« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

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jeudi 20 mars 2008

La Bibliothèque Napoléonienne de Dominique de Villepin - Résultats

Amis Bibliophiles Bonsoir,

L'Empereur aurait sans doute été satisfait d'assister à la vente de la Bibliothèque Napoléonienne de Dominique de Villepin hier à Drouot : affluence et enchères ayant largement dépassé les estimations étaient en effet au rendez-vous.

La vente a en effet attiré les collectionneurs d'objets napoléoniens, les bibliophiles mais aussi de nombreux curieux, et les chaises n'ont pas suffit à installer le public qui s'est assis sur les cimaises et se tenait debout dans la porte.

Les 335 lots de la vente ont totalisé 1,12 million d'euros (avec les frais), soit plus de deux fois l'estimation initiale.

Plusieurs ouvrages ont vu leur prix dépasser largement les estimations lors de batailles d'enchères entre les téléphones et la salle où se côtoyaient marchands, bibliophiles fortunés et représentants d'institutions.

Ainsi, un exemplaire du Mémorial de Saint-Hélène de Las Cases, enrichi de lettres manuscrites de Napoléon ou de Wellington a atteint 32.000 euros.

Un décret manuscrit de Napoléon, sur "l'élévation aux titres de comte et de baron de l'Empire", s'est vendu 28.000 euros (plus de quatre fois l'estimation basse) et a été préempté par la direction des Archives de France. M. de Villepin a fait savoir après la vente qu'il lui en faisait don, a indiqué la maison Bergé.

Mais comme pour les ventes Bérès, vous pouviez également repartir avec votre lot pour des sommes très inférieures. Pour 181 euros frais inclus, vous pouviez ainsi repartir avec l'un des 40 exemplaires sur Hollande de l'EO de Henry Houssaye, "Iena et la campagne de 1806", 1912, dans une chemise en demi-maroquin vert. C'est le lot le moins cher de la vente, mais il y avait de nombreux lots intéressants entre 600 et 1500 euros.

Neuf lots ont été préemptés par des institutions, dont la Bibliothèque Nationale de France pour le livre d'un préfet aux armes du dernier Condé. Le musée Napoléon de Fontainebleau de son côté a acquis un almanach aux armes d'Eugène de Beauharnais et un pamphlet anglais contre Napoléon, sous les applaudissements de la salle et au cri amusé de "Vive l'Empereur!".

Bref, une belle vente, dont on gage que le produit permettra au Premier Ministre de se lancer sereinement dans sa nouvelle passion, les ouvrages des XVe et XVIe siècles.

H

22 commentaires:

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Monsieur de Villapin a publié deux ouvrages sur Napoléon I et s'apprête à en publier deux autres.

"Bibliothèque de lecture avant tout" soulignait la maison Bergé...

S'il fallait à tous les écrivains historiens une aussi riche bibliothèque de documentation, m'est avis qu'il n'y aurait pas beaucoup de livres d'histoire...

Ne faudrait-il pas plutôt voir ici la belle bibliothèque d'un bibliophile amateur d'histoire plutôt que l'inverse ?

Le fait de choisir des exemplaires parfait, superbement reliés, enrichis de manuscrits, etc était un acte réfléchis de la part du collectionneur. Je pense qu'on peut y voir, au delà de la passion pour les beaux livres, l'assurance de faire ressortir, un jour, multiple de 2 voire 5 les sommes investies. Non ?

A votre avis ?

Amitiés, Bertrand

Hugues a dit…

Je ne suis pas de cet avis. L'impression que cela me donne, c'est que Dominique de Villepin est passionné par l'Empire ET bibliophile. Les raisons pour lesquelles il met en vente ces livres le regardent, finalement, non?

Mais pour répondre en forme de boutade : si tous les spéculateurs sur la valeur des livres anciens écrivaient deux ou trois livres, les bibliothèques seraient encombrées...

Je ne vois pas du tout là une spéculation. Mais une personne passionnée par deux sujets, qui est allé au bout de ses passions, et qui met en vente ses livres. Les prix ont monté depuis, tant mieux pour lui!

H

Anonyme a dit…

Je suis sceptique Bertrand, j'ai plutôt l'impression que les spéculateurs n'ouvrent pas les livres qu'ils achètent.

