Amis Bibliophiles Bonjour,
Partons aujourd'hui sur les traces de Cook, mais suivons le dans sa seconde expédition.
A son retour de son premier voyage Cook est célébré par la communauté scientifique et est promu au grade de commandant par l'Amirauté. Malgré l’avis de Cook, qui doute toujours de l’existence de cette terre, la Royal Society reste persuadée de l’existence du continent austral, qui devrait se trouver plus au sud.
Elle confie donc à Cook le commandement d’une seconde expédition pour découvrir enfin ce contient austral. Chat échaudé craint l’eau froide et marqué par l’échouage de l’Endeavour sur la grande barrière de corail, Cook décide cette fois-ci de partir avec deux navires : il commandera le HMS Resolution, et naviguera de conserve avec le HMS Adventure, commandant Tobias Furneaux. Banks n’est pas du voyage mais Reinhold Forster et son fils George accompagnent Cook, ainsi que le peintre William Hodges et deux astronomes, un par navire.
Pour ce nouveau voyage, Cook est équipé du nouveau chronomètre de type K1, qui permet un calcul précis de la longitude et une navigation sensiblement plus précise.
L’expédition quitte Plymouth le 13 juillet 1772, Cook restera trois semaines au Cap avant de descendre très au Sud, franchissant le cercle polaire Antarctique le 17 janvier 1773 et atteignant la latitude de 71°10' sud. Le 9 février 1773, à proximité des Kerguelen, les deux navires se perdent de vue dans les brouillards de l’Antarctique et Furneaux décide de mettre le cap sur la Nouvelle-Zélande (il y livrera d’ailleurs une bataille contre les Maori, au cours de laquelle il perdra quelques hommes), avant de repartir vers l’Angleterre.
De son côté, Cook poursuit son exploration de la zone Antarctique. Il frôle le continent sans l’apercevoir et remonte finalement vers Tahiti pour se réapprovisionner. Comme lors du premier voyage il embarque au passage un Tahitien, du nom d’Omai, qui laissera une trace dans les livres (cf. ci-dessous le voyage d’Omai).
La dernière poussée vers le sud, qui fait frissonner l’équipage, au propre comme au figuré, est également infructueuse et Cook reprend finalement la route du retour, passant aux Tonga, à l’île de Pâques (qu’il estime sans intérêt), à l’île Norfolk, en Nouvelle-Calédonie et aux Vanuatu. Il touche l’Angleterre le 30 juilet 1775. Son rapport d’expédition conclut clairement sur la non existence de la mythique Terra Australis. À l’issue de ce deuxième voyage, Cook fut promu au rang de capitaine et la Royal Society lui offrit une retraite honoraire en tant qu’officier du Greenwich Hospital. Sa notoriété avait dépassé le cadre de l’amirauté : la Royal Society l’admit au sein de ses membres et lui décerna la Médaille Copley, Nathaniel Dance-Holland réalisa son portrait.
Sur le plan bibliophilique, le deuxième voyage de Cook est également une merveille. Une nouvelle fois les cartes et les gravures sont de toute beauté, notamment les célèbres portraits des différents indigènes croisés lors du voyage. L’édition originale française paraît en 1778 à l’Hôtel de Thou en 5 volumes in-4 sous le titre « Voyage dans l’hémisphère austral et autour du monde, fait en 1772-1775 ». Elle comporte 67 gravures et cartes, dont la très grande carte dépliante du voyage. Comme pour le premier voyage, elle est doublée d'une édition in-8.
Une nouvelle fois ce voyage aura eu un retentissement multiple, sur le plan scientifique, avec des découvertes de nouvelles espèces par les naturalistes, ethnographique, mais aussi simplement littéraire. Les gravures montrent ainsi des paysages, des individus, mais aussi des animaux ou des scènes de genre.
Il ne faut pas non plus négliger l’apport médical de Cook, qui sût pratiquement éviter le scorbut au cours de ses voyages, en mettant en place un régime alimentaire étudié dans ce but. Le scorbut faisait encore des ravages en cette fin de 18ème siècle et cet aspect est important pour mesurer l’aura acquise par Cook auprès de la communauté scientifique, mais aussi auprès du monde marin.
Verbatim : « jusqu’ici nous avions eu autour du vaisseau un nombre considérable de pingouins … qui me donnaient espérance de trouver terre ».
« L’après-midi nous passâmes une plus grandes quantité d’isles de glace ».
« quelque périlleux qu’il soit de naviguer entre ces rochers flottants dans une brume épaisse, cela vaut mieux que de rester enfermé dans une mer de glace ».
Mon exemplaire de l'EO, en format in-4, plein veau aux armes des Princes d'Arenberg, avec un Moaï Tangata de l'île de Pâques.
Il est à noter que comme les autres voyages, cette expédition donnera naissance à une littérature spécifique qui vient s’ajouter à la relation officielle. Pour ce deuxième voyage, on notera en particulier :
Journal du second voyage du capitaine Cook, sur les Vaisseaux la Résolution et l'Aventure ; Entrepris par ordre de S.M. Britannique, dans les années 1774 et 1775. Par John Marra.
Amsterdam, et se trouve à Paris chez Pissot, Nyon 1777.
L’ouvrage est de format in-8 (pagination : (4)-XIX-546 pp.), il est illustré d'une carte dépliante et la traduction est de Fréville. C’est un ouvrage rare qui est en fait une relation apocryphe du deuxième voyage de Cook, et qui parût anonymement 18 mois avant l'édition officielle. L’ouvrages est intéressant parce qu’il relate des observations et des incidents qui furent éludées dans la version officielle. L'auteur, John Marra, était canonnier à bord du navire la Résolution.
Les Narrations d'Omaï... de Guillaume Baston.
Chez de Boucher à Rouen, 1790. 4 volumes de format in-8, avec un portrait d’Omaï en frontispice. Il s’agît d’une sorte de fiction autobiographique du voyage d’Omaï, qui suivit Cook et Furneaux jusqu’à Londres où il sera fêté comme le bon sauvage cher à Rousseau. C’est également un ouvrage rare.
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