« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mardi 30 novembre 2010

Portrait de bibliophile: Yohann

Amis Bibliophiles bonjour,

Je vous propose de découvrir aujourd'hui le portrait d'un jeune bibliophile lecteur du Blog, Yohann, qui a également le mérite de travailler à un projet destiné à faciliter nos vies de bibliophiles, et qui fera l'objet d'un "feuilleton" ici dans les mois qui viendront.


Bonjour Yohann, pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre bibliothèque?

Je suis ingénieur et ai travaillé pour quelques grands groupes industriels en France et à l’Etranger dans diverses fonctions de production et achats. Voici en quelques mots mon parcours de jeune bibliophile (jeune car je n’ai que 34 ans), mais issu d’une famille d’amateurs collectionnant des ouvrages depuis quatre générations.

Chaque génération a eu une spécialisation en rapport avec son travail : Médecine pour les deux premières, Architecture pour mon père. Mais, malheureusement, nous ne détenons pas ces ouvrages qui font rêver le lecteurs du blog.

Pour ma part, je suis en train de me fixer sur la littérature XVII, XVIII et les mémorialistes, mon évolution est relativement corrélée à l’évolution de mes moyens …

J’accompagnais à 16ans mon père au marche du livre parc Brassens, et mon premier achat consista en un petit dictionnaire Géographique du XVIII à 50 frcs, un mors fendu... Inaliénable comme la première pièce de 10 cts de l’Oncle Picsou.

Par la suite, toujours au parc Brassens, attiré quasi exclusivement par les ouvrages du siècle des lumières, je ne pouvais m’offrir que des séries dépareillées : Histoire de France de Velly, Histoire Ancienne de Rollin. A 18 ans, je commençais à avoir quelques séries uniformes (les histoires citées ci-dessus, quelques romans du XVIII dans de jolies reliures). Mais à 18 ans, être amateur de livres anciens, ce n’est pas cool, et c’est même strictement disqualifiant pour une histoire sentimentale.

Les études, les premières années de travail, l’arrivée des premiers enfants m’ont détourné pendant 10 ans de ma passion du livre.

Mon père continuait à compléter sa collection s’inspirant essentiellement de Millard. A partir de 2005 nous nous sommes mis à nous coordonner totalement dans nos achats en recherchant systématiquement la double validation avant toute acquisition d’envergure.

Où achetez vous vos livres.? Internet, salons, libraires?

Mon père achète encore en librairie et dans les salons auprès des libraires en qui il a confiance (qui ne s’amusent pas à monter contre lui en vente)

Pour ma part, et à une exception près cette année, je n’achète qu’en salle des ventes, mais c’est mon père qui me représente puisque je dois travailler pour financer cette passion.

La plus grande diffusion des référencements Internet nous a insensiblement amené à nous intéresser de plus en plus aux salles de ventes, et nous pouvions observer entre les années 90 et 2000 ce qui se produit généralement dans tout marché ou l’information se met a circuler: une relative stagnation des produits « moyen » mais une hausse considérable des prix de l’exceptionnel ou du très rare.

De manière anecdotique, j’invite les lecteurs à comparer le différentiel entre le prix des ouvrages les plus accessibles et les plus exceptionnels de la librairie Morgand Fatout (XIX). Le rapport maximal que j’ai pu observer est de 150. Aujourd’hui dans une même vente (de qualité tout de même) le rapport atteint souvent 1000, voire 3000/5000 lorsqu’il y a de beaux manuscrits médiévaux.

Lorsque vous comparez cela aux salaires des ingénieurs du XIX et d’aujourd’hui le constat est flagrant (au-delà des effets de mode) : le moyen est plussse accessible, le beau ne l’est plus.

[Cette petite digression, va m’amener plus tard à un sujet que je souhaiterai partager avec les lecteurs.]

Les collectionneurs chasseurs que nous sommes ont donc cherché à améliorer la qualité de la collection. Pour ma part j’ai éliminé sur ebay la quasi-totalité de ce que j’avais acquis durant l’adolescence pour suivre une ligne de conduite extrêmement simple

1 – je n’achète que des livres que je lis (comme beaucoup de bibliophile, je me suis rendu compte que je n’avais pas lu le quart des ouvrages que j’avais acheté)
2 – dans des reliures si possible impeccables.
3 -  En littérature, Mémoires, ouvrages économiques, et un petit peu de Marine.
4 – de Préférence en maroquin.

Le gros défaut des livres à l’état neuf, c’est qu’ils sont souvent horriblement ennuyeux, ce qui rentre en conflit avec le point 1. Et lorsque les 4 aspects sont réunis, vous avez le choix entre l’ouvrage et la vente de votre appartement ;)

Ainsi donc, j’ai beaucoup moins de livres qu’à l’origine.
  
Mais parfois à l’occasion d’un vente de province, on peut tomber sur de belles occasions, j’ai acquis récemment ce petit Boileau 1722, invendu. L’auteur n’est plus étudié car ayant écrit sur une actualité passée.


Au Havre je trouvais récemment un exemplaire de l’administration des finances de Necker (2eme ed 1785) dont j’ai la certitude qu’il n’a jamais été lu en 230 ans (présence de crin aux nerfs, aucune plissures aux charnières avant que je ne les ai ouvertes). Etrange expérience, j’ai le sentiment de lire un message arrivant au destinataire avec 200 ans de retard, un peu comme si vous étiez à 100 années lumières de la Terre et qu’aujourd’hui vous perceviez les premières émissions grandes ondes de Marconi. D’ailleurs c’est l’effet que me font les ouvrages anciens : des portes sur le passé, sur une époque que j’étudie avec passion, de préférence à l’aide de documents anciens.


