Amis Bibliophiles Bonsoir,
Après m'être débattu avec des problèmes techniques, je vous propose un message sur un ouvrage de ma bibliothèque. Lui-même ne sait pas pourquoi il a atterri chez moi, ni moi d'ailleurs, mais il est bien là... alors autant en parler.
L'ouvrage est le suivant : Jules LAFORGUE, Les Complaintes, avec le Lithographies originales de Gabriel Dauchot. Edité par la Société Normande des Amis du Livre, en 1957. Format très grand in-4.
La reliure est une reliure de maroquin rouge, qu'on pourrait qualifier d'irradiante, avec des jeux de filets concentriques (centrifuges pour être exact) dorés et à froid sur les plats. A l'intérieur on trouve un large encadrement intérieur du même maroquin, les gardes et les contregardes sont en daim gris. Elle est signée Bergeron.
Il s'agît en fait d'un ouvrage qui me semble assez typique des ouvrages réalisés par/pour les Sociétés de Bibliophiles. Celui-ci est un tirage unique à 130 exemplaires sur Rives. Il est enrichi de l'aquarelle originale signée ayant servi au frontispice, de deux suites, l'une sur Chine, l'autre sur Auvergne, et du menu du repas de la Société Normande des Amis du Livre du 2 février 1957. C'est l'exemplaire n°60, imprimé pour Emmanuel Costil.
Autre point intéressant, c'est le colonel Daniel Sickles, l'un des plus grands bibliophiles du 20ème siècle, qui était je l'imagine membre de cette société, qui fût le commissaire du Livre. Né en 1900 d'un père américain et d'une mère française, Daniel Sickles fût élu en 1956 à la Société des Bibliophiles Français. Il demeurait dans un hôtel particulier bordant le Champ de Mars. Il était connu pour avoir bâti une bibliothèque avec le Clouzot en mains, mais pour être assez pingre dans tous les autres aspects de sa vie, en dehors des livres... Dans son Manuel de Bibliophilie, Christian Galantaris raconte qu'il a vu Sickles "se bourrer de bonbons pour se couper l'appétit et sauter un repas, ..., et se laisser couper l'électricité pour avoir tarder à payer les factures". Mais je reparlerai de Sickles plus en détails prochainement.
Bergeron, le relieur, est pour ce que j'en sais l'un des grands relieurs québécois, mais il a également vécu en France. Je n'en sais pas beaucoup plus. Pour le clin d'oeil, je viens de découvrir que l'un des autres grands relieurs québécois portait le patronyme de votre serviteur.
Enfin, voici ce livre... Il est là, mais pourquoi? Sourire.
H
Après m'être débattu avec des problèmes techniques, je vous propose un message sur un ouvrage de ma bibliothèque. Lui-même ne sait pas pourquoi il a atterri chez moi, ni moi d'ailleurs, mais il est bien là... alors autant en parler.
L'ouvrage est le suivant : Jules LAFORGUE, Les Complaintes, avec le Lithographies originales de Gabriel Dauchot. Edité par la Société Normande des Amis du Livre, en 1957. Format très grand in-4.
La reliure est une reliure de maroquin rouge, qu'on pourrait qualifier d'irradiante, avec des jeux de filets concentriques (centrifuges pour être exact) dorés et à froid sur les plats. A l'intérieur on trouve un large encadrement intérieur du même maroquin, les gardes et les contregardes sont en daim gris. Elle est signée Bergeron.
Il s'agît en fait d'un ouvrage qui me semble assez typique des ouvrages réalisés par/pour les Sociétés de Bibliophiles. Celui-ci est un tirage unique à 130 exemplaires sur Rives. Il est enrichi de l'aquarelle originale signée ayant servi au frontispice, de deux suites, l'une sur Chine, l'autre sur Auvergne, et du menu du repas de la Société Normande des Amis du Livre du 2 février 1957. C'est l'exemplaire n°60, imprimé pour Emmanuel Costil.
Autre point intéressant, c'est le colonel Daniel Sickles, l'un des plus grands bibliophiles du 20ème siècle, qui était je l'imagine membre de cette société, qui fût le commissaire du Livre. Né en 1900 d'un père américain et d'une mère française, Daniel Sickles fût élu en 1956 à la Société des Bibliophiles Français. Il demeurait dans un hôtel particulier bordant le Champ de Mars. Il était connu pour avoir bâti une bibliothèque avec le Clouzot en mains, mais pour être assez pingre dans tous les autres aspects de sa vie, en dehors des livres... Dans son Manuel de Bibliophilie, Christian Galantaris raconte qu'il a vu Sickles "se bourrer de bonbons pour se couper l'appétit et sauter un repas, ..., et se laisser couper l'électricité pour avoir tarder à payer les factures". Mais je reparlerai de Sickles plus en détails prochainement.
