« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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samedi 3 novembre 2007

Un débat très tendance...

Amis Bibliophiles Bonjour,

Mon nez est trop occupé à découvrir les divers parfums s'échappant des bouteilles issues de caves familiales pour me pencher sur vos petites querelles olfactives (sourire), et surtout pour plancher efficacement sur un message de fond...

Aussi, je vous propose un petit débat : la bibliophilie est-elle affaire de tendances, suit-elle des modes? Et vous même, êtes vous victime de ces modes?

J'ai l'impression qu'à l'heure actuelle il y a une tendance assez importante vers Jules Verne et les Hetzel, ce qui me laisse interdit, ainsi qu'une autre vers les illustrés modernes.

Qu'en pensez-vous? Cela soulève en tout cas un autre débat : on pourrait être tenté de dire que malgré les modes, un bon livre reste toujours un bon livre, mais est-ce vraiment le cas. Un Verne/Hetzel payé 1000 euros aujourd'hui en vaudra-t-il plus de 500 dans 10 ans?

Pour ceux d'entre vous qui ont le plus de bouteille (ahahaha) bibliophilique, avez-vous pu observer ce type de phénomène sur les 20 ou 30 dernières années? Et globalement, quelle est l'évolution des prix?

Je rappelle qu'un doctorant ayant travaillé sur le marché du livre rare pour le SLAM prévoit un effondrement des prix dans les 10-15 ans à venir... Ce qui laisse songeur. Un avis?

H

5 commentaires:

Anonyme a dit…

La bibliophilie n'est pas épargnée par des tendances ponctuelles. Au 19°, les Elzevier étaient très recherchés. Aujourd'hui, on les trouve pour des prix modiques. Les Jules Verne où les atlas subiront peut-être le même sort. En ce qui me concerne, je subis, en partie, les tendances. En effet, en ce qui concerne mon domaine de prédilection, à la mode ou pas, je continuerai à acheter des livres. Par contre, lorsque j'achète des livres dans d'autres domaines, comme le marché, je délaisse des livres de qualité, ayant pourtant un prix attractif aujourd'hui.
Peut-on se procurer les travaux de ce doctorant ? Je suis curieux de savoir comment on prédit l'évolution des sur 10 ans.

Guillaumus a dit…

Bonjour à tous,
J'ai la même attitude que z1k et je partage, en gros, son analyse (pas entièrement toutefois: je pense que la baisse des Elzviers a surtout atteint les auteurs latins, qui n'intéressent plus grand'monde; le Patissier français s'est, au moins, maintenu...).
Voici mon avis sur quelques poins plus précis, avis qui est certainement loin d'être le plus autorisé parmi ceux qui fréquentent ce site, mais qui se nourrit aussi de discussions avec des experts plus compétents:
- Je suis aussi étonné que Hugues du succès des enfantina, notamment des Jules Verne, mais je crois que cela fait bien longtemps qu'on prédit la fin de cette tendance, et que celle-ci perdure...
- Je trouve que les illustrés du XVIIIe restent assez bas (tant mieux pour moi), mais j'ai l'impression que la plus-value apportée par une reliure en maroquin ou une reliure armoriée est de plus en plus importante.
- Il me semble que les ouvrages dits "de référence" (éditions scientifiques du XIXe, ou ouvrages de vulgarisation du genre de ceux du Bibliophile Jacob/Lacroix, bibliographies...) sont en baisse.
- Je pense que les auteurs traditionalistes (Barrès, Mauriac, Maurras, sans parler d'un P. Benoit ou d'un A. de Chateaubriant, La Varende) déclinent au profit d'auteurs plus maudits, à des titres très divers (Rimbaud, Céline, J. Genet).
En ce qui concerne les cours, étant donné que le stock est par définition appelé à diminuer (dégradation, achats par des Institutions) et que les liquidités continuent d'être importante, ils se maintiendront, au moins en euros courants (pour ce qui est des euros constants, je pense qu'il en ira de même).
Guillaumus

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Bonsoir,

dois-je vraiment m'exprimer sur ce sujet ? Moi qui ne suis sensé vivre qu'au gré des passions et des modes de mes clients bibliophiles ?

Oui. Car n'en déplaise à mes amis et clients bibliophiles, je vis tout d'abord au gré de mes propres passions !

Je ne considèrerai jamais autre chose que le fait que l'on ne vend bien que ce que l'on aime.

La mode a sans doute ici et là son mot à dire, mais je suis bien certain que c'est d'abord une affaire de goût (pour les cinéphiles)...

Et le goût des autres (encore pour les cinéphiles...) c'est d'abord le mien.

Le bibliophile est sans doute par nature très égoïste. Le libraire aussi !

Quant aux sommes astronomiques dépensées dans des Jules Verne, des illustrés modernes, je pense honnêtement que si les exemplaires payés au poids du pétrole (l'or n'étant plus cette référence abosolue que l'on connaissait...) sont impeccables, de belle qualité et d'une rareté avérée (et pas artificiellement promulguée par les PP et autres experts Montignacesques (les amateurs m'auront compris...),
et bien la valeur se maintiendra et montera même peut-être encore d'un cran dans les décennies à venir.

Ce qui est beau est beau à jamais.

Ce qui est rare est rare à jamais.

La conjugaison des deux crée la Merveille. Ce Graal dont on a déjà évoqué l'existence. Il est donc bel et bien à notre portée, il suffit de savoir en saisir toutes les nuances pour l'apprivoiser.

La mode ne fait rien à l'affaire.

Amitiés modales, Bertrand

Hugues a dit…

Le doctorant en question a remis son étude au SLAM. Les résultats ont été diffusés partiellement dans le Magazine du Bibliophile et lors d'une conférence à laquelle j'ai assisté lors du Salon du Grand Palais, où le doctorant en question intervenait.
Je n'ai plus ses mots exacts en tête, mais son analyse est essentiellement démographique :selon son étude, le bibliophile type serait aujourd'hui un individu de plus de 65 ans, et dont on peut estimer que ses livres reviendront sur le marché dans des ventes d'ici une 15aine d'années. Cela devrait créer un afflux sans précédent de livres dans les salles des ventes à ce moment là, et donc faire chuter les prix. Voici en substance son analyse.
H

Anonyme a dit…

z1k, Guillaumus, Bertrand, Hugues,

Vous avez tous raison : vous connaissez bien le sujet. Par contre, je suis bien persuadé que le "doctorant" n'est pas bibliophile. Mes modestes quarante années de bibliophilie m'ont démontré que rien ne change : l'amour des livres restera l'amour des livres, le beau et le rare resteront aussi .... les excès des uns et des autres également. Le "Decamerone" du duc de Roxburghe fut vendu en 1812 2260 £, soit 157000 € d'aujourd'hui : je ne vois pas ce qu'il y a de changé.

Jean-Paul

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