« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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mercredi 2 juillet 2008

Débat : qu'est ce qu'un bon Bibliophile

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Deux messages ce soir. Espoir. Après tout, pourquoi les bibliophiles pourraient être les seuls à donner leur avis sur les libraires... et pas l'inverse. Mais ce sujet déclenchera-t-il autant de passion que celui qui est en cours sur... sur, sur quoi déjà, ça devient tellement compliqué de suivre...

Amis Libraires, c'est quoi pour vous un bon Bibliophile, avez-vous des exemples autour de vous?

Amis Bibliophiles, c'est quoi pour un bon bibliophile? Celui que vous vous efforcez d'être?

H

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Tous des radins ces bibliophiles!!! Je plaisante! Pour moi, qui aimerait être un bon bibliophile... le bibliophile est un lecteur, avant tout, tout en aimant l'objet livre. Il se construit une bibliothèque raisonnée, il sait résister (et c'est difficile) aux appels de la bibliomanie, il est ouvert et s'intéresse à tout ce qui entoure le livre, son histoire, la bibliographie, etc.
Il n'a pas besoin d'être riche pour être un grand bibliophile, mais alors il lui faudra faire preuve de beaucoup d'abnégation!
Tristan

Anonyme a dit…

L'orage se calme, les esprits s'apaisent. Essayons d'être clair, net et (cir)concis.

l'existence du "bon bibliophile" sous-entend l'existence du "mauvais bibliophile", or, je ne crois pas que la deuxième proposition soit rigoureusement vraie. Le mauvais bibliophile n'existe pas tout simplement parce qu'il n'est pas bibliophile. Bon, ça, c'est réglé.

Mais alors... si le mauvais bibliophile n'existe pas... le bon bibliophile non plus. S'il est bon bibliophile c'est tout simplement qu'il est bibliophile. Donc, pour résumer, le bibliophile est le bibliophile, qui par nature est bon, puisqu'il est bibliophile...

Vous me suivez toujours ? Parfait.

Donc le bibliophile est. Point.

Mais le bibliophile est multiple, ce qui nous induisait cette question de savoir s'il était bon ou mauvais. On sait maintenant que s'il est, il est forcément bon.

Toujours là ? ok, parfait !

Le bibliophile est là. Maintenant, qui est-il ?

Il peut être jeune ou vieux, voire très jeune ou très vieux.

Il peut être riche ou pauvre, voire très riche, voire très pauvre.

Il peut avoir des lunettes ou non, la barbe ou non, de beaux habits ou non.

Il peut parler français ou une autre langue.

Il peut payer en euros, en dollars ou même en livres sterlling. Il y en a même pas mal qui payent en francs suisses.

Il peut acheter des livres partout, sur internet, sur les salons, par téléphone, dans les salles des ventes, sur catalogue, dans la rue.

Il peut vendre aussi des livres partout, sur internet, sur les salons, par téléphone, dans les salles des ventes, sur catalogue, dans la rue.

Il peut être très avenant ou franchement antipathique.

Il peut aimer les libraires ou bien les détester.

Il peut communiquer sa passion avec d'autres ou bien rester enfermé dans sa tour d'ivoire toute une vie.

Il peut collectionner les bibliothèques roses, des incunables, des OSS 117 ou bien des impressions des Estienne.

Il peut aimer la reliure plus que le texte ou bien le texte plus que la reliure.

Il peut tout se permettre, les plus vilaines excentricités comme les plus nobles envies.

MAIS CE QU'IL DOIT ÊTRE AVANT TOUT ET TOUT LE TEMPS QU'ON VOUDRA BIEN LUI ACCORDER CE TITRE DE BIBLIOPHILE, C'EST ÊTRE

PASSIONNE ET CURIEUX

Cela et seulement cela comme close obligatoire au contrat.

Vous allez me trouver péremptoire mais je pense que c'est strict nécessaire, utile et indispensable bagage du bibliophile, d'hier et d'aujourd'hui d'ailleurs.

Amitiés curieuses et passionnées, Bertrand

Pierre a dit…

Merci Bertrand !
C'est l'exacte et consensuelle description du bibliophile que vous venez de nous donner.
Sainte Marthe, notre bon roi René et Tartarin s'associent à moi pour vous en remercier et vous informent que vous avez gagné une nuitée en notre bonne ville pour y rencontrer un de ces modèles de bibliophile que vous nous avez présenté. Je crois que c'est la route pour aller ou revenir de Béziers.
Amitié. Pierre

Hugues a dit…

Merci Bertrand, ça fait plaisir de voir que tu acceptes dans la confrérie des bibliophiles les amateurs de bibliothèque rose ou d'oss 117. C'est réçent!
:)
H

Anonyme a dit…

Point final.
Olivier

Anonyme a dit…

Qui aurait pu penser que Bertrand était un disciple de saint Anselme...?