Bergeron, le relieur, est pour ce que j'en sais l'un des grands relieurs québécois, mais il a également vécu en France. Je n'en sais pas beaucoup plus. Pour le clin d'oeil, je viens de découvrir que l'un des autres grands relieurs québécois portait le patronyme de votre serviteur.
Enfin, voici ce livre... Il est là, mais pourquoi? Sourire.
H
21 commentaires:
> "Il est là, mais pourquoi?"
Parce qu'il est beau!
Bonjour, (journée de repos...ouf!)
Questions :
Quel rôle joue le commissaire aux livres dans une société de bibliophiles ?
C'est la première fois que je vois un menu mentionné à l'intérieur d'une si belle reliure. Connaissez vous d'autres bizarreries de ce type ?
J'imagine que l'intérêt du livre est dans ses poèmes. Le spleen de l'auteur se serait il accommodé de cette surprenante préface alimentaire ?
Cette édition, en dehors de son côté anecdotique est-elle ce que l'on attend d'une communauté de bibliophiles ?
Cordialement. Pierre
Remarque :
En anatomie, le spleen (la rate) est accolé à l'estomac ! Ça tient la route...
Emmanuel Costil était (est ?) visiblement un bibliophile amateur d'éditions bibliophiliques de Sociétés de bibliophiles.
Voici deux autres ouvrages retrouvés imprimés pour lui :
Réf : 7197 En vente chez : Livres et Collections - Sèvres - 01 45 34 87 16
NOUVEAU Germain
La doctrine de l'amour - Dernier Madrigal. Eaux-fortes par Henri Landier. Menu du nouveau cercle du 25 mai 1966. Edition tirée à 189 exemplaires, celui-ci sur vélin de Rives (n° 36) imprimé pour M. Emmanuel Costil. Paris, Le Livre Contemporain. Les bibliophiles Franco-Suisse 1966. Pages volantes avec couverture imprimée, chemise et étui cartonnés. Très bon état. Format 39x29. ***** Voir Photo : http://www.livresetcollections.com/details_livres.php?id=7197 ***** - Prix : 300.00 € - Commander
http://cgi.ebay.fr/LIVRE-ILLUSTRE-CHALON-DIAZ-PIERRE-DES-ARBRES-ORIGINALE_W0QQitemZ120189412864QQihZ002QQcategoryZ39526QQcmdZViewItem
Amitiés, Bertrand
L'époque est révolue où il fallait attendre son tour pour devenir membre de l'une des Sociétés de Bibliophiles !
Ces Sociétés, au nombre d'adhérents limité, publiaient en général un beau livre tous les ans ou tous les deux ans. La sortie du livre était prétexte à un grand dîner, et il était de bon ton de joindre à l'ouvrage le Menu du banquet, orné d'une gravure réalisée par l'illustrateur du livre.Le plus souvent, l'échec de ce genre d'édition se concrétisait habituellement lors du passage en vente publique de l'ouvrage ! Ces Sociétés n'ont hélas pas toujours, loin de là, créer un mouvement, ni même en suivre un, souvent aléatoire.
Eugène Rodrigues, pourtant président des "Cent Bibliophiles", décédé en 1928, s'exclamait : "Pas de spectacle plus triste que la vente après décès de certains "amateurs", où reparaissent en rangs serrés tous les livres publiés au cours de leur carrière. Plutôt de risquer une omission fâcheuse : l'oubli du livre dont la cote montera demain ! Ils ont tout pris, tout avalé, tout entassé ; exhibant, à l'occasion, le livre "dont on parle", cachant et reniant, au besoin, les autres ; docile au marchand, craintif à la critique, esclaves de la mode, impuissants, neutres...Destinés à la haute mission de collectionneurs de livres, ils ont réduit leur tâche à celle de...collecteurs."
Ton commentaire Jean-Paul ne donne guère envie de faire partie d'une Société de Bibliophiles, et encore moins d'en créer une...
Mais c'était bien mon avis de toute façon !
Amitiés, Bertrand
C'est, hélas, la VVV (Vérité Vraie Vécue)!
Je n'ai pas connu ces sociétés mais en même temps, peut-on vraiment critiquer des passionnés qui se réunissent autour d'un dîner pour parler livres?
Vous me direz qu'une "société" n'est point nécessaire pour cela, mais avouez que cela aide.
Après, que les livres édités soient bons ou mauvais, l'effort reste louable, non?
H
On peut aimer, ou pas, ce genre de livres de sociétés. Indépendamment, et très franchement, je trouve d'assez mauvais goût la présence de ce menu, qui serait de nature à gacher mon plaisir de lecture !
