« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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lundi 6 avril 2015

Les doutes de Ducon 1er ou la Théorie de la relativité des prix, pondérée par le mépris du libraire pour le bibliophile

Amis Bibliophiles bonjour,
 
Oh la la, quelle erreur, quelle erreur d'avoir voulu faire de l'avant dernier ebayana un message un peu plus intéressant qu'une simple énumération de liens vers des ouvrages qui avaient retenu mon attention...
 
J'y évoquais la relativité des prix proposés aux bibliophiles:
 
1. Entre ebay et les salles des ventes, pour des exemplaires des Liaisons Dangereuses, EO, tirage A, (et nous y reviendrons). Pas de problème pour l'instant...
 
2. Entre ebay et une belle librairie parisienne, sur un exemplaire des Fables de Phèdre, avec un bémol, l'un des deux exemplaires était relié richement, l'autre non. Jusqu'ici tout va bien.
 
3. Et enfin, entre deux exemplaires rigoureusement identiques d'un reprint de 1930 des Contes et Nouvelles de La Fontaine, achetés et remis en vente sur ebay, dans un délai très court, et avec des écarts significatifs en termes de prix par la librairie L'amour qui bouquine, ou Librairie Varia. Et là... c'est le drame...
 
Sacrilège, blasphème!
 
Des bibliophiles qui parlent de prix, des bibliophiles d'aujourd'hui quoi, pas les béni-oui-oui habituels, et qui ne se cantonnent pas au rôle de portefeuille. Des bibliophiles qui font preuve d'un minimum de lucidité ou d'attention, et qui s'interrogent s'il est bienvenu (ou même malin) de remettre en vente sur le même site et une semaine après, un même exemplaire en lui appliquant une augmentation de 360% entre le prix d'achat et celui de vente.
 
Mes propres interrogations portaient d'ailleurs non pas sur la marge, elle est finalement assez classique pour un professionnel qui paie des charges, mais sur le modus operandi (achat et revente sur le même site en un délai de 7 jours, avec une augmentation substantielle du prix), et sur la relativité des prix, puisque je signalais également un autre exemplaire adjugé encore moins cher que le premier (200€).
 
Sur un site comme ebay, où après tant d'années les acheteurs commencent d'être un mininum informés, si ce n'est sur les livres du moins sur le fonctionnement du site, cela me surprenait.
 
En effet, l'habitude veut que les acheteurs suivent des livres et qu'une fois les enchères terminées, le livre suivi passe soit dans la rubrique "Enchères perdues" (si l'acheteur a essayé d'enchérir), soit dans la rubrique "Ventes terminées" des affaires à suivre. Dans les deux cas, l'objet ne disparaît pas dans les méandres d'internet, et l'amateur en garde une trace, au moins un temps, généralement plus d'une semaine... Et je ne parle même pas de la mémoire de la personne. Et le bibliophile a généralement bonne mémoire.
 
Du reste, quand un ouvrage similaire réapparaît sur ebay, l'enchérisseur déçu reçoit généralement un email d'ebay signalant ce nouvel ouvrage. Le site est paramétré ainsi.
 
Bref, acheter ou vendre un livre sur ebay laisse des traces. Surtout quand l'exemplaire est numéroté et reconnaissable.
 
Les utilisateurs du site connaissent tout ceci par cœur et veuillez m'excuser pour ces rappels.
 
En résumé, il semble plus pertinent, quand on s'essaie à la culbute et/ou si l'on veut être discret, d'observer un temps de latence entre l'achat et la revente. Si l'on ne le fait pas, l'information reste à la portée de tous et elle est publique. Et l'on ne peut s'en remettre, quand on est le vendeur, qu'à l'inattention, à la naïveté ou à la bêtise des amateurs. Pari risqué.
 
Oui mais voilà, parfois il arrive que le bibliophile déçoive les espoirs du vendeur, en l'occurrence le libraire en question, et fasse preuve de façon inattendue d'un peu de jugeote. Il se dit que tiens, là, on le prend peut-être pour un imbécile, pour un perdreau de l'année, pour un pigeon, quoi.
 
