Nous sommes tous attirés par les reliures anciennes ou plus récentes et sommes heureux de pouvoir profiter du goût de nos prédécesseurs, mais que laisserons-nous nous-mêmes aux bibliophiles des temps futurs ? (il en existera encore, j'en suis sûr...).
De là ces questions : faites-vous relier certains de vos livres ? lesquels ? sur quel critères ? de quelle façon ? Faut-il le faire ? etc...
Il n'y a pour l'instant qu'un seul livre que je voudrais faire relier. Il s'agit d'un Raynal relié, en assez mauvais état, mais d'une édition très rare, et qui vaudrait le coup de sortit de son enveloppe papier pour offrir une magnifique reliure. Peut-être que si j'ai le temps, et l'argent bien sûr, je lui donnerai un maroquin rouge aux armes de ma famille! Quitte à avoir des rêves mégalo! Et un jour lointain, sur un blog bibliophile, dans l'hypernet intersidéral, on parlera de ma bibliothèque et de mes exemplaires uniques de livres alors disparus, en se souvenant de ces hommes qui se soucièrent de la sauvegarde du patrimoine culturel de l'humanité au XXIème siècle! :)
Pour ma part, j'ai fait relier deux livres que je voulais faire relier depuis longtemps, 2 Huysmans en EO, dont un grand papier. Celui en grand papier, vous le verrez certainement en photo dans la suite de l'exposition, et ce fut une folie: réunion de plusieurs détails importants: -j'avais l'argent nécessaire (je suis étudiant et donc pas de gros moyens, mais je ne me plains pas!) -un ami peintre nous a offert 2 tableaux qui rentraient dans le cadre du livre -j'ai rencontré une relieuse qui travaille très bien.
L'autre est l'art moderne en EO (pas de grands papiers), titre assez rare, et je ne l'avais toujours pas lu car il se débrochait (et je déteste lire un livre cassé).Une demi-reliure, travail parfait de ma relieuse.
Ces livres sont des livres que j'apprécie et qui valent le coût car il ne sert à rien, pour moi, de faire relier un livre courant ou sans valeur.
Les autres livres que je voudrais faire relier, en reliure mosaïquée si possible, sont des ouvrages de Jules de Vorys, auteur berrichon, à petits tirages, et bon écrivain (malgré des idées que je n'apprécie pas). Comme je connais de grands artistes contemporains, j'aimerais faire intégrer des oeuvres dans les reliures, toujours par ma relieuse.
Mes critères sont donc: -le livre me plait -le livre vaut le coût
Ce qui est intéressant dans votre expérience est que vos reliures sont le résultat de projets trés construits et trés personnels. Comment les avez-vous élaboré et comment s'est fait l'échange avec votre relieuse ?
La question que je me pose est de savoir s'il est nécessaire (bien, licite, convenable...je ne sais pas quelle est la meilleure expression) de relier un livre broché un siècle plus tard. N'y a t-il pas un risque soit de pastiche soit de décalage esthétique ? (si je pose cette question ici, c'est parce que je suis moi-même en plein dilemme à ce sujet!).
je suis heureux que ce thème soit abordé, pour ma part je ferai une remarque concernant les relieurs-massacreurs des temps présents (et des temps passés également, et des temps futurs pour lesquels il est sans doute encore temps d'arrêter le couteau...),
je dis halte aux "relieurs-massacreurs" et dans ce cas, je rejoins raphaël en disant :
Digne bibliophile, on se souviendra te toi, bien plus parce que tu as su laisser son modeste habit de naissance (la couverture du broché) à ton livre, plutôt que si tu le recouvres d'une méchante reliure faite par un relieur-boucher-charcutier (encore que je n'aie rien contre cette profession, cela va de soi),
Lorsque vous voyez de nos jours des personnes se dire "relieur d'art" en ayant fait une vilaine formation en MJC ou en associations diverses et variées...
Lorsque vous voyez le résultat : Au secours ! je suis effrayé !
Des livres défigurés, mal brochés, rognés à la serpe, dans de méchantes reliures mal équilibrées de cuir médiocre ou de faux-cuir, aux dorures baveuses et sans charme, aux pièces de titre mal placées et disproportionnées,
bref, un désastre total pour le cher livre que vous auriez eu le malheur de confier à un tel ouvrier sans art ni lettres...
Je ne mâche pas mes mots car lorsque je vois ce genre de personnes sévir j'en ai les frissons et suis vraiment dépité du résultat.
Evidemment ce qui est pire encore est de voir que quelques personnes, non initiées au "vrai" art de la reliure s'en contentent, faute de connaître de plus belles.
Comme dirait Hugues, pourquoi se contenter de la médiocrité. Il s'avère que pourtant, dans bien des cas, on es soit arrivé là. Faute de goûts sûrs et affirmés, sans doute aussi (il ne faut pas le cacher), faute de moyens financiers.
Une belle reliure, fine, racée, de grande classe, coûte cher. On ne peut guère changer ce fait.
Alors je le dis, plutôt pas de reliure qu'une reliure médiocre.
Si vous avez ou avez eu de méchantes expériences dans ce domaine, n'hésitez pas à nourrir ce blog de vos commentaires.
PS : je précise que je ne suis pas relieur d'art. Simplement un admirateur du travail bien fait.
Je souhaite surtout faire relier mon livre parce que la reliure papier part et est mangée par les sales bêtes, même s'il est vrai que j'aimerais aussi beaucoup voir ce livre dans une vraie reliure. Pour l'instant, je me contenterai de l'ex-libris! :)
Pas de mauvaises surprises, Bertrand, plutôt trés agréablement surpris du résultat qui avait été confié à un professionel recommandé. Il s'agissait de deux brochés en péril (un exemplaire de service de presse d'un recueil de poemes de Carco avec envoi et son portrait à la plume comme il le faisait fréquemment et les 19 poèmes élastiques de Cendrars avec envoi également). j'avais du mal à accepter de les laisser se fragiliser encore plus au fil du temps. Pour rebondir sur ce qu'écrivait René, j'ai pensé (à tort?) que des reliures sobres mêmes postérieures de 70-80 ans protégeraient tout de même plus ces livres tout en les mettant en valeur.
Par contre si le broché est impeccable, je pense qu'il doit être laissé en l'état et abrité dans une bonne boite de protection bien réalisée par un professionel (de plus, l'avantage économique est certain).
Pour répondre à Raphael d'abord: Je crois qu'il y a plusieurs départ: -l'amour des belles reliures que j'ai vues, anciennes ou modernes. -des livres rares que j'apprécie beaucoup
La rencontre avec la relieuse a été simple: la plus proche (ou presque de mon lieu d'étude). Je vois souvent depuis que j'ai 3 ou 4 ans des artistes, des vrais, et j'ai reconnu chez cette relieuse ce côté artiste qui a convenu parfaitement pour la réalisation de la reliure.
Pour répondre à René: Mon livre avec une reliure mosaïquée moderne rentre ne dénature pas l'ouvrage car: -la reliure est en rapport profond avec l'ouvrage -Huymans aimait l'art contemporain et le défendait, et peu de personnes savent défendre l'art de leur temps (cf aujourd'hui), et à ce sujet, son livre l'art moderne est très instructif.
Wall : comment se fait le processus de création avec votre relieuse ? Vous dessinez une maquette ou vous la laissez faire ?
Philippe : envoyez photos à Bertrand pour avis (?)
Bertrand : dites-nous ce qu'il faut regarder plus particulièrement quand on examine une reliure moderne et qu'on la trouve comme ça, globalement plaisante. Quels sont les lièvres à soulever ?
En l'occurence, pour cet ouvrage, il s'agit de tableaux d'un ami peintre connu que j'ai montré en photo à la relieuse. J'ai ensuite discuté sur l'interprétation des tableau, en lui donnant quelques contraintes et en lui laissant le champ libre pour beaucoup de choses. C'était certes le quitte ou double, car je ne l'avais jamais fait travailler, mais le côté artiste m'a séduit énormément, et "non, rien de rien, je ne regrette rien..."
Ca me donne un livre avec une belle reliure, bien faite, d'après des oeuvres d'un bon artiste, et agrémenté d'une aquarelle dans le livre de cet artiste.
La reliure est en piteux état, mais étrangement, l'intérieur est "frais", sans tâche, et sans trop d'humidité. Seuls les bords ont souffert, ainsi que la première (dommage, c'est la page de faux-titre) et les deux dernières pages, qui restent bloquées contre la reliure. Enfin, ça doit pouvoir s'arranger! Vous comprenez bien que je ne puisse pas le laisser comme ça. Surtout qu'il m'a servi dans mon boulot... J'aurais l'impression de l'abandonner en ne lui étant pas reconnaissant de tout ce qu'il m'a fourni comme renseignements, en le laissant "pourrir" dans son coin. Ce n'est pas que je veuille le faire avec tous les ouvrages que je possède, mais celui-ci mérite amplement que je dépense mon argent! Et pas simplement dans une reliure cartonnée de faible qualité comme c'est souvent le cas. Enfin, après, il faut voir si la chose est réalisable ou non! De toute façon, tout sera forcément mieux que ce qui est actuellement.
