Amis Bibliophiles bonsoir,
La seconde moitié du XIIIe voit s’épanouir le décor des dos dits “à la grotesque”. Il s’agit de la répétition d’une palette dorée sur tout le dos, les palettes étant poussées les unes au dessus des autres. Le motif de ces palettes est constitué d’une série de tortillons orientés dans le même sens, s’harmonisant en vaguelettes, et s’enroulant sur un ou plusieurs petits points dorés.
Ce décor est apparu au XVIIe siècle. Il peut être obtenu par l’usage de petits fers mais je n’en ai pas trouvé d’exemple.
Le décor à la grotesque peut être poussé sur un dos à nerfs et remplir chaque entre nerf, sauf bien sûr celui de la pièce de titre.
Il me semble cependant que ce décor s’épanouit au mieux sur les dos lisses qui ménagent seulement deux pièces de maroquin de couleur pour le titre et la tomaison, le plus souvent séparées de filets dorés en place de faux nerf. Le titre peut aussi être doré à même la peau du dos, traditionnellement ou en long comme sur l’exemple photographié.
De nombreux relieurs ont laissé leurs noms sur des reliures à la grotesque comme Jacques Antoine De Rome, Nicolas-Denis Derome le Jeune ou Antoine-Michel Padeloup.
Un décor approchant consiste en une série de chaînettes disposées à l’identique.
Au début du XIXe en revanche, dans le même esprit de décor, l’usage de fers reproduisant des résilles dorées entre des faux- nerfs ou compartiments paraît avoir remplacé les palettes grotesques, bien irrégulières, des siècles précédents.
Lauverjat
9 commentaires:
Pourquoi ce terme de reliure ornée à la grotesque. Le mot fait référence à quoi ? Pierre
J'ajouterais un 'V' à XIII ème siècle pour ne pas troubler les néophytes ....
Sinon, j'adore ce style de reliure pittoresque qui change des dos ornés habituels.
J'ai un "Histoire du rattachement de la Bretagne à la France" par l'abbé Irail, orné à la grotesque et j'ai déjà rencontré d'autres exemplaires décorés de la même façon comme si c'était une reliure d'éditeur.
Textor
@pierre
Le grotesque est une façon de remplir l'espace dans l'art, avec des répetitions de motifs identiques.
A l'origine sur les murs.
Par extension, on peut supposer qu'il qualifie ces dos et ces décors;
A.
réalisé avec des palettes.
La question de Pierre est bonne. Je n’ai rien trouvé de probant.
Le mot « grotesque » est tardif (attesté en 1532), il vient de l’italien Grotta dérivé du latin krypta et lui-même du grec kryptê. Il désigné les décorations murales, souvent caricaturales, inspirées des peintures de la Domus Aurea de Neron. Puis, plus largement un élément décoratif architectural grimaçant, et au figuré une chimère fantastique (Montaigne) enfin un personnage ou une situation ridicule. Tout ceci parait assez éloigné du motif géométrique des dos ornés.
T
Larousse du XIXe T8 au mot grotesque : "(...) beaux arts : arabesque, dessins bizarrement entrelacé; (...)quand le mot grotesque c'est introduit dans le langage, il a eu d'abord un sens moins particulier qu'aujourd'hui* , il désignait des ornements de plusieurs sortes, analogues à ceux que l'on appelle des arabesques. Dans la quantité il y en avait sans doute qui étaient difformes et risibles, mais il y en avait aussi qui étaient d'une autre nature(...)" *1872
Daniel B.
à (partir de) la Renaissance, une décoration très en vogue était d'avoir dans son parc une grotte, très ornée, avec des statues, du stuc, des pseudos concrétions... on en trouve de nombreux exemples. L'inspiration est italienne et romaine. Il en reste de nombreux exemples, comme aux Jardins Boboli (et aussi en France bien sûr). Une décoration "à la grotesque", c'est une décoration surchargée, comme ces grottes.
(enfin, c'est ce que j'ai lu la semaine dernière, mais je me demande bien où...)
Voilà qui me va parfaitement ! Beau travail à l'unisson. Pierre
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