A la lecture de cet article m'est revenue en mémoire une lettre pliée en quatre, trouvée en guise de bonus à l'ouverture d'un livre commandé par correspondance. Je vous passe le petit moment d'excitation (mais que contient cette lettre, est-ce un document exceptionnel ?...etc) malheureusement bien vite éteint : il ne s'agissait que d'une lettre personnelle oubliée par le précédent propriétaire. Le contenu en est cependant assez savoureux, et je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager un extrait de ce "régal" :
"Marseille, le 19 février 1939.
Nous avons reçue mardi la magnifique pintade que ta femme a eu la gentillesse de garnir et de truffer.[...]
Figure toi que ces salauds d'employés de chemin de fer, ayant reniflé le fin morceau mais n'osant l'escamoter entièrement, ont découpé adroitement un pilon. Ce n'est qu'en déballant l'oiseau que nous nous sommes aperçus de l'amputation"
J'ai gardé la lettre avec le livre, d'autant qu'il est enrichi de l'envoi de l'auteur à son destinataire (le précédent propriétaire, donc, vous me suivez ? :))
Les livres enrichis de références alimentaires, un nouveau thème de collection ? :)
PierreG.
Ah les chemins de fer!
C'est un exemplaire doublement truffé que le votre si je comprends bien, Pierre!
Hugues
La véritable question que je pose entre les lignes dans mon commentaire est : s'agit-il, au sein de ces Sociétés, de véritable Bibliophilie, ou plus prosaïquement d'un mélange "lecteur+collecteur+éditeur en herbe" ?
Jean-Paul,
Tu oublies "+bourgeois 4ème République"! Sourire.
Enfin, il y a tellement de bibliophilies possibles!
Allons, gageons qu'ils n'ont fait de mal à personne.
Et puis, n'es-tu pas membre du cénacle?
H
On peut même dire "spéculateurs en herbe" !
PS Le cénacle T. n'est pas une Société de Bibliophiles !
Pour le Cénacle... c'était un piège et tu t'es jeté dedans... Si ce n'est pas une société de Bibliophiles, pourquoi en parle-t-on sur deux pages dans le Magazine du Bibliophile?
Nom d'un fer à dorer!
H
Pourriez-vous nous rappeler la distinction entre collecteur et bibliophile?
J'ai mes cartes de visite à refaire.
Montag
Aucune différence entre collectionneur et bibliophile, à part l'ego!!!!
(il y a eu un débat animé sur le blog sur cette question précise, on peut notamment aller voir ça :
http://bibliophilie.blogspot.com/2007/08/bibliophile-collectionner-au-fond-pour.html).
H
Certes.
Je me demandais si Jean-Paul faisait une distinction entre "le collecteur", terme qu'il a employé dans son message, et "le collectionneur", ou ces termes sont-ils équivalents ?
Montag
Veuillez m'excuser Montag, j'avais mal lu... Je laisse Jean-Paul répondre sur collecteur.
Celui qui se passionnerait pour la collecte uniquement? Le chiner quoi...?
Hugues
Montag,
L'exclamation d'Eugène Rodrigues donne bien la différence entre collectionneur et collecteur. C'est ce que je faisais remarquer l'autre jour à Bertrand, à propos du terme "collector" employé par les anglo-saxons pour désigner les bibliophiles. Débat ouvert...
Je réponds à l'appel du pied de Jean-Paul.
Si je devais définir en terme anglo-saxon ce que je me sens être vis à vis des livres, alors sans hésiter je répondrais : book lover !
C'est d'ailleurs l'achat du livre de François Fertiault (mort à 101 ans...), Les amoureux du livre, Sonnets d’un bibliophile, fantaisies, commandements du bibliophile, bibliophiliana, notes et anecdotes. Préface par le Bibliophile JACOB (Paul LACROIX). Paris, A. Claudin, 1877. In-8°.
Livre que je recommande évidemment à tout le monde ici.
Book collector ou Bookseller sont trop restrictifs et sans aspect "sentimental", book lover, plein de poésie et laissant entrevoir tous les soupirs que peut entraîner la chose...
Amitiés, un amoureux des livres (Bertrand)
Je m'apperçois que je n'ai pas finis ma phrase dans un emballement claviesque...
Je la reprends :
C'est d'ailleurs l'achat du livre de François Fertiault (mort à 101 ans...), Les amoureux du livre, Sonnets d’un bibliophile, fantaisies, commandements du bibliophile, bibliophiliana, notes et anecdotes. Préface par le Bibliophile JACOB (Paul LACROIX). Paris, A. Claudin, 1877. In-8°, qui m'a insufflé cette passion tenace....
(lire la suite plus haut)
Bertrand
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