>Bertrand : dites-nous ce qu'il faut >regarder plus particulièrement quand >on examine une reliure moderne et >qu'on la trouve comme ça, >globalement plaisante. Quels sont >les lièvres à soulever ?
Pour ma part, il y deux choses essentielles.
La qualité d'exécution technique et la réussite artistique. Ces deux éléments sont indispensables à mon sens pour obtenir un bel ouvrage de bibliophilie.
Si vous n'avez que le premier, vous avez certes un livre très finement relié mais sans grand charme ni originalité.
Si vous n'avez que le deuxième. L'attrait qu'aurait pu avoir la création artistique est complètement ecclipsé par la mauvaise exécution technique.
Comme la perfection n'existe guère en ce bas monde, il faut bien que l'un ou l'autre de ces deux éléments pêchent un peu, parfois, mais toujours alors je privilégierai la très bonne exécution tecnhique sur l'originalité et la créativité du relieur.
Combien de fois ai-je vu des créations de reliures avec force mosaïque où les morceaux de cuir étaient très approximativement placés, insérés. Où la dorure n'était pas nette, etc.
Un bon indice d'un grand maître relieur se traduit par l'élégance globale que peut avoir une reliure. Finesse des cartons employés, coins parfaitement faits, cuir très bien paré, pas de surépaisseurs disgracieuses sous la doublure des plats qui trahit un cuir pas assez aminci par endroit. Une dorure agréable à l'oeil, parfaitement nette, un or de qualité, brillant et qui ne fait en même temps pas "toc" (ce qui est le cas pour ceux des relieurs qui utilisent du faux or ou des films or un peu bizarroïdes...),
en un mot le volume doit être "gracile" et "svelte" sans être "pataud" et "boursoufflé"...
Je ne sais pas si d'autres partagent mon sentiment, mais c'est intéressant d'apprendre à apprécier les grands relieurs.
Et pour en manipuler tous les jours un bon nombre signées de grands maîtres incontestés du XVIIè au XXè siècle, je peux dire que même parmi les grands maîtres (ateliers de grands maîtres - Marius Michel n'a pas exécuté de ses propres mains toutes les reliures signées de son nom...), et bien même entre eux je peux établir un hiérarchie dans les notes techniques.
Par exemplaire, j'ai en main deux belles reliures signées de FRANZ et bien je peux dire que ce relieur est nettement moins bon qu'un MARIUS MICHEL ou un CHAMBOLLE DURU, bien que les reliures de FRANZ soient de très belle qualité.
Je prends le risque de me répéter, tant pis. J'ai donné ailleurs cette adresse mais l'univers et la personne d'Henri Pollès écrivain-bibliophile et grand amateur de reliures qu'il dessinait avec ses relieurs, sont tellement attachants que je ne rate pas une accasion de la replacer, et zut aux redites !
Je crois que sa méthode n'est pas mauvaise, et c'est ce que je me disais pour mes livres, comme les Vorys dont je parlais plus haut. J'ai bien des idées, mais pas du tout les sous pour l'instant :)
-Si oui, quel type de dessin (armes de familles, dessin en rapport avec les livres, etc) et quel type d'ex-libris (gravure, etc)
-Si non, y avez-vous pensé, pourquoi, quel type d'ex-libris?
Dans mon cas, je n'en ai pas, mais je souhaite m'en faire graver un, dès que j'ai les sous, d'après un dessin d'un ami artiste, qu'il me reserve pour l'ex-libris, sans aucun rapport avec les livres. J'aurais pu utiliser des armes familiales, mais je ne trouve pas ça assez personnel. Pourquoi voudrais un ex-libris? Pour personnaliser mes livres en quelque sorte, comme marque d'appartenance. Je ne vois pas ça vraiment comme une volonté de laisser une trace, d'autant que j'ai peu de livres de très grande valeur.
"Papa, comment on fait les ex-libris?" Est-ce que c'est un tampon ou un papier imprimé à partir d'une gravure? Quelle colle utiliser? Plein de questions techniques auxquelles j'espère vous aurez des réponse! :)
Sinon, pourquoi pas, effectivement, faire un ex-libris pour personnaliser mes livres.
A un moment donné de sa vie, on croit qu’il est très important de laisser une trace de son passage et on se demande ce qu’on pourrait bien faire. Quand on a pas la chance de pouvoir construire de grandes bibliothèques (ou stades ou musées) dans des capitales, on se dit « Tiens, pourquoi pas un ex-libris ? » et on caresse béatement l’évocation d’avoir un jour son nom dans le catalogue G…d- B…n ou Pierre B…s, avec la mention « Exemplaire (si possible précieux ou rare et recherché, tant qu’à faire) de la bibliothèque de Monsieur R…R… (dont la collection était très réputée…etc. etc.- tant qu’à rêver…)».
Donc, j’ai fait faire un ex-libris. Je me suis amusé à le dessiner moi-même et l’ai porté à un graveur qui l’a imprimé sur du papier vergé ivoire non acide (important détail).
Je suis revenu chez moi avec mes 500 ex-libris sous le bras et la petite matrice métallique qui avait servi à l’impression. Premier problème : quelle colle utilisée ? un relieur/restaurateur par moi sollicité m’a répondu « De la colle de peau ! » , « Oui, bien sûr, certainement… » répondis-je d’un ton assuré en maudissant le bougre, alors que je venais d’acheter un joli tube jaune de colle en bâton. Il m’apprit qu’il ne lui était pas rare d’avoir à décoller des ex-libris de possesseurs qui souhaitaient en changer et que la colle était un véritable problème, quand elle n’abîmait pas le contre-plat et la garde !
J’ai donc choisi de ne pas coller l’ex-libris et de simplement le glisser dans l’ouvrage… ce qui fait que l’ex-libris tombe à chaque fois que le livre est manipulé.
Au mieux, il servira de signet, au pire, il finira dans un album de collectionneur d’ex-libris qui n’aura pas à se donner la peine, lui, de le décoller…
A présent que la phase narcissique s’est tout de même un peu évaporée (l’âge et quelques « rameaux » calmant ce type d’ardeur), c’est une amusante perspective d’imaginer dans quelques décennies le propriétaire curieux qui dans l’excitation de l’achat, voudra à son tour, comme nous avons beaucoup de plaisir à le faire quand nous découvrons un ex-libris, tout connaître du voyage de « son » livre.
Comme une sorte de petite colle, en quelque sorte…
Pour ma part, j'avais fais dessiné un ex libris par un membre de ma famille plutôt doué (enfin plus que moi...) il y a de cela bientôt 10 ans...
D'amateur je suis devenu libraire...
Ma bibliothèque étant en quelque sorte devenue celle des autres... je n'ai jamais donné suite et jamais apposé cet ex libris sur aucun livre.
Par contre, je me passionne toujours pour rechercher et savoir le parcours d'un livre qui me tombe entre les mains... et là les historiettes sont légions...
Quand un nouveau livre entre chez moi, le plaisir est aussi (surtout ?) d'essayer de retracer son histoire, son parcours. Pour ce faire, les ex-libris manuscrits ou gravés sont précieux. Continuer cet usage, c'est aussi permettre aux bibliophiles futurs de savoir d'où viennent leurs livres. Certes, je n'écris pas mon nom sur les feuillets de titre ni ne fait apposer mes armes sur les plats, mais un ex-libris gravé, j'y pense ... Quelque chose de pas trop voyant, juste des initiales qui éveilleront la curiosité d'amateurs futurs. Philippe M
Tout à fait d'accord avec Philippem sur la curiosité à aiguiser des futurs possesseurs. Poussons plus loin: doit-on glisser quelques notes (peu épaisses et sur un papier adéquat) sur les recherches que nous avons faites sur l'ouvrage ou faut-il mieux s'en abstenir pour laisser le plaisir d'une nouvelle recherche à celui qui suivra ?
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"d'amateur, je suis devenu libraire" dixit Bertrand ; est-ce à dire que vous ne conservez plus rien en amateur dans le secret de votre bibliothèque ?
cela ne veut effectivement pas dire que je n'ai pas quelques rayonnages secrets un peu à part...
Mais honnêtement tous les livres de la librairie sont Ma bibliothèque, une heure, une journée, un mois, un an... ils passent sur les rayonnages mais non sans avoir été étudiés et admirés par le conservateur en chef des lieux (rires...)
Cela me suffit comme cela. Il faut dire que j'ai fais le choix rester maître du nombre...
1.000 livres suffisent à mon bonheur et comme cela je maitrise le tout sans problème...
Au delà je ne deviendrais qu'un épicier du livre...
