« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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jeudi 17 avril 2008

Devenir Libraire...

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Ce soir, je laisse la part-belle aux libraires qui lisent le blog et qui souhaiteraient intervenir dans le débat.

Je relaie un message d'un jeune bibliophile qui lit le blog et qui se pose la question suivante : comment devenir libraire? En réalité, ils sont même deux à se poser la question, et à avoir ce projet.

Difficile pour moi de répondre, vous vous en doutez, mais peut-être certains d'entre vous, qui sont libraires, ou le sont devenus sur le tard, si j'ai bien tout suivi, peuvent-ils lui donner un début de réponse.

Si vous le voulez bien, essayons de dépasser les évidences du type "être passionné", "être motivé", "faire preuve d'abnégation", "ne pas vouloir devenir riche", pour fournir des réponses un peu plus approfondies. Pour ma part, je peux intervenir pour conseiller un type de raison sociale, mais pas plus.

Essayons-donc de l'aider sur les plans suivants : faut-il ouvrir une boutique, faut-il être seul ou s'associer, faut-il racheter une librairie, est-il nécessaire de démarrer avec un stock important, faut-il se spécialiser, est-il utile/facile de rédiger un catalogue, paris ou province, s'endetter, etc., etc.

Evidemment, vous allez me dire que cela dépend des objectifs et de la vision de la vie de chacun, mais j'imagine qu'il existe malgré tout, si ce n'est des règles, du moins des choses qui peuvent aider un démarrage.

Bien sûr, les non bibliophiles qui ont un avis sur la question peuvent également intervenir. Je pose d'ailleurs la première pierre en donnant un avis extérieur : si j'étais libraire, je crois que j'essaierais d'être ambitieux, non pas pour devenir forcément millionnaire (même si je n'ai rien contre), mais pour voir passer entre mes mains de beaux livres, réflexe de bibliophile j'imagine. De plus, avis plus terre à terre, je crois que je privilégierais une formule sans librairie physique, parce que cela représente un coût important, et parce que cela peut impliquer rapidement d'être plusieurs : l'un qui tient la boutique, l'autre qui court les salles des ventes pour s'approvisionner.

Si vous êtes libraire et que vous voulez nous raconter votre histoire, n'hésitez pas!



H

22 commentaires:

Jean-Marc Barféty a dit…

Question intéressante ! Et qui fera sûrement rêver à une autre vie quelques travailleurs surmenés qui ne peuvent que grapillées quelques heures pour se consacrer à leur passion.

Ceci dit, je rajouterai une question : Comment trouver de la "marchandise" ? Comment acheter au mieux ? Quel fond de roulement faut-il avoir pour pouvoir profiter des occasions qui passent (je pense à l'achat d'une bibliothèque entière) ? Acheter un fond de librairie est-elle une bonne solution ?

Jean-Marc

Anonyme a dit…

La question est passionnante en effet. Je crois aussi qu'il n'est plus obligatoire aujourd'hui d'avoir une boutique. On voit beaucoup de libraires professionnels sur e-bay qui brassent beaucoup d'argent. Il y en a même qui ont un local bien placé dans Paris, ouvert aux ebayeurs mais qui ne fait aucune vente directe.

Comme Jean Marc, je crois que la question essentielle est celle de la constitution du fond. Je ne crois pas que l'achat en salle soit suffisant pour ce démarquer de la concurrence et pour faire une marge correcte en vendant sur e-bay. J'imagine que le plus intéressant pour les libraires suffisamment imposants est d'acheter des bibliothèques de particulier. Dans ce cas c'est le réseau social et la réputation qui sont les premières ressources.

Anonyme a dit…

Je ne suis pas libraire et ne veux pas le devenir (pas l'esprit commerçant...)
Mais si j'avais quelques suggestions à faire ce serait sur le coté "convivial" :
- Organiser des lectures avec des écrivains, comédiens de textes anciens ou récents.
- Réunir des clubs de lecteurs.
- Monter des expos.
Bref en faire des lieux ou il fait bon passer et s'arrêter.

Vincent

Pierre a dit…

Bonsoir,

Je peux donner à de jeunes bibliophiles des conseils pour devenir libraire d'anciens (soyons modestes, disons bouquinistes au départ !) mais pas pour l'être. c'est ainsi !

