mon long parcours de bibliophile est enfin reconnu à sa juste valeur et ce libraire renommé vient s'approvisionner à une source trop longtemps ignorée. Et là, on lève les yeux vers sa bibliothèque et on se dit que non, décidément, ce doit être autre chose.
Alors on lît l'email envoyé par ces délicieux libraires et on comprend mieux: alertés par mon chargé de clientèle de la Société Générale (et oui, j'ai fait de gros placements fin 2007 via un petit courtier méconnu) que je n'investis plus massivement en Bourse, les libraires en question viennent proposer au bibliophile milliardaire putatif que je suis "un meilleur investissement que le Dow Jones : le livre ancien français". Alleluia mes frères!
Moi qui ne pensais que passion, amour du livre, bibliopégimanie chronique, bibliomanie rampante, voici que l'on propose au père de famille que je suis l'alibi de rêve pour continuer à dépenser sans compter dans les livres : le dow jones et autres Cac40, c'est de la rigolade, l'immobilier, une grande poilade, l'or, un truc pour les pigeons! Les livres, mes amis, les livres, pourvu bien sûr qu'il soient anciens, français (et là le coq se gonfle d'orgueil), et si, possible, achetés à Chartres (je suis taquin sur ce dernier point, j'admire la Librairie Sourget, en vérité, mais je ne veux pas paraître trop consensuel, c'est toujours mauvais comme image pour un milliardaire).
Parce que oui, voilà, la Librairie Sourget, avec l'aide la Banque Lazard a fait réaliser une étude comparée mettant en perspective le Livre Ancien (français, etc), comme investissement. Et il s'avère que c'est le super bingo!
Les choses étant bien faite, dans une semaine, c'est le Salon du Grand Palais, une excellente raison de rapatrier vos ridicules stocks d'or helvètes ou de vendre vos villas sur la Côte, pour venir investir chez nos amis du SLAM! La vie est belle, le timing est propice aux bonnes affaires.
Bon, trêve de plaisanterie, le temps c'est de l'argent (vous imaginez aisément que ce blog me laissera sur la paille pour le coup), le fond de l'étude est intéressant et l'on peut saluer l'initiative de la Librairie Sourget. La forme est un peu indigeste, surtout au début, avec les références au passé, mais j'ai goûté l'exercice.
Voici la conclusion :
Cette étude réalisée avec l'aide des services de la Banque Lazard est la première consacrée à l'évolution du prix réel des livres rares et précieux du XIXe siècle à nos jours. Elle devrait interpeller amis bibliophiles et financiers avisés et développer l'intérêt pour nos livres de « Haute Culture » tant les résultats de moyen et long terme sont saisissants.
ÉTUDE DE L'ÉVOLUTION DU PRIX DES LIVRES ANCIENS, COMPARÉE À DIFFÉRENTS PLACEMENTS :
· Indice « Dow Jones » de la bourse de New York
· Prix de l'immobilier aux USA depuis 1890
· Napoléon ou pièce de 20 F OR
· Hectare de terre labourable en Ile-de-France
· Indice du coût de la construction en France
Le livre en sort gagnant.
Vous pouvez lire l'étude à cette adresse : http://camillesourgetrarebooks.com/media/Etude_Livre_Ancien.pdf
Deux ou trois choses me laissent malgré tout perplexe, comme la volonté manifeste de "contrôle" de l'achat du bibliophile ainsi :
- "Si vous souhaitez acheter en vente publique, agissez de concert avec votre libraire, sinon l’on vous fera « monter au cocotier »".
- "adaptez le type de livres à votre budget sachant qu’un livre de 10 000 E a autant d’avenir patrimonial qu’un livre de 100 000 E." Ce qui me rassure...
- "...de nos voisins allemands réunifiés, ne représentera plus que 60 % de celui-ci dès 2030. Mais au-delà de nos frontières, et malgré les troubles occasionnés par la crise financière et économique née dernièrement aux États-unis, une formidable croissance économique productrice d’énormes richesses nouvelles s’est emparée de pays immenses." Sous-entendu, ouvrons grand les vannes des frontières et exportons en coeur.