En parlant de libraires, êtes-vous allé au Marché de Saint-Sulpice ce week-end? C'était la première fois que j'y allais. Si je n'avais pas travaillé dans la journée, j'y serais bien resté plus d'une heure... Je n'avais jamais vu autant de livres anciens de toute ma vie! Et dire que je n'avais que 40€ sur moi... Juste histoire de m'acheter un ptit bouquin!
Je suis allé à St-Sulpice jeudi avec notre Sire (notre bien amé Hugues). Il a fait plutôt beau, ce qui était plutôt agréable, l'entrecôte était bonne et la bière blanche savoureuse (comme quoi on ne mange pas si mal à Paris, même sur un salon)...
Ceci étant dit, c'était également la première fois pour moi (eh oui ! il y a des libraires qui ne s'y étaient jamais rendus... à moins que je fus le seul ??)
Mon impression a été globalement très bonne. Il y a avait bon nombre de livres à tous les prix, des livres de qualité et des livres plus abordables qui restaient intéressants.
Mon sentiment est qu'avec 500 euros en poche on pouvait déjà s'offrir une belle pièce de bibliophilie (EO en reliure signée, édition ancienne sympa, etc). Evidemment je comprends que 500 euros soit déjà un budget.
Pour ma part je n'ai acheté qu'un seul livre. Il fait partie de la catégorie des fous littéraires ou assimilés. Un achat d'envergure moyenne (140 euros), acheté à un libraire du quartier St-Sulpice même. On ne pouvait faire plus local.
On a tourné dans les allées (merci à Hugues pour son sens de l'orientation qui me fait défaut...) de 11h à 17h environ. C'était le temps nécessaire ce me semble pour bien faire le tour de la question.
Voilà, je suis heureux d'y être allé, l'ambiance y était bonne.
Effectivement, les budgets sont très différents: le livre que j'ai acheté le plus cher m'a couté 130€ et ensuite, quelques-uns à 60€, mais il est vrai aussi que je suis étudiant.
En revanche, ma seule limite est ce que j'ai de disponible sur mon compte, donc je suis pret à depenser tous mes sous, si c'est pour une super affaire.
Bertrand : Quel est ce fou littéraire ou assimilé ?
Wall : Vous évoquez la "super-affaire" . peut-on l'opposer au coup de coeur ?
Personnellement, ma définition du coup de coeur est assez extrémiste : elle concerne le livre qui n'est pas vraiment rare et recherché mais à qui j'attribue par un jeu d'évocations et de résonnances trés personnel(dédicace évocatrice d'un lieu particulier, reliure dérangeante, notes intercalées, mutilations...) une valeur spéciale qui ne sera peut-être pas partagée par d'autres, ..et faiblement commerciale.
J'ai un peu les mêmes critères que Raphaël. J'aime beaucoup les petits livres qui ne paient pas de mine, ceux qu'on ne voit pas vraiment lorsque l'on est chez un libraire. J'aime particulièrement les livres de tout petit format, ceux avec des couvertures en vélin, etc. Et de toute façon, mon budget ne me permet pas d'acheter des livres de gravures en in-folio. 500€, pour moi, c'est le budget bibliophilie annuel! Là, je n'avais que 40€, avec lesquels j'ai pu m'acheter un petit Cazin, qui était perdu au milieu des grands livres. C'est tout de même un univers particulier et intimidant pour quelqu'un qui n'est jamais allé sur un salon (comme moi, quoi!). Mais je suis tombé sur deux trois libraires vraiment très gentils. Malheureusement, je n'ai pas pu en visiter beaucoup plus, étant donné que je n'y suis resté que 45 minutes...
Je suis aussi allé à St-Sulpice mais le vendredi AM.
Comme les meilleurs choses avaient été prises par H., B. et P., je me suis rabattu sur un recueil de Poèmes du sulfureux Maurice Rostand de 1911, alors âgé de 20 ans, (1 des 50 sur Japon) avec un envoi à Paul Hervieu (un des deux parrains de son père Edmond au momment de sa réception à l'Académie française en 1903, accompagné de la mention "Arnaga", l'étonnante villa Rostand à Cambo-les-Bains. En fait, l'oeil avait été attiré initialement par la reliure moderne en vélin blanc décoré d'aplats non figuratifs de peinture dans différents tons pastels (70 euros). Exemple de coup-de-coeur.
Il m'arrive assez peu d'avoir des coups de coeur, car je fais tout pour les éviter, et quand ça m'arrive, je limite ces achats à 20€ maximum.
Quand je dis super affaire, ou même affaire, c'est que ma bibliothèque devient "raisonnée", qu'elle constitue un tout sur une époque, la plus abordable (1880-1950), et que j'achète les livres peu cher, par rapport aux valeurs réelles (sures, grâce à diverses sources d'information). Il y a bien mes préférences pour quelques auteurs (peu recherchés) qui me font acheter des livres plus chers mais ça reste très limité.
Je crois que je l'ai déjà dis: je considère ma bibliothèque comme l'assouvissement de ma passion et comme un investissement sur l'avenir. Je suis jeune, je préfère capitaliser en livres, car ça me fait plaisir, plutôt que de laisser en banque. Les seuls livres que j'achète chers sont aussi les derniers que je vendrais en cas de besoin, je m'y suis attaché plus qu'à d'autres
Je n'ai pas dit que je ne dépensais pas plus de 20€ pour un livre, mais pour les coup de coeur, j'évite de dépenser plus. Par ailleurs, étant étudiant, il m'est impossible d'acheter des livres de grande valeur, et mon livre acheté le plus cher a été 130€ (et ce fut un coup de coeur d'ailleurs, unique).
Je crois qu'on peut être raisonnable et bibliophile, mais cela vient peut être aussi de l'éducation. Ma famille a toujours été dans les affaires, donc, je dois avoir une prédisposition.
Mais être libraire n'est pas être raisonnable aussi??
Par ailleurs, si j'avais les moyens, je crois que je dépenserais facilement beaucoup d'argent pour de très beaux livres, mais ce n'eest pas le cas. En plus, je lis beaucoup, et j'aime pouvoir avoir les livres que j'ai lu, ou plutôt, j'achète le livre que j'ai envie de lire et il entre dans ma bibliothèque. Vu mes finances, je dois donc limiter certaines choses.
@René: J'avais déjà répondu à cette question sur une autre série de commentaires: je me fais une idée des prix par une documentation papier et informatique importante, que je développe: catalogues et résultats de SVV et catalogues de librairies. Par ailleurs, je connais personnellement plusieurs libraires, ce qui m'aide beaucoup.
Je me demande si ce n'est pas une chimère de penser en terme de placement.
C'est certainement juste lorsqu'on peut accéder au marché de l'exception - mais an niveau où, sans porter atteinte à quiconque, je crois que nous évoluons plutôt, le pari me semble risqué dans un marché trés volatil.
Les livres qu'on capitalise aujourd'hui, qui peut nous assurer de la valeur qu'ils auront demain ? (d'accord avec René : quelle valeur leur assigner, d'ailleurs).
Ne vaut-il pas mieux se laisser guider par sa passion et laisser son envie dicter la cote ?
Mais ma passion est aussi cette époque! J'aime beaucoup l'époque 1880-1950 par tous ses côtés artistiques et littéraires. Seulement, je maîtrise ma passion sinon, je n'aurais jamais eu une bibliothèque aussi importante, avec des livres comme j'ai, et aussi une collection d'autographes.
J'ai bien, au début, été "soumis" à ma passion, mais maintenant, je vois la différence: ma bibliothèque se développe de manière beaucoup plus intéressante. Je laisse juste ma passion me diriger pour quelques écrivains.
Par ailleurs, je ne pense pas que ce soit une chimère: mon père a vendu une partie de sa bibliothèque pour acheter la maison, et ça n'a pas du tout été un mauvais investissement. De plus, le marché du livre n'est pas si volatile justement. Je suis assez initié aux marchés de l'art et de l'antiquité pour voir que c'est la moins volatile.
Je me lance : Les derniers achats de la quinzaine.
MILTON Le Paradis Perdu une édition de 1781 Un lot de Mysteria une des revues fondée par Papus (1913,1914) Schwaller de Lubicz : L’appel du feu Imprimé le 8/9/1929 Officina Montalia St Moritz avec son prière d’insérer (assez rare) Albert Poisson : Nicolas Flamel : sa vie, sa fondation, ses œuvres (E O) Chacornac 1893. Pas de quoi fouetter un chat. Demain direction Montolieu le village du livre dans l’Aude. La dernière fois j’y avais trouvé un tome de Berbiguier pour quelques euros, j’aime pas trop les dépareillés mais une fois n’est pas coutume.