Important :
- Il n'est pas nécessaire d'être bibliophile pour vendre des livres anciens, ce peut même être un inconvénient mineur.
- Une formation existe sur Paris, initiée par le Grippe ( émanation Brassens, je crois ). Prochaine formation en juin. Difficile à gérer pour un provincial !
- Truisme N°1. Il faut une bonne culture générale, vos clients en savent plus que vous...
- Si j'étais provincial, j'essaierais de me joindre à un projet de cité du livre. Les mairies (fisac etc...) aident beaucoup, la culture étant un paravent flatteur.

Annexe :
- Si je travaillais sur Internet ou sur catalogue, je ferais très attention à m'offrir une orthographe et une grammaire acceptable.
- Dès que vous serez installés, des gens bien intentionnés vous proposerons leurs "très vieux livres" pour estimation (cela, il faut vite apprendre !) et plus... Vous ne manquerez pas de livres si vous savez bien acheter. Comme dans tout commerce, le plus important étant d'avoir de la bonne marchandise et en bon état.
- Si vous opter pour la boutique, sachez que même en microbic (CA inf à 76000€) vous aurez 3000€ de cotisation sociale la première année et 4500€ la deuxieme...

Superflu :
- J'achèterais un HY Tube pour faire les marchés le dimanche, j'aurais un patio ombragé dans ma boutique pour inviter les amis à boire le café ou le thé (0.70€ de marge à chaque fois !) et un coteau du Layon sera toujours en réserve au frais dans le réfrigérateur...

Voici quelques conseils peu avisés. Je reste bien sûr disponible pour tout renseignement supplémentaire absurde, insensé ou irréalisable...

Amitié. Pierre

Gonzalo a dit…

Pierre, qu'est-ce que le Grippe, et qu'est ce que cette formation que vous évoquez?

Anonyme a dit…

Le G.I.P.P.E. (Groupement d'Information Promotion Presse Edition) est une association qui a céé en 1986 le Marché Brassens et organise le Marché de la place St-Sulpice et le Salon du Carrousel du Louvre. Elle a son siège à la Maison de la Bibliophilie, rue Santos Dumont, dans le XVe, où elle organise des "conférences-formation" sur le livre ancien.
Car s'il y a des diplômes pour devenir "libraire de neuf", il n'y en a pas pour l'ancien. Il est préférable néanmoins d'avoir un bon niveau de culture générale, littéraire en particulier, en plus de connaissances approfondies en histoire et bibliographie du livre ancien, et d'être un bon gestionnaire.

Anonyme a dit…

Jean-Paul évoquait les formations pour devenir libraire de neuf. Je signale celle de l'ex-ASFODEL, l'Institut National
de Formation de la Librairie (http://www.infl.fr/) et cette page indiquant des centres de ressources où se forer ou s'infirmer : http://www.unicaen.fr/cfcb/cfcb/car_edlib.php. Evidemment, l'ancien a ses spécificités...

Anonyme a dit…

Deux questions que je me pose souvent : y-a-t-il une sorte de saisonnalité des ventes? Combien faut-il pour démarrer? 15 000 euros?
Etienne

Anonyme a dit…

Bonjour Etienne,

Pour la saisonnalité, tout dépend de la nature de votre librairie. Si vous ne vendez que sur Internet, juillet et août vont être très calmes ; si vous ouvrez une boutique dans un site touristique, ce sera plutôt Janvier et février qui seront peu excitants. Mais oui, les ventes sont inégales selon les périodes de l'année.

Pour débuter, il faut au minimum 10 000 euros à consacrer à la constitution du fonds d'une petite libraririe. Ce qui veut dire qu'il vous faudra bien 20 000 euros si vous louez un bail commercial, et au minimum 150 000 si vous avez de l'ambition et que vous achetez un local prévu pour durer.

Beaucoup choisissent de débuter sur internet pour masquer l'inexistance de leur fonds et travailler en flux tendu en ne proposant que de petits catalogues. C'est un bon moyen pour tâter le terrain et voir si on a la fibre pour ce métier. Car, contrairement à Pierre (qui provoquait peut-être), je ne crois pas que l'on puisse être libraire ou bouquiniste sans être bibliophile dans l'âme et dans le coeur.

