Amis Bibliophiles bonsoir,
La publication des images du Catherine de Sienne du baron Pichon a provoqué de nombreuses réactions, en particulier en ce qui concerne le portrait, sujet sur lequel je m'étais déjà moi-même interrogé.
Les deux pages de titre
Mon ouvrage, publié chez Jehan Petit en 1503 contient en effet un portrait de Jean Charlier, dit Jean de Gerson, au verso du titre.
Textor, lui possède un De Inventoribus de Virgile Polydore, une impression de Jean Marchand à la marque de Jehan Petit, avec un portrait au verso. Ce portrait est également celui de Jean de Gerson, mais il est légèrement différent.
Enfin, il semble que la première publication de ce bois date de 1501, sur la page de titre de La Mendicité spirituelle (Paris, Michel Le Noir, 1501 n.s.), repris par Philibert Berjeau le 15 août 1861 pour orner la page de couverture de sa revue Le Bibliophile illustré. Ce qui est étonnant, c'est que ces trois bois du début du 16ème siècle sont différents , mais très légèrement, comme vous pouvez le constater. Comment expliquer ceci?
Le portrait n°1, de 1501, le plus fin au niveau du détail:
Le portrait dans mon exemplaire, un peu moins détaillé, notamment au niveau de la finesse de gravure des livres.
Enfin dans l'exemplaire de Textor, où le livre à l'intérieur du lutrin a encore perdu en finesse et le carrelage du sol diffère.
Enfin, repris sur la couverture du Bibliophile illustré:
H
20 commentaires:
En réponse à une question de Textor, en externe, je confirme ( merci à Jean-Michel qui a trouvé une représentation moderne de l'objet) que l’objet mystérieux sur la table est bien un plumier, et on peut imaginer que son couvercle fasse office de repose-plume, si tant est que ce soit bien une plume qui est fichée dedans... Pierre
Merci Hugues,
Le rapprochement de ces gravures permet une analyse comparée qui est très intéressante. A mon avis, il s’agit du même bois (mêmes détails des éléments, même mise en perspective) qui s’est tout simplement usé sur un espace de 5 ans. Il a donc perdu en finesse et je suis le malheureux propriétaire du dernier état !
Ce qui est plus difficile à expliquer c’est la coupure du carrelage, qu’on trouve déjà sur l’état de 1501, mais non sur le vôtre.
Sinon, les différences – minimes - dans les hachures, notamment celle du surcot, doivent correspondre à une application différente sous la presse.
Textor
PS : Pierre, le plumier me parait plus plausible et moins anachronique que la souris d’ordinateur ! ( ma première hypothèse …)
Ces 3 ouvrages, à la marque de Petit et de Le Noir n'auraient-elles pas pour point commun de sortir de l'atelier des Marchand ?
T
La Mendicité spirituelle sort des presses de Michel Le Noir (colophon du livre numérisé sur le site des Bibiliothèques virtuelles humanistes:
http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/index.asp?numfiche=136&url=/resrecherche.asp?ordre=titre-epistemon=Epistemon-Medica=-BMTroyes=-BNF=-bvh=BVH-motclef=mendicite-Submit=Rechercher
les bois de Textor et de Hugues sont différents, si on regarde les détails, par exemple des fenêtres et du lutrin, tout différe...
Par exemple, le pli de vêtement qui semble prolonger le feuillet tenu en main, est absent du bois "Textor".
Celui de Hugues donne l'impression d'être abimé (manque dans le bas, mais aussi dans la fenêtre), mais ce n'est peut-être qu'un pb d'impression ?
Mais des différences aussi nombreuses ne sont pas dues à une différence de pressage. Le bois a certainement été refait.
Les différences entre les trois impressions du XVIe sont trop nombreuses pour être du même bois.
Pour savoir si c'est un même bois qui a été retravaillé (ce qui était très fréquent), ilmanque un élément important : les dimensions exactes des trois impressions.
Ensuite, si ces trois impressions ont les mêmes dimensions,la seule façon de les comparer efficacement est de réaliser une photocopie de ces impressions sur papier transparent puis de les superposer pour découvrir tous les endroits du bois qui ont été retravaillés.
A cette époque de grands échanges, il n'était pas rare que les graveurs se copient, parce qu'un livre avait un succés, ou qu'il était produit dans des ateliers différents quasi en même temps. ou le graveur partait travailler avec son matériel, comme la plupart des personnes qui travaillaient dans plusieurs ateliers et dont le materiel en relation avec leur pratique, etait leur propriété.