Thierry

Anonyme a dit…

Pour Pierre : alors là ! ce sera avec plaisir, je serai près de Béziers entre le 28 juillet et le 18 août... donc pas de soucis et au plaisir de boire un verre en terrasse ou se voir un matin tôt à Pézenas, Narbonne, Sète ou Palavas pour des puces "bibliophiliques".

Si vous ne les avez pas déjà, mes coordonnées vous seront données par le chef hors blog.

Pour Hugues : Parait-il que je virais fasciste... donc j'ai préféré opter pour un régime plus modéré...

Pour Olivier : Serait-ce à dire que j'aurais tout dit ? Non, vraiment je ne crois pas, on peut encore disserter sur le sujet des heures, des jours, des mois, des années, des vies entières. A vous.

Pour Thierry : L'alliance de la logique et de la foi est une chose qui me séduit assez... Maintenant que grâce à vous je connais presque intimement le bon vieil Anselme (à vrai dire je ne connaissais bien que le bon Père Anselme, auteur renommé de traités d'héraldique, comme le Palais de la gloire (1663) ou le Palais de l'honneur (1662)... mais voyez je dérive déjà vers d'autres paysages bibliophiliques...

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Et Bertrand, je rajouterai quelque chose que tu as oublié, c'est qu'il peut effectivement aimer ou non les libraires, mais surtout, il peut en être un également, et tu en es le parfait exemple!
Et alors, je suis absolument d'accord avec ton "profil type" du bibliophile, expliquant que justement il n'y a pas de profil type.

Anonyme a dit…

Bonjour, pour définir un bibliophile en étant commerçant et bibliophile ; le résumé de Bertrand me va bien : passionné et curieux. Pourquoi ? Car, avec le temps on change, en bien ou en mal peu importe, mais on change.

Le curieux fini par devenir exigeant, précis et difficile à satisfaire (dans le bon sens du terme).

Le passionné va me faire changer le prix des livres, me faire un cour sur un auteur ; ou sur tout un pan d'histoire de France. J'ai même écouté un traducteur de Manga pour comprendre le développement de ce rayon de livres.

Et, puis il y a notre plus grand plaisir, former et faire découvrir le livre ancien sous toutes ses formes, toutes époques, aux néophytes.

Ce n'est pas un luxe inaccessible, comparer la qualité des cuirs, acheter des livres de chevet, et surtout faîtes les voir à vos amis.

Bref, échanger vos goûts, vos couleurs, vos envies et exprimer les, sans oublier d'écouter ...
Ma boutique je la vois avec des personnes échangeant leurs idées, discutant de tout et pouvant s'enflammer mais en restant des "gentlemen".

Un bon bibliophile est un passeur de culture avant tout (préservation et transmission).
Michel.

Anonyme a dit…

Qu’est-ce qu’un bon bibliophile ?

Question délicate si il en est.

En effet, comme le souligne Bertrand dans son message plein d’humour, si il y a de bons bibliophiles cela signifie qu’il doit y en avoir de mauvais…

Je ne serai pas aussi consensuel que lui à ce sujet, même si je me refuse à juger (et jauger) les bibliophiles : bons, moyens, mauvais, une échelle de valeur qui ne doit en aucun cas avoir sa place dans notre communauté.

Il y a juste des bibliophiles débutants ou en devenir, et d’autres plus aguerris.

D’après ma propre expérience de bibliophile, puis de libraire-bibliophile, le bibliophile débutant commet toujours (ou presque, n’est pas Pierre Béres qui veut !) des erreurs.

J’ai d’ailleurs lu récemment dans le portait du bibliophile passionné d’occultisme un portrait type des débuts de tout-à-chacun : achat d’incomplets, d’épaves diverses, qui encombrent les bibliothèques avant de finir reléguées au rebut pour des exemplaires de qualité.
Bonne analyse Monsieur, bravo.

On ne naît pas bibliophile, on le devient par un long apprentissage personnel qui passe par de multiples canaux : la rencontre avec un aîné, bibliophile lui-même, qui vous permet d’éviter de nombreux écueils, la rencontre avec un libraire, ou encore plus simplement la rencontre avec Le livre, pas forcément un « grand » livre, mais celui qui vous touche à l’âme et vous donne l’envie d’en posséder d’autres (oh possession…).