Ici, DdeV, semble les avoir ouverts, puisqu'il a même écrit des ouvrages sur le même sujet.

Je vois plutôt un homme qui aime les belles choses, esthète, bibliophile, et qui a besoin d'argent, par exemple pour acheter de nouveaux livres.

Je ne trouve pas ça étonnant. J'ai commencé par les illustrés avant de venir à l'ancien, et j'ai alors vendu tous mes illustrés. C'est une démarche assez courante je crois.

Jean-Claude

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Pas d'accord Hugues ? Pas grave.

Ce que je voulais dire (et je me suis sans doute mal exprimé), c'est qu'un historien X ou Y aurait amassé des livres sur l'Empire, soit, mais pas forcément reliés aux armes et en maroquin, ce qui me fait dire que M. de Villepin, est avant tout ou au moins autant bibliophile qu'historien, et c'est tout à son honneur. Il n'y avait pas de critique là-dessus.

Quant à la spéculation, je pense que c'est plus facile de revendre une belle bibliothèque construite de la sorte qu'un amas de vieux papiers brochés qui n'auraient pas eu la même valeur. Je ne dis pas que la spéculation a été consciente, bien au contraire, je pense qu'elle s'impose presque malgré le collectionneur, enfin c'est ce que je crois.

Amitiés, Bertrand

Hugues a dit…

Mouais... je crois que la question ne situe pas à ce niveau, mais à celui de la personnalité de la personne. Bibliophile ou pas, je vois mal Dominique de Villepin, qui semble aimer les belles choses, écrire ses livres en se penchant sur des brochés en mille morceaux.
Je ne juge pas, mais l'homme semble effectivement être un esthète. Pourquoi ne pas imaginer d'ailleurs que ce sont ses recherches sur Naopléon, sur la base de ces livres, qui l'ont fait entrer en bibliophilie. J'ai vraiment beaucoup beaucoup de mal à l'imaginer se dire en achetant les livres "je vais le prendre en maroquin, il se revendra mieux....".

Sur l'aspect spéculation... Je reviens à ce que j'ai déjà dit il y a longtemps. A mon sens, le vrai bibliophile ne choisi pas un livre en fonction de la valeur hypothétique qu'il pourrait avoir quelques années plus tard. Déjà parce que c'est trop risqué comme investissement.
H

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Soit. Encore une fois je suis "out".
Ne tenez donc pas compte de mes commentaires ci-dessus qui ne semblent pas être de bon sens.

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Si je ramène le débat à ma petite personne, je me fais deux réflexions :
La première c'est que je n'achète jamais un maroquin en me disant, "il se vendra mieux qu'un broché plus tard". Je l'achète et c'est souvent mon grand malheur, parce que je ne "peux" faire autrement! Je l'achète parce qu'il est beau, je l'achète parce que mes mains ne m'obéissent plus et refusent de le reposer. Je l'achète parce que j'aime les reliures en maroquin sur de bons textes. C'est comme ça, c'est ma croix! Mais jamais pour le prix potentiel qu'il pourra faire un jour.

La seconde réflexion, c'est que comme le dit Jean-Claude, les goûts évoluent au fil de la vie, et de la vie d'un bibliophile. On peut être fasciné par Napoléon (je l'ai été, mais comment ne pas l'être?) et si cette passion croise notre bibliophilie, on se découvre bibliophile napoléonien. Puis la passion change, on passe à autre chose, et on peut vendre ses livres, ou pas. Mais ce n'est pas parce qu'un bibliophile a construit une bibliothèque cohérente, avec de beaux ouvrages, qu'on peut l'imaginer spéculateur, ça montre surtout qu'il a du goût.

Qu'il vende ensuite ne regarde que lui. Mais en passant, si Villepin à écrit 2 livres sur la question... On peut se demander : A partir de combien de livres écrits sur un sujet peut-on vendre la bibliothèque qui s'y rapporte sans être pris pour un spéculateur?

Si je vends un jour mes livres, j'espère qu'ils se vendront bien, grâce à la cohérence de mes achats et la qualité de mes livres, pourtant, je vous l'assure, pas une fois je n'ai imaginé faire un profit à long terme en les achetant... C'est même l'inverse! Que de sacrifices consentis!