Etudiant anonyme.
ce serait intéressant de savoir d'où vient le bois repris par "Le Bibliophile". Il est beaucoup plus grossier. Mais peut-être s'agit-il simplement d'un bois moderne fait en s'inspirant d'une édition ancienne ?
Une des gravures ne serait elle pas signée LCF ?
Le "bois" du "Bibliophile illustré" a été dessiné en 1861 par Jean-Philibert Berjeau lui-même, d'après l'impression de 1501.
Je vois que vous etes tous très fort au jeu des 7 erreurs ! Merci pour vos contributions.
J'ai donc pu reconstituer le fil de l'histoire : 2 bois donc, celui de 1501 utilisé par Michel Le Noir puis par Jean Marchand en 1505. (le bois "Textor" fait 108mm x 82mm). Son frère Guy (ou Guidon)Marchand, pour une raison encore inconnue, le fait copier très fidèlement, c'est le bois d'Hugues, utilisé en 1503 pour le Catherine de Sienne.
Textor
J'ai moi aussi pensé au jeu des sept erreurs (j'y joue beaucoup en ce moment avec un bibliophile de 3 ans);-)
Une spéculation purement visuelle: la différence de carrelage ne pourrait-elle pas venir d'un bois cassé (le manque d'encre dans la gravure d'Hugues) que l'on aurait coupé?
Bonne soirée,
Olivier
C'était mon idée première, mais non puisque le bois de la Mendicité, le plus ancien des 3, est déjà coupé en 1501.
T
Au jeu des erreurs je reprend l'idée de la copie du bois de Textor, "Son frère Guy (ou Guidon)Marchand, pour une raison encore inconnue, le fait copier très fidèlement, c'est le bois d'Hugues, utilisé en 1503 pour le Catherine de Sienne." Nous pouvons peut être la transposer au XIXe, et si ce n'était pas son frère mais le Baron Pichon ! Il faudrait donc également vérifier le papier et si la page de titre du Catherine n'est pas un carton refait sur commande du Baron Pichon au moment de la reliure par Chambolle - Duru.(hypothèse abracadabrantesque certes mais plausible, c'est une partie d'un recueil composite de deux incunables, où les titres étaient parfois voir souvent manquant) Les grands bibliophiles du XIXe avaient les moyens de refaire des pages à l'identique, des titres,des colophons sur certains incunables. C'est indétectable, à moins d'avoir un exemplaire de comparaison...et ce n'est pas le cas...Cette remarque juste histoire de stresser Hugues trente secondes!, :) L'envie fait partie des sept péchés capitaux, mais là, elle est inévitable! ;), magnifique exemplaire, superbe, félicitations...
Daniel B.
Là, Daniel, vous allez énerver Hugues, grave ! Le 29 pour le diner, je vous conseille d’apporter votre sandwich !
Pour que votre hypothèse audacieuse se vérifie il aurait fallu que le Baron Pichon fasse dessiner aussi la marque de Jehan Petit au recto ! Or les 2 marques, celle du St Catherine et celle du Polydore me paraissent rigoureusement identiques.
A-t-on vérifié, tout de même, si la reliure n’est pas recouverte d’un film plastique bleue type Duraswing... ? :))
Textor
La marque de Petit est d'un tirage bien plus net et pur sur le Ste Catherine, et le bord gauche et l'angle inférieur gauche différent ?
Même plus de beurre dans le sandwich! pain sec et eau !...:)) avec un peu de mauvaise foi, je prépare sans doute inconsciemment le rachat de l'ouvrage à vil prix... :o))
Daniel B.
Hugues, si Daniel vous inquiète, répondez lui et rassurez-vous : vous n'avez qu'à mesurer l'espace qui sépare les pontuseaux du papier de votre titre, et le comparer à celui des feuillets suivants (dans le même cahier). Si l'espace est le même, c'est la même feuille. S'il diffère, c'est un bricolage habile. Vous serez fixé.
On se détend tous, pas de bricolage, on arrête de rêver: le livre est parfait, le bois d'origine, et l'ouvrage n'est pas à vendre
:)
Hugues
Tiens, je viens de te vouvoyer? Décidemment, je ne suis pas réveillé...
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