Amis Bibliophiles bonjour,
Posséder une reliure armoriée valorise le livre, outre pour l’attrait du décor mais aussi bien sûr pour sa provenance. L’identification de ces armoiries et donc de la provenance des livres est essentielle. Il existe pour l’aide à cette recherche de nombreux armoriaux et des nobiliaires qui recensent les armes des familles. Or pour recenser ces armoiries l’héraldiste partage avec ses pairs un langage spécifique qui facilite les échanges mais reste obscure au non initié. La science des armoiries obéit à des règles précises et utilise un langage propre. Ainsi ne parle t-on pas d’un canard, d’un moineau ou d’un oiseau mais de merlette. Si vous désignez cette merlette d’un tout autre nom, les tables des armoriaux resteront muettes et les armoriaux ne vous seront d’aucun secours.
L’identification d’armoiries passe d’abord par leur lecture, avant de consulter les armoriaux il faut savoir ce qu’on y cherche.
Trésor héraldique, Ségoing, Paris, 1657 |
L’héraldique utilise une juxtaposition de teintes, nommées couleurs et métaux, ensemble appelées émaux. Une fois pour toutes, le nombre d’émaux est déterminé. On ne peut donc pas parler de couleurs indistinctement. Les couleurs sont au nombre de 3 principales : azur (bleu), gueules (rouge) et sable (noir) et de quelques accessoires : sinople (vert), pourpre (violet).
Les métaux sont au nombre de deux, or (jaune) et argent (blanc).
Aux couleurs et métaux s’ajoutent les fourrures assimilées à des émaux. Les fourrures sont des compositions stylisées qui évoquent les pelleteries d’autrefois. Les deux plus fréquentes sont l’hermine, où la figure stylisée de sable est semée sur fond d’argent et le vair où les figures stylisées d’azur et d’argent en forme de "clochette" sont posées tête-bèche en rangées superposées et décalées!
Le blason le plus simple sera donc un blason d’un émail uni on dirait, par exemple, plein azur.
La distinction des couleurs et des émaux revêt une importance particulière. On ne pose pas un émail sur un autre ou une couleur sur une autre. Cette dernière règle souffre quelques exceptions. Notable entre toutes, le royaume de Jérusalem et partant, Godefroy de Bouillon et ses successeurs portent d’argent (c’est à dire sur champ d’argent) à la croix potencée d’or, à quatre croisettes de même (c’est à dire aussi d’or). Toutefois, ces armes sont très anciennes et la règle n'était peut-être pas encore très établie.
cliché typographique (à l'envers) aux armes "d'azur au chevron d'or à trois (roses d'argent ?) 2 en chef une en pointe" de la ville de Clamart. |
Ce code a finalement été unanimement utilisé en imprimerie, parfois en menuiserie ou dans la pierre. En reliure, en revanche, les fabricants de fers à dorer en ont fait hélas trop souvent fi. L’interprétation des émaux à partir d’un fer doré sur cuir est le plus souvent difficile.
(Voir en illustration les armes de Gédeon Tallemant des Reaux, auteur des historiettes sur un in-16 en maroquin (Source ebay) où le chevron inversé et l’aigle apparaissent tous deux dorés et sa représentation enluminée sur un manuscrit héraldique).
Armoiries de Tallemant des Réaux |
Lauverjat
1 commentaire:
ah oui, c'est vrai que les armes des reliures sont souvent interprétées pour privilégier l'aspect plutôt que l'exactitude...
mais il faut comprendre le graveur : des hachures dans tous les sens... on n'y verrait goutte !
Enregistrer un commentaire