Pour conclure, Villepin (qui n'est pas un vil lapin comme dans votre 1er message Bertrand! Sourire) a eu un geste généreux si j'ai bien compris... Un vil spéculateur (voir la grande vente Sotheby's il y a 2 ans), ne fait pas ce genre de cadeaux, si?
Etienne.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Histoire d'être polémique jusqu'au bout (j'adore ça), je me pose une question :

Pourquoi M. de Villepin n'a-t-il pas vendu sa bibliothèque sous l'appellation suivante :

"Bibliothèque impériale de M. * * *"

Je sais, vous me direz qu'il a un ex libris, soit. Mais occultons cet ex libris et faisons comme s'il n'y en avait pas. Ou alors apposer systématiquement son ex libris sur sa bibliothèque de travail serait une manifestation supplémentaire de l'ego humanoïde ???

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Avoir un égo ne fait pas de lui un spéculateur.

Et puis, que je sache, vous ne taxez pas les Beraldi, Hayoit, La Bedoyère, Nodier et consorts d'affreux spéculateurs parce qu'ils ont annoncé leur nom en vendant leurs livres? Si? Nodier, affreux égo entre tous, puisqu'il faisait frapper un supra-libris sur les plats, et qu'il a reconnu lui-même que dire qu'un livre venait de chez lui augmentait sensiblement son prix sur le marché... et que dire de Grolier... Ego, égo, égo!

Je pense qu'avant de suspecter DdeV de quelque chose, il serait peut-être bon de savoir si ce n'est pas la maison de ventes qui a insisté pour attirer le chaland. Et là, elle ne fait en somme que son métier, comme un libraire qui mettrait en avant la provenance d'un livre par exemple, pour mieux le vendre. Rien de choquant là dedans. Et même, peut-on lui reprocher d'essayer de bien vendre ses livres? Est-ce malhonnête à vos yeux?

Et puis, pourquoi le vendeur devrait-il cacher son nom? Si vous raisonnez ainsi, j'imagine que vous pensez qu'il a avancé son nom pour vendre ses livres plus chers? Aurait-il tort? Aurait-il dû les offrir pour trouver grâce à vos yeux, ou les revendre à leur prix d'achat? Vraiment je ne vois pas le problème.

Quand à l'ex-libris... Pourquoi le sien aurait-il moins de valeur qu'un anonyme curé du 19ème? On croirait vraiment que vous avez quelque chose de personnel contre lui.

Il a constitué une belle bibliothèque, il en a tiré plusieurs livres, il veut passer à autre chose, il la revend, pas sous le manteau, mais aux yeux de tous, il fait cadeau d'un livre à une institution... quel est le problème? Il en revendu certains avec un bénéfice sans être libraire?

JC, qui aime aussi la provocation.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Jean-Claude, je n'ai vraiment rien de personnel contre M. de V., mais alors vraiment rien.

Ce qui est amusant, c'est qu'on voit à quel point on s'exite vite sur un blog. Dommage. Pas très constructif tout ça. Je ne suis pas adepte de la pensée unique.

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Vous lancez un débat qui n'est en effet pas très constructif, on vous répond. Excusez nous de ne pas être d'accord avec vous.
Puis vous décidez d'y mettre fin, après avoir en effet été "polémique" puisque vous adorez ça. Soit.
JC

Hugues a dit…

Merci à tous les deux pour ce passionnant débat qui va sans doute faire avancer la bibliophilie et apporte beaucoup par rapport à mon message, bien innocent, sur la vente "Villepin".
Si vous êtes en manque de débats acharnés, n'hésitez pas à m'envoyer des sujets qui en valent la peine.
Je vous rappelle simplement que le but du blog est de rapprocher les bibliophiles, pas l'inverse. Ca me chagrine de lire ça. En plus sur un message aussi anodin. Je n'ose pas imaginer ce qui se dit sur les blogs qui proposent des messages sur Clearstream...
Hugues

Anonyme a dit…

Je suis plutôt de l'avis de Hugues et des autres. De Villepin semble être un vrai collectionneur bibliophile, qui vend sa bibliothèque pour passer à autre chose. Et après avoir dépensé de l'argent pour se constituer cette collection napoléonienne, je comprends qu'il veuille gagner de l'argent en vendant ses livres. Personne ne vend aux enchères en espérant faire une moins-value! Quitte à vendre, autant augmenter les possibilités de profit en faisant de la pub. Alors, belle vente de de Villepin, et félicitations à lui.