Et vous ? Je pense que les libraires sont excusés d’office sur ce post mais après tout…
Pour ma part, ce serait plutôt des briques que j'enlève à ma maison. Mes achats relèvent tous de ce que vous définissez comme coups de coeur. Si un jour mes livres repartent sur le marché, je ne sais pas du tout ce qu'ils vaudront. Les phénomènes de mode fluctuent, pour les livres aussi ; et la valeur que l'on attribue à un ouvrage en fonction de critères tellement personnels reste quelque chose d'éminemment subjectif. Je crois n'avoir aucun livre "de placement" et si tel était le cas, je m'en déferais au profit d'un ouvrage qui me toucherait plus. D'accord, je ne suis pas un bibliophile classique : les livres fragmentaires ne me gênent pas : nombreux sont ceux chez moi à qui il manque quelques feuillets. Cela fait aussi partie de leur parcours et cela me permet d'avoir quelques titres sinon inabordables. Philippe M
Aller, je me lance aussi... Derniers achats : Librairie JC.Vrain-Reliures de Femmes de 1900 à Nos Jours, in-4, Catalogue de 103 ouvrages reliés par des femmes, 83 sont publiés entre 1900 et 1950, et 20 de 1960 à la publication de ce catalogue.
et surtout à la foire St-Sulpice : -Les reliures d'art à la Bibliothèque Nationale Paris, Rouveyre, 1888. in-4, 51pp. + 80 ill. 1000 ex. numérotés le mien est un demi veau blond, pièce de titre en mar. rouge), d'accord quelques épidermures...mais bon, je vais effectuer quelques réparations dessus car j'ai fait quelques années de reliure en cours du soir; donc c'est facile pour moi.
-Anatole Claudin-Les origines de l'imprimerie à Paris, la première presse de la sorbonne Paris. lib. A.Claudin, 1899, br., 59pp. Extrait du bulletin du bibliophile tiré à 100 exemplaires
Oui, mais je commence à avoir beaucoup de documentation; je cherche des manuels de reliure, de restauration de livres/papier, d'ex-libris, quelques catalogues de ventes anciennes, bibliographie, etc.
Le thème de ma collection est avant tout basé sur l’ésotérisme en suivant Caillet, Dorbon, Guaita, Ouvaroff . La première Guerre mondiale est aussi assez bien représentée (Imaginez deux secondes la tête de mon épouse quand elle a vu débarquer les « Armées Françaises dans la Grande Guerre » qui doivent représenter 8 mètres linéaires) mais ces ouvrages ne représentent pas le sacrifice financier nécessaire à l’acquisition d’un ouvrage d’alchimie par exemple.
Ps : Si une Atlante fugitive voulait bien me rendre visite elle y trouverait un havre de paix ;-)
Les plus anciens je pense : LULLIUS (R.). Codicillve sev vade me¬cvm Raymvndi Lvlli philosophi doctissimi 1572.
LIBAVIUS ANDREAS : D. O. M. A. Medicinae Hermeticae artificibus catholicae ad hominis sanitatem tuendam ...; et hydrargyrum, imperfectaque metalla in aurum vel argentum transmutanda, expositio fidelis ... Raymundi Lullii, et Arnoldi Villonovani; cum scholiis & interpretationibus 1599.
Hélas pas de poudre de projection en vue ; ma bibliothèque serait bien plus fournie ;-)
Pour la première GM effectivement en plus des récits, documents : photos cartes, cartes postales, revues : l’Illustration, le miroir etc.
Bonsoir à tous! J'ai une petite question à ceux qui sont allés à St Sulpice. J'ai trouvé un livre de 1911 sur New York, présentant l'architecture de la ville au tout début du XXème siècle. La couverture présente une vision futuriste de la ville, couverte d'immeubles géants, au milieu desquels passent des tramways suspendus, etc. Est-ce que quelqu'un connait le titre de cet ouvrage illustré? Bon, je sais que c'est une question un peu bête, m'enfin, je compte sur vous!
Hugues, isolé sur son île au milieu de nulle part me demande de vous remercier tous un par un de cette activité débordante du blog en son absence...
Bien que secrètement il redoute un coup d'état sans violence... il est très heureux de nous voir tous ripaillés verbalement autour du livre.
Donc je transmets (en agrémentant un peu le style du maître - il ne m'en voudra pas je pense ??),
Continuez à discuter en amenant d'un sujet à un autre chacun à dévoiler ses petites trouvailles, ses grandes idées théoriques sur le monde du livre et vos intimes convictions.
A vos claviers !
Transmis pour Hugues depuis nulle part. Amicalement, Bertrand
Bonsoir Raphaël A Propos de REZE, voici ce que dit Fléty dans son dictionnaire des relieurs : (il y à plusieurs relieurs de ce nom)
DEZE : relieur, exerçait à Paris vers 1900
DEZE : relieur, 1 rue St-Jean à Saumur. Exerçait durant le dernier quart du XIXe siècle et le début du XXe siècle
DEZE : Eugène (dit Deze fils, lui succéda et exerça jusqu'en 1940. Entre 1941 et 1944 l'atelier fut exploité par Mlles G. et S.Deze. Elles eurent Roche pour succésseur qui transféra l'atelier au 52 rue d'Orléans.
Une mise à jour de ce dictionnaire sera disponible à la vente en mars 2008, 2 volumes édités par FATON (vu dans une pub dans Arts et Métiers du livre de juin/juillet 2007)
Vu sur internet : Auteur : VALMY-BAYSSE J. Livre : GUSTAVE DORE. BIBLIOGRAPHIE ET CATALOGUE COMPLET DE L'OEUVRE, PAR LOUIS DEZE Edité par La vie - Paru en 1930 Cordialement xavier
Effectivement,...je crois,...que j'aime la bibliographie, qui m'aide à afiner mes recherches; et me permet de vérifier certains points de ma collection.
Promis, si je "tombe" un jour sur Dézé, j'en reparlerai ici ou sur le "forum livres anciens"
Isa faisait allusion dans son portrait aux objets laissés par de précédents lecteurs qu'elle aimait trouver dans ses livres, en citant des fleurs séchées.
Dans "les chansons de Bilitis", j'ai trouvé un feuillet bleu qui restituait, avec forces ratures, un laborieux effort de composition de chansons relevant plus du corps de garde que de la poésie alexandrine.
La moisson sur Google indexée sur l'expression "objets trouvés dans les livres " est trés chiche alors que la version "things found in books" montre apparemment que cet inventaire intéresse plus outre-Atlantique.
J'ai déjà parlé d'un ticket d'omnibus trouvé dans un petit livre. J'ai aussi quelques notes sur un ouvrage dans un livre du XVIIIème. Mais bon, rien de transcendant!
Personellement, je n'ai jamais rien trouvé de particulièrement intéressant ou "interpellant". Par contre, petits dessins, esquisses,parfois malhabiles, dans les marges ou sur les gardes sont fréquents. J'aime tout particulièrement des esquisses à la sanguine et à la pierre noire sur un "livre de perspective" de Jean Cousin. Vos ouvrages sont ils aussi ainsi enrichis? PhilippeM
S’il faut croire Nicolas Barnaud son ami de Boodt qui fut le médecin de Rodolphe II et à qui nous devons « Le parfaict Joailler ou histoire de pierreries » découvrit dans la reliure d’un livre « cymbalum aureum » en sus d’une feuille manuscrite expliquant la manière d’opérer, une petite quantité de poudre rouge qui se révéla être une parcelle de la fameuse pierre philosophale. J’ai me semble t’il une protubérance qui déforme le vélin d’un certain livre, je vais de ce pas chercher un cutter…
Puisque vous parlez de livres "truffés", je possède un exemplaire du 17eme du fameux livre de Liceti, "de monstrorum natura caussis", auquel un precedent proprietaire a ajouté ses propres notes manuscrites in-fine. Ce précédent propriétaire était probablement médecin et ses annotations correspondent à ses propres expériences de praticien face aux "monstres humains". Les notes sont extrêmement circonstanciées (et datent principalement du tout début 19ème), et il a également ajouté des croquis de sa main, coloriés. Pour ne rien gâcher, le tout a été relié dans une reliure de luxe, par Vermorel à la fin du 19ème. Je suis très attaché à ce livre, pour moi un rassemble toutes les qualités dont peut rêver un bibliophile! Je crois avoir trouvé un moyen de participer a votre débat via mon téléphone... Espérons que cela fonctionne! Hugues
Je voudrais lancer un autre débat, je suis en train de lire une fiche d'un libraire anglais qui décrit une reliure mosaïquée du XVIIIè siècle, voici comment :
"It may be provincial as it lacks the refinement of the top Parisian products of the period."
Etant provincial (comme dirait Pascal...), j'en suis resté sur le c...
Peut-on vraiment dire que les relieurs provinciaux étaient moins doués que les relieurs parisiens ?? Pour ma part j'ai de nombreux exemples de relieurs de province (Reims, Dijon, etc) qui sont de très fins relieurs.
Et vous ?
Avez-vous des reliures signées, très belles et fines, qui sortent du fin fond de la France ???
