Amis Bibliophiles bonjour,
Les bibliophiles connaissent le plus souvent Marius-Michel, qui fût l'un des très grands relieurs français, mais plus rares sont ceux qui connaissent Georges Cretté (1893 - 1969), son élève le plus doué, qui mérite pourtant au moins autant de louanges..
Ancien élève de l'école Estienne, il se révèle rapidement très doué pour les arts et finît par choisir la dorure sur cuir. C'est d'ailleurs à l'école Estienne qu'il fera la connaissance de Marius-Michel fils. Une fois diplômé (il sort 1er de l'école Estienne, spécialité dorure et décors), celui lui conseille de se perfectionner avant de lui proposer une place dans son atelier du 5ème arrondissement de Paris. Il y fait ses débuts comme apprenti et devient progressivement le collaborateur principal du maître.
Il ensuite mobilisé pendant la première Guerre Mondiale, s'en sort... et rejoint l'atelier de Marius-Michel en 1919 où il contribue à donner un nouvel élan à l'atelier, surfant la vague Art Déco. Au décès du maître, il prend sa succession, signant d'ailleurs, par respect pour son mentor "Cretté, successeur de Marius-Michel", comme d'autres le firent également ("Petit, successeur de Simier"). Cretté va alors simultanément prolonger l'oeuvre et le style de Marius-Michel tout en développant sa propre approche, délaissant le style floral pour des créations résolument Art Déco.
Son style s'affirme alors pleinement (Il est proche de Dufy par exemple), faisant triompher les filets, et il s'illustre également en utilisant de nouvelles matières (insérant métal, écaille, laque, lézard) . Dans les années 30 il devient l'un des maîtres incontestés de son époque, avec cette particularité qu'il conservait une approche très artisanale et de son métier, en connaissant toutes les ficelles et les moindres détails (il possède bien sûr ses propres fers).
Après la Seconde Guerre mondiale, il suivra une nouvelle voie, se permettant des reliures encore plus fantaisistes, mais gardant toujours comme philosophie la cohérence et l'unité que doit proposer un ouvrage, entre reliure, illustration et texte.
On lui doit d'ailleurs cette admirable définition du métier de relieur : "le relieur relie des livres, il ne fait pas des reliures. Il est le costumier du livre, et tout comme au théâtre, l'habit doit correspondre au personnage. S'il désire créer une oeuvre originale , le relieur doit se pénétrer du texte, tenir compte de la typographie, de son ordonnance, et s'il s'agît d'un livre illustré, veiller à s'accorder avec l'illustrateur.... dans le métier de relieur , le rôle du technicien est aussi important que celui de l'artiste".
H.
Bibliographie : Georges Cretté, Marcel Garrigou, Arts et Formes, Toulouse, 1984. Répertoire (non exhaustif) de l'œuvre de Cretté publié en 1984 à 450 exemplaires.
Ancien élève de l'école Estienne, il se révèle rapidement très doué pour les arts et finît par choisir la dorure sur cuir. C'est d'ailleurs à l'école Estienne qu'il fera la connaissance de Marius-Michel fils. Une fois diplômé (il sort 1er de l'école Estienne, spécialité dorure et décors), celui lui conseille de se perfectionner avant de lui proposer une place dans son atelier du 5ème arrondissement de Paris. Il y fait ses débuts comme apprenti et devient progressivement le collaborateur principal du maître.
Il ensuite mobilisé pendant la première Guerre Mondiale, s'en sort... et rejoint l'atelier de Marius-Michel en 1919 où il contribue à donner un nouvel élan à l'atelier, surfant la vague Art Déco. Au décès du maître, il prend sa succession, signant d'ailleurs, par respect pour son mentor "Cretté, successeur de Marius-Michel", comme d'autres le firent également ("Petit, successeur de Simier"). Cretté va alors simultanément prolonger l'oeuvre et le style de Marius-Michel tout en développant sa propre approche, délaissant le style floral pour des créations résolument Art Déco.
Son style s'affirme alors pleinement (Il est proche de Dufy par exemple), faisant triompher les filets, et il s'illustre également en utilisant de nouvelles matières (insérant métal, écaille, laque, lézard) . Dans les années 30 il devient l'un des maîtres incontestés de son époque, avec cette particularité qu'il conservait une approche très artisanale et de son métier, en connaissant toutes les ficelles et les moindres détails (il possède bien sûr ses propres fers).
