« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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mercredi 6 juillet 2016

Gutenberg, l'homme qui n'avait pas inventé l'imprimerie, et le Jikji

Amis Bibliophiles bonjour,

Parfois on croit savoir, on est même convaincu de savoir. Ainsi étais-je persuadé que c'est Gutenberg qui inventa l'imprimerie... Et vous aussi! 

Ah j'en vois au fond de la classe qui se disent, "ben non, on sait bien que c'est Fust ou à la limite Schoeffer". C'est aussi ce que je me disais avant qu'une personne qui m'est chère ne me remette dans le droit chemin et les idées en place.

En effet, en bons européens, nous avons appris très tôt que c'était Gutenberg, le célèbre imprimeur allemand, qui le premier, vers 1450, édita une bible grâce à sa presse à caractères métalliques mobiles, et donc, de fait inventa l'imprimerie. Une version très occidentale de l'Histoire.


En effet, si l'on prend un peu de recul et quel'on considère la planète, et l'Histoire de l'humanité d'un point de vue plus global, on découvre que les Chinois connaissaient l'imprimerie à caractères fixes dès la dynastie Tang, entre 618 et 907. Cette technique permettait d'imprimer page par page, et était donc moins perfectionnée que celle de Gutenberg, qui permettait le réemploi des caractères.

Si l'imprimerie existait donc en Chine dès la fin de premier millénaire de notre ère, elle n'utilisait pas pour autant les caractères mobiles de Gutenberg.

Mais si l'on se déplace quelque peu en Asie et que l'on considère la Corée, il s'avère que vers 1377, les coréens de la dynastie Koryo imprimèrent ce qui doit être considéré aujourd'hui comme le premier texte imprimé grâce à des caractères mobiles, soit presque un siècle avant la bible de Gutenberg: le Jikji (ou baegun hwasang chorok buljo jikji simche yojeol, « Anthologie des enseignements zen des grands prêtres bouddhistes »).


Le Jikji a été imprimé à l'aide de caractères mobiles en métal. Le premier volume du Jikji est actuellement perdu, seul le second volume existe à ce jour. 

Il fut acquis légalement par Victor Collin de Plancy (tiens, on le connaît lui!), diplomate et premier consul de France en poste à Séoul, puis légué à la Bibliothèque nationale de France en 1950 par Henri Vever. 


Il y est conservé au département des Manuscrits. Il est consultable dans son intégralité en mode numérisé de haute définition. Vous pouvez le découvrir ici: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6300067k

Alors, merci qui? Grâce à qui allez-vous pouvoir briller lors des dîners?

H

6 commentaires:

PARIS-LIBRIS a dit…

Merci de nous avoir ouvert les yeux vers le Pays du Matin calme.

Lauverjat a dit…

Bonsoir et merci Hugues!

L’invention de l’imprimerie ou plutôt de la typographie ne se résume pas à l’utilisation de caractères métalliques. C’est un système : une presse (inconnue en Chine et en Corée à l’époque de Gutenberg), des caractères mobiles métalliques et leur alliage (poinçon, matrice, moule), une encre grasse, un support (le papier chinois était très fin), une production importante, multipliée (ce qui rebutait les Chinois).
Lauverjat

Philippem a dit…

Merci Hugues pour cette piqure de rappel ... :)

http://www.graphiline.com/article/21926/un-caractere-mobile-d-imprimerie-decouvert-un-site-de-fouilles

Anonyme a dit…

Passionnant merci. Teddy

Unknown a dit…

Je ai réservé une compagnie aérienne à vol 24 service client et veux savoir si elles acceptent des modifications à la date du vol. âce

Daniel a dit…

Merci Hugues,

Une grande partie de nos livres d'histoire et de notre vocabulaire devrait être revue avec un œil moins européen et égocentré. Nouveau monde, grandes découvertes, ce n’était pas les désert avant notre arrivée...

Daniel B.

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