 
Dans le cas présent, il se trouve que je suivais l'ouvrage en question, c'est un texte pour lequel j'ai une faiblesse: j'ai donc une recherche enregistrée sur les "Contes et Nouvelles". Cette incongruité m'avait surpris, comme d'autres d'ailleurs, signalées également dans l'article (http://bibliophilie.blogspot.fr/2015/03/ebayana-et-bibliophilie-livres-anciens_28.html).
 
J'ai commis une erreur terrible: le bibliophile doit gober et se taire. Et moi j'ai parlé. Aïe aïe aïe. Je me disais que peut-être un commentaire allait apparaître pour expliquer cette stratégie, et bien non, la seule chose qui est apparue, c'est une insulte à mon encontre sur le compte Facebook du vendeur (la librairie L'amour qui bouquine, ou Librairie Varia, et ici en l'occurrence son propriétaire, réincarnation d'Octave Uzanne, mais sans l'élégance) ; un commentaire un peu au-dessous de la ceinture, anonyme, un peu insultant, un peu bas du front. Classe quoi.

Son élégance a d'ailleurs marqué nombre des amis de ce délicat personnage qui m'ont envoyé des captures d'écran.
 
 
Voici la réaction en question, quelle délicatesse. :)
 
Pour vous donner un peu de contexte, elle survient alors que le même vendeur remet en vente sur ebay le 2ème exemplaire que j'avais cité, acheté 200 euros, et au prix de 900 euros, quelques jours après l'avoir acquis. Il l'annonce simplement. Et ajoute une petite insulte au passage, avec quelle élégance!
 
Me voici sacré Ducon 1er! :)

Bon, vous me direz, on ne choisit pas son pape quand on est sacré...
 

Moi ça me fait beaucoup rire, même si ça manque terriblement d'élégance et de sang-froid.
 
Surtout, comme le disait Georges Courteline, "passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet".
 
Alors être sacré le roi des cons par un imbécile, vous imaginez un peu! C'est la consécration, c'est se faire le guide Michelin page à page. Gourmetissime. Sourire.
 
J'espère en plus voir surgir le 3ème exemplaire promis dans le post Facebook du libraire élégant...

D'ailleurs, si je peux me permettre, je suggère au libraire de L'amour qui bouquine d'acheter le 3ème, et même le 4ème exemplaire chez ses confrères.

L'exemplaire que la librairie L'amour qui bouquine vend en effet 900 euros sur ebay ou sur son site, est en vente pour 380 euros à la Librairie de l'Amateur à Strasbourg, et pour 400 euros à la librairie La Cigüe à Saint-Etienne. Soit quand même deux fois moins cher dans ces deux bonnes librairies que chez L'amour qui bouquine. La marge restera encore confortable pour la librairie L'amour qui bouquine, ou Librairie Varia. Il ne faut pas qu'il hésite.
 
Bon c'est sûr, si vous cherchez cet exemplaire, à vous de voir.

A vous de choisir votre libraire.

Vous pouvez aimer payer deux fois plus cher pour le même exemplaire.

Les goûts, cela ne se discute pas.

(vous pouvez même prendre l'option "insulte").
 
 

 
Et puisque dans la description de ce charmant libraire de la librairie L'amour qui bouquine, il lui paraît "peu probable que tous les exemplaires aient été reliés en maroquin" (c'est vrai que c'est plus vendeur), il pourra également vérifier que ces deux autres exemplaires proposés par des confrères bénéficient du même maroquin prune que le sien.
 
Cela ne fait que 4 exemplaires sur 500 reliés en maroquin donc, me direz-vous, dont le 464. Tous les espoirs sont permis, le 500 est peut-être relié en chagrin.
 
Il est vrai que pour le 2ème exemplaire qu'elle met en vente, à 900 euros, la librairie L'amour qui bouquine (ou Librairie Varia) a gagné du temps, en réutilisant la photo de la vente DeBaecque du 31/01/13 (lot 118) . Ce qui m'interpelle d'ailleurs, le maroquin havane de l'expert de la vente devenant "prune de nuit" chez la librairie L'amour qui bouquine:
 
Catalogue De Baecque
 
 
 
Un des rares exemplaires en maroquin, et surtout à 900 euros 

 
Allons plus loin...la librairie L'amour qui bouquine utilise les mêmes photos pour les deux exemplaires différents qu'elle met en vente, le 75 et le 464.