Personnellement j’ai eu la chance de rencontrer en 1996 le directeur d’une de ces vieilles maisons parisiennes, une « institution » du livre ancien.
J’allais acheter un petit 16eme quand ce Monsieur m’a déconseillé de le prendre : ce n’était pas un livre si rare que ça même si on le voyait peu souvent, court en tête et en vélin du 19eme siècle me dit-il.
Et 4000 francs à l’époque, c’était déjà beaucoup, même pour un 16eme en français.

Voici une rencontre qui vous fait progresser d’un coup, vous prenez 10 ans de maturité bibliophilique en une seule fois.

Le bibliophile débutant s’aguerrit au fil des ventes aux enchères, des salons, des visites aux librairies, et se forge un goût de plus en plus sûr au fil du temps, ce qui l’amène très souvent à faire évoluer sa bibliothèque en même temps que lui : le bibliophile n’a pas une bibliothèque, il en a plusieurs (si il est riche bien sûr et peut s’abstenir de revendre, ce qui n’est malheureusement pas mon cas. A ce propos merci Bertrand pour le portrait de Sainte-Beuve), ou il en a eu plusieurs, l’actuelle correspondant à son parcours et sa maturation intellectuelle.

Le bibliophile est toujours un peu, même si il n’ose pas se l’avouer ou l’avouer à ses confrères, bibliopégimane…
Moi-même, en vieillissant (et je vais presque sur mes 40 ans quand même…) je dois confesser un amour de plus en plus certain vers la « maroquinerie » d’époque ou de belle facture de ces grands maîtres du 19eme siècle : mon dernier achat est une édition de l’ « Histoire des Larrons » en maroquin du 18eme siècle alors que je l’avais déjà en veau…pas bien…
Mais bon, je reste attaché à mes vélins, mon cœur de cible bibliophilique.

Alors bon ou mauvais bibliophile ?
Je ne vais pas laisser aux libraires (même si je le suis moi-même) le choix de décider, mais merci quand même à Hugues de pouvoir ici laisser aux professionnels de donner leur avis sur les acheteurs.
Mais il me semble avoir la dent moins dure que les bibliophiles à l’égard des libraires, non ?
Même si secrètement je dois rêver de bibliophiles américains et russes richissimes prêts à acheter tous mes livres à un prix que je fixerais à la vue de leurs Rolex et de leurs costumes sur mesure… 
Allez, c’était juste un clin d’œil à tous ceux qui pensent que les libraires sont âpres au gain et se fichent des bibliophiles…quoi que…

Cordialement et bonne journée,
Vincent

Anonyme a dit…

Un bon bibliophile est un bibliophile mort car on va enfin pouvoir acquérir ses livres.

Anonyme a dit…

C'est une analyse pertinente Jean-Luc, qui m'avait échappée...

Bertrand

Le Vieux Paris d'Albert Robida a dit…

Boujourn

Merci de nous fournir ces petites descriptions... je suis loin d'être un spécialiste du domaine, même si je suis obligé de m'y mettre un peu... mais pas si contraint que çà !
...plutôt le genre victime consentante.

C'est vrai que des bibliophiles différents, il doit y en avoir autant que de bibliophiles... dans mon cas, étant surtout un homme d'image, je "craque" volontiers pour de belles gravures, des eaux fortes, des dessins anciens, des phototypies...
...avec une sorte de vibration intérieure que je ne saurais trop décrire.
Une sorte de jubilation, que seul mon porte-monnaie arrive à réprimer !

Mais chemin faisant au milieu de ce miacrocosme, j'avoue par moment me laisser emballer et séduire par quelques marocains ou cartonnages illustrés...
...pour la vue, pour le touché...
...tout en m'apportant cette sorte de fierté de les "posséder" (c'est grave Docteur ?).

Pour le moment, je ne m'attache pas à la valeur des choses (même si ça fait plaisir de faire une très bonne affaire), mais plutôt à leur contenu dans le cadre de mes recherches, ce qui m'oblige souvent à commettre des impairs, et faire l'acquisition de pièces dans des états que je n'oserais pas décrire ici.
Heureusement, ce n'est une généralité... et de temps à autres, je tombe sur des ouvrages qui me laissent littéralement pantois.
C'est une sensation assez nouvelle pour moi, j'ai toujours traîné derrière moi une grande bibliothèque, très commune... qui ne m'avait jamais apporter un tel bonheur
(notamment lors des déménagements...), en dehors de leur lecture (ce qui est un bon début, mais laisse finalement sur sa faim le bibliophile qui sommeille en nous) !

Peut-être est-ce aussi une question d'age... et de centres d'intérêt qui peuvent changer avec le temps (43ans).

