Amis Bibliophiles bonjour,
Oui, que faire des catalogues, qui sont presque aussi envahissants qu'utiles, et vice versa?
Comme mon ami Lauverjat, je me pose très souvent la question et ceci pour une raison très simple: entre les catalogues de libraires et les catalogues de vente, je reçois 2 à 3 catalogues par semaine, qui viennent s'ajouter aux catalogues que j'ai achetés pour des raisons bibliographiques (Rahir, Chadenat, Bérès, etc.).
Si on compte environ 35 à 40 semaines par an (trêve des confiseurs, été, etc.) on atteint sans problème la centaine. Si vous avez cette infortune depuis 5 ans... on parle déjà de 500 catalogues à lire (le bonheur), à relire (re-bonheur), à laisser traîner (bonheur égoïste quand on est père et mari, mais seul bibliophile du foyer), puis à trier et finalement à ranger. Et je ne parle pas des forêts entières qui sont sacrifiées sur cet autel...
L’intérêt bibliographique des catalogues anciens de bibliothèques, de ventes ou de libraires est évident. Certaines séries ou collections sont devenues à leur tour des sujets de bibliophilie ou des ouvrages de référence qu’il faut consulter et rechercher.
Citons pêle-mêle les ventes des bibliothèques Lavallière, Didot, Esmérian, Bérès, les catalogues Fatou, Roth, Sourget, etc. Mais même ces catalogues fort utiles finissent par prendre une place importante au fils du temps. Leur exploitation s’en trouve compliquée, leur classement également.
Faut-il tous les conserver ou sélectionner seulement les plus précieux, les plus illustrés, les plus prestigieux? Sur quels critères portent vos choix? Quels modes de classement adoptez-vous? Pratiquez-vous des “désherbages”?
Lauverjat de son côté, en dehors de la conservation pure et simple, pratique aussi le découpage ou la copie et le collage dans des classeurs spécifiques. Monsieur Christian Gallantaris procède ainsi pour sa documentation sur la reliure.
En ce qui me concerne, je photocopie ou je découpe (car j'en reçois certains en double, envoyés par l'expert et part la SVV), les catalogues de vente ou de libraire dans lesquels j'ai acquis et j'ajoute le paragraphe concerné au livre acheté.
J'avoue que pour les catalogues récents, j'effectue un tri totalement subjectif, en conservant volontiers les catalogues thématiques et ceux bien illustrés au détriment des autres. Et donc... je jette assez rapidement pour ne pas me retrouver envahi.
Mais vous, que faites-vous des catalogues?
Lauverjat & Hugues
40 commentaires:
Me les envoyer !
B.
on en trouve couramment sur ebay, mais proposé à l'unité, je me demande qui ça peut intéresser. En série, c'est sûrement mieux... Pour l'instant les miens sont en piles sur une armoire (pour les récents) ou dans des cartons, triés en séries (de svv ou de thèmes), dans une remise. Mais ça prend une place !
Je ne conserve que les catalogues vraiment prestigieux ... concernant des choses qui me sont interdites. Après avoir tout gardé pendant des années je suis passé à l'acte iconoclaste. Il y a des questions qui ne trouvent pas leur réponse sur Internet mais il reste le Blog du B dont certains membres conservent tous les catalogues. Nécessité fait loi.
René de BlC
Comme René, je garde (ou j'achète) les catalogues d'ouvrages que je ne peux pas m'offrir. C'est la part du rêve. Pour les autres, je les garde mais je ne devrais pas le faire. Pierre
J'ai déjà dit ici qu'à mon avis un bilbiophile se définit le mieux par la lecture de catalogues de libraires ou de ventes. Seuls les bilbiophiles peuvent s'y intéresser. CQFD.
La question du qu'en faire ou du "que faire?" (1902, ;-)) est donc fort à propos sur ce blog.
Pour ma part je rêve d'une grande base de données informatisée et de la fin du blocus irritant et vain (pour les français) sur googlebooks pour les livres et brochures tombés dans le domaine public...
Olivier
Imaginez que le SLAM constitue une "archive bibliographique", en conservant l'intégralité des notices mises en ligne par les libraires (à l'heure actuelle, les notices disparaissent après la vente).
En quelques années, et pour un cout modique, on pourrait voir surgir une grande base de données, comparer les exemplaires, étudier les prix, etc.
Enfin bon... je rêve peut-être. Vous ne voulez pas qu'on fasse une pétition?
Gonzalo... Cette initiative est à l'opposé des intérêts économiques du SLAM.
Seb.
En même temps (et je ne suis pas au SLAM), pour qui n'est pas trop bête, il est tout de même plutôt facile de comparer les prix non ?
Encore faut-il comparer ce qui est comparable. Le discernement du bibliophile est à mon avis souvent altéré (aveuglé) par les à priori.
Lulu la nantaise
Dans ce cas, qu'ils fassent une base sans prix.
Pour moi, cette information est secondaire...
C'est un peu comme pour les "Play-boy", je garde les mieux illustrés.
