« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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samedi 21 mars 2009

Lauverjatiana IV: au fil des catalogues

Amis Bibliophiles Bonjour,

Je suis au milieu des cartons et je cède volontiers la parole à Gilles, pour une quatrième Lauverjatania, ou lecture attentive, sélective mais éclectique des catalogues de libraires reçus ces derniers jours/semaines. Si les amis libraires qui nous lisent souhaitent que leur catalogue soit ainsi présenté, qu'ils n'hésitent pas à me contacter.
À la librairie Michel Bouvier (14, rue de Visconti à Paris), le catalogue n° 15, illustré en noir et blanc, in quarto compte 235 numéros variés. 
De François-Etienne-Victor de Clinchamp, “Nouveau traité de la perspective des ombres et de la théorie des reflets, à l’usage des artistes...” chez Sautelet à Paris en 1826, cet in-quarto broché comporte 27 planches hors texte. Clinchamps y décrit ses inventions l’angulomètre, le hyalographe et le noctographe (250 euros) . “Cymbalum mundi” de Bonaventure Des Periers, une édition in 12 en veau époque imprimée à Amsterdam chez Prosper Marchand en 1732, avec un frontispice de Picart et un ex-libris du prince Roland Bonaparte (480 euros). Un des beaux livres illustrés du XVIIIe, “Fables nouvelles, dédiées au Roy. Avec un discours sur la fable” imprimé à Paris chez Dupuis en 1719 contient un fontispice de Coypel et cent vignettes des meilleurs illustrateurs et graveurs du temps (Picart, Coypel, Cochin, Tardieu.... Le livre complet est recouvert d’une basane de l’époque (1700 euros). 

Une plaquette de 4 pages in-4, “Déclaration du Roy , concernant les recommandaresses & Nourice. (Sic)” imprimée à Paris chez Pierre Simon en 1727 (60 euros). Le “Théâtre des boulevard ou recueil de parades” à Mahon par Gilles Langlois, en 1756, en 3 volumes in-12 reliés en veau marbré de l’époque à dos lisse, je crois devoir ajouter que l’adresse est fictive (pour Paris) et que l’exemplaire de la bibliothèque de Jean Meyer adjugé à Paris le février dernier en maroquin du XIX à fait 450 euros plus 20 % de frais. (380 euros). De Frédéric Tschudi, “Les Alpes. Description pittoresque de la nature et de la faune alpestre” donné à Berne, Strasbourg et Paris par Treuttel et Wurtz en 1859, un exemplaire en chagrin au dos lisse orné comptant 24 planches (200 euros). L’E.O de “Servitude et grandeur militaire” de Vigny enfin, à Paris chez Bonnaire et Magen en 1835 dans une reliure demi-veau, dos lisse orné de l’époque (6000 euros).
La librairie Farfouille perche au fond à gauche du passage Verdeau, au 27, un des beaux lieux de Paris à deux pas de l’hôtel Drouot. Le catalogue touffu de mars compte 1458 numéros dont 154 pour les livres anciens. De Beaumarchais “La folle journée ou le Mariage de Figaro...” E.O. in-8, de 1785 imprimée au palais-royal chez Ruault, relié en basane avec les “Observations sur le mémoire justificatif de la cours de Londres...”,1779 (150 euros). 

Un autre exemplaire relié avec la troisième édition du Barbier et quatre autres plaquettes de Sedaine, Moreau, Lancival et Chénier (200 euros). “Menagiana ou les bons mots et remarques... de Monsieur Ménage ...” la deuxième édition, de 1694, à Paris chez Florentin et Pierre Delaulne, un in-12 demi-basane pour apprendre à médire avec esprit de son voisin (80 euros). 

Beaucoup plus loin dans ce catalogue nous trouvons quatre catalogues de fondeurs modernes dont “maison Laurent et Deberny.Deberny et Cie. le livret typographique. Spécimen de caractères” Paris, 1907 in-8 cartonnage éditeur (60 euros). De Nodier “ Mélanges tirés d’une petite bibliothèque ou variétés littéraires et philosophiques” Paris, Crapelet 1829, in-8 en édition originale brochée couvertures et dos avec manques (80 euros).
Autres couleurs pour la librairie in-quarto, 34 rue Fort-Notre-Dame à Marseille et son hors-série numéro 8. Les livres illustrés modernes sont la spécialité de la maison, le catalogue l’est donc aussi et si l’illustrateur est célèbre, c’est à son nom et non à celui de l’auteur que le livre est référencé. Paul-Emile Becat illustre ainsi “les Amours” de Ronsard aux Heures Claires à Paris en 1959, de 20 gravures en Noir. Le livre est un petit in-4 en demi-chagrin rouge, tête dorée, il s’agit d’un des 40 sur vélin avec une suite avec remarques et une planche inédite (650 euros). “Les chansons de Salles de Garde illustrées “ illustrées par Joseph Hemard, imprimées Au Quartier latin (1930), sous forme d’un in-8 plein vélin gouaché et illustré d’un monôme bachique des personnages d’après Hemard se poursuivant d’un plat à l’autre, tête dorée, 11 hors-texte (600 euros). 
Au chapitre des livres sur la Provence, j’ai remarqué “Lou Libre de l’Amour” de Théodore Aubanel, publié à Marseille par les bibliophiles de Provence en 1928. L’ouvrage tiré à 125 exemplaires est orné de deux états du frontispice et de 18 enluminures aquarellées à la main par l’artiste Etiennette Gilles, et de deux aquarelles originales. La reliure reproduite dans le catalogue, (en noir et blanc) en maroquin rouge est décorée d’un réseau de losanges dorés formant grillage avec de petits coeurs aux intersections, elle est signée Chabert (750 euros).
La librairie Crespin est située 23, rue des Bouchers à Saint-Quentin dans l’Aisne. Elle livre un catalogue varié classé par catégories. Au rayon bibliographie je remarque, de Léon Gruel, “Conférences sur la reliure et la dorure des livres...” chez H. Leclerc en 1903 un in-8 broché de 69 pages (60 euros) et de Bracquemond “Etude sur la gravure sur bois et la lithographie” imprimé pour le bibliophile Henri Béraldi en 1897 avec un ex-dono de l’auteur à celui-ci. Ce livre broché au tirage limité à 138 exemplaires sur vergé, cherche enfin un lecteur car il est non coupé (250 euros). 

