« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mercredi 2 décembre 2009

Le Journal de Physique

Amis Bibliophiles bonsoir,

Ce soir Bernard, notre bibliophile physicien (et néanmoins ami), vous propose de découvrir le Journal de Physique. Je lui cède la parole:

Lors de ma dernière intervention sur le blog, je vous avais dit que les mémoires de l’Académie des sciences étaient publiés trop longtemps après leur présentation, ce qui émoussait l’intérêt de leur lecture. Au milieu du XVIIIème siècle les progrès scientifiques se sont accélérés et leur divulgation a du être plus rapide. D’où la parution de journaux ou revues mensuelles. Le Journal des Savants dont je vous ai déjà entretenu était trop généraliste. Le journal scientifique le plus prestigieux a été le Journal de physique. A la fin du XVIIIème il a été supplanté par les Annales de chimie. Quelques mots sur le Journal de Physique qui occupe une grande place dans ma bibliothèque, pour la période 1752-1824.

Le Journal de Physique a été fondé en 1752 et dirigé entre autres par Jacques Fabien Gautier d’Agoty (1716-1785), élève de Jacob Christoph Le Blon (1667-1741), inventeur du procédé de gravure en trichromie. La première série, éditée de 1752 à 1755 sous le titre Observations sur l’Histoire Naturelle, sur la Physique et sur la Peinture, est constituée de trois volumes in-4. Ces volumes, très rares, sont illustrés de 65 planches, dont 58 imprimées en couleur. En 1752, l’éditeur donne une édition in-12 vendue sans les planches prévues pour l'édition in-4, planches éventuellement achetables séparément. La partie intitulée Les disputes des philosophes et des artistes modernes, est consacrée à la théorie de la lumière et des couleurs de Gautier d’Agoty. Elle s’oppose à celle de Newton.
La publication, par Toussaint et le fils de Jacques Fabien Gautier d’Agoty, se poursuivra en 1756-1757 sous le titre Observations périodiques sur la Physique, et les Arts ou Journal des Sciences et des Arts en trois volumes in-4.

L’Abbé François Rozier (1734-1793) rachète la propriété de ce Journal en 1771. Constatant l'augmentation des délais de publication au sein des académies, l'abbé Rozier, définit, dans sa présentation, les caractéristiques et les fonctions de ce journal mensuel. Il écrit : « Ces motifs ont fait désirer qu'un ouvrage périodique, d'un débit sûr et animé, annonçât les découvertes qui se font chaque jour dans les différentes parties des Sciences, soit par des notices abrégées, soit par des mémoires très étendus, qui continssent le développement de toutes les preuves de ces découvertes, en traçant même la marche de l'esprit inventeur ». Rozier publie neuf volumes in-12 en 1771 et 1772. Ces volumes seront réédités en 1777 en deux volumes in-4 sous le titre Introduction aux observations sur la physique.
En 1773 le journal, mensuel, prend le nom d’ Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et les arts. La première série paraît de 1772 à 1793. Elle rassemble les journaux parus de 1773 à 1793. Elle est complète avec les deux rares volumes de suppléments pour les années 1778 et 1782.
Cette série couvre toute la période de collaboration de Lavoisier qui y publia vingt-trois mémoires, en particulier : « Mémoire sur la calcination des métaux dans les vaisseaux fermés et sur la cause de l’augmentation de poids qu’ils acquièrent pendant cette opération. » et « Sur la nature du principe qui se combine avec les métaux pendant leur calcination et qui en augmente le poids. »
On y trouve également des articles des plus grands savants français et étrangers de l’époque : Berthollet, Berzélius, Chaptal, Faugas de Saint-Fond, Fourcroy, Franklin, Haüy, Kirwan, Montgolfier (Rapport de 1784 du premier vol en ballon), Guyton de Morveau, Scheele, Priestley, etc.

L’abbé Rozier quitte Paris en 1783 pour se consacrer à son Cours d’Agriculture. Le journal est repris en 1783 par son neveu Jean André Mongez (1750-1788). Mongez étant parti avec Lapérouse en juin 1785, Jean Claude Delamétherie (1743-1817) rédige le journal jusqu’en 1817. Il est remplacé par Ducrotay de Blainville (1777-1850) jusqu’en 1823.

A partir de janvier 1786, Jean-Claude de la Métherie, publie chaque année dans le premier numéro du Journal un important « Discours préliminaire » qui résume les progrès récents des sciences.

Une nouvelle série débute en 1794 et termine en 1823. Le titre Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et les arts disparaît ; il est remplacé par Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle.
Après un début de nouvelle numération, la numération ancienne reprend. Le premier volume paraît pendant une période politique troublée. L’éditeur justifie retards et augmentation de prix à la fin du tome 44 : « En attendant, le Journal souffre, la correspondance entre les savants languit, et les ouvrages des hommes laborieux ne se répandent pas ; plusieurs s’en plaignent, mais ce n’est pas ma faute. Tout autre journal de science ne circulera pas plus promptement que le mien, parce que les causes sont les mêmes pour tout le monde. Aussi, on a vu tomber tous les journaux d’instruction ; leurs propriétaires n’avaient pas le même dévouement que moi…. Je prie donc mes souscripteurs et lecteurs de faire, chacun selon leurs facultés, mais le plus possible, un prêt, non pas à moi, mais au Journal de physique. Ce prêt aura pour hypothèque La collection entière du Journal, qui, à raison de 10 liv. le volume, prix ancien, vaut 143000 liv. , et qui, estimée en raison de la hausse, vaudrait six fois plus. J’ENGAGE SOLEMNELLEMENT CE FONDS, qui ne peut jamais perdre de sa valeur. »

Ce journal a continué à être publié après 1824. Il existe encore aujourd’hui. N’hésitez pas à utiliser les commentaires pour compléter ou préciser ce petit exposé. "

Merci Bernard,
H

1 commentaire:

Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus a dit…

Jacques Gautier d'Agoty est aussi (et surtout) un fabuleux peintre et éditeur de planches anatomiques en couleurs, associées aux textes du docteur Duverney.

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