Dans un message posté récemment sur le blog, Thibault s'interroge sur le changement assez radical connu par le livre entre la fin du 18ème et le début du 19ème : papier et reliure de moindre qualité, etc.
Je ne suis pas spécialiste, et je ne peux que donner mon propre avis. Si vous avez quelque chose à ajouter, n'hésitez pas à poster un commentaire, même anonyme.
A mon petit niveau, j'aurais tendance à penser que ces changements sont probablement dûs à plusieurs facteurs : un facteur politico-économique, un facteur social, et peut-être un facteur industriel.
Sur le plan industriel, je crois savoir que des évolutions typographiques sont survenues à cette époque, peut-être ont-elles eues des implications sur la qualité du livre, en nécessitant par exemple un papier dont la qualité pouvait être moindre.
Sur le plan politico-économique, on peut imaginer que durant les années qui ont suivi la Révolution et accompagné l'Empire, les ressources de la France étaient mises à contribution dans d'autres projets, et l'édition a pu s'avérer quelque peu futile par rapport aux défis que le pays avait alors à relever; Une richesse moindre, aussi bien au niveau des éditeurs qu'au niveau des lecteurs nécessitant des livres à des prix réduits...; ou encore une pénurie relative des matières premières, ou bien encore la disparition ou l'exil d'une partie des acheteurs traditionnels de la noblesse... voire l'obligation "morale" pour les éditeurs de proposer des livres moins chers pour que chaque citoyen puisse y avoir accès.
Enfin, peut-être peut-on imaginer qu'éditeurs, imprimeurs mais aussi lecteurs (bon gré, mal gré) ont voulu signifier une rupture avec les habitudes des nobles de l'Ancien Régime pour lesquels le livre était aussi un objet de luxe, et une riche bibliothèque une marque de pouvoir... Sans parler des armes sur les reliures (qui furent d'ailleurs souvent "grattées" sur les plats, comme on peut encore parfois en croiser).
J'aurais tendance à penser que c'est la conjonction de ces facteurs qui a abouti à cette évolution : situation économique difficile, concentration des efforts sur d'autres sujets (guerres révolutionnaires, puis premières campagnes napoléoniennes), ceci conjugué à l'exil de la noblesse et à la volonté de se démarquer de l'ancien régime et de faire du livre un objet plus abordable.
J'ai d'ailleurs l'impression qu'avec la stabilité relative de l'Empire après 1805, on retrouve des éditions de luxe, des reliures aux armes de la nouvelle noblesse, qui cohabitent avec des éditions plus modestes.
Le deuxième grand saut se fera ensuite avec l'industrialisation croissante de l'imprimerie, et la modification du papier, tout ce qui permettra au livre de devenir un objet de grande consommation.
J'ai connu un libraire qui me disait souvent avec nostalgie ou ironie "chaque époque a les livres qu'elle mérite". Il est en effet troublant de constater qu'à format égal, un volume in-12 de 1750 se tient souvent mieux qu'un livre de poche d'il y a une trentaine d'années!
Voilà quelques très modestes avis, j'aimerais beaucoup que vous les complétiez!
H
Ouvrage présenté : Les Oeuvres, Ambroise Paré, un volume in-folio, chez Rigaud, 1652. L'illustration de cet ouvrage est unique...
2 commentaires:
Hummm... en gros, vous n'en savez rien. Je plaisante. J'imaginais quelque chose de plus concret.
Sinon, puis-je vous suggérer de recopier qlqs definitions de monstres de Paré accompagnées de leur illustration ? Je suggère l'Evêque marin pour commencer (décrit lors d'une apparition relatée dans un autre livre du 18ème comme 'sensible aux caresses mais apparemment fort désireux de retourner à la mer').
TE
Hé non....
Je ne pense qu'il y ait une seule explication et qu'elle puisse être concrète... (si ce n'est à la marge... une raison technique).
La vie serait trop simple!
H
P.S. : j'ai noté votre suggestion sur le Paré... A quand votre contribution sur la Jamaïque dans la littérature ancienne? :)
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