C'est un sujet que nous avons déjà abordé et sur lequel les avis divergent : si je le pouvais je débarrasserais mes très rares livres odorants de cette petite odeur désagréable, alors que certains d'entre vous adorent cette flagrance, et se passent tous les matins un vieux broché 19ème un peu "pourri" sous les bras avant d'entamer leur journée.
Quand j'avais l'honneur de servir la Royale (autres temps, autres moeurs), l'officier général dont je portais le sabre avait l'habitude de poser 3 questions au jeune appelé officier que j'étais, lorsque nous débattions de sujets divers, dont naturellement des ventes de frégates à Taiwan ou la sécurité du pays : "A quoi ça sert? Combien ça coûte? Que font les américains?".Ces paroles me reviennent souvent et sont tout à fait d'actualité puisque sans verser dans l'atlantisme, ce sont encore nos amis américains qui apportent les solutions à ces questions des odeurs...
Pour ceux qui n'aiment pas les odeurs de livres anciens, les yankees ont en effet inventé le spray anti-odeurs. Thank you!
Pour ceux qui en raffolent et n'en ont jamais assez, une nouvelle invention vient de voir le jour : le sticker qui diffuse une odeur de livre ancien, inventé et proposé par le site américain www.cafe-scribe.com. Le site est destiné aux étudiants et aux lecteurs qui achètent des e-books mais auxquels l'odeur caractéristique manque tant : ils peuvent désormais coller le sticker (pardon l'académie, l'autocollant) sur leur ordinateur, et lire en odorama... Je suis allé sur le site, mais pour voir le sticker, il faut s'inscrire, et je confesse que je n'en ai pas eu le courage... Nice, isn't it?
A quoi sert? Enlever ou ajouter des odeurs de livres anciens, selon les goûts de chacun.
Combien ça coûte? Pas grand chose : un spray ou un sticker.
Que font les américains? Ben, ça justement, Amiral.
C'est bien. Rompez!
A vos ordres.
H
Image : je joins cette image que j'adore, destinée à récolter des livres pour les boys! (ou serait-ce un Tommy?)
Paul Bonet (1889-1971) est un artiste et un technicien du livre moderne, rendu célèbre auprès des bibliophiles par ses reliures d'art mais aussi par ses maquettes de reliures industrielles. Un bibliophile pourra donc aussi bien croiser l'une de ses reliures d'art qui se négocient en général fort cher, que des cartonnages dits "sur la maquette de Paul Bonet", qui sont en fait des titres de la maison Gallimard.
Les titres concernés ne sont pas uniquement des premières éditions, mais aussi des rééditions (à l'occasion d'une édition définitive ou d'une simple recomposition de l'ouvrage) et des premières traductions, qui sont ainsi revêtues d'une couverture plus moderne. De nos jours, « les années 50 » suscitant à nouveau un vif intérêt, ces reliures industrielles sont désormais très recherchées par les collectionneurs.
Une bibliographie a été consacrée à ces éditions par le libraire J.-E. Huret.


Il serait tentant de l'affirmer, mais ce ne sont pas les armes de Hugh Hefner, propriétaire de Playboy, et l'ouvrage ne provient pas de la bibliothèque de la Mansion... mais alors qui?
Charles Chadenat (14/12/1859-22/03/1938) prénommé en réalité Antoine Jean, fils de Jacques Chadenat, était le propriétaire-gérant de la Librairie américaine sise 17, quai des Grands-Augustins. Il publiait régulièrement un bulletin, l »e Bibliophile Américain : Catalogue de Livres, Cartes et Documents relatifs à l’Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie. Bulletin trimestriel... - Paris : librairie Ch. Chadenat, 188?-191? »
Ci-dessous, autre message du jour, le retour en France d'un exemplaire du Roman de la Rose.
Un exemplaire rare du "Roman de la Rose" datant de 1460, volé à son propriétaire français et retrouvé lors de la fouille d'une voiture par la police des frontières allemande en 2004, a été remis lundi à l'ambassadeur de France à Berlin.
L’ensemble du corpus de texte étant imprimé en noir. Cet ouvrage qui est une bonne imitation (ou continuation) des Lettres persanes de Montesquieu. L’ouvrage original anglais serait d’après Barbier et divers auteurs de Littleton.
