Amis Bibliophiles bonjour,
Des trois bibliothèques parisiennes que comptait l’Ordre Dominicain à la veille de la Révolution, celle du couvent de la rue Saint-Jacques était la plus ancienne. Elle fut établie en 1218, soit trois ans à peine après la fondation du premier établissement dominicain, à Toulouse, et alors que la création de l'Ordre des frères prêcheurs par saint Dominique venait tout juste d’être confirmée par le pape Honorius III.
De nombreux dons, modestes ou prestigieux – de saint Louis (1270) à Louis d’Orléans (1752) – ainsi qu’une activité pédagogique et intellectuelle intense, contribuèrent à la renommée de cette importante bibliothèque du Quartier Latin. Le noyau médiéval de la collection reflète l’activité du Studium generale, fondé à Paris pour assurer la formation théologique des prédicateurs : on y retrouve les textes sacrés, les instruments élaborés pour leur étude et leur confrontation, ainsi que les œuvres des nombreux théologiens de cet ordre particulièrement actif sur le plan spirituel et spéculatif.
L’exposition, conçue dans le cadre du 8e centenaire de la fondation de l’Ordre Dominicain (2015), reconstitue les contours de cette bibliothèque d’étude qui fut dispersée à la Révolution. Elle confronte les inventaires dressés lors de la suppression du couvent, et les manuscrits, incunables et livres imprimés provenant de ses fonds qui peuvent aujourd’hui être identifiés. Convoquant les grandes figures de l’ordre (Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Hugues de SaintCher), l’exposition met aussi en valeur les œuvres de théologiens aujourd’hui moins connus (Jean de Gênes, Pierre de La Palud, ou encore Nicolas Coëffeteau), tous ayant en commun leur passage par le Studium generale parisien.
Yann Sordet
Directeur de la Bibliothèque Mazarine
PRESENTATION DE L’EXPOSITION
La bibliothèque du studium generale dominicain, situé rue Saint-Jacques depuis le 13e
siècle, se
trouve aujourd’hui en grande partie à la Bibliothèque Mazarine, où elle est arrivée par le biais des
confiscations révolutionnaires. Après une première partie méthodologique, qui présente les
différentes sources disponibles pour qui veut étudier aujourd’hui la bibliothèque de Saint-Jacques,
l’exposition propose une reconstitution de ce fonds essentiellement médiéval, convoquant les
grandes figures qui l’ont fréquenté et enrichi, et un ensemble représentatif des manuscrits et livres
qui y étaient conservés.
I. De la constitution à la reconstitution
Après une évocation de la présence dominicaine à Paris, du 13e
au 18e
siècle, la première partie de
l’exposition est consacrée au couvent Saint-Jacques, dont l’évolution du bâti est reconstituée
grâce aux plans anciens de Paris et à quelques représentations graphiques, contemporaines ou
postérieures. La bibliothèque du couvent se laisse appréhender à travers plusieurs sources datant
de la période révolutionnaire.
II. Les prêcheurs et leurs livres
Sous forme de galerie de portraits, la deuxième partie évoque un certain nombre de figures
importantes ayant fréquenté Saint-Jacques, du 13e
siècle à la fin du 18e
siècle. Le studium generale est
un centre intellectuel particulièrement dynamique au 13e
siècle ; on y croise aussi bien les maîtres
de l’Université – Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Pierre de La Palud–, les compilateurs et
« encyclopédistes » médiévaux – Vincent de Beauvais, Hugues de Saint-Cher –, les serviteurs de
l’Eglise – Humbert de Romans, Pierre de Tarentaise, (futur pape Innocent V) – ou les
confesseurs des rois – Nicolas de Gorran, ou encore Laurent d’Orléans, auteur de la Somme le roi.
Par la suite, le rayonnement intellectuel des Dominicains va se déplacer dans leurs autres
couvents parisiens, même si quelques figures de l’époque moderne, notamment humanistes, sont
à évoquer : Guillaume Petit, Agostino Giustiniani. La très riche bibliothèque de Saint-Jacques sera
abondamment sollicitée par les frères Quétif et Echard, auteurs d’un important répertoire des
auteurs Dominicains, les Scriptores Ordini Praedicatorum.
III. La bibliothèque médiévale reconstituée : les manuscrits du Studium generale
Le troisième et dernier volet de l’exposition présente une sélection de manuscrits provenant du
fonds médiéval de Saint-Jacques, organisés suivant les grandes activités et missions de l’ordre
dominicain. La définition de la vraie foi et la lutte contre l’hérésie, au fondement de la vocation
de saint Dominique, sont évoquées, de même que l’étude du texte sacré, domaine dans lequel
Saint-Jacques s’illustre par la production d’instruments de travail particulièrement novateurs
(concordances, correctoires).
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Dates : 14 décembre 2015 – 26 février 2016
Lieu : Bibliothèque Mazarine – 23 quai de Conti, 75006 Paris.
Ouverture : du lundi au vendredi, 10h-18h
La Bibliothèque Mazarine sera exceptionnellement fermée les 24, 25, 31 décembre 2015 et 1er
janvier 2016.
Accès :
− Pont-Neuf (ligne 7), Louvre Rivoli (ligne 1), Saint-Michel (ligne 4, RER C), Odéon
(lignes 4, 10).
− arrêt Pont des arts, quai de Conti (lignes 24, 27) ; arrêt Pont Neuf, quai des Grands
Augustins (lignes 58, 70) ; arrêt Pont des arts, Louvre-Rivoli (lignes 69, 72 ).
− 5 quai Malaquais, 41 quai de l'Horloge, 1 rue Jacques Callot, 7 rue du Pont de Lodi.
Visites :
− Visite libre aux horaires d’ouverture de la Bibliothèque Mazarine
− Visites guidées pour groupes sur demande et réservation
Contacts :
• contact@bibliotheque-mazarine.fr ; 01 44 41 44 06
• Florine Lévecque-Stankiewicz, commissaire de l’exposition :
florine.levecque@bibliotheque-mazarine.fr
• Yann Sordet, directeur de la Bibliothèque Mazarine :
yann.sordet@bibliotheque-mazarine.fr
1 commentaire:
Merci pour ce billet. Cette exposition est en effet passionnante! Quelle émotion de lire, dans le texte, Vincent de Beauvais : "moi, le plus petit des frères dominicains, qui ai, depuis longtemps et assidûment, consulté et lu avec application beaucoup de livres".
Dans un autre genre, mais toujours dominicain, j'aurais aimé voir mentionner le père Labat, qui a sévi aux Antilles, mais qui a fini sa vie dans la bibliothèque des Jacobins, rue St Honoré à Paris, à raconter des voyages qu'il n'a jamais fait ! C'est cette bibliothèque qui a abrité le Club des Jacobins durant la Révolution, assurant la pérennité du nom dans le vocabualire politique contemporain.
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