Cela semble incroyable pour un libraire "professionnel", mais voyez plutôt:

Le numéro 75:
http://www.ebay.fr/itm/Contes-et-Nouvelles-La-Fontaine-edition-des-Fermiers-Generaux-Reliure-maroquin-/231516982966?pt=LH_DefaultDomain_71&hash=item35e77cceb6

Le numéro 464:
http://www.ebay.fr/itm/Contes-et-Nouvelles-La-Fontaine-edition-des-Fermiers-Generaux-Reliure-maroquin-/231521248615?pt=LH_DefaultDomain_71&hash=item35e7bde567

 

 

 

A gauche les photos utilisées dans la description de l'exemplaire 75, à droite celles utilisées dans la description de l'exemplaire 464. Ce sont les mêmes.
 
C'est toujours ça de gagné, il n'y a pas de petit profit.

Pour résumer:

1. On pique une photo dans un catalogue de vente, on change la couleur dans la description pour que ça passe mieux (en plus "havane" et "prune de nuit", c'est pareil...). Hop un petit copier/coller de photo.
2. On utilise deux fois les mêmes photos pour décrire et vendre deux exemplaires différents. Tss tss, pas très professionnel tout ça. Ou alors pas très honnête. Ou alors les deux?

Quand vous achetez un livre à la librairie L'amour qui bouquine, vous n'êtes donc pas certain que les photos utilisées dans la description soient authentiquement celles de l'exemplaire que vous convoitez. Elles peuvent venir d'un catalogue de vente (qui décrit l'ouvrage d'une autre couleur), ou d'un exemplaire du même tirage. (le 75 ou le 464, des numéros tellement proches de  toutes façons...). 

Curieuse pratique du métier de libraire, étonnante déontologie.

Mais du coup moi, je ne sais plus quel exemplaire j'achète pour 900 euros (quand même)... Ca me trouble, comme toutes les reliures sont identiques. Est-il prune de nuit ou havane? Prune de havane, havane de nuit? Est-ce le numéro 75 ou le 464? Est-ce l'exemplaire De Baecque? Un autre, encore un autre?
 
Ah non pardon, comme le dit la librairie L'amour qui bouquine dans la description: il est "peu probable que tous les exemplaires aient été reliés en maroquin".
 
Le site de la Gazette est toujours intéressant, et dans ce cas précis, on y retrouve d'autres exemplaires de cette édition (celui du Docteur Launay, Piasa, 19/10/10, n°296, adj. 150€) qui est aussi en maroquin.
 
Cinq exemplaires en maroquin donc, et même six avec celui adjugé 150€ le 18/04/13 à la vente F.L Auction, en maroquin lui aussi.
 
Enfin sept, avec l'exemplaire Plichon, vendu par Alde le 8/06/12 pour 150€, et lui aussi signalé en maroquin.
 
Pardon, huit, avec l'exemplaire vendu à Montignac le 26 août 2013 (n°135), lui aussi décrit dans un maroquin identique, etc., etc.
 
C'est vrai qu'il paraît donc "peu probable que tous les exemplaires aient été reliés en maroquin". On n'en trouve que huit en trois clics. A partir de 500, c'est sûr, c'est sûr que ce sera moins probable, il faut se dépêcher de vendre avant. Promesse de bourguignon.
 
Mais bon, il est certain que c'est quand même plus facile à vendre quand c'est "peu probable" et que l'exemplaire proposé est "probablement" l'un des rares en maroquin. Surtout à 900 euros.

Amis bibliophiles... vous serez gentils de ne pas faire de recherche et de vous en tenir au (très) rapide travail de recherche de la librairie L'amour qui bouquine sur un petit ouvrage à 900 euros. Faites comme pour les photos, fermez les yeux.

Aie confiance petit bibliophile...
 