Nous avons donc ici, fait assez exceptionnel pour être remarqué, neuf pages de titres en rouge avec à chaque fois le corpus de texte entièrement en noir. Chaque titre est orné d’un petit fleuron typographique identique pour toutes.
Aujourd’hui les noms de Rahir, Morgand, Belin, sont connus de tous les bibliophiles. Ces librairies sont pourtant d’un autre siècle.
C’est à l’occasion de l’achat d’un lot de catalogues mensuels de cette librairie que j’ai décidé d’en savoir un peu plus.
L’intitulé des catalogues est le suivant : Catalogue mensuel de livres d’occasion, livres rares et curieux en tous genres, en vente aux prix marqués à la librairie Baillieu, 43 quai des Grands-Augustins, Paris.
Pour 28 francs vous pouviez acheté le « fort rare » Cabinet satyrique ou recueil parfaict des vers picquans et gaillards de ce temps. Rouen, 1627, 1 vol. in-8 en demi-reliure. Exemplaire « un peu court ».
Sans être une librairie aussi importante qu’a pu l’être celle de Damascène Morgand et Charles Fatout à la même époque ; sans proposer d’aussi beaux livres (peu de reliures aux armes de grande qualité, peu de provenance rarissimes, peu d’exemplaires impeccables) ; il me semble que cette librairie pratiquait une politique des prix raisonnable à la manière d’un Jules Labitte, avec des livres de qualité honorable.
Le périple à travers l'Amérique du Sud commence, il manquera d'ailleurs d'y laisser la vie plusieurs fois (abandonnant une phalange à un caïman récalcitrant), connaissant même une incarcération au Brésil (les brésiliens prîrent son baromètre pour un outil d'espion) et revenant à bon port en 1834, malgré la faiblesse des ressources qui lui avaient été attribuées par le Museum.
Durant son voyage, il va collecter, observer, décrire dans tous les domaines de la zoologie aussi bien en invertébrés qu'en vertébrés, de la botanique, de l'anthropologie et de l'ethnologie. Les formidables collections qu'il rassemble sont expédiées directement au Muséum. Il rapporte ainsi les premiers poissons connus du Chili, des dizaines d'espèces de Crustacés, des centaines d'oiseaux, des milliers de parts d'herbier... tandis qu'il décrit des centaines d'espèces de mollusques. Tout ce qu'il expédie est envoyé directement au Muséum pour étude et description éventuelle. Il décrira lui-même un grand nombre d'espèces. De très nombreuses espèces lui ont été dédiées comme en botanique, où 54 plantes portent son nom, sans compter le genre Orbignya. Tout l'intrigue, il décrit les chants des indigènes, leurs modes de vies, il retranscrira même certaines parties de leurs langues.
De retour en France, il consacre quatorze années, de 1834 à 1847 à la rédaction de ses mémoires, soit un ensemble de onze volumes et 4 747 pages ainsi que de nombreuses cartes et 555 planches. Cette œuvre magistrale en fait l'une des plus importantes monographies jamais réalisées d'une région du monde. A partir de 1840 il publie également un catalogue de fossiles qui est vendu sous forme de fascicules bon marché contenant des planches de lithographies. En les compilant, il compose l'oeuvre qui est toujours une référence aujourd'hui : la Paléontologie Française (42 volumes in-8, qui ne sera terminée qu'en 1894, soit 37 ans après sa mort, contenant 1440 superbes lithographies). Il y décrit bien sûr des milliers de fossiles mais c'est surtout son approche originale qui retient l'attention : en effet il accepte et encourage les contributions de géologues amateurs dont il cite parfois les noms, les utilisant même pour désigner de nouvelles espèces.
Parallèlement, il va écrire plusieurs ouvrages sur les civilisations de l'Amérique du Sud et sur son voyage en particulier (Voyage pittoresque dans les deux amériques, chez Tenré, bien connu des bibliophiles amateurs de voyages).
Son souvenir est encore très vivace en Bolivie, où il incarne encore une forme d'humanisme à la française, il y a d'ailleurs un musée d'Orbigny à Cochabamba.
Celui-ci aimerait identifier ce chiffre présent sur les plats de l'une de ses reliures, signées par Gruel.