Du côté des illustrés, un livre petit in-4 sur le Bourbonnais de Valery Larbaud, “Allen” orné de bois gravé de Paul Deveaux, (Horizons de France, 1929), un des 50 sur Japon impérial, avec suite signée de l’illustrateur et note de l’auteur sur une page de garde (280 euros). De Villon enfin, “Le testament” illustré de 147 eaux-fortes de Maurice l’Hoir, un in-folio en feuilles sous emboîtage tiré à 200 exemplaire (300 euros).
La librairie Pages d’Histoire / librairie Clio est comme ses noms l’indique 100 % historique à Paris, 8 rue Bréa. Le catalogue de mars présente 952 numéros classés par chapitres de l’antiquité à la seconde guerre mondiale auxquelles s’ajoutent les Généralités, Paris, le Régionalisme, la Généalogie et les Voyages... 

Beaucoup d’ouvrages récents ou de documentation donc; signalons cependant “Les historiettes” de Gédéon Tallemant des Réaux, qui dressent le portrait des gens en vue au XVIIe et ne furent publiées par le bibliophile Monmerqué, qui en possédait le manuscrit, qu’au XIXe seulement. C’est ici la troisième édition, en neuf volumes in-8 chez Techener, 1854-1860, en reliures demi-chagrin vert d’époque (450 euros). Très classique, “Le Mémorial de Sainte-Hélène...” du comte de Las Cases, chez Ernest Bourdin à Paris, en 1842, en deux volumes petit in-4° en demi-chagrin vert à coins d’époque au dos lisse orné d’un décor romantique doré. Le livre comporte 27 bois gravés sur chine, 600 vignettes, deux cartes hors texte, 2 frontispices et 2 faux-titres gravés (300 euros). “De l’Allemagne” de Heinrich Heine nouvelle édition...considérablement augmentée, chez Michel Levy, 1866 en deux volumes in-12 demi-maroquin carmin de l’époque (100 euros). “L’Algérie ancienne et moderne...” par Galibert, à Paris chez Furne en 1844, un volume in-4 demi-chagrin de l’époque illustré de 23 hors textes sur acier et 12 planches de costumes militaires en couleurs (250 euros).

Bonnes chasses à tous.
Gilles.

Merci!
H

4 commentaires:

Pierre a dit…

Ce florilège de catalogues est toujours un régal. Merci Lauverjat. A votre avis, ces catalogues "papier" sont ils rentables pour le libraire ? Sont-ils un simple "objet de plaisir" partagé par les libraires et leurs clients fidèles ?

martin a dit…

Si j'ose répondre sans avoir été invité... Je ne peux pas parler pour les autres libraires, mais de mon point de vue personnel: Bien sûr que les catalogues imprimés sont rentables. Comment joindre les bibliophiles sans internet? Et il y en a, et encore pour longtemps. Et les bibliothèques? Un seul livre vendu par internet, mais aucun catalogue sans plusieurs commandes, parfois importantes (plus que la moitié des livres proposés). Et la presse? Un catalogue a plus de chance d'être récensé (ou, au moins, d'être mentionné) qu'un site internet ou l'offre d'un libraire sur une plate-forme, non?
(D'autre part, je dois avouer que mes catalogues sont tout petits et en noir et blanc.)

Pierre a dit…

Merci pour votre réponse Martin.

En fait, jeune libraire, je rêve de proposer un catalogue qui regrouperait des ouvrages qui me semblent "intéressants" mais à laquelle ma cliente naissante n'est pas sensible (disons-le simplement : Je n'en ai pas encore de clientèle !). C'est pourquoi, je réserve de beaux livres à cet effet. J'attends encore deux ou trois mois pour trouver une cohérence au projet mais je sais que je vais opter pour "un catalogue de garage" en noir et blanc avec des descriptions simples mais étayées. Il me manquait simplement des informations pour faire un mailing performant. Bibliothèques… bien, bibliophiles interno-résistants… oui, Presse… pourquoi n'y avais-je pas pensé ?
De façon assez ridicule, je pense que la sortie de mon premier catalogue m'intronisera vraiment dans la congrégation des libraires d'ouvrages anciens. Au moins en serais-je le premier convaincu !
Cordialement. Pierre

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Je ne pense pas que le libraire producteur de catalogues soit seulement animé d'une passion d'éditeur bénévole. J'ai trouvé et je trouve toujours de nombreux livres sur catalogues. Quant à savoir si ces derniers sont très prisés par les clients: je ne compte plus les appels passés le lendemain de la réception et de la lecture du catalogue, où il m'a été répondu que le livre que j'avais choisi était déjà vendu. Je pense que la lecture d'un catalogue est différente d'une sélection sur internet, le catalogue "démarche" son lecteur et éveille une attention plus large, il me permet une étude plus réfléchie, il m'invite parfois à prendre contact immédiatement par téléphone avec le libraire et parfois de conclure qu'une visite précipitée à la librairie s'impose. En tous cas, c'est toujours un plaisir!

Lauverjat

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