Amis Bibliophiles bonsoir,
L’identification des armes poussées sur une reliure, sa
provenance, importe bien sûr au bibliophile qui la possède. Cette
identification nécessite de recourir à des armoriaux, livres qui recensent les
armoiries et leurs possesseurs. Plutôt que de consulter des centaines
d’armoriaux généraux ou spécialisés par régions ou fonctions, il semblait plus
commode d’établir un armorial du bibliophile, c’est à dire, ne s’intéressant
qu’aux familles ayant reçu ou possédé des livres à leurs armes.
Joannis
Guigard, bibliothécaire, publia en 1870 chez Bachelin-Deflorenne un Armorial
du bibliophile qui reproduisait, dessinés en noir et blanc, les fers
armoriés des bibliophiles. Il publia en 1890 une seconde édition, Nouvel armorial du
bibliophile, guide de l'amateur des livres armoriés chez Émile
Rondeau, à Paris, en 2 volumes, riche de 2000 notices environ. Le
classement des quatre catégories de bibliophiles (maisons souveraines, femmes
bibliophiles, ecclésiastiques et particuliers) est alphabétique et la table
héraldique modeste. Une notice et un lexique héraldiques commencent l’ouvrage.
En
1924, le docteur Eugène Olivier, héraldiste, collectionneur d’ex-libris, (il
deviendra secrétaire puis président de la Société
française d'héraldique et de sigillographie), Georges Hermal et
le capitaine Robert de Roton publient le premier fascicule, chez Charles Bosse
libraire, du Manuel de l’amateur de reliures armoriées françaises. La
préface explique qu’ils ont pris le parti de classer les armoiries non comme
Guigard par ordre alphabétique des possesseurs mais par pièces et meubles
héraldiques.
L’édition
compte 20 exemplaires sur japon et 1025 exemplaires sur papier vélin dont 25
hors-commerce.
La publication se poursuivra à bon terme jusqu’en 1938,
sur 29 séries, et 2685 planches. Un volume de tables complète utilement
l’ensemble (table héraldique par pièces et meubles, table des figures non
héraldiques, table des noms de familles, table des chiffres et monogrammes,
table des devises, table des sièges de gouvernements…). Cette table est utile à
consulter car elle reprend de plus les corrections, identifications et
compléments apportés dans chaque préface de chaque série au fur et mesure de la
publication.
Chaque « planche » (ou fiche) correspond à un
bibliophile dont elle donne le nom, sa région d’implantation, son siècle, la
pièce héraldique qui préside à son classement, le blasonnement, une brève
notice biographique, le numéro de la planche, les différents fers armoriés
utilisés par le bibliophile ou parfois ses descendants, quelques informations
sur les exemplaires rencontrés. Une planche peut donc nécessiter plusieurs
pages, 8 pour Colbert, 5 pour Aumale, 21 pour Louis XV.
Les trois auteurs s’appuyaient sur un solide réseau de
correspondants érudits et passionnés, de libraires et de bibliothécaires. Parmi
eux, Jean Tricou, de Lyon, Edmond des Robert, de Nancy, président de la Société
d'archéologie lorraine et fondateur de l'Association française des collectionneurs d'ex-libris Fernand Jousselin, vice-président de la
société du livre d’art, Chandon de
Briailles, le marquis de Luppé, bibliophile
françois, le lieutenant-colonel Carnot, les libraires Giraud-Badin, Emile
Paul, Chamonal, Jean Tremblot de la Croix, bibliothécaire en chef de l’Institut
et bibliophile françois qui drainait
les découvertes de ses amis Léon Dautheuil ou Jean Vergnet–Ruiz et communiquait
les fers de reliure à Roton qui les dessinait tous.
Cette
publication gigantesque prit le nom d’OHR dans les descriptifs et chez les
initiés, des initiales des principaux auteurs.
Depuis lors se posa la question d’une nouvelle édition
augmentée. Christian Galantaris et les Fougerolle caressèrent cette ambition,
mais « les questions de droits ont empêché ce projet d’aboutir ». À
titre personnel je le déplore sans comprendre car il est évident qu’une telle
publication a bien peu de chance d’enrichir son auteur ou un ayant droit!
J’ai
entendu la rumeur d’un autre projet d’armorial libre en ligne où chaque
bibliophile enrichirait la base des photos de ses propres reliures. Cette sorte
d’encyclopédie libre de l’amateur de reliures armoriées, verra-t-elle le
jour ?
Lauverjat
5 commentaires:
une nouvelle édition, ce serait le rêve ! mais si déjà on pouvait avoir un fac-similé, comme pour certains autres ouvrages de bibliophilie, ce serait déjà beaucoup. L'oOHR est vraiment inabordable !
merci Lauverjat !
Existe-t-il une version numérique de l'OHR?
J'avais trouvé à 1000 euros l'ensemble complet. Ce n'est pas donné et ce fut un investissement lourd pour finalement servir peu...
Même si ça reste une mine d'or dès que j'ai une reliure armoriée
Un libraire
J'ai également réussi à acquérir un exemplaire complet pour 1300 euros.
Ce fut un investissement lourd, mais je ne le regrette vraiment pas, car source inépuisable de connaissances et - parfois - de très bonnes surprises !
Gilles
Il existerait un CD qu'on peut trouver sur les rayonnages de quelques libraires impécunieux... Le problème ne serait pas de se le procurer mais de s'y connaitre un peu en héraldique pour avoir envie de l'utiliser ! ;-)) Pierre
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