Montag
"Le discernement du bibliophile est à mon avis souvent altéré (aveuglé) par les a priori".....
Pourriez-vous développper un peu Lulu?
Merci
Hugues
Quelques à priori pris au hasard :
- que les beaux livres sont forcément chers
- qu'il est normal qu'un livre soit plus cher à Paris qu'en province
- que la réputation d'un libraire se mesure à l'aune de sa généalogie
- qu'un bibliophile doit plus facilement faire confiance à des grands noms de la librairie
- qu'un livre acheté chez S. vaut forcément mieux que le même livre acheté chez tartanpion tout simplement parce que S. a les moyens de les mettre en valeur, alors que le livre sort de chez tartanpion.
etc etc.
Lulu la nantaise
Pour ma part, je sélectionne les catalogues que je garde: catalogues thématiques, très beaux livres (catalogues type Sourget... que j'achète d'occasion!). En général des catalgoues avec photos, et peu de notices (maximum une centaine).
Et je leur applique un traitement particulier: je leur donne un petit nom type "Jammes, Vers l'Orient", et je fiche les livres présentés (uniquement pour les imprimés d'ancien régime). Je tiens deux registres: par auteur, et par noms de relieurs.
J'applique le même traitement aux catalogues d'expositions que j'achète. Ca me fait passer le temps, et ça me permet de retrouver rapidement des fiches sur tel ou tel relieur, tel ou tel auteur, etc.
Mais ça prend un temps fou.
Bref, Lulu, vous avez une très belle image des bibliophiles (à moins qu'elle ne date un peu). Ca nous fait toujours plaisir. Finalement, qu'est ce qui est le mieux, acheter trop cher un livre à un libraire héritier, etc... ou acheter moins cher à un libraire qui vous méprise (et en me relisant, je me disant qu'on peut aussi acheter cher à un libraire qui vous méprise... ça fera toujours plaisir aux petits libraires qui me lisent).
Gonzalo, passionnant! C'est vous devriez proposer ceci aux bibliophiles.
Seb
Tout comme Montag je préfère ne conserver sous la main que les catalogues les plus joliment illustrés. Ce sont à terme les plus utiles et les plus agréables.
B.
Je passe plus de temps à lire mes livres que les catalogues que je reçois. Est-ce normal docteur? Plaisanteries mises à part, je conserve peu de catalogues et utilise beaucoup photocopieuse et ciseaux pour les sujets qui me motives. Aucun catalogue sur mes rayonnages. La biblio. est en sous sol.
Bernard
C'est intéressant Bernard car cela montre bien que chacun vit sa bibliofolie comme il l'entend.
B.
"Qui me motives" !!! Vous avez compris que ma spécialité n'est pas l'orthographe.
Bernard
Tout à fait d'accord avec Lulu.
Rires, ça nous rassure vachement sur l'opinion qu'ont les (petits) libraires des bibliophiles (incultes, vaches à lait, naïfs, etc.).... et ça nous conforte dans l'idée qu'il vaut mieux acheter en salle des ventes, plutôt que d'aller se faire mépriser en échange d'un chèque. D'autant plus que quand on achète en salle, la plupart du temps, c'est au détriment d'un libraire, la joie est donc double.
Plaisanterie mise à part, avoir une opinion aussi générale sur les bibliophiles et les libraires est totalement stupide. Bibliophiles comme libraires, tous sont différents, avec leurs personnalités, leurs qualités, leurs défauts.
Essayer de dresser ainsi des catégories n'est que l'expression d'une frustration, rien de plus.
Benoît, bibliophile, bibliomane, client des libraires qui ont les livres qui me plaisent, et qui les proposent aux prix qui me conviennent, sans a priori, si ce n'est celui de se faore plaisir.
"J'applique le même traitement aux catalogues d'expositions que j'achète. Ca me fait passer le temps" dixit Gonzalo.
Parait que boire une bière en regardant les filles passer, c'est bien aussi pour faire passer le temps.
Montag
Je ne garde que les images que je scanne et que je tague dans le jpeg. Depuis 15 nas que je fais ça, je dois avoir une des plus importantes banque d'image du livre ancien au monde.
Non, je déconne, mais il faudrait que je le fasse systématiquement car, à bien y réfléchir, l'iconographie est bien la seule chose vraiment suffisamment précieuse dans les catalogues pour être conservée ad posteritam.
Sinon, je lis tous les catalogues pour la cubigé (culture bibliophile générale) puis je les découpe en lanières avec un lacérateur et me sers de cette pelure de catalogue en bourrage des envois. J'ai horreur du gaspillage et ce recyclage très chic garde une certaine cohérence aux paquets. La matière grise des experts accompagne le livre ancien dans ses pérégrinations postales...
P.S. : J'aime bien l'intervention de Lulu.
"Parait que boire une bière en regardant les filles passer, c'est bien aussi pour faire passer le temps." dixit Montag.
L'un n'empêche pas l'autre!