Anonyme a dit…

On ne se refait pas d'une adolescence bercée par un Gégé flamboyant (une autre époque), et un brin de romantisme fleur bleue...

Voici donc ma contribution, ma vision des choses de la vie, à rapprocher de la question posée par Hugues, la voici :

« Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul, ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! » [ Edmond Rostand ] - Extrait de Cyrano de Bergerac.

ou encore :

« Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non, non c'est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »
[ Edmond Rostand ] - Extrait de Cyrano de Bergerac.

« Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! »
[ Edmond Rostand ] - Extrait de Cyrano de Bergerac.

Voilà en quelques mots empruntés à un illustre ce qui résume assez bien ma vision des choses.

Amitiés, Bertrand

Pierre a dit…

Contribution littéraire dans les moments de doute (vous en aurez si ce projet voit le jour)

Impose ta chance, serre ton bonheur
Et va vers ton risque !
A te regarder, ils s'habitueront...

Amitié. Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Jean-Luc a dit :

>je ne crois pas que l'on puisse être libraire ou bouquiniste sans être bibliophile dans l'âme et dans le coeur.

C'est pour moi aussi une évidence et même la base de tout, mais je n'osais le dire car Hugues avait fermé la porte aux banalités du genre "être passionné" etc. Donc je n'ai pas réinsisté, mais c'était utile.

Amitiés, Bertrand

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la librairie ancienne, je ne peux que vous inviter à la lecture de l'ouvrage suivant (même s'il s'attache plus au sens imprimeur-éditeur qu'au sens marchand libraire, anciennement, les deux étant toujours liés pratiquement) :

Par Jean-Alexis Neret, Histoire illustrée de la librairie et du livre français, avec 210 figures dans le texte. Editions Lamarre, 1953. 1 volume petit in-4 de 396 pages.

Très bel et bon ouvrage, bien documenté, armé de nombreuses références bibliographiques pour aller encore plus loin.

Ce livre doit se trouver pour pas très cher sur wwww.abebooks.fr

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Bonjour,

C'est ma première contribution à ce blog que je lis depuis longtemps et dans lequel j'apprends beaucoup.

Permettez-moi de vous faire part de ma modeste expérience de libraire débutant.

J'ai commencé mon activité il y a un peu plus d'un an, avec exactement 0 euro en poche et comme tout bagage une expérience dans la librairie de neuf, en achetant de petits lots, dans lesquels se trouvaient parfois de petites (mais à l'époque elles me semblaient gigantesques) pépites.

Seul internet permet cela, en éliminant les frais fixes : pas de boutique, pas de salaire, juste des cotisations sociales à payer, dont les plus auvres d'entre nous - dont je faisais alors patie - peuvent être exonérés la première année.

Je crois que nous sommes assez nombreux à partir de rien. Certains se cassent la figure, mais ils n'ont pas pris beaucoup de risques... Il suffit de voir le nombre de nouveaux visages qui apparaissent - et disparaissent - des salles de vente.

Les choses, finalement, deviennent plus compliquées quand on commence à s'intéresser aux ouvrages rares et chers, qui mettent nécessairement du temps à trouver acquéreur et nécessitent des immobilisations importantes. Mais le travail devient là plus excitant et gratifiant intellectuellement. Le plus dur est sans doute de garder les pieds sur terre, d'être patient, de ne pas vouloir acheter tout ce qui vous plaît à n'importe quel prix.

De la modestie, de la persévérance, de la rigueur, une bonne résistance au stress (si on achète en salle) et bien sûr une bonne culture générale (ou la connaissance très approfondie d'un ou deux domaines particuliers), voilà une partie du trousseau de clés qui vous permettra d'ouvrir votre librairie.

Pour ce qui est de la meilleure façon de l'empêcher de fermer, ça, je ne sais pas encore ;-)

Julien

Anonyme a dit…

Bonjour à tous,
Voici un article que vous connaissez peut-être déjà; il parle de la situation aux Etats-unis, mais pourrait, dans une certaine mesure, s'appliquer à la France, et semble plutôt pessimiste:

http://www.coupechou.com/article_info.php?articles_id=46

Guillaumus

Anonyme a dit…

A lire tous les commentaires de ce fil, et plus particulièrement celui de Julien, avec qui je suis totalement en phase ayant suivi à peu près le même chemin et suivant la même philosophie du métier,
une question me vient naturellement.