- "L’accroissement de la demande de beaux livres anciens, internationale bien sûr,
malgré l’obstacle de la langue, suivra, dans les décennies à venir, l’ascension du nombre de nouvelles fortunes, parmi lesquelles plusieurs souhaiteront posséder une prestigieuse bibliothèque qui fera office d’anoblissement culturel, étape ultime à la consécration d’une vraie réussite sociale au XXIe siècle." Sous-entendu, on ne remerciera jamais assez les nouveaux riches, etc.
Mais je le redis, l'exercice est utile, et la Librairie Sourget joue pleinement son rôle de leader en se penchant sur ce genre de questions. Je trouve le fonds très intéressant.
Votre avis? Ca fait débat, non?
H
PS : pourquoi ne pas avoir comparé avec le baril de pétrole?
Imaginez, vous consultez vos emails et vous tombez sur un email de la Librairie Sourget... Première étape, l'hallucination, on pense à une erreur d'adresse email. Il est vrai que mon patronyme et mon prénom sont quasiment identiques à ceux d'un des plus grands milliardaires du 20ème siècle, oui mais voilà, il est mort depuis quelques années, quand même.
Deuxième étape, on pense à un mailing, et non, c'est bien moi le destinataire... Troisième étape, la consécration... on se dit, ça y est, mon long parcours de bibliophile est enfin reconnu à sa juste valeur et ce libraire renommé vient s'approvisionner à une source trop longtemps ignorée. Et là, on lève les yeux vers sa bibliothèque et on se dit que non, décidément, ce doit être autre chose.
Alors on lît l'email envoyé par ces délicieux libraires et on comprend mieux: alertés par mon chargé de clientèle de la Société Générale (et oui, j'ai fait de gros placements fin 2007 via un petit courtier méconnu) que je n'investis plus massivement en Bourse, les libraires en question viennent proposer au bibliophile milliardaire putatif que je suis "un meilleur investissement que le Dow Jones : le livre ancien français". Alleluia mes frères!
Moi qui ne pensais que passion, amour du livre, bibliopégimanie chronique, bibliomanie rampante, voici que l'on propose au père de famille que je suis l'alibi de rêve pour continuer à dépenser sans compter dans les livres : le dow jones et autres Cac40, c'est de la rigolade, l'immobilier, une grande poilade, l'or, un truc pour les pigeons! Les livres, mes amis, les livres, pourvu bien sûr qu'il soient anciens, français (et là le coq se gonfle d'orgueil), et si, possible, achetés à Chartres (je suis taquin sur ce dernier point, j'admire la Librairie Sourget, en vérité, mais je ne veux pas paraître trop consensuel, c'est toujours mauvais comme image pour un milliardaire).
Parce que oui, voilà, la Librairie Sourget, avec l'aide la Banque Lazard a fait réaliser une étude comparée mettant en perspective le Livre Ancien (français, etc), comme investissement. Et il s'avère que c'est le super bingo!
Les choses étant bien faite, dans une semaine, c'est le Salon du Grand Palais, une excellente raison de rapatrier vos ridicules stocks d'or helvètes ou de vendre vos villas sur la Côte, pour venir investir chez nos amis du SLAM! La vie est belle, le timing est propice aux bonnes affaires.
Bon, trêve de plaisanterie, le temps c'est de l'argent (vous imaginez aisément que ce blog me laissera sur la paille pour le coup), le fond de l'étude est intéressant et l'on peut saluer l'initiative de la Librairie Sourget. La forme est un peu indigeste, surtout au début, avec les références au passé, mais j'ai goûté l'exercice.
Voici la conclusion :
Cette étude réalisée avec l'aide des services de la Banque Lazard est la première consacrée à l'évolution du prix réel des livres rares et précieux du XIXe siècle à nos jours. Elle devrait interpeller amis bibliophiles et financiers avisés et développer l'intérêt pour nos livres de « Haute Culture » tant les résultats de moyen et long terme sont saisissants.