Jean-Marc Barféty a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Jean-Marc Barféty a dit…

J'ai lu le catalogue de la vente Villepin. Même si je ne suis pas spécialiste de cette période, j'y ai vu une vraie démarche de bibliophile avec un goût de la cohérence tant dans le choix des ouvrages, que dans celui des exemplaires. Cela me conforte dans l'idée qu'une belle bibliothèque, c'est un bibliothèque dont on sent, à la lecture du catalogue, qu'il y a une grande cohérence, ou, autrement dit, une vraie symbiose entre l'homme et sa bibliothèque. Ramené à ma modeste bibliothèque, je me retrouve dans cette démarche (à la valeur des ouvrages près).

Jean-Marc

Est-ce que je peux me permettre un petit commentaire presque politique : M. de Villepin face à M. Sarkozy, n'est-ce pas M. de Chateaubriand face à Napoléon Bonaparte.

Gonzalo a dit…

Pou revenir à une question moins polémique, je lis: "une belle vente, dont on gage que le produit permettra au Premier Ministre de se lancer sereinement dans sa nouvelle passion, les ouvrages des XVe et XVIe siècles."

J'avais cru comprendre que Villepin voulait désormais se consacrer à la poésie du XXe siècle, mais je n'avais pas entendu parler d'ancien... Avais-je mal compris?

Anonyme a dit…

Suite au message de Jean-Marc, je pense qu'il serait très intéressant que le maître des lieux lance un débat sur le grave problème de la cohérence d'une bibliothèque. Cette question est très souvent survolée dans les commentaires, sans avoir jamais fait l'objet d'un message de Hugues (du moins pas que je m'en souvienne, mais j'ai peu de mémoire, donc...). Or, je crois que c'est un problème passionnant et certainement très polémique... :-)

A.A.A

Hugues a dit…

Gonzalo, je croyais aussi qu'il s'orientait vers la poésie contemporaine, mais cela doit être comme lecteur.
En tant que bibliophile, il a bien déclaré à l'AFP qu'il se tournait désormais vers les 15 et 16ème.
A.A.A., merci pour cette bonne idée de débat. Il me semble qu'elle a été abordée, mais c'est peut-être "par la bande". Je dois avouer que je n'ai plus en tête tout ce qui est dans le blog. Il y a quelques jours, j'ai débuté un sujet d'article, avant de me rendre compte (via google!) que j'en avais déjà parlé!
Votre idée est bienvenue donc, je vais préparer ça.
H

Anonyme a dit…

En tous cas, la vente d'une bibliothèque est une déchirure..
croyez-moi, j'y suis passé. Même quand c'est pour changer librement de centre d'intérêt, car que de souvenirs sont attachés à une bibliothèque !

PS Chef, pourquoi ne pas confier à AAA le soin de lancer le débat qu'il propose ?

Hugues a dit…

Jean-Paul,
1. Excellente idée : AAA, si vous souhaitez lancer le débat à votre manière, n'hésitez pas à m'envoyer un email, je le diffuserai.
2. Jean-Paul, je pense souvent à tes ventes. Un jour si tu le sens et que tu en as envie, il faudra que tu nous en parles. En attendant, je suis attentif, j'ai bien ton ex-libris en mémoire, qui sait... si je croise un de tes livres.
H

Hugues a dit…

Pour revenir à Dominique de Villepin, Marie Françoise vous conseille cette interview, donnée au Nouvel Observateur, et qui donne de nouvelles informations sur la vente.
Chttp://bibliobs.nouvelobs.com/2008/03/19/villepin-ladieu-a-napoleon
H

Anonyme a dit…

J'ai pris le temps de relire les commentaires sur ce message et j'ai constaté que je me suis effectivement laissé enfermer dans un débat vain et inutile. Alors qu'en fait, tout le monde ou presque était du même avis.
Hugues, je vous prie de m'excuser. J'espère que je ne vous ai pas trop contrarié avec mes commentaires.
Jean-Claude.

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