L'abbé René-Just
Haüy (1743-1822), né dans une famille modeste, frère de Valentin qui consacra
sa vie aux aveugles, étudie les lettres classiques qu'il enseigne de 1760 à
1784. Passionné par les Sciences de la Nature, la botanique, la physique, il
découvre la minéralogie à 35 ans, comme auditeur des cours de Daubenton, au
Muséum. Partant de l'hypothèse que le clivage fournit la forme géométrique d'un
noyau ou « molécule intégrante » pour tous les cristaux, il formule
une théorie descriptive de la structure des cristaux dès 1781. Pendant 40 ans,
il ne cessera d'approfondir cette théorie, en y introduisant les concepts
fondamentaux de maille élémentaire, de réseau périodique, de symétrie. Hauy est
considéré comme le véritable fondateur de la cristallographie et de la
minéralogie modernes. Il est élu membre de l'Académie des Sciences en 1784.
Aepinus fit paraître
en 1759 son traité d’électricité : Tentamem Theoriae Electricitatis et
Magnetismi. L’Abbé Haüy met cet ouvrage à la portée des non-mathématiciens.
Il introduit la loi de Coulomb ignorée d’Aepinus et les observations de
Lavoisier, Laplace, de Saussure, etc.
d'après les
principes de M. Aepinus.
Paris,
Veuve Desaint. 1787. EO.
1 volume
in-8 ; XXVII, (5), 238 pp, 4 pl.
Exemplaire
provenant de la bibliothèque de Huzard (1755-1838), directeur de l'École
vétérinaire d'Alfort et membre de l'Académie des sciences.
« Laplace signe
en préambule à l'ouvrage de Haüy, un vibrant hommage à l'auteur pour avoir
diffusé les nouveaux fondements de l'électricité et pour avoir introduit ordre
et précision dans l'ouvrage d'Aepinus , un peu diffus et peu méthodique. Le
soutien apporté par Laplace à Haüy se manifestera encore lors du choix des
professeurs de l’École normale de l'an III ou lors de la désignation d'un
auteur pour le traité de physique destiné aux lycées français. » (Haüy et
l'électricité : De la démonstration-spectacle à la diffusion d'une science
newtonienne par Christine Blondel.).
Hauy a également
participé à l'élaboration du nouveau
système métrique.
Instruction
sur les mesures déduites de la grandeur de la terre, uniformes pour toute la
république.
Paris,
Imprimerie nationale exécutive du Louvre. An II de la République une et
indivisible.
1 volume
in-8 ; XXXII, 224, (27) pp, 1 pl.
Cet ouvrage est la
première description du système métrique que nous utilisons aujourd'hui. Après
avoir adopté le système décimal, le 8 mai 1790, l’Académie des Sciences chargea
une commission composée de Borda, Lagrange, Laplace, Monge
et Condorcet de fixer la base des unités de mesure. La commission décida de
prendre pour unité de longueur le dix millionième du quart du méridien terrestre ; cette
valeur, que Borda appela le mètre, est indépendante du lieu géographique et
peut donc prétendre à l’« universalité ». Hauy, secrétaire de la commission des
poids et mesures, rédigea les
instructions. L’établissement du système
métrique exigea un temps considérable et la réforme ne deviendra effectivement
obligatoire sur tout le territoire qu’en 1837.
Cette édition est la
véritable édition originale, comportant la mention "édition
originale" sur le titre et l'errata au verso de celui-ci. La même année a
paru une autre édition : Paris, Imprimerie Nationale Exécutive du Louvre,
an IIe (1794) : XIV, 147, (28) pp, 3 pl. De nombreuses éditions
provinciales ont été publiées la même année.
Hauy a rédigé le premier traité de physique
destiné aux lycées créés par Bonaparte.
Traité
élémentaire de physique.
Paris,
Imprimerie de Delance et Lesueur. An XII-1803. EO.
2
volumes in-8 ; (6), XXXIV, 426 pp, 8 pl. - (4), IV, 447 pp, 16 pl.
L'abbé René-Just
Haüy fut distingué par Napoléon Bonaparte parmi les savants que celui-ci a le
plus protégés. Haüy fut ainsi nommé chanoine honoraire de Notre-Dame de Paris,
puis membre de la Légion d'honneur à la création de cet ordre. C'est à la
demande de Bonaparte que l'abbé Haüy rédigea en 1803 son Traité élémentaire
de physique, destiné aux lycées nationaux. Napoléon, ayant eu l'occasion de
relire ce traité pendant sa captivité à l'île d'Elbe, en complimenta Haüy, à
son retour, et lui remit lui-même la rosette d'officier de la Légion d'honneur.
Dans cet ouvrage
clair et concis Hauy adopte la théorie corpusculaire de la lumière et la notion
de calorique pour la chaleur.
La seconde édition
date de 1806, mais la troisième est plus interessante car elle inclut les
découvertes d'Ampère.
Traité
élémentaire de physique.
Paris,
Vve courcier. 1821. 3ème édition.
2
volumes in-8 ; (2), LXII, 510, (2) pp, 7 pl. - (2), 452, (2) pp, 12 pl.
Cette édition est
publiée seulement quelques mois après qu’Arago ait répété, devant l’Académie
des Sciences, l'expérience d' Œrsted. Haüy écrit :
« Ce n'était
pas encore la dernière des surprises dont l'électricité galvanique devait
fournir le sujet, et elle en réservait d'autres non moins propres à en faire
naître de nouvelles pour le moment où M. Œrsted, l'un des hommes dont s'honore
le Danemark, deviendrait à la fois l'inventeur et le premier témoin de
l'expérience si remarquable où le fluide électrique semble se transformer dans
la pile en fluide magnétique, pour rompre l'équilibre entre les forces qui
maintiennent l'aiguille aimantée dans sa position naturelle [...]. Et l'on
jugera combien elle a gagné depuis qu'elle est connue en France, par
l'extension que lui ont donné deux physiciens très distingués, MM Ampère et
Arago, en variant et en multipliant les effets de l'appareil qui avait servi
aux expériences du savant Danois. » (tome 1, p. 392-393).
Bernard
7 commentaires:
Passionnant, normal, par un passionné.
Merci Bernard !
Bel article, qui nous montre un Hauÿ au génie multiforme. Il est connu comme le père de la cristallographie, mais moins comme prof de grammaire!
Etonnant tout de même cette époque où l'on n'enfermait pas les savants dans une case avec une étiquette et où pouvait toucher à des domaines aussi variés que l'optique et l'électricité.
Merci Bernard !
T
Haüy, personnage qui m'est très cher.
juste René ....
René possède ses classiques!
C'est juste !
Textor Tout Court
Comment un abbé a t-il pu traverser la révolution sans risquer sa vie ? En restant dans son laboratoire... Quel parcours ! Merci de nous en avoir retracé le chemin, Bernard. Pierre
Pour Pierre:
"Haüy refuse, durant la Révolution, de prêter serment à la Constitution. Privé de sa faible pension, il est arrêté comme prêtre réfractaire en août 1792. C'est grâce à l'action énergique de son élève, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, et des scientifiques de l'Académie comme du Jardin des plantes, qu'il sera extrait de sa prison, encore que R. J. Haüy refusât de la quitter au prétexte que d'autres prêtres y demeuraient prisonniers. Quelques jours plus tard, ceux-ci furent massacrés.
Redevable, il prendra, sans succès, ni suite fâcheuse à cette époque, la défense d'Antoine Lavoisier."
Wikipedia
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