Si oui je serai heureux de vos commentaires et éventuellement de vos photos en lien (pour tout le monde dans le blog),
J'ai craqué. Je pouvais lire vos commentaires, mais je ne suis pas parvenu à me "logger", j'ai donc du me resoudre a participer via les commentaires. Sensation étrange de lire des discussions sur le blog sans avoir posté de message. C'est même assez émouvant, je craignais qu'il ne s'éteigne doucement en mon absence et je le retrouve en pleine forme. Merci à Bertrand d'avoir transmis mes 1ers remerciements. Je les renouvelle. Merci à tous, votre activité justifie tous mes efforts! Reliure, livres truffés, reliures anglaises... Etc. Les débats sont passionnants. Je suis allé à saint-sulpice, avec Bertrand d'ailleurs (très sympathique "blogrencontre", c'est clair, pour les bibliophiles, le blog, c'est mieux que meetic!). J'aime beaucoup ce marché. Peut-etre pourrions-nous à l'occasion y dejeuner ensemble, ou à Brassens... Mais je n'ose plus proposer, m'étant fait un peu envoyer sur les roses quand j'avais proposé un diner! Sourire. Bref, merci, vraiment. H (tombé du hamac, pour cause de vent force 7 sur mon île!)
La délicieuse ambiguité de vos questions et cet appel aux dames à ôter leurs voiles ont un parfum de second rayon dont vous ne nous ferez pas croire, cher Xavier, qu'il est totalement involontaire...
Y'a t-il d'ailleurs des collectionneurs (-nneuses) de ces livres qui ne se lisent que d'une seule main ?
Et c'est là qu'intervient la prof de latin ! L'adjectif latin "curiosus" a de nombreux sens : "soigneux", "minutieux","avide de savoir" d'où "curieux" avec parfois le sens péjoratif d'"indiscret". La forme en -a est un neutre pluriel qui se traduit par "choses". A mon avis,"curiosa" est utilisé pour "choses curieuses" ou "choses indiscrètes". Je vous livre cette explication sans aucune autre garantie que le sens latin du terme. Il y a peut-être d'autres explications. Isabelle, "semper fidelis"
En tout cas, le "curiosa" du 17e au 19e semble être à toutes les sauces (physica, miscellanea, mathematica et j'en passe...)au temps où l'on s'émerveillait de tout - sauf à celle qui nous intéresse.
Pure hypothèse : le père littéraire de l'Hospodar Mony Vibescu (je suis désolé, c'est son nom...)n'aurait-il pas un peu contribué à lui donner sa nouvelle acception ?
Peut-être utile mais pour moi, hormis la mauvaise odeur persistante des livres ayant subi la moisissure (je ne dis pas mouillure - mais bien moisissure - c'est à dire que la fibre même du papier est partiellement ou totalement cassée (le papier se délite et se réduit en poudre au toucher)... sinon je laisse à mes livre leur odeur qui leur est propre (c'est le cas de le dire), même plus, j'ai rentré récemment un livre que j'ai humé avec délice... vraisemblablement ce livre avait été plus d'un siècle auprès d'une cheminée ou d'un gros fumeur de pipe... odeur étonnante et suave avec le temps... délicieux !
Je laisse aux autres ce genre de désodorisant qui me rappelle méchamment le paliatif pour les odeurs de caisses à chats...
Bonsoir, Si vous voulez avoir "l'impression" de feuilleter un livre très ancien (mais sans l'odeur et sans le plaisir tactile), vous pouvez vous rendre à l'adresse suivante : http://expositions.bnf.fr/carolingiens/livres_web/index.htm Vous pourrez virtuellement feuilleter quelques pages de manuscrits carolingiens sortis de leurs réserves. Qui connaitrait d'autres adresses de sites qui présentent de façon originale (ou fidèle) de beaux livres qui nous feraient rêver, faute de mieux ?
Désolée : j'ai l'impression que l'adresse que j'ai donnée ne fonctionne pas. Le plus simple est d'aller à l'adresse suivante : http://expositions.bnf.fr/carolingiens/ Sur cette page d'accueil,cliquez sur le titre "livres à feuilleter" et vous vous retrouverez où je voulais vous emmener. Malheureusement, je ne sais pas comment créer un lien direct...
C'est vraiment une trés belle exposition. Si vous aimez les manuscrits, rendez-vous sur le blog PECIA de Jean-Luc Deuffic (http://blog.pecia.fr/) qui est une source documentaire et iconographique de trés grande qualité.
Quant à la personnalité aromatique des livres qui les rend uniques et reconnaissables les yeux fermés, je partage votre idolâtrie, Bertrand.
C’est le souffle léger de l’ancien Gutemberg L’haleine parfumée de nos vieux grimoires, Des encres et du plomb les antiques poussières Qui marquent nos esprits en gravant nos mémoires.
Je caresse le rêve de réaliser un jour une édition de bibliophile en tirage trés limité d'un de mes textes préférés, l'Epopée de Gilgamesh, la toute première révolte impuissante contre notre humaine et fragile condition.
Au cours de flâneries rêveuses, je suis tombé sur le site suivant de livres d'artiste:
http://netoos.org/pele-mele/
Que pensent les bloggers pas encore partis en vacances de ces livres?
J'en pense que c'est trop cher à mon gout... Je préfère faire travailler ma relieuse en reliure mosaiquée d'après des oeuvres d'artistes connus avec qui je suis ami. J'en ai fait un seul pour l'instant, mais j'espère que d'autres suivront rapidement (si mes finances le permettent)
Sinon, mon dernier achat: une rare brochure de Henry Bordeaux, auteur que j'affectionne car il m'a amené à la littérature, avec un bel envoi
Ok avec vous Wall sur les prix, mais au-dela de ça, ce qui m'intéresse est de connaître le sentiment des amateurs sur l'esprit des livres-objets, livres d'artistes ou livres détournés et savoir si vous êtes tentés par l'aventure du livre unique, rêvé, créé en collaboration avec un artiste (cela va au-dela de l'échange avec un relieur).
En ce qui concerne votre achat, vous en avez trop dit ou pas assez, quelle brochure et quel envoi ?
Je suis complètement tenté par l'aventure du livre unique avec un artiste. C'est tout ce à quoi j'aimerai tendre. Mon premier livre a été fait en collaboration avec la relieuse, mais aussi avec l'artiste, très curieux de voir le résultat.
La brochure est un tirage à part d'une pièce en un acte parue en même temps dans la revue des deux mondes, la dernière flamme, en 1922, rééditée en 1930 avec d'autres. L'envoi est à Lucien Guitry. J'affectionne l'auteur d'où l'achat (qui d'ailleurs n'aurait pas intéressé grand monde à part moi!)
J'aime bien l'envoi à Guitry, cette résonnance du théâtre au théâtre; c'est homogène, plein de rondeur, comme on dirait d'un vin.
Sans dévoiler vos gisements, c'est un achat dans une librairie habituelle, le net, racontez-nous un peu... ?
...Mais dites voir, à bien y regarder, cela a l'air de furieusement ressembler au coup de coeur que nous évoquions l'autre jour et dont vous semblez cependant vous méfier...
Pour revenir aux éditions d'art, ou d'artistes, ou de bibliophiles, ou de bibliophilie, on ne sait plus trop bien...
Il y a tout de même quelque chose qui me dérange là dedans... ça fait un peu trop "Arts & Métiers du livre" à mon goût, trop de tapage pour un flan comme dirait un de mes anciens amis...
le flan, c'est inconsistant, c'est sans texture propre, ça suite les contours, ça dégouline, c'est bon soit, ça peut être beau et appétissant, mais ça n'a pas de classe !
Pour tout dire j'aime les livres rares parce qu'ils sont rares d'eux mêmes, pas une rareté programmée, inventée, crée de toute pièce, la mariée peut être belle, on lui achète une belle robe, un beau collier de perles, de beaux souliers, et hop !
Non, décidément, la bibliophilie contemporaine je n'accroche pas, je suis un indécrotable rétrograde...
Tanpis pour moi, je ne saurai sans doute jamais détecté les futurs best sellers de demain, l'auteur qui bouleversera Hugo sur son trône poétique (il n'est pas né...), qui renversera Balzac et Zola de leur siège romanesque...
Je ne contenterai donc de sortir de l'oubli les penseurs d'hier et les faiseurs d'histoires de nos ayeux ! Du temps ou le papier était chiffon parce qu'on ne savait pas faire autrement...
Il s'agit totalement d'un coup de coeur, car j'ai une certaine dette intellectuelle envers Henry Bordeaux qui m'a permis d'accéder à la littérature et de découvrir énormément de choses, indirectement.
Je vous disais que je faisais tout pour éviter les coups de coeur, que ça m'arrivait assez peu. En tout cas, cela m'arrive essentiellement avec Henry Bordeaux (qui, outre le coté moraliste, a un coté critique intéressant)
Je partage votre sentiment, Bertrand. Lors d’une récente virée, je suis tombé dans la vitrine d’une librairie ancienne sur une concrétion plâtreuse adornée de pinces de crabes tout autour , qui s’est révélé être après examen un livre ancien ouvert dont seul subsistait de visible quelques reflets de son ancien vélin. Ce qui m’a le plus surpris est que l’auteur de ce concept artistique est une libraire de livres anciens, dame d’expérience qui détourne les livres " pour les recréer en sculptures fantastiques en, nous introduisant dans la magie d’un nouveau rapport entre le sens du livre et le sens de l’objet… " dit la plaquette qui accompagne l’expo.