J’éprouve une réelle préférence pour les Ouvrages du XVIII, les cuirs et les décorations n’ont pas ce côté mécaniquement parfait du XIX ou XX, on y ressent le travail de l’artisan, et les imperfections en font l’âme ainsi que la quasi unicité de chaque reliure.

A mon avis la recherche Bibliophilique peut aussi être une forme d’expression de sa vanité. Aligner les plats aux armes des princes de France n’est ce pas chercher inconsciemment une forme de filiation entre ces personnage célèbres et ce que nous sommes ?

Alors on ose quelques petites folies, lorsque la compétition n’est pas trop dure en salle de vente. (Longuement négocié avec ma moitié ;-) ).

Henault 4eme ed, armes de la comtesse de Provence

Quel est le ou les livres qui vous font rêver? Et les livres que vous possédez déjà et qui vous sont particulièrement chers?

Ma dernière acquisition m’est toujours la plus chère. Sinon les ouvrages qui me font rêver sont souvent l’association d’une provenance et d’un thème. (ceci dit , je ne sais pas s’ils existent à chaque fois )

1- Le petit abrégé de Marine d’Ozanne en 50 gravures aux armes de Choiseul
2 – l’édition originale des contes Perrault ( mais ca j’ai laissé tombé quand j’ai vu qu’il n’y a plus que 3 exemplaires déclarés et que la seconde édition faisait environ 140k€ chez Christies !!)
3 – Les Fables de La Fontaine de Oudry dans une belle reliure.
4 – Le Molière avec les dessins de Boucher (je connaissais le propriétaire d’un exemplaire en Maroquin Rouge aux armes, et qui souhaitait le vendre suite à succession, et j’en ai crevé de dépit de ne pas être raisonnablement en capacité financière de l’acquérir directement).
5 – La dîme de Vauban aux armes de… La Vrillière, why not, ce serait une beau contraste ?
 6 – L’édition de 1778 des Maximes de La RocheFoucauld en Beau Maroquin – et là n’hesitez pas à me contacter ;-)

En guise de conclusion...

J’observe auprès de mes amis, qu’avec l’age, ceux-ci sont de plus en plus disposés à apprécier les vieux ouvrages, aujourd’hui je me lance sur le temps libre avec 2 autres amis Ingénieurs et amateurs de livres dans la création d’un site Internet dont l’objet est de référencer toutes les ventes aux enchères de livres ainsi que tous les résultats de ventes de livres en France, le tout appuyé sur un moteur de recherche spécialement développé pour le livre (un outil analysant à la volée les catalogues .pdf et pouvant tout reclasser par auteur / édition / reliure / état / armoiries / EO etc...)  une deuxième cercle nous soutiendrait auprès de plusieurs réseaux d'entrepreneurs et média web si nous parvenons à réaliser quelque chose de bien.

Je pense que l’occasion d’autres post me permettra de développer cet aspect, technique, juridique. (compliqué ca..)

Yohann

H

dimanche 28 novembre 2010

Un exercice de style de l'atelier Bauzonnet - Trautz: un double emboitage sur deux minuscules

Amis Bibliophiles bonsoir,

Bravo à la plupart d'entre vous, et en particulier à Lauverjat, PhilippeM, Olivier et Textor, les premiers à imaginer qu'il s'agissait de livres minuscules... un exercice de style rare de la part de ce grand atelier de reliure du 19ème, encore plus rare et raffiné quand on considère l'objet dans sa globalité.


Les deux ouvrages reliés en plein chagrin sont en effet inséré dans un double emboîtage, lui aussi minuscule que l'on pourrait qualifier d'emboîtage à système. Sous sa forme première l'objet se présente comme un ouvrage relié en chagrin, dont le dos (dont on peut admirer la dorure très fine) indique qu'il pourrait contenir deux ouvrages reliés à la suite, dans une reliure signée Bauzonnet - Trautz. 


Quand on retourne l'objet, on constate à l'absence de feuilles sur la tranche que c'est un emboîtage, mais qui reste curieux puisque les deux plats s'ouvrent malgré tout, découvrant même un ex-libris.


Il faut ensuite retirer l'étui doré pour faire apparaître deux emplacements dans lesquels sont glissés les deux ouvrages. 

Un petit système avec des rubans permet de les faire sortir de leur emplacement.


L'emboîtage mesure 97x76 mm. Les ouvrages mesurent 87x51 mm pour l'Horace (Mesnier, 1828) et 80x51 mm pour les Maximes (Didot le Jeune, 1827). L'ex-libris est celui de Gustave Chartener, un grand bibliophile messin du 19ème (bibliothèque vendue en 1885... si l'un de vous déniche le catalogue). 

Je n'ai pas une passion pour les minuscules, mais cet exemplaire va rejoindre mon rayonnage "curiosités", je crois qu'il le mérite. Je n'ai jamais croisé un tel travail avant. Et vous?

H

samedi 27 novembre 2010

Devinette pour bibliophiles et bibliomanes... deux reliures à décrypter

Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici deux reliures de bonne facture signées Bauzonnet-Trautz, mais sauriez-vous, chers bibliophiles et autres bibliomanes, me dire ce qu'elles ont de si particulier?

Ce n'est pas si compliqué. Vous allez trouver.

Les textes? Quinti Horatii Flacci et les Maximes du duc de la Rochefoucauld.

H

jeudi 25 novembre 2010

Ebayana: belles reliures, éditions 1§ème, littérature, voyages et ouvrages sur la bibliophilie

Amis Bibliophiles bonsoir,

Voici une sélection d'ouvrages en vente sur ebay:









































H

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