ÉTUDE DE L'ÉVOLUTION DU PRIX DES LIVRES ANCIENS, COMPARÉE À DIFFÉRENTS PLACEMENTS :
· Indice « Dow Jones » de la bourse de New York
· Prix de l'immobilier aux USA depuis 1890
· Napoléon ou pièce de 20 F OR
· Hectare de terre labourable en Ile-de-France
· Indice du coût de la construction en France
Le livre en sort gagnant.
Vous pouvez lire l'étude à cette adresse : http://camillesourgetrarebooks.com/media/Etude_Livre_Ancien.pdf
Deux ou trois choses me laissent malgré tout perplexe, comme la volonté manifeste de "contrôle" de l'achat du bibliophile ainsi :
- "Si vous souhaitez acheter en vente publique, agissez de concert avec votre libraire, sinon l’on vous fera « monter au cocotier »".
- "adaptez le type de livres à votre budget sachant qu’un livre de 10 000 E a autant d’avenir patrimonial qu’un livre de 100 000 E." Ce qui me rassure...
- "...de nos voisins allemands réunifiés, ne représentera plus que 60 % de celui-ci dès 2030. Mais au-delà de nos frontières, et malgré les troubles occasionnés par la crise financière et économique née dernièrement aux États-unis, une formidable croissance économique productrice d’énormes richesses nouvelles s’est emparée de pays immenses." Sous-entendu, ouvrons grand les vannes des frontières et exportons en coeur.
- "L’accroissement de la demande de beaux livres anciens, internationale bien sûr,
malgré l’obstacle de la langue, suivra, dans les décennies à venir, l’ascension du nombre de nouvelles fortunes, parmi lesquelles plusieurs souhaiteront posséder une prestigieuse bibliothèque qui fera office d’anoblissement culturel, étape ultime à la consécration d’une vraie réussite sociale au XXIe siècle." Sous-entendu, on ne remerciera jamais assez les nouveaux riches, etc.
Mais je le redis, l'exercice est utile, et la Librairie Sourget joue pleinement son rôle de leader en se penchant sur ce genre de questions. Je trouve le fonds très intéressant.
Votre avis? Ca fait débat, non?
H
PS : pourquoi ne pas avoir comparé avec le baril de pétrole?
24 commentaires:
Ben oui, c`est ça, les GRANDS libraires. Soupire.
N'était-ce pas ce libraire (pardon... financier) qui avait écrit un article comparant l'évolution des prix de l'originale de Mme Bovary et de la terre de beauce? Certains aiment les livres d'autres aiment l'argent... tant pis.
Il n'y a pas de sujet tabou, Sourget a voulu faire cette étude: il en a le droit et le pouvoir, très bien. Il s'affirme lui-même financier et non bibliophile, tant pis pour lui.
Mais Hugues: pourquoi reprendre cette information qui aurait plus sa place dans Capital?
Sourget travaille pour des investisseurs... Son portefeuille et son pouvoir n'ont d'équivalent que son cynisme... Ok.
Il ne s'agit pas d'argent: les libraires richissimes ont le droit d'exister. Il s'agit d'amour du livre: les libraires banquiers ne sont pas des libraires.
Mais je lance un appel au SLAM: pourquoi un homme qui publie de telles études trouve-t-il place chez vous? Il en va du prestige de votre société: excluez-en les barons du cynisme, vous n'en serez que plus admirables.
Quand même, c'est plutôt un signe que les temps sont difficiles.
Les personnes concernées (je reste sobre volontairement) sont forcement au courant de ce type d'investissement.
C'est par manque de goût, ou il n'est pas fait mention d'une possible reduction d'impot ?
Bref de la vulgaire retape avec le brin de cynisme habituel...
De plus les chiffres doivent être difficiles à croiser.