 
En résumé:
 
1. Si vous aimez les livres vendus au moins deux fois plus cher que la moyenne du marché,
2. Si vous aimez les photos piquées dans un catalogue de vente et réutilisées dans les descriptions, bref ne pas savoir ce que vous achetez vraiment...
3. Si vous aimez qu'un libraire utilise dans ses descriptions des photos qui ne sont pas celles de l'exemplaire décrit...
4. Si vous aimez les descriptions légèrement laudatives, qui survendent l'exemplaire, ou qui n'ont pas fait l'objet d'une recherche minimale de la part du vendeur (professionnel)...
5. Si vous aimez les libraires délicats qui insultent leurs clients (car oui, j'ai acheté plusieurs ouvrages auprès de cette librairie pour quelques milliers d'euros).
6. Si vous préférez quand ils font cela dans votre dos, avec une finesse et une lâcheté exquises... Ne nommant pas, ne signant pas...
 
... et bien vous avez trouvé votre libraire! (Attention néanmoins, on est prié de laisser cerveau et langue au vestiaire, mais de ne pas oublier son portefeuille).  

Sur son site, la librairie L'amour qui bouquine, ou Librairie Varia, rappelle d'ailleurs que ses "Conditions de vente sont conformes aux usages de la Librairie ancienne et moderne". Ca m'a fait réfléchir, est-ce à dire que les usages de cette noble profession sont ceux évoqués plus haut et ceux pratiqués par cette librairie? (description contestable, photos différentes, photos empruntées ailleurs, insultes, etc.).

Et puis l'insulte, ça me laisse interdit. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu cela, un libraire qui insulte anonymement, que l'on soit son client ou pas. Est-ce une question d'éducation, Est-ce parce qu'on est pris la main dans le bocal de confiture, et quel courage magnifique...
 
Ca m'a vraiment fait réfléchir, puis je me suis souvenu qu'il y avait beaucoup de libraires sympathiques et bien élevés. Ils le sont encore plus à mes yeux désormais.
 
En fait, j'aimerais terminer par un mot gentil et en même temps éviter les incompréhensions: moi, je ne cherchais pas à contester une marge de libraire. Une marge, c'est normal, très relatif et puis tout le monde a le droit de bien acheter et de revendre avec profit. Je voulais plutôt comprendre la démarche.

Si j'avais voulu parler de marge d'ailleurs, j'aurais pu citer cet autre livre acheté 450 euros par le même libraire le 5 avril 2014 sur ebay, et remis en vente par lui la même semaine 2500 euros sur eBay... Mais voyez vous, cela ne me choque pas. Vraiment pas. Depuis des années, j'écris sur le blog que le juste prix est celui que le bibliophile est prêt à payer.
 
Ce libraire a tout a fait le droit de multiplier les prix par 5 avant de vous vendre un livre. C'est son métier. Ou le droit de le vendre deux fois plus cher que ses confrères. Et vous, vous avez le droit d'aimer cela!
 
Pour autant, cela ne veut pas dire que les bibliophiles doivent se taire, ou n'ont pas le droit d'avoir un avis, ou celui d'essayer de comprendre ces cycles "courts". Surtout dans un monde de la librairie ancienne devenu si numérique, surtout quand tout ceci se passe non pas dans une arrière-boutique obscure, mais au vu de tous sur ebay. Il n'y a rien de caché, il suffit de regarder.
 
Voilà, je voulais terminer par un mot gentil, mais c'est vrai que Ducon 1er, même si ça m'a fait beaucoup rire, ça méritait une petite mise au point.
 
Pour conclure, je ne peux évidemment éviter de citer Audiard: "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
 
Ca ose même de poster des injures sur les réseaux sociaux en 2015. Entre autres.
 
Et ça perd quand même vachement vite son sang-froid. Le pauvre Octave Uzanne (copyright), doit se retourner dans sa tombe.

Joyeuses Pâques.

H, Ducon 1er.

PS: et croyez-moi, je ne vous dis pas tout, j'en aurais tellement à raconter sur le même sujet. Une autre fois peut-être, par exemple si vous aimez les petites magouilles entre amis...

22 commentaires:

jb guinot a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Hervé a dit…

Triste image donnée par ce confrère de notre si belle profession de libraire.
Un libraire provincial.

Anonyme a dit…

Un très bon article à lire pour terminer ce week-end Pascal, un pur moment de plaisir.