De là, je suis allé voir ailleurs quelques livres-objets, dont une paire de banderilles entourées et reliées entre elles par un galon d’ameublement sur lequel le texte était manuscrit. Bon…
Le site dont j’indiquais l’adresse a des formats plus bourgeois mais les textes ne sont pas …grands… encore, vous avez raison.
Je trouvais que vous faisiez mouche avec l‘expression " rareté programmée " à opposer à rareté de l’âge, mais à tout considérer cette confiture pour bibliophile existe déjà depuis longtemps.
Tout cela participant à la réflexion amorcée plus haut sur le contenu des collections futures de bibliophiles illustrant fin du 20e et début du 21e siècle.
En tout cas, je ne veux pas que mon vieux Pétrone de 1585 de chez Linocier, dans son vélin poli par l’usage et si savamment annoté, finisse dans les bandes plâtrées incrustées de crustacées, ah ! ça non !
Raphael Taking off coming soon.
Wall : Quoi lire de H. Bordeaux ? son parcours est un peu… cahotique.
totalement d'accord avec Raphael, malgré tout je ne veux pas passer pour un vieux rétrograde sans vision de l'avenir (36 ans... c'est pas si vieux...), c'est seulement que je n'arrive pas à concevoir le livre autrement que comme un objet magique qui renferme à la fois, le savoir et l'élégance. Tout le débat que l'on peut mener autour des "livres objets" dont nous inonde tous les deux mois la belle reliure progressiste A & M du livre (on ne peut le nier) peut à mon sens se résumer en une phrase, un constat ou une interrogration sévère :
Doit-on tout sacrifier pour la liberté de l'art contemporain ?
J'ai été sonné dernièrement lorsque j'ai appris que Paul Bonet n'avait jamais su relier un livre de sa vie... Bonet, génie créatif (quoique un peu répétitif... mais c'est sa marque de fabrique... d'où reconnaissance... d'où notoriété...) n'était qu'un dessinateur, un concepteur de maquettes de reliures "virtuelles" exécutées par d'habiles techniciens de la reliure. Idem pour Monique Mathieu (que je connais personnellement), idem pour beaucoup d'autres...
Mon idée est que Bonet a crée des décors pour les reliures, mais qu'il aurait tout aussi bien pu le faire pour des meubles, des automobiles, des mongolfières...
Je n'aime pas cette idée qu'un créateur de décors pour reliures ne sache pas techniquement l'exécuter... Mais ce doit être mon côté dogmatique et intransigeant, de la même façon je n'apprécie guère les chanteurs qui ne sont qu'interprètes, et qui toute leur vie chantent les chansons des autres... Pour moi un artiste doit être complet, auteur, compositeur et interprète. Evidemment c'est une utopie, une chimère... que je caresse doucement sans trop y croire...
Que lire d'Henry Bordeaux?? Je crois que les oeuvres de jeunesse sont, chez beaucoup d'auteurs, même les plus prolixes comme Bordeaux, souvent parmi les meilleures. Je vous conseillerais dans ce cadre ses critiques de jeunesse et ses premières poésies (le tout repris dans oeuvres de jeunesse (1938) parmi lesquels La vie et l'art, 2 volumes parus avant 1900).
Il est vrai que nombre de ses romans sont moralistes plutôt, mais certains peignent la Savoie et sont très intéressants. Il y a aussi Murder Party qui n'est pas si mal.
Ses nouvelles, parues dans divers recueils tels que Les Amours inconnues sont aussi pas mal: il peint très bien un sentiment en peu de pages.
Et ses biographies et études, surtout quand ça touche le romantisme ou qu'il y met du romantisme, cela devient aussi assez bon. Les amants de Genève m'ont beaucoup plu (sur Helène de Doenigen et Ferdinand Lasalle)
Ce n'est certes pas un des plus grands écrivains, mais un bon écrivain qui a écrit de très bonnes choses, et des moins bonnes, et surtout à qui je dois énormément. C'est par lui par exemple que j'ai lu Edouard Rod, que j'aime beaucoup.
Wall
PS: je fais énormément de fautes sur informatique... j'espère que je n'en ai pas laissé trop
J'ai un avis sur la reliure moderne, mais il m'est trop difficile d'intervenir de façon pertinente dans votre debat depuis mon lieu de vacances (sans connexion internet, je dois écrire mes messages sur l'ecran de mon blackberry, soit 5x5 cm). Pour résumer en quelques mots... Je suis gêné par la reliure contemporaine lorsqu'elle recouvre des textes autres que contemporains, c'est trop anachronique pour moi. Devoirs de vacances : en parcourant vos échanges, qui sont d'une grande qualité, je me suis dit "ils ne sont pas en vacances, et si tu les faisais travailler?"... Pour résumer, si vous avez des idées de contenu pour le blog, n'hésitez pas à en parler sur le blog. Ainsi quand je vois vos echanges, je me dis que proposer regulierement des debats serait peut être pertinent, de même qu'une section "citations", à laquelle je travaille déjà. Merci a vous de faire le blog en tout cas! je rentre très bientot! Hugues
J'ai un avis sur la reliure moderne, mais il m'est trop difficile d'intervenir de façon pertinente dans votre debat depuis mon lieu de vacances (sans connexion internet, je dois écrire mes messages sur l'ecran de mon blackberry, soit 5x5 cm). Pour résumer en quelques mots... Je suis gêné par la reliure contemporaine lorsqu'elle recouvre des textes autres que contemporains, c'est trop anachronique pour moi. Devoirs de vacances : en parcourant vos échanges, qui sont d'une grande qualité, je me suis dit "ils ne sont pas en vacances, et si tu les faisais travailler?"... Pour résumer, si vous avez des idées de contenu pour le blog, n'hésitez pas à en parler sur le blog. Ainsi quand je vois vos echanges, je me dis que proposer regulierement des debats serait peut être pertinent, de même qu'une section "citations", à laquelle je travaille déjà. Merci a vous de faire le blog en tout cas! je rentre très bientot! Hugues
Je ne suis pas d'accord avec Hugues: une reliure contemporaine sur un livre ancien ne dénature pas pour moi le livre, si la reliure est faite dans l'esprit du livre ou qu'il y a une certaine harmonie. J'ai presque envie de comparer cela à une visite chateau XVIe avec des tableaux XVIIIe qui pour moi est comme un chateau XVIIIe avec des tableaux XXe. Cela ne me choque nullement si l'ensemble est bien assorti
Oui, je crois que c'est une affaire de subtils réglages avec le texte. La reliure doit le protéger et le mettre en valeur sans aboutir à un contre-sens. Pas de reliure en carton déchiré, journeaux collés, plumes et clous rouillés sur un Henry Bordeaux où une certaine rectitude de formes et un jeu sur la couleur du même nom paraitraient mieux adaptés.
En réfléchissant avec le relieur (Montecot, Paris)sur les "19 poémes élastiques de Cendrars" d'un exemplaire devenu trop fragile, nous en sommes arrivés à une demi-reliure simple avec un papier à dessins géométriques de rubans étirés et de stries évoquant l'élasticité et un dos en chagrin caramel asymétrique, plus large sur le 1er plat, sur lequel figure le titre en vertical sur deux colonnes. L'espace entre les lettres en caractère script allant en augmentant vers le bas pour exprimer cette idée d'étirement inspirée par le titre.
C'est vrai qu'on a l'impression de marcher sur un fil dans ce genre d'entreprise mais c'est là aussi où l'on apprécie d'avoir affaire à un relieur cultivé.
Raphael
Ps : Wall, vous connaissez sûrement le portrait d'Edouard Rod dans sa bibliothèque avec son chat sur les genoux (Wikipedia)? Je le trouve extra.
Le livre a tellement évolué depuis l'époque des reliures plein veau qu'il me semble pathétique, voire ridicule, de relier à l'ancienne une oeuvre moderne. Cela n'a aucun sens, ni historique ni artistique.
En revanche, lorsqu'il s'agit de restauration ou d'un livre ancien non-relié, il paraît intéressant de maintenir une certaine "tradition". A condition d'assumer la différence plutôt qu'essayer de la gommer. Le comble du ringard ? Les reliures dites pastiches.
Je sais que je vais passer pour un rustre et que je risque l’exclusion définitive en posant cette question : Que pensez vous des rééditions Jean de Bonnot ? J’ai eu l’occasion d’en acquérir quelques exemplaires pour entre autre avoir accès au texte sans casser le dos de l’édition ancienne, et j’ai été agréablement surpris ; bien sur on ne peut que regretter le procède d’impression moderne.