Vincent
Gonzalo,
Pas d'accord, ça concerne le livre ancien, et si la forme peut ne pa splaire, le fonds est quand même intéressant, et important.
C'est le Blog du Livre Ancien, enfin, un blog du Livre Ancien. J'essaie quoi. Donc, passer à côté de cela, au contraire, cela aurait été une "erreur" de ma part.
Non?
Hugues
J'ajoute une chose : j'ai reçu l'email de la Librairie Sourget aujourd'hui, mais Jean-Luc, qui a l'oeil à tout, m'en avait déjà informé hier : il en parle d'ailleurs ici, sur son blog :
http://100antiquebooks.com/index.php?2008/04/09/26-le-livre-ancien-est-il-le-meilleur-des-investissements
H
Oui, cette étude est assez dérangeante non parce qu'elle veut prouver que par ce qu'elle sous-entend. Personnellement, j'ai été indigné par certaines phrases que j'ai mis sur le compte de la maladresse.
Mais vu la réaction de gonzalo, je ne sais trop quoi en penser maintenant.
Par exemple, il semble clair que le libraire fait peu de cas de dilapidation du patrimoine national et de la loi sur l'exportation des biens culturels.
Plus curieux, il est censé s'adresser à sa clientèle mais ne se prive pas pour la traiter de groupe de benêts en mal de reconnaissance sociale qui "fait bibliothèque" pour épater la galerie.
Sans doute, y a-t-il justification à toutes ces bizarreries ; ne pourrait-on inviter M. Sourget à intervenir sur ce blog ?
> "C'est le Blog du Livre Ancien"
Tu reste tout à fait maitre de ton projet, Hugues, mais j'avais cru lire "blog du bibliophile"... L'étude de Sourget, derrière des formules bateaux sur les chefs-d'oeuvres impérissables de notre patrimoine, n'est qu'une cynique étude de marché, comme en commandent tous les jours Carrefour, Coca-Cola ou Virgin. L'amour des livres est à Sourget ce que l'amour de la culture est aux centre Cultura de Leclerc... Un business.
Je crois que je vias te préparer un article sur l'évolution du prix du livre ancien pendant les crises politiques Hugues, et s'il te plait fait le lire à Sourget: qu'il sache qu'en cas de famine, on troque des brouettes d'Elzevier contre des sacs de farine... Merci pour l'investissement.
Son étude s'adresse à des naïfs. Quand c'est Total qui paie des études pour dire que le pétrole ne pollue pas, vous y croyez? Moi non... Quand c'est Sourget qui dit que le livre est un investissement, c'est pareil...
Merci de lire "crise économique" au lieu de politique...
Oui, tu as raison, c'est le Blog du Bibliophile, mais bon, je pensais qu'il était important pour les bibliophiles de lire aussi ce genre de position.
H
Franchement, gonzalo, si une étude sur l'évolution de la valeur des livres anciens ne trouve pas sa place ici, où est sa place ?
Visiblement, vous n'aimez pas le ton et les manières de Sourget, vous donnez votre avis et avancez vos arguments et moi... ben, je trouve votre prose très intéressante. Aurais-je eu le plaisir de vous lire si Hugues n'avait pas relayé l'info ?
Pas de tabou ! Discutons de tout ce qui en vaut la peine dès lors que l'on reste dans le domaine de la bibliophilie.
Hugues, quand je pense que j'aurais pu vendre tous mes livres suite à l'un de tes billets faisant référence à une thèse commanditée par le SLAM... Tu nous expliquais que démonstration était faite (via des analyses démographiques) que le marché du livre ancien allait s'écrouler ! :)
Ouf. J'achète mes livres pour mon plaisir, pas pour investir.
Eric
Le dernier argument de Gonzalo est très juste et fondamental ; on ne peut pas tirer beaucoup de leçons d'une étude sur l'investissement bibliophilique financée par un libraire.
La banque Lazarre n'est pas un expert indépendant et la librairie SOurget un commanditaire neutre. Cette étude n'est qu'un avatar marketing du "publi-rédactionnel".