Anonyme a dit…

Rien ne me choque jamais en matière de prix des livres/marge réalisée. Les libraires sont libres de fixer et d'attribuer aux livres le prix qu'ils veulent, c'est une facette de leur métier, le leur reprocher n'aurait aucun sens.

Je me contente comme beaucoup de trouver cela juste ou parfois farfelu, selon mes propres critères, qui ne sont pas ceux des autres: La belle affaire de toute façon, je ne suis jamais obligé d'acheter.

Malgré tout c'est intéressant de s'interroger sur l'économie du marché des livres anciens, et c'est aussi intéressant d'avoir un avis sur les libraires. Parler d'éventuelles culbutes ne signifie pas qu'on les condamne. J'ose croire (j'en suis même certain) que nombre de libraires ne s'offusqueraient pas si l'on disait ici qu'ils font des marges très importantes: Tant mieux pour eux si ils parviennent parfois a acheter peu cher et à bien vendre, c'est leur métier de ne rien rater et d'être en veille.

Ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais libraire, c'est qu'un bon ne pratiquera que rarement des prix élevés sur autre chose que de très bons livres, un mauvais tentera de faire sa marge sur le premier machin venu.

Un bon libraire respecte l'intelligence présupposée de ses clients (quelque soient leurs moyens financiers), un mauvais espérera que ses clients ne sont pas trop pointus et qu'ils seront prêts à acheter sans trop de discernement.

Il est clair que libraire mentionné dans cet article fait partie des mauvais: On ne peut pas proposer à 900 euros un tel livre en ayant un minimum de respect pour ceux qui peuvent l'acheter. Un bon libraire comme je le disais refuserait de vendre ce livre à un prix si déraisonnable, il irait plutôt dénicher une de ces belles contrefaçons XVIIIe des Contes et Nouvelles en maroquin d'époque, et aurait le plaisir de proposer à ses clients un bon livre de qualité. (une contrefaçon XVIIIe de cet ouvrage en maroquin d'époque vaut bien moins de 900 euros en salle, et j'en ai vu bon nombre chez des libraires aux alentours de 1000 à 1500 euros).

Ce faisant il y gagnera autant si ce n'est plus d'argent, mais il y gagnera aussi des choses qui n'ont pas de prix et auxquelles certains libraires accordent heureusement de la valeur: La considération de leurs clients actuels et futurs.

Là on est dans de la pratique douteuses (photos de catalogue de vente, mis en avant d'une reliure dite "superbe et surement d'un grand atelier" alors qu'elle est issue d'un procédé mécanique c'est à minima de l'incompétence) et dans la bassesse de l'insulte sur les réseaux sociaux parce que quelqu'un à eu l'outrecuidance de s'interroger (et sans même de porter de jugement négatif), c'est lamentable.

Nicolas "Ducon Troisième".

Anonyme a dit…

Ce marchand est un multirécidiviste: il propose régulièrement sur son site des ouvrages à 2500 € qui se retrouvent après quelques mois sur son ebay où ils sont vendus à 300/ 500 €.
La confiance ne se perd qu' une fois !

Anonyme a dit…

La démonstration est implacable et l'insulte inexcusable... Rien à ajouter sur ces points. Mais le lynchage médiatique peut facilement mener à des expressions bien manichéennes, surtout anonymement derrière son clavier. N'oublions pas que ce libraire, vite qualifié par certains, est aussi un des plus actifs (et depuis longtemps) dans la blogosphère bibliophile et que nous sommes nombreux à lire régulièrement recensions, présentations passionnées et recherches au long cours menées sur quelques auteurs. Arx Tarpeia capitoli proxima, ne brûlons pas trop vite ce que nous avons adoré et tutti quanti.
SD

Benoît a dit…

Cher SD, écrire un blog n'est pas un blanc-seing pour se livrer aux errances décrites ici. D'autant plus que ce libraire se targue d'être un puriste. Il est ici rattrapé par la patrouille...

On peut lire d'autres blogs dont les auteurs ne basculent pas dans ce genre de choses.

C'est d'autant regrettable que le libraire en question n'est jamais en reste pour se poser en donneur de leçons décontracté, et distribuer bons et mauvais points.

Là, c'est une fessée. Et elle est méritée.