Ah! Dede, c'que vous nous obligez à faire... Vous avez piqué notre curiosité et pan !...nous v'la repartis sur eBay pour en apprendre plus http://avis-membres.ebay.fr/Edition-JEAN-de-BONNOT_W0QQugidZ10000000001160990
Plus sérieusement, je comprends Jambonneau. Un site officieux consacré à sa collection, passe encore. Mais qui organise un business parallèle de livres qu'il vend de son côté... c'est déjà plus litigieux.
J'aurais fait pareil. Vas-y, Jambo, bats-toi pour tes reliures pourries de rééditions tombées dans le droit commun, on est avec toi !
Non, je ne connaissais pas ce portrait. Je n'étais jamais allé sur cette page de Wikipedia.
J'ai vu aussi qu'il y avait dans la bibliographie, la brochure de Bordeaux sur Edouard Rod (rarissime, quelques dizaines d'exemplaires) mais repris dans Sentiments et idées de ce temps (si mes souvenirs sont bons)
Je ne suis pas un très vieux bibliophile (42 ans), mais il me semble que négliger la reliure, ou les pages de titres et les gravures sont plus des erreurs de jeunesse que de réelles et pérennes aspirations pour un collectionneur.
On commence ainsi, souvent même on méprise ceux qui sont attentifs aux reliures, nous qui aspirons surtout aux textes et puis le temps passe, il fait son oeuvre et c'est lui qui au final permet de distinguer le simple lecteur du bibliophile. Car finalement, pourquoi lire un texte dans une version originale si seul le contenu nous intéresse? D'autant plus que bien souvent les éditions récentes sont bien meilleures que des éditions plus anciennes. Un exemple? L'Apologética Historia de Las Casas est parue au 17ème siècle, et c'est sans doute un délice pour un bibliophile amateur d'histoire de la posséder... mais le lecteur, lui, devra préférer la version intégrale, qui elle ne parût qu'en 1909.
Je ne juge pas d'ailleurs, je suis lecteur et bibliophile. J'ai d'ailleurs moi même connu une semblable évolution : au début, je recherchais des textes, et l'état m'importait peu, la reliure, comme le fait qu'ils soient complets de leur gravures, etc., je me targuais d'ailleurs de ne pas être de ces snobs qui étalent de belles reliures dans leurs bibliothèques, dont je pensais, parfois avec raison, qu'il ne lisaient pas leurs livres.
Avec le temps, les deux facettes se sont dissociées, je suis toujours un lecteur, et je dévore de grandes quantités d'ouvrages, anciens ou non, et je suis, à côté et en même temps, bibliophile. Si l'on s'en tient à la définition, le bibliophile est celui qui a la passion des livres et non pas la passion des textes. Finalement, le bon bibliophile est probablement l'amateur dont l'exigence dépasse le texte justement, et va jusqu'à la reliure, l'illustration, voire la typographie. Personnellement, je n'ai jamais d'ailleurs rencontré de bibliophile qui ne soit pas cultivé et fin lettré....
En ce qui me concerne, à mesure c'est vrai que mes moyens me le permettaient, je suis revenu de ce purisme déplacé qui voudrait qu'un texte dans son jus soit plus valable que le même texte, dans une belle reliure, voire une reliure postérieure, de Bozérian, Simier, Canale, Lortic ou Thouvenin. La bibliophilie est une exigence, sinon, autant se « contenter » de la lecture, et c'est aussi une esthétique. Si on est passionné par le livre ancien, comment oublier la reliure, etc?
Ce n'est pas parce qu'une femme est intelligente qu'elle ne peut pas en plus être belle, et pareillement pour les hommes (avant que je me fasse tirer les oreilles par les bloggeuses!).
Aujourd'hui, et parce qu'avant le temps, ma bibliothèque a gagné en qualité, j'essaie le plus souvent de réunir toutes ces qualités en un ouvrage : le texte, la reliure, le fait que l'ouvrage soit complet, etc. C'est peut-être cela la bibliophilie, cette accumulation d'exigences... Ceux qui ne cherchent que le texte étant plutôt des lecteurs (sans que cela soit péjoratif), ceux qui ne cherchent que la reliure étant plutôt des bourgeois (terme emprunté à un ami libraire, voire le message sur Jean de Bonnot, sur lequel je me garderais bien d'avoir un avis ici), etc. etc.
Pour ce qui est de la reliure contemporaine, j'ai croisé quelques exemples au cours de ma vie de bibliophile et je dois dire que l'anachronisme dont parlait Hugues m'a en effet souvent perturbé. Je me souviens d'un Suétone sur les César datant du 18ème (de mémoire), relié dans un box moderne, avec des couronnes de lauriers et des temples mosaïqués sur les plats... Un travail de professionnel, mais dont je cherche encore le sens... De quelle qualité supplémentaire pouvait donc se prévaloir l'ensemble ainsi relié par rapport au même en reliure plein veau, ou même en basane de l'époque? De deux choses l'une, soit l'ouvrage était dans un état catastrophique et alors pourquoi ne pas lui avoir offert une sobre demi-reliure en guise de restauration, soit il était en bon état, mais alors pourquoi cet outrage?
C'est ainsi souvent le cas pour les reliures contemporaines, on est souvent sur le fil du rasoir, au bord de la faute de goût et pour ma part je la réserve à des ouvrages d'artiste, contemporains eux aussi. Quelqu'un pose la question? Quelle reliure pour un Raynal?
Je me permets de répondre : mais pourquoi vouloir tant de mal à ce Raynal? Un Raynal du 18ème en 10 volumes coûte 300 euros dans une reliure d'époque... pourquoi aller dépenser le double ou le triple pour le « parer » d'une reliure hors de son époque?
J'adhère totalement aux remarques de Bertrand sur l'unicité.... Le relier donc pour le rendre unique? Réflexe d'investisseur ou de passionné? J'ai souvent l'impression que les relieurs contemporains utilisent le livre comme support à leur créativité, quand c'est sur un livre contemporain, je comprends, mais sur une édition 15ème, ou même 18ème? Pourquoi tant de haine? Sourire.
Cela me rappelle ce grand collectioneur de tableaux qui après avoir acquis ses Rembrandts, Renoir et autres Tintoret, sortait sa palette et les rectifiait... Imaginerait-on ce que l'on fait subir à ces livres anciens en leur collant une reliure contemporaine pour des tableaux, des meubles, etc?
Bonjour à tous, arrivé sur mon lieu de vacances (la mer n'est vraiment pas chaude sur le littoral du Languedoc...), je vois que l'activité du blog ne cesse de croître, ce qui est vraiment une très bonne chose... D'autant que le Patron ne vas pas tarder à faire son retour...
Pour faire suite au message de Martin et divers, voici un exemple concret de bibliophilie vacancière :
J'ai choisi de me faire livrer mon dernier achat sur Ebay sur mon lieu de vacances. Il s'agit d'un bel exemplaire des Mémoires de La Rochefoucauld, dans l'édition de 1669, titre à la sphère. L'exemplaire est relié en plein maroquin citron, fine reliure de la fin du XIXè siècle, non signée, mais dans le goût des meilleurs productions de Trautz-Bauzonnet ou Cuzin ou Lortic. L'exemplaire est parfaitement conservé et très agréable bien qu'il soit un peu court de marges (comme souvent...)
Alors voilà, ce sera MON LIVRE de vacances, que je vais savourer pour le texte (que je n'ai encore jamais vraiment lu en intégralité), un texte classique.
La reliure évidemment n'est pas de l'époque, j'aurais mille fois préféré un maroquin rouge janséniste de Boyet, avec sa fine roulette dorée en encadrement intérieur des plats, signe infaillible de la finesse et de la signature de ce relieur des Princes et des grands bibliophiles des années 1680 à 1710 environ.
Je vais donc lire avec plaisir ce texte classique.
M'acompagnent également dans mon périple 2 des catalogues de la longue et célébrissime vente des livres de la bibliothèque Lebeuf de Montgermont (1913 et 1914).
Lire des notices de belles bibliothèques étant un des mes plaisirs favoris.
Merci à Martin pour son intervention avec laquelle je suis 100% d'accord.
115 commentaires:
Bonjour à tous,
Puisque nous avons carte blanche et les clés...
Nous sommes tous attirés par les reliures anciennes ou plus récentes et sommes heureux de pouvoir profiter du goût de nos prédécesseurs, mais que laisserons-nous nous-mêmes aux bibliophiles des temps futurs ? (il en existera encore, j'en suis sûr...).
De là ces questions : faites-vous relier certains de vos livres ? lesquels ? sur quel critères ? de quelle façon ? Faut-il le faire ? etc...
Raphael
Raphael,
Merci beaucoup d'avoir lancé ce débat, j'espère que ce genre de messages feront vivrele blog en mon absence!