;o)
Bel exemple d'une acquisition récente en VP au détriment d'un libraire : achat pour 300 euros, le même exemplaire -la description ne laisse aucun doute- avait été proposé sur Abebooks pour 1700 euros.
Dans une certaine cuisine cinématographique, tellement célèbre, il est question d'une Lulu la Nantaise, est-ce la même ?
René
C'est beau tous ces libraires qui se serrent les coudes :)
Barbara
Lulu la nantaise faisait, je crois, un alcool frelaté pour homme dont le seul défaut était qu'il rendait aveugle (méthanol). Par contre on sentait bien le goût de la pomme !
Reconversion dans le livre ancien ? Pierre
Non, je crois qu'elle tenait une maison de passe pas tellement loin de Saigon.
Pour la boisson: 50 kilos de patates + un sac de sciure de bois = 25 litres de 3 étoiles à l'alambic.
Biénoa...
Lulu la nantaise
@Benoît, qui met aussi un accent circonflexe : nous sommes (au moins) deux Benoît à poster sur le blog. Je vous propose d'établir un distingop, par exemple en signant avec l'initiale de nos noms ? Qu'en pensez-vous ? Les échanges sont parfois vifs... Merci. Benoît P.
Pour ma part, je fais relier les catalogues sur le thème unique de ma collection (sciences occultes), du moins ceux qui en valent la peine. Cela règle le problème du rangement, puisqu'on a tendance à amonceler dans un coin ou dans un carton la forêt de ces fascicules. Donc, ceux que je fais relier (ceux que je préfère), peuvent entrer dans ma bibliothèque au même titre qu'un livre précieux. La reliure étant un coût supplémentaire non négligeable, le choix des catalogue se fait finalement assez naturellement. Je donne à un ami libraire tous les autres, c'est à dire 95%, non sans avoir découpé au préalable les notices de quelques incontournables, que je classe méticuleusement.
Merci Frédérick, c'est une approche intéressante. J'ai deux questions:
1. Peut-on voir à quoi ressemble le résultat final?
2. Très indiscret: ça te coûte cher, cette reliure?
Hugues
Tout dépend du format. J'ai fais le choix de reliures en demi-basane à coins, dos à nerfs, avec pièce de titre. Je truffe les séries de catalogues d'un index manuscrit à l'encre de chine. Compter 120 à 170 Euros environ par reliure et de la patience pour l'index. Je sais bien qu'avec une telle somme on peut acheter un beau livre, mais je fais ce sacrifice afin de tendre vers un ensemble cohérent. Cet ensemble passe par la bibliographie et donc, par la collection des catalogues.
petite précision : les index sont très importants, sinon cette suite de catalogues perd une partie de son intérêt : 1. rêver à la lecture des catalogues (pas de problème). 2 les utiliser comme outil de connaissance (valeur, notice). Certains de mes index comptent 2000 titres. Je procède ainsi : je prépare des fiches que je classe par noms d'auteurs ou par titre si c'est un anonyme, puis les manuscrits. Une fois tout en ordre et après vérification, je copie soigneusement chacun des titre sur des feuillets qui seront reliés ensuite.
Bon sang, j'adore les bibliophiles!!!
Hugues
Une piste non encore évoquée : les catalogues en PDF (enfin en tout cas pour les ventes publiques). Le téléchargement permet d'éliminer un certain nombre de catalogues papiers, notamment ceux dont les notices bibliographiques sont courtes voire inexistantes (ex Tajan). Je ne garde en doublon, donc la version papier, que les plus beaux catalogues type Alde, PBA, de Broglie, Lhermitte, Ugo... ça en fait quand même pas mal !
Vos réflexions et vos travaux concernant les catalogues me rappellent mon compatriote Joseph-Marie Quérard (1797-1865)qui déclarait devant le ministre de l'Instruction publique :
"Si la bibliographie n'est pas un métier de sot, c'est, à coup sûr, un sot métier".
Réflexion un peu sotte qui lui a peut-être fermé les portes des bibliothèques publiques qu'il convoitait...
On peut perdre un ami pour un bon mot. Pas un emploi !
Compatriote ? Vous êtes breton, Jean-Paul ? Pierre
Breton de père et de mère (émigrés en France depuis la fin de la Seconde guerre).
Désolé de ne réagir qu'aujourd'hui, ce qui je n'en doute pas, condamne ce commentaire à l'invisibilité.
Pour les bibliophiles parisiens qui fréquentent la BnF et qui jettent leur catalogues, sachez que vous pouvez les donner au Service de documentation sur le livre et la lecture (salle T du Rez-de-jardin) qui conserve un fonds nommé Q10 : catalogues de libraires.
Cela permettra d'enrichir les collections nationales et servir à la communauté des bibliophiles et historiens du livre d'aujourd'hui et de demain. En effet, nombre de catalogues de libraires "n'entrent" pas à la BnF.
invisible ? certes non ! mais si tout le monde suit votre conseil ce Service sera vite débordé...
A noter que certains revendent ces catalogues sur des sites marchands bien connus. Mais je ne sais pas si c'est de bonne vente....
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