Après la Seconde Guerre mondiale, il suivra une nouvelle voie, se permettant des reliures encore plus fantaisistes, mais gardant toujours comme philosophie la cohérence et l'unité que doit proposer un ouvrage, entre reliure, illustration et texte.
On lui doit d'ailleurs cette admirable définition du métier de relieur : "le relieur relie des livres, il ne fait pas des reliures. Il est le costumier du livre, et tout comme au théâtre, l'habit doit correspondre au personnage. S'il désire créer une oeuvre originale , le relieur doit se pénétrer du texte, tenir compte de la typographie, de son ordonnance, et s'il s'agît d'un livre illustré, veiller à s'accorder avec l'illustrateur.... dans le métier de relieur , le rôle du technicien est aussi important que celui de l'artiste".
H.
Bibliographie : Georges Cretté, Marcel Garrigou, Arts et Formes, Toulouse, 1984. Répertoire (non exhaustif) de l'œuvre de Cretté publié en 1984 à 450 exemplaires.
15 commentaires:
Hugues,
On ne dit pas "reliuromane", mais "bibliopégimane" (du grec "pegnuo", je rassemble, et "mania", folie), mot inventé par Octave Uzanne, mon Maître, en 1897.
Très amicalement
Jean-Paul
Bonjour,
Je suis relieur (très) amateur et un bibliophile débutant & désargenté. Votre blog est pour moi une ressource merveilleuse. Merci.
Bibliopégimane? Je veux bien... mais où est la notion de reliure là dedans?
Sourire
Hugues
Pour ma part, c'est vrai que je me suis toujours passionné pour la bibliopégistique !
Amitiés bibliophiliques, Bertrand
Hugues,
La notion de reliure est dans le "je rassemble" ....les cahiers pour les relier.
Amitiés
Jean-Paul
Han han... Je vois.
Fatigué moi.
H
Religarophile ou -mane serait aussi acceptable du latin "religare".
Maître Capello
Je l'avais bien dit qu'il était fatigué, Hugues !
Religaromane serait acceptable, mais n'a pas été accepté ...
Jean-Paul
Dommage... j'aimais bien aussi religaroclaste...
avec tous ces néologismes bibliognostiques l'ami Octave (Uzanne biensûr) s'en retournerait dans sa tombe, non ?
Amitiés bibliopégistiques pour bibliopégistoqués, Bertrand
Oui, je vous ce que vous voulez dire; quelque chose comme une sarcophagotornation, en quelque sorte.
Je me permets d'ajouter une référence bibliographique plus accessible en bibliothèque, et pourvue de très belles illustrations couleurs:
Arts et Métiers du Livre n° 253, avril-mai 2006, p. 20-35.
Quant à religaromane, le problème est qu'il joint à un radical latin (religare) un suffixe grec (mania); en outre, normalement, ce n'est pas à partir de l'infinitif (religare) mais du participe (religatum) qu'on forme un mot français sur du latin: il faudrait dire religatomane. Cependant, le terme exact désignant le relieur, en latin classique (Cicéron, Lettres à Atticus), étant le glutinator, "celui qui colle" (les feuillets), peut-être faudrait-il parler de "glutinatomane" (évidemment, tout cet accès de cuistrerie est à prendre au second degré).
Guillaumus
Avouez... On se régale, non?
Hugues
Tout à fait, tout à fait, mon cher Collègue, mais au sens premier les "glutinatores" collaient les feuilles de parchemin bout à bout pour constituer le volumen et, accessoirement, Denys et Menophile envoyé par Atticus, ont enveloppé les volumens dans des enveloppes de luxe pour la bibliothèque de Ciceron.
(Voyez Geraud H, Essai sur les livres dans l'antiquité, Paris, Tachener, 1840).
Mais comment s'appelaient ceux qui étaient chargés de la mise en forme et de la protection des codex dont l'existence est attestée par les meilleurs auteurs comme l'ami Martial ?
Taquinons les muscidées de bon matin pour nous mettre en belle humeur.
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