Benoît.

Benoît a dit…

Ceci dit, il peut toujours présenter ses excuses, au moins pour l'insulte.
Le reste, lui... est plus discutable. SD, si je ne me trompe, vous êtes libraire, que pensez vous du reste, au delà de l'insulte?
Benoît.

Anonyme a dit…

Cher Benoît,
Je ne voulais pas laisser votre question sans réponse mais permettez-moi de ne pas en ajouter publiquement. Mais puisque vous me connaissez, posez-moi la question quand nous nous croiserons et je vous répondrai ;)
Cordialement,
SD

Olivier a dit…

Bah moi ce qui m'inquiète dans ce billet (je suis pinailleur) c'est la mention "avant-dernier ebayana". Est-ce à dire que dans 15 jours le rideau tombe?
Ou était-ce une mention rétrospective? Mais je sens Hugues remonté comme une pendule ce qui est toujours préférable à la douce torpeur qui nous saisit tous quand on a mille autre choses à faire.

S'il y a une chose que j'ai appris en lisant ce blog c'est à lire les descriptions de libraires ou de catalogues comme de la littérature. Il en est de bonne. Mais ce n'est pas une règle.
Et, pour finir citer Sganarelle : "Pour moi, Monsieur, je n'ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m'avoir jamais rien appris; mais, avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres"
Olivier

truffe a dit…

meric pour cet article

JBG a dit…

Cher blasphémateur sacrilège,

D'accord avec toute cette démonstration, et en plus j'aime (comme on dit sur FB) les citations :
- 1° :"passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet"
- 2° : "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
-3° "le juste prix est celui que le bibliophile est prêt à payer."

Sur ce dernier point, je soupçonne beaucoup de libraires et de bibliophiles de s'intéresser beaucoup plus au contenant qu'au contenu, ce qui personnellement me désole.

A ce propos, je propose une citation fort à propos, choisie dans un contexte également fort à propos :
"Le libraire qui aime les livres existe aussi, à un petit nombre d'exemplaires. Celui-là ne s'enrichit jamais." (Octave Uzanne. Dictionnaire bibliophilosophique.

JBG alias Ducon II.
(pourvu que personne ne m'ait piqué le numéro entre temps)

Anonyme a dit…

Vous avez raison SD, d'ailleurs il ne s'agît pas de lyncher médiatiquement dans des commentaires quelqu'un qu'on ne connait pas, mais de donner un avis sur un point précis et circonstancié.

Reste qu'il faut faire la part des choses en effet, le blog animé par ce libraire est de qualité et ce n'est pas remis en cause il me semble, pas davantage que son érudition et sa passion bibliophilique. Pour ma part j'y ai trouvé, et à de nombreuses reprises, des articles tout à fait intéressants et nul doute que cela continuera.

C'est même d'ailleurs parce que ce blog et de qualité que je trouve surprenant que son auteur se soit laissé aller à une insulte publique, pour un motif qui semble bien léger... C'est juste dommage.

Nicolas

Anonyme a dit…

Oui dommage d'utiliser cette tribune pour étaler les querelles.
Mais on aime bien qd même voir les gens se déchirer, c'est humain.

Un bon libraire vole ses vendeurs (je pense au plus grand, celui qui est mort)

C'est très dur de voler les acheteurs, ils ont une petites idée du prix ( au minimum le libraire les aura habitué à son reférenciel

jlp

Anonyme a dit…

Je connais le libraire en question, je suis un lecteur de son blog que j'apprécie, et même parfois un de ses clients.

Pour autant, s'il a des prix forts sur des choses qui le méritent, il a surtout des prix exorbitant sur des choses très moyennes (et très rarement il se plante ce qui m'a valu un chopin chez lui).

Si vous saviez a quel prix il laisse partir sur eBay les invendus de ses catalogues...parfois au 10e du prix affiché !! toute honte bue !

Néanmoins j'en avais une image sympathique, et je suis stupéfait de son insulte grossière.

Il est membre du SLAM, il me semble - demandez une réaction à ce syndicat.

Anonyme a dit…

Il a volontairement quitté le SLAM il y a quelques mois.
B.

Unknown a dit…

Bien merci pour ce petit rappel à la vigilance ...

