« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mercredi 23 octobre 2013

Connaissance de la reliure: les cuirs incisés de Paul-Emile Colin

Amis Bibliophiles Bonsoir,

J’ai eu la chance de pouvoir admirer une magnifique exposition intitulée « À Livres Couverts » dans la non moins magnifique ville de Nancy (que j’aime à un point tel que je lui dois mon pseudonyme). Plus de cinq siècles de reliure retracés par un peu moins de 250 livres tous plus beaux les uns que les autres.

Les reliures du XVème siècle m’ont comme à chaque fois laissée béate d’admiration. Mais les reliures qui m’ont vraiment touchée, dont je suis littéralement tombée amoureuse, sont celles de Paul-Émile Colin, plus précisément ses cuirs incisés.


Paul-Émile Colin naît à Lunéville en 1867. Après des études de médecine, il exerce cette profession durant quelques années à Lagny-sur-Marne mais abandonne définitivement la médecine en 1901, pour se consacrer à la gravure sur bois. Il illustre, malgré une myopie très importante, plus d’une vingtaine de livres, au canif et au burin sur bois.


Amoureux de la nature et de la vie rurale, plus particulièrement de la campagne lorraine (je le comprends), Colin adapte les techniques de xylographie au travail de la peau, en imaginant des reliures pour les livres qui semblent l’avoir particulièrement marqué, pour ses exemplaires personnels ou ceux offerts à ses proches.


Il réalise des cuirs incisés incrustés dans le plat supérieur de reliures exécutées par de grands noms : Emile Carayon, Marie Brisson, Georges Canape, René Kieffer ou Georges Cretté.


Il suit de près la confection des reliures. Il peint même, à la gouache, les gardes de certains ouvrages. Une quinzaine de décors a pu être répertoriée.


Un peu plus tard, il rehausse de peinture dorée les plaques de veau blond teintées de camaïeux havane et marron et incrustées dans des maroquins bruns ou noirs.




Après une interruption de quelques années, il revient aux cuirs incisés, avec cette fois des inspirations italiennes (pays qu’il a plusieurs fois visité dans les années 20), des formes plus géométriques, ou dans un style Art Déco. Paul-Émile Colin décède en 1949 à Bourg-la-Reine.
Le Musée de l’École de Nancy (à visiter absolument, un petit bijou) conserve plusieurs livres dont les reliures ont été décorées par Colin.

Sources :
- catalogue de l’exposition « A livres couverts », Bibliothèque Municipale de Nancy, octobre 2007, ISBN 978-2-9515634-5-2
- clichés Damien Boyer, Musée de l’École de Nancy."

Bergamote

4 commentaires:

Textor a dit…

Un article bibliophilique de Bergamote, c’est rare ! Cela vaudra cher plus tard …

Paul Emile Colin a compris mieux que Pillone que pour peindre une reliure, il y avait plus de place sur les plats que sur les tranches ! :) . Je viens justement d’acquérir une reliure aux plats aquarellés (par Blanche Odin), c’est assez plaisant.

Merci pour ce papier.
Textor

Daniel a dit…

Merci pour ce bel article, Paul Emile Colin a eu l'intelligence de faire réaliser la partie technique de la reliure par de grands relieurs. Dézé a fait également de belles reliures en cuir repoussé, mais lui malheureusement il réalisait aussi les reliures et si elles sont très bien composées, la qualité des reliures laissent souvent à désirer. Celles présentées dans cette article semblent magnifiques en tous points. Une preuve de plus que l'optimum en reliure s'obtient par l'alliance des compétances et rarement par une seule personne. Cela donne envie d'aller à Nancy.

calamar a dit…

On dit que Paul Emile Colin est oublié... comment se fait-il que ses oeuvres soient encore si cotées ?

Pierre a dit…

Quel travail et quelles réalisations ! Ouvrage à présenter fièrement dans sa bibliothèque. Merci Bergamote. Pierre

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