Amis Bibliophiles bonsoir,
Ce soir Benoît P. se propose de répondre une bonne fois pour toutes à cette question qui revient souvent sur le blog: que sont les témoins?
Et bien voilà, c'est ça:Tout le monde voit?
Pour mémoire: "On appelle "témoins" en reliure les feuillets les plus petits que le relieur ne doit pas atteindre à la rognure; "dorer sur témoins" un livre aux tranches non rognées, c'est dorer le bord des feuilles inégales sur la tranche.... les témoins sont la différence entre les pages d'un livre lorsque la feuille imprimée et calée par l'imprimeur , ne l'est pas de façon réguliére sur la presse."
Merci Monsieur Benoît P.
H
18 commentaires:
La question à laquelle il serait peut-être bien de répondre aussi c'est : « et finalement, à quoi ça sert ? ».
(hé, hé !…)
pascal marty
Bonjour Pascal,
En fait la réponse avait déjà été apportée sur le blog:
"On appelle "témoins" en reliure les feuillets les plus petits que le relieur ne doit pas atteindre à la rognure; "dorer sur témoins" un livre aux tranches non rognées, c'est dorer le bord des feuilles inégales sur la tranche.... les témoins sont la différence entre les pages d'un livre lorsque la feuille imprimée et calée par l'imprimeur , ne l'est pas de façon réguliére sur la presse."
Je sais bien, Hugues, à quoi ça sert, ou du moins à quoi c'est dû, chez l'imprimeur. Là où je suis plus sceptique c'est sur l'intérêt de les laisser sur le livre relié. ;)
Les laisser sur un livre relié... Grande question... Les exemplaires dont j'ai envoyé des photos ne le sont pas bien sûr, mais je dois dire que pour certains grands textes, littéraires notamment, la notion "relié sur brochure, témoins conservés", n'est pas pour me déplaire... J'ai notamment des réimposés de la NRF (un des 109 au format in-4 tellière pour les fans), pour lesquels je suis heureux que les relieurs aient conservé toute la structure, et donc les témoins... Tout cela n'est "que" fétichisme... Certes ;-)
Normalement, les témoins montrent le bord du papier, plus ou moins ondulé, réalisé dans la forme et "témoignent" ainsi qu'il s'agit d'un papier à la cuve et non d'une production industrielle.
Sous réseve d'erreur évidemment.
René de BLC
Merci René de BLC : l'explication aurait dû me sauter aux yeux, mais le fait est que c'est la première fois que je la lis et la première fois que je m'en avise.
Mais, à observer par exemple mes Contes de La Fontaine en petit format de chez Jouaust, je continue à y voir une part de snobisme XIXe. On dirait que le pliage (la ployure) est volontairement mal fait, de façon à ce que les témoins soient particulièrement visibles. (Au surplus, en raison du format, l'imposition du vergé reste faite dans ce que tout relieur appellera le mauvais sens.)
Et plutôt qu'un pliage mal fait, on a le sentiment d'une imposition volontairement décalée. Et la méthode me paraît définitivement contestable…
Ne pourrait-on pas imaginer que la battée arrive chez l'imprimeur, qu'un premier comptage du nombre d'exemplaire se fait et que pour des raisons pratiques l'ouvrier décale les feuilles pour maîtriser son compte de feuilles justes. Quand au mauvais sens du papier, des raisons d'économie et de rapport texte/ espaces/ utilisation maximale/réduction du nombres de pages = plus pour moins cher, semblent justifier le choix des imprimeurs, qui sont depuis toujours hommes d'argent.
Maxime A.
De toutes façons, c'est une par une que chaque feuille passe sous la presse où, ne serait-ce que pour assurer le repérage (le registre), elle est censée être calée au quart de poil près.
Quant au rapport entre imposition et sens du papier, c'est un sujet complexe où j'essaye actuellement de me retrouver. Mais je ne crois pas trop m'avancer en disant que, dans les formats usuels, il n'y a traditionnellement guère que l'in-8° à pouvoir être imposé dans le bon sens sans trop de perte de papier.
Bertrand avait publié un article sur Jouaust et les témoins :
http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/02/les-plaintes-du-relieur-v-wynants.html
Merci Calamar. À l'époque je ne connaissais pas encore le blog de Bertrand et n'avais pas lu cet article, effectivement très instructif.
Je vais décidément continuer à piocher la question.
Je lis, Pascal, votre commentaire; c'est vrai que les feuilles sont calées une par une. Et pas toujours bien, puisque des différences se font voir ici ou là.
Au moment du pliage, il faut que tous les blocs textes soient superposés. C'est ce qui prime.
Qui imprime? qui compose? Qui cale?
Le typographe. Soyons prècis.
L'article de Bertrand fait état de doléances des relieurs ect... ect... En reliure soignée, on replit les cahiers pour avoir en tête et en fonds un alignement parfait, si tant est qu'il ne l'est pas déjà, pour des éditions de luxe prévues pour des bibliophiles collectionneurs. On en revient toujours à 3 notions:
- le côut à la base de l'édition du livre à la vente (justification)
- le cout de fabrication reel
- le plus ou moins bon ouvrier consciencieux, sensible ou mal embouché, qu'il soit le relieur, le brocheur ou le typo.
Les professionnels des métiers
-du façonnage (papetier, imprimeur,typographe, brocheur) et,
-de l'assemblage (doreur, relieur, décorateur ) travaillent depuis toujours, chacun dans leur coin.
Quelques uns ont compris que travailler en bon intelligence était mieux: doreur, pareur, marbreur, certains relieurs communiquent, mais très rarement.
Tout depend de la synergie qui peut exister à un moment donné.
ces métiers là ont tellement évolué au cours des 19ème, 20ème et 21ème.
Maxime A.
Pour ceux qui se demandent qui je suis, je suis un passionné en vacances.
Maxime A.
Maxime,
Pourriez-vous me contacter par email si c'est possible?
Merci beaucoup
amicalement,
Hugues
blog.bibliophile@gmail.com
Les témoins apparaissent fréquemment pour les exemplaires dit "sur grand papier" - grand par la qualité mais souvent aussi par le format. L'imprimeur tire un certain nombre d'exemplaires sur un papier ordinaire d'édition et un nombre plus restreint sur un ou plusieurs "grands papiers" : pour ceux-ci l'impression est forcément décalée par rapport à celle des "petits" papiers. Lors de tirages soignés, la forme est réimposée pour les grands papiers et dès lors le décalage disparait ; on trouve, dans la justification du tirage, l'expression "sur japon réimposé" p. ex.
Quand on parle de tranches dorées sur témoins, l'expression devrait être considérée comme incorrecte car ce ne sont pas les témoins qui sont dorés - ce qui serait impossible - mais bien les pages qui ont été rognées soigneusement. Cette opération oblige le relieur à combler provisoirement les "trous" au niveau des témoins pour mener à bien la dorure : travail de fourmi comme tout ce qui concerne la reliure d'ailleurs !
Quant à décider si la conservation des témoins relève d'un certain snobisme ou déviationnisme, c'est une question de goût personnel. Mais il faut bien avouer que cela frise parfois le ridicule.
René
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