Daniel a dit…

J’arrive un peu tard et ne souhaite aucune polémique mais simplement, certains propos m’interpellent sur le prix des livres.
Je suis juste étonné que les bibliophiles ne félicitent pas les libraires qui défendent un minimum le prix des livres, car quand je vois passer des bons ouvrages du XVIIE complets et en état à 30 euros, j’ai peur, très peur, le livre ancien va-t-il suivre le timbre dans son inexorable chute des prix ? Et alors vos bibliothèques, clients bibliophiles ne vaudront plus tripette. Si j’achète un tel livre 30 euros sur ebay et que la semaine suivante je le remets 250 euros sur le même site parce que j’estime que pour telle ou telle raison par exemple un ouvrage religieux de controverse du XVIIe assez rare en reliure d’époque, ça ne vaut pas 30 mais 250 euros, non seulement les bibliophiles ne devraient pas critiquer, mais applaudir, en défendant le prix des livres, c’est votre patrimoine que le libraire défend.
Même si c’est la tendance actuelle du marché sur les livres anciens « courants », je ne peux être pour un bradage systématique des livres anciens avec rotation ultra rapide, je trouve que le rôle du libraire, tant pis pour les immobilisations de trésorerie, c’est aussi de croire en son produit et de le défendre pour peu qu’il soit bon. (Le produit, pas le libraire)
Car enfin c’est donner bien peu de valeur au livre ancien et à son contenu que de systématiquement le brader, en arriver à vendre des beaux ensembles complets de volumes XVIIIe avec des prix au volume moins cher que celui des romans actuels (-de 20 euros) je le fais à regret, c’est parfois même un argument de vente, il faut bien vivre et avoir un minimum de rotation, mais j’en suis vraiment désolé, c’est un vrai manque de respect pour le livre ancien, et pour toutes les personnes qui l’ont conçu, fabriqué, relié à l’époque et ceux qui l’ont conservé en état depuis parfois plusieurs siècles, et imaginez à combien il faut l’acheter, un livre XVIIIe pour le vendre à ce prix inférieur à 20 euros.
Quelle autre antiquité de cette période, chargée d’histoire, se vend à un prix aussi dérisoire ? Je ne vois pas.
Quand à critiquer le fait qu’un libraire défende ses prix sur catalogue, puis un jour, comme toute autre commerçant déstocke des livres pour rentrer de la trésorerie, je trouve cela un peu dur… seul celui qui n’a jamais eu à payer une régularisation du RSI lui jette la pierre sans doute ! ;)) Si vous perdez confiance en votre libraire pour cela, alors vous devez perdre confiance en tous vos commerçants car ils affichent maintenant souvent des soldes et promos supérieurs à 50 %, je ne dis pas que c’est bien, mais simple constat, ils vous escroqueraient donc tout le restant de l’année ?

Daniel B.

Anonyme a dit…

"ses "Conditions de vente sont conformes aux usages de la Librairie ancienne et moderne"."

Il se targue pourtant bien de ne pas faire partie du SLAM...

Anonyme a dit…

Commentaire plein de bon sens et de justesse, cher Daniel ; mais ce n'est pas exactement ce qui est reproché au libraire en question.
Mais merci pour ce rappel des fondamentaux d'un commerce sain et de bon sens.
B.

Unknown a dit…

Mouai, je ne suis pas convaincu par vos propos cher Daniel.

Je me rends régulièrement chez plusieurs libraires, sur Montpellier et Lyon entre autre. Pour autant, je n'ai jamais acheté un livre chez eux. Je n'achète pas un livre dans l'espoir de faire un bon placement, même si parfois comme notre cher ami incriminé dans ce billet, j'achète pour revendre à la hausse en vue d'acheter des livres qui m’intéressent; ces derniers je les achète à qui ? à vous libraires qui vendez sur ebay, donc la circulation du capital profite à tous.

J'achète un livre avant tout pour ce qu'il est et ce qu'il représente à mes yeux, très subjectif, aussi subjectif que les prix en librairie.

Puis vos stocks amis libraires, ils proviennent d'où ? quelle marge faite vous sur un livre qu'un néophyte vous vend ?

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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