Jusqu'à présent, je ne me serais jamais qualifié de bibliophile, surtout pour ne pas y avoir véritablement songé... mais à lire les réponses précédentes... pourquoi pas ?
Ne suffit-il pas d'aimer tout simplement les livres ? c'est simple... et c'est moins péjoratif que de dire qu'on est collectionneur ;-)


Sinon, en ce qui concerne les libraires, je ne vais pas les juger, en bloc, mais parler d'une expérience, que j'ai pu vivre à de nombreuses reprises :

A la suite d'acquisition d'ouvrages chez des libraires, soit par le biais d'ebay ou soit simplement en direct, j'ai pu rapidement sympathiser avec eux, pour l'intérêt qu'ils pouvaient porter à mon projet.
Très vite, des échanges amicaux de mails et des propositions de nouveaux ouvrages... souvent à des tarifs assez élevés... des montants que je ne pouvais souvent pas me permettre, mais aussi vis-à-vis du contenu, et dont la toute relative rareté ne pouvait justifier.
...et puis, après quelques refus polis de ma part... plus de contact... plus de propositions, plus de rapports privilégiers...
...la fin d'une amitié somme toute assez commerciale.

Je sais pertinnement que c'est leur gagne-pain... mais tout le monde peut aussi jouer le jeu... le collectionneur ou le bibliophile ne doivent pas non plus être considérés comme des vaches-à-lait !
Je pensais que notre point commun, c'était cette passion !

Ce n'est pas un coup-de-gueule, car ce n'est pas une généralité, fort heureusement...
Mais des faits qui pourraient être un frein au bibliophile débutant, seul et sans conseils.

Bravo pour le site... j'ai déjà appris beaucoup de choses pour mon premier passage... je reviendrais régulièrement.
Bonne continuation à vous.

Laurent

Anonyme a dit…

je pense que vous avez bien résumé les choses Lauren, notamment quand vous dites :
"A la suite d'acquisition d'ouvrages chez des libraires, soit par le biais d'ebay ou soit simplement en direct, j'ai pu rapidement sympathiser avec eux, pour l'intérêt qu'ils pouvaient porter à mon projet.
Très vite, des échanges amicaux de mails et des propositions de nouveaux ouvrages... souvent à des tarifs assez élevés... des montants que je ne pouvais souvent pas me permettre, mais aussi vis-à-vis du contenu, et dont la toute relative rareté ne pouvait justifier.
...et puis, après quelques refus polis de ma part... plus de contact... plus de propositions, plus de rapports privilégiers...
...la fin d'une amitié somme toute assez commerciale."

j'ai vécu cette situation de nombreuses fois et il est dommage de constater que lorsque vous êtes connu d'un libraire et qu'il vous fait des propositions personnelles, les prix sont souvent plus élevés que ceux qu'il propose sur un marché ou ailleurs et à d'autres pour le même livre. Comme si parce que vous lui avez acheté, vous deveniez "bankable" et que donc il fallait vous soutirer plus encore. Vous ne répondez pas, vous tombez aux oubliettes, vous répondez que c'est trop cher pour vous : il vous explique que vous avez tort, parce le livre en question patati patata, bref, il vous explique que vous êtes un peu un imbécile...

J'ai trop souvent vécu ceci. Mais l'espoir est encore là : je suis allé dernièrement chercher des livers achetés sur ebay à Hugues777, à mon sens le meilleur libraire aujourd'hui sur ebay, et d'assez loin. J'ai rencontré des jeunes personnes sympathiques, passionnées, et qui n'oublient pas (et qui l'assument) qu'elles tiennent avant tout un commerce. Un commerce de biens culturels, certes, mais bien un commerce. C'est rafraichissant et donne envie de se rendre à leur librairie qui a plus pignon sur rue dès que j'aurai le temps.

La question que vous posez d'ailleurs, Laurent, est toujours aussi essentielle : comment sortir d'un prix à la tête du client, ou d'un prix dans la tête du libraire, à un prix qui est cohérent avec le marché?

Etienne

Hugues a dit…

Je précise que je ne suis pas, malheureusement, Hugues777.
Ce très sympathique libraire et moi partageons simplement le même prénom.
Mais je confirme que ce sont des gens très agréables.
Hugues

Anonyme a dit…

Beaucoup d'argent, de prix, de "gueules" de clients, de libraires "faux-frères", de bibliopégimanie, de livres objets...
Trop peu de textes, de découvertes de textes, d'intérêt aux idées...
Où est le Bibliophile ? Où est la Bibliophilie ?
Bonne ou mauvaise ? Il n'y a pas de petite et de grande chirurgie ... il n'y a pas de "haute" et de "basse" Bibliophilie !
Il faudra le répéter pendant encore des générations et jeter au feu les analyses erronées de Viardot, avant de se retrouver ...

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