A.A.A
Eric, tu as raison, investir pour se faire plaisir c'est déjà investissement réussi.
Pour revenir à la comparaison entre les deux études, il est intéressant de noter deux choses :
1. Celle qui envisage une baisse de la valeur du livre est la thèse d'un doctorant, qui n'est pas libraire. On imagine mal un libraire présenter la même réflexion.
2. Je pense que les livres étudiés par ce doctorant, comme les tiens, ne sont pas ceux qu'évoque M. Sourget, et que cela change tout. Leurs valeurs "marchandes" réciproques sont, comment dire, légèrement différentes.
En conclusion, difficile de comparer les deux études pour se rassurer ou s'encourager, dans une optique d'investissement en tout cas : dans un cas un universitaire, de l'autre un libraire et une banque (on devine qu'ils ont des intérêts différents), d'un côté des livres à tous les prix, de l'autre de la haute bibliophilie.
H
PS : mais parce que je suis têtu, et que j'ai été convaincu, je penche toujours du côté de la baisse des cours des prix du tout venant, qu'il me semble déjà observer sur ebay (dont on sait qu'il régule les prix à la baisse). Pour le reste, les objets rares et de grande qualité, qu'ils soient tableaux, meubles, ou livres, verront toujours leurs prix augmenter globalement.
Je viens de lire l'article de Sourget: déprimant!!!! c'est à mille lieues de mes préoccupations; je me croirais à en entretien avec mon conseiller bancaire. Quelle tristesse!!!
Amis bibliophiles, bonjour.
Ouh la les amis ! Je rentre juste des puces de Palavas... Déprimant aussi (croyez-moi) !
Le monde se scinde en deux. Les très riches et les très pauvres, cela devient de jour en jour de plus en plus évident.
J'ai lu tous vos commentaires avec attention, et j'avoue que je suis d'accord avec à peu près tous les points de vue.
Hugues tu as évidemment eu raison de diffuser ce message sur notre blog, car comme le dit justement Jean-Luc, où en parler sinon ici. Nous verrons bien si le Magazine du bibliophile relaiera l'information également, ce qui serait de son devoir.
Que dire de plus ? J'ai lu l'étude. Moi aussi certaines phrases m'ont littéralement choqué. Par ailleurs une autre m'a laissé de marbre, la voici :
"De telles performances financières et patrimoniales de la part de nos belles éditions originales constituent certainement uns surprise considérable pour la grande majorité des lecteurs de cette étude comparative, le marché du livre rare étant historiquement destiné à une élite internationale discrète et réservée qui a de tout temps intégré les immenses bienfaits secrétés par la haute bibliophilie."
Ouahh ! Trop fort ! Même Philip K. Dick n'aurait pu faire mieux.
Billetophilie ? Bibliophilie ? Bibliomégalomanie ? Bibliomancie ? Bibliodélire ?
A Jean-Paul de nous dire à quel terme "Bibliolexical" cet article doit se rapporter ?
Pour ma part je reste convaincu d'une chose, et à mon sens elle est essentielle.
La Librairie Sourget évoque la "haute-bibliophile" et les éditions originales ou illustrées rarissimes. De par un choix volontaire et évidemment fait "en vue de", la librairie Sourget choisit systématiquement des ouvrages à caractère d'"unica" : Provenance exceptionnelle, reliure exceptionnelle, état de conservation exceptionnel, éditions exceptionnelles... Ce savant mélange ayant la faculté de transformer le "livre" en "objet d'art" (tableau, meuble, etc). Tout le monde sait ici que le monde de l'art navige dans des zones de prix bien supérieures au prix du livre (même rare). Essayez d'obtenir une petite toile de Picasso pour 100.000 euros ??
La librairie Sourget essaye donc de s'insérer "naturellement" dans le marché de l'Art. D'où sa démarche "marketing".
Une autre remarque qui a son importance. La taille du marché, le nombre des livres rares.