Ne croyez-vous pas que dans un futur proche déjà commencé peut-être, on assistera au déclin des grandes maisons de librairie au profit de plus petites unités, plus souples, plus nombreuses, peut-être plus à l'écoute d'une clientèle tous les jours plus mouvante ?

Quid demain des grands empires familiaux tels Chamonal, Clavreuil, Blaizot, etc ?

Le bibliophile de demain sera sans doute le plus informé de tous les bibliophiles de tous les siècles passés rassemblés, ce peut-il encore demain que le bibliophile continue à vénérer des libraires vénérables par leur seul nom prestigieux et auréolé d'un pedigree qui a lui seul donne "confiance" et "respectabilité" ??

Que d'interrogations sans réponses !

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Oh si , Bertrand, il y a des réponses !...
Mais faut-il répondre ? Est-ce bien ...nécessaire dans ce qui est devenu débat et qui ne l'était pas au départ ?

Hugues a dit…

Jean-Paul, tu ne peux pas nous faire ça! On veut des réponses!
H

Anonyme a dit…

Je profite de votre absence pour répondre aux questions posées par Bertrand (maigre consolation de ne pas être avec vous au Grand Palais) :
- que les "petites unités" deviennent plus nombreuses et plus dispersées, c'est une évidence : problème de moyens évoqué au cours de notre discussion sur la formation des libraires.
- mais pourquoi seraient-elles plus souples et plus à l'écoute ? Les "grands empires familiaux" devront s'adapter, comme les autres, d'autant plus facilement qu'ils en ont les moyens.
- je ne suis pas certain que "le bibliophile de demain soit le plus informé de tous les bibliophiles de tous les siècles passés rassemblés" : il y a tant à découvrir et à apprendre encore et encore ! et tout ce que les "anciens" savaient n'a pas été transmis ! et puis, pour paraphraser Gide, "tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute, tout est toujours à redire"...les bibliophiles ne lisent pas , autant qu'on le souhaiterait, les résultats des travaux des chercheurs (les tirages très modestes des bibliographies et autres histoires du livre spécialisées en témoignent). Enfin, pourquoi "les libraires vénérables" ne seraient-ils pas aussi bien informés que les bibliophiles ? La plupart, de même d'ailleurs que les commissaires-priseurspar exemple, utilisent depuis longtemps les services des meilleurs bibliographes.
A très bientôt de vos nouvelles de votre beau Samedi !

PS. Autres consolations pendant votre déjeuner :
- Eric Poindron a été le second,après Hugues, à présenter le "Bibliolexique" : sur FR3 Champagne-Ardenne à 12 H10 dans son émission "Des livres et nous" (dans 3 semaines dans les Archives de FR3 sur le net).
- le même Eric, lecteur du blog, a décidé de faire le papier sur le même "Bibliolexique", dans le prochain "magazine du Bibliophile" (enfin!), et d'en profiter pour faire entrer (enfin !) l'intitulé du blog par la même occasion.
- et, dans un autre blog, je l'aurai annoncé en premier : je suis depuis hier midi le grand-père d'une petite Plume (elle sera écrivain, à coup sûr !), née à Shanghai (de parents "Champardennais") !

xavier a dit…

Ah, J-Paul, nous avons regretté que tu ne sois pas venu. Félicitation au grand-père et aux parents, et bienvenue à Plume dans notre monde.
Toute mon amitié
Xavier

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je voudrais savoir comment obtenir des lots de livres. Dois-je me rendre dans les maisons d'éditions pour obtenit des lots? Comment faire pour avoir des livres?

merci

Anonyme a dit…

Bonjour,
je suis un collectionneur 'amateur'
d'autographes et souhaiterai dans un proche avenir faire un catalogue ou un site internet afin de pouvoir faire des ventes et acquérir d'autres pièces plus importantes.Existe t'il des moyens de se former et d'acquérir des connaissances sur ce sujet.
Merci pour vos témoignages.

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