Amis Bibliophiles Bonjour,
Je poste ce soir un article de Pierre... qui vous propose de retrouver l'enfant qui dort au fond de chaque bibliophile.
Une de nos joies d'enfant, dans les périodiques d'alors et après la lecture du feuilleton favori, était de chercher à résoudre les jeux proposés en dernière page du journal et en particulier à faire le jeu des sept différences (ou erreurs). Deux dessins identiques à quelques différences près…
Je vous propose de renouveler l'opération, ce soir, avec trois exemplaires parisiens in4 de la bible de Royaumont édités à quelques années de différence.
Pour information, je vous rappelle ce que l'on englobe sous le terme de bible de Royaumont un ouvrage richement illustré de belles gravures sur cuivre retraçant l'histoire du vieux et du nouveau testament écrit par le sieur de Royaumont . Enfermés à la Bastille pour leur appartenance à Port-Royal, Lemaistre de Sacy et Nicolas Fontaine composèrent aux alentours de 1668 durant leur captivité ce magnifique ouvrage qui fut imprimé pour la première fois en 1670, sous le même pseudonyme de Royaumont.
Côté reliure : Un exemplaire est recouvert d'une très épaisse et belle basane de composition postérieure à l'ouvrage (qui est le plus ancien présenté). La pièce de titre mentionne "Sainte bible". C'est une reliure solide, ce qui est normal pour un ouvrage qui peut être amené à être fréquemment consulté… Le deuxième exemplaire est un plein veau d'époque orné de petits fers très élégants. Pour les dames… Le troisième, plein veau, est légèrement décoiffé de la tête (le coup de peigne est programmé). La réalisation de la reliure est postérieure à l'ouvrage car le nouveau et l'ancien testament sont deux exemplaires édités à 60ans d'intervalle. Exemplaire pour jansénistes…
Page de garde : Cette page de l'ancien testament de 1671, édité par Pierre le Petit a souffert et c'est pourquoi le volume a repris le chemin du relieur qui l'a recouvert d'une grosse basane antichoc (le reste est parfait heureusement). Les deux autres exemplaires proviennent respectivement de chez Etienne-Michel David -1724 et de chez Jean Villette fils -1735 (pas de biographie). Ils ont la même enseigne mais je ne sais pourquoi.
Gravure "Habits des prêtres" : On peut logiquement penser que les plaques de 1671, 1724 et 1735 soient différentes. Le jeu des sept erreurs est aisé à résoudre quand il s'agit des deux premiers exemplaires mais il m'est impossible de faire la différence entre les gravures de 1671 et celles de 1735. Ces dernières me paraissent même plus fraîches. Talent de graveur ou d'imprimeur ?
Gravure "Enfans dévorez des ours" : Bon là c'est facile… Les graveurs travaillaient avec une glace pour reproduire les dessins à l'identique. En 1724, on peut penser, qu'un jour, il y a eu une pénurie de miroirs ! J'ai mis un moment à réaliser cette méprise. Les lettrines de cette époque sont, malgré tout, très jolies.
Histoire du nouveau testament : Pas de nom d'imprimeur en 1723 mais cette bible est celle qui est reliée d'époque. Fallait-il répéter le nom de l'imprimeur ? (David). Pierre le Petit l'a fait en 1671, en tout cas.
Le troisième ouvrage de 1735 présente un nouveau testament bien antérieur puisque édité en 1670. Si l'on compare avec le même exemplaire de pierre le Petit de 1671, on remarque que la typographie a quelque peu changé.
Tout ça pour vous dire, qu'en attendant le chaland, le libraire fait des jeux de gamin… Pierre
Merci Pierre!
H
5 commentaires:
ça peut aider ?.... :
- Pierre Le Petit, imprimeur actif rue St-Jacques, à l'enseigne de la Croix d'Or, de 1642 à 1686.
- Jean (II) Villette, libraire actif de 1686 à 1746 dans la boutique de Le Petit dont il a repris l'enseigne.
- Michel-Etienne David, libraire actif quai des Augustins, sous l'enseigne du Roi David, de 1700 à 1756.
Ça aide ! merci Jean-Paul,
Les gravures de chez Pierre le Petit et Jean Villette sont si semblables qu'on comprend qu'elles arrivent de la même maison.
Mais la même enseigne éditeur du Roi David pour Villette et Michel-Etienne David, ça me surprend. "J'y retourne immédiatement" comme dirait Boris... Pierre
Il y a pourtant d'importantes différences. Si vous regardez les plantes, par exemple.
Pardon aux Bibliophiles (car serais-je iconoclaste ?),
mais le meilleur moyen pour comparer des gravures paraissant semblables à première vue est de les photocopier sur papier transparent et de les superposer ensuite.
> "Gravure "Enfans dévorez des ours" : Bon là c'est facile… Les graveurs travaillaient avec une glace pour reproduire les dessins à l'identique. "
Plutôt que d'utiliser une glace, je pense que le graveur se sert tout simplement d'une version imprimée qu'il "recopie" à l'identique sur son cuivre... D'où l'effet de miroir après impression (comme en typo, en taille-douce il y a également une symétrie parfaite entre le matériel utilisé et l'impression finie).
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