Tout le monde sait ici que j'ai numérisé l'intégralité des Bulletins de la librairie Morgand et Fatout (1878-1904), or, la librairie Morgand est "le" modèle que tente de suivre la librairie Sourget, "sa" vision du marché du livre rare. J'ai lu à peu près tout ce qui concerne la librairie Morgand et il existe une différence flagrante entre les deux :
Le nombre de livres rares proposés.
Rarefaction du marché. Volonté de la librairie Sourget de sélectionner encore d'avantages, ou incapacité financière de la librairie Sourget de réunir autant d'ouvrages rares sur un même catalogue. C'est un autre grand libraire (moins financier et plus bibliophile) qui m'en parla un jour :
"Regardez les catalogues de la Librairie Sourget me dit-il. Quelques 100 à 200 numéros par catalogue, tandis que la librairie Morgand en proposait des milliers par catalogues dans les années 1880."
C'est vrai. On ne peut que le constater.
Un autre point qui est à noter. Le nombre de numéros repris d'un catalogue sur les suivants. J'ai l'intégralité des catalogues de la librairie Sourget sur mes rayons (que je prends grand plaisir à consulter et à admirer, je l'avoue - Merci à eux), eh bien, c'est assez étonnant de voir que sur quelques années, on retrouve les mêmes exemplaires. Qui ne ce sont donc pas vendus... Pas si facile que cela de montrer aux personnes "du niveau" d'acheter les Essais de Montaigne plutôt qu'un petit yacht en baie de St-Tropez !! (c'est sans doute mon côté "ravis" du film les Randonneurs à St-Tropez vu hier...).
L'étude a son intérêt comme le souligne Hugues et je suis heureux d'en avoir eu connaissance par le Blog (merci à Jean-Luc dont je suis le Blog également).
Une question me presse :
Le Blog du Bibliophile n'aurait-il pas sa place au Salon du Livre ancien du Grand Palais à Paris ?? A voir pour les prochaines éditions. Pour ma part je pense que c'est une erreur de ne pas y être.
Amitiés, Bertrand
>"Le Blog du Bibliophile n'aurait-il pas sa place au Salon du Livre ancien du Grand Palais à Paris ?? A voir pour les prochaines éditions. Pour ma part je pense que c'est une erreur de ne pas y être."
A 4000 euros le stand, qui le paiera?
Bah justement ! On pensait à toi Gonzalo ! Pas d'accord ?
Allez, un geste pour la Diffusion de la Bibliophilie.
Le Blog devrait exister sous une entité "légale", enfin c'est mon avis. Mais Hugues reprendra sans doute un jour le sujet.
Amitiés, Bertrand
Plus sérieusement, ne serait-il pas envisageable d'être présent en tant que "Blog du Bibliophile" sur le ou les stands de libraires "amis" ??
Je pense que cela ne couterait rien ou presque et que cela ferait connaïtre le Blog au plus grand nombre.
A étudier, non ?
Amitiés, Bertrand
J'ai bien ri en lisant le message d'Hugues, et moins en lisant celui du libraire.
Ce qui est étonnant, c'est qu'on comprend mal à qui le libraire s'adresse réellement... Il dit s'adresser au bibliophile, mais on dirait plus un document interne d'un syndicat de libraires qui se rassure sur la profession, ou qui évalue ses chances d'attraper de nouveaux gogos... ou alors, une étude destiné au banquier du libraire en question, justifiant un nouvel emprunt ou des facailités de cash-flow.
En tout cas, rien dans tout cela ne "parle" au bibliophile que je suis, ni au bibliophile en général je pense. Tout semble calculé, évalué, le nouveau riche russe ou asiatique ignorant, la possibilité d'exporter discrètement des livres à prix élevés, le gogo qui "réalise" sa bibliothèque.
On ne peut qu'être admiratif devant la librairie en question (à laquelle il se trouve que j'ai acheté un livre il y a quelques années... un seul), et les ouvrages en question. J'estime également que le fonds de l'étude est intéressant.
Après tout, si on est bibliophile, on n'en est pas moins homme, et les contingences matérielles ont aussi leur importance mais... quelle extrême maladresse dans le ton, quel faux pas dans la forme. Je me pince pour y croire. Quelle extrême maladresse, encore une fois...
Etienne.
Snif, snif,
J'arrive trop tard, le document n'est plus téléchargeable... Que faut-il en déduire...?
Amitiés,
Olivier
Ce doit être un problème technique. Ou alors le trafic a fait sauter leur site!
:)
Je l'ai téléchargée : si vous la voulez je peux vous l'envoyer par email.
blog.bibliophile@gmail.com
H
Je viens de lire l'étude. Je pense la même chose qu'Etienne, que l'étude existe, c'est une chose, qu'elle soit destinée aux bibliophiles, c'en est une autre. En tout cas, en effet, on constate que ce n'est pas parce qu'on est le plus grand libraire, un bon financier, qu'on sait bien écrire et qu'on est bibliophile.
Il faut avouer que les premières pages sont d'une lourdeur terrible et qu'il faut de la volonté pour s'accrocher... Ensuite, et bien, malgré les multiples redites, c'est intéressant, enfin, ça le serait si j'étais libraire, investisseur ou banquier.
Mais voilà, je suis bibliophile. Et je constate que l'on peut tout à fait être libraire sans être bibliophile.
Ce qui me laisse rêveur, ce sont les remarques que vous avez tous notées, à la fin... notamment par rapport aux exportations.
Mais, gageons que nos remarques ne valent pas grand chose face aux nobles espoirs de la librairie en question de convaincre quelque investisseur. On sent bien que, sans même parler de moyens financiers, puisque j'ai déjà vu et lu de très beaux livres sur le blog, lui et nous n'avons pas la même vision.
Pas grave, du moment qu'un oligarque russe ou un manufacteur chinois partage la même vision que la librairie S., puisque ce sont visiblement ce type de clients qui l'excitent...
Tristan.
Ne mettons pas tout sur le dos d'investisseurs étrangers non bibliophiles mais spéculateurs, j'ai bien peur que nos Grands Patrons français, armés de très beaux Golden Parachutes et autres Golden Hellos, ne seront pas les derniers à se bousculer à l'entre du Grand Palais la semaine prochaine....
D'ailleurs l'année dernière j'ai failli marcher sur les pieds d'un ex Grand Patron dans la file d'attente du Grand Palais.
Il y a peu au Carrousel du Louvre l'ami Hugues se demandait comment aborder un autre Grand Patron pour lui vanter les mérites du Blog !
Entre Louis G. et Louis S., les chinois et les russes semblent encore des joueurs de marelle dans la cour des petits bibliophiles spéculateurs.
Amitiés, Bertrand
PS : si vous avez un ami milliardaire qui ne connait pas encore l'amour des beaux livres, je me fais fort de leur enseigner, gratuitement (sourire).
Amitiés, Bertrand
Bonjour à tous,
Désolé de rebondir tardivement et merci à Hugues de m'avoir fait parvenir "l'étude" en question. J'avoue que cela suscite chez moi trois types de réaction :
1) intellectuellement c'est inepte mais ce n'est qu'un document publicitaire
2) que le "paracommercialisme" des bibliophiles s'arrête où commence l'ISF (acheter pour revendre avec profit. A la différence près que les bibliophiles vendent pour financer leurs achats et non [seulement]"réaliser" un capital investi).
3) à les en croire l'investissement rationnel serait d'acheter aujourd'hui de belles éditions, des tirages de têtes, des exemplaires avec envoi d'oeuvres et d'auteurs contemporains afin de "réaliser" son capital dans 50 ou 100 ans (pour les investisseurs soucieux de leur progéniture). Voilà une bibliophilie d'avenir pour un investisseur même impécunieux (il suffit de récupérer tous les services de presse qui affluent chez les bouquinistes du Bd Saint-Germain).
Amicalement,
Olivier
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