Merci
Hugues
Il n'y a pour l'instant qu'un seul livre que je voudrais faire relier. Il s'agit d'un Raynal relié, en assez mauvais état, mais d'une édition très rare, et qui vaudrait le coup de sortit de son enveloppe papier pour offrir une magnifique reliure. Peut-être que si j'ai le temps, et l'argent bien sûr, je lui donnerai un maroquin rouge aux armes de ma famille! Quitte à avoir des rêves mégalo! Et un jour lointain, sur un blog bibliophile, dans l'hypernet intersidéral, on parlera de ma bibliothèque et de mes exemplaires uniques de livres alors disparus, en se souvenant de ces hommes qui se soucièrent de la sauvegarde du patrimoine culturel de l'humanité au XXIème siècle! :)
Dans ce cas là, Philippe, si vous le permettez, pas si sûr que ça du tout qu'il faille le sortir de sa reliure, même papier, si elle est d'origine...
Glissez un ex-libris dedans et on parlera longtemps de ce bibliophile de goût...
Raphael
Pour ma part, j'ai fait relier deux livres que je voulais faire relier depuis longtemps, 2 Huysmans en EO, dont un grand papier. Celui en grand papier, vous le verrez certainement en photo dans la suite de l'exposition, et ce fut une folie: réunion de plusieurs détails importants:
-j'avais l'argent nécessaire (je suis étudiant et donc pas de gros moyens, mais je ne me plains pas!)
-un ami peintre nous a offert 2 tableaux qui rentraient dans le cadre du livre
-j'ai rencontré une relieuse qui travaille très bien.
L'autre est l'art moderne en EO (pas de grands papiers), titre assez rare, et je ne l'avais toujours pas lu car il se débrochait (et je déteste lire un livre cassé).Une demi-reliure, travail parfait de ma relieuse.
Ces livres sont des livres que j'apprécie et qui valent le coût car il ne sert à rien, pour moi, de faire relier un livre courant ou sans valeur.
Les autres livres que je voudrais faire relier, en reliure mosaïquée si possible, sont des ouvrages de Jules de Vorys, auteur berrichon, à petits tirages, et bon écrivain (malgré des idées que je n'apprécie pas).
Comme je connais de grands artistes contemporains, j'aimerais faire intégrer des oeuvres dans les reliures, toujours par ma relieuse.
Mes critères sont donc:
-le livre me plait
-le livre vaut le coût
Merci Wall,
Ce qui est intéressant dans votre expérience est que vos reliures sont le résultat de projets trés construits et trés personnels. Comment les avez-vous élaboré et comment s'est fait l'échange avec votre relieuse ?
Raphael
La question que je me pose est de savoir s'il est nécessaire (bien, licite, convenable...je ne sais pas quelle est la meilleure expression) de relier un livre broché un siècle plus tard. N'y a t-il pas un risque soit de pastiche soit de décalage esthétique ?
(si je pose cette question ici, c'est parce que je suis moi-même en plein dilemme à ce sujet!).
rené
Bonsoir à tous,
je suis heureux que ce thème soit abordé,
pour ma part je ferai une remarque concernant les relieurs-massacreurs des temps présents (et des temps passés également, et des temps futurs pour lesquels il est sans doute encore temps d'arrêter le couteau...),
je dis halte aux "relieurs-massacreurs" et dans ce cas, je rejoins raphaël en disant :
Digne bibliophile, on se souviendra te toi, bien plus parce que tu as su laisser son modeste habit de naissance (la couverture du broché) à ton livre, plutôt que si tu le recouvres d'une méchante reliure faite par un relieur-boucher-charcutier (encore que je n'aie rien contre cette profession, cela va de soi),
Lorsque vous voyez de nos jours des personnes se dire "relieur d'art" en ayant fait une vilaine formation en MJC ou en associations diverses et variées...
Lorsque vous voyez le résultat : Au secours ! je suis effrayé !
Des livres défigurés, mal brochés, rognés à la serpe, dans de méchantes reliures mal équilibrées de cuir médiocre ou de faux-cuir, aux dorures baveuses et sans charme, aux pièces de titre mal placées et disproportionnées,
bref, un désastre total pour le cher livre que vous auriez eu le malheur de confier à un tel ouvrier sans art ni lettres...
Je ne mâche pas mes mots car lorsque je vois ce genre de personnes sévir j'en ai les frissons et suis vraiment dépité du résultat.
Evidemment ce qui est pire encore est de voir que quelques personnes, non initiées au "vrai" art de la reliure s'en contentent, faute de connaître de plus belles.
Comme dirait Hugues, pourquoi se contenter de la médiocrité. Il s'avère que pourtant, dans bien des cas, on es soit arrivé là. Faute de goûts sûrs et affirmés, sans doute aussi (il ne faut pas le cacher), faute de moyens financiers.
Une belle reliure, fine, racée, de grande classe, coûte cher. On ne peut guère changer ce fait.
Alors je le dis,
plutôt pas de reliure qu'une reliure médiocre.
Si vous avez ou avez eu de méchantes expériences dans ce domaine, n'hésitez pas à nourrir ce blog de vos commentaires.
PS : je précise que je ne suis pas relieur d'art. Simplement un admirateur du travail bien fait.
Amicalement, Bertrand
Je souhaite surtout faire relier mon livre parce que la reliure papier part et est mangée par les sales bêtes, même s'il est vrai que j'aimerais aussi beaucoup voir ce livre dans une vraie reliure.
Pour l'instant, je me contenterai de l'ex-libris! :)
Pas de mauvaises surprises, Bertrand, plutôt trés agréablement surpris du résultat qui avait été confié à un professionel recommandé. Il s'agissait de deux brochés en péril (un exemplaire de service de presse d'un recueil de poemes de Carco avec envoi et son portrait à la plume comme il le faisait fréquemment et les 19 poèmes élastiques de Cendrars avec envoi également). j'avais du mal à accepter de les laisser se fragiliser encore plus au fil du temps. Pour rebondir sur ce qu'écrivait René, j'ai pensé (à tort?) que des reliures sobres mêmes postérieures de 70-80 ans protégeraient tout de même plus ces livres tout en les mettant en valeur.
Par contre si le broché est impeccable, je pense qu'il doit être laissé en l'état et abrité dans une bonne boite de protection bien réalisée par un professionel (de plus, l'avantage économique est certain).
Raphael
Pour répondre à Raphael d'abord:
Je crois qu'il y a plusieurs départ:
-l'amour des belles reliures que j'ai vues, anciennes ou modernes.
-des livres rares que j'apprécie beaucoup
La rencontre avec la relieuse a été simple: la plus proche (ou presque de mon lieu d'étude).
Je vois souvent depuis que j'ai 3 ou 4 ans des artistes, des vrais, et j'ai reconnu chez cette relieuse ce côté artiste qui a convenu parfaitement pour la réalisation de la reliure.
Pour répondre à René:
Mon livre avec une reliure mosaïquée moderne rentre ne dénature pas l'ouvrage car:
-la reliure est en rapport profond avec l'ouvrage
-Huymans aimait l'art contemporain et le défendait, et peu de personnes savent défendre l'art de leur temps (cf aujourd'hui), et à ce sujet, son livre l'art moderne est très instructif.
Wall
Je ne nie évidemment pas qu'il existe encore d'excellent relieurs, loin de moi cette idée.
Combien d'artistes ?
Combien de charlatans ?
La proportion est assez aisée à trouver je pense.
Amicalement, Bertrand
Wall : comment se fait le processus de création avec votre relieuse ? Vous dessinez une maquette ou vous la laissez faire ?
Philippe : envoyez photos à Bertrand pour avis (?)
Bertrand : dites-nous ce qu'il faut regarder plus particulièrement quand on examine une reliure moderne et qu'on la trouve comme ça, globalement plaisante. Quels sont les lièvres à soulever ?
Raphael
A Raphael:
En l'occurence, pour cet ouvrage, il s'agit de tableaux d'un ami peintre connu que j'ai montré en photo à la relieuse. J'ai ensuite discuté sur l'interprétation des tableau, en lui donnant quelques contraintes et en lui laissant le champ libre pour beaucoup de choses.
C'était certes le quitte ou double, car je ne l'avais jamais fait travailler, mais le côté artiste m'a séduit énormément, et "non, rien de rien, je ne regrette rien..."
Ca me donne un livre avec une belle reliure, bien faite, d'après des oeuvres d'un bon artiste, et agrémenté d'une aquarelle dans le livre de cet artiste.
Voici des liens vers des images de la pauvre reliure en papier de mon livre.
http://i210.photobucket.com/albums/bb201/Philippe-Duc-de-Bourgogne/Raynal/DSC03876.jpg
http://i210.photobucket.com/albums/bb201/Philippe-Duc-de-Bourgogne/Raynal/DSC03875.jpg
http://i210.photobucket.com/albums/bb201/Philippe-Duc-de-Bourgogne/Raynal/DSC03873.jpg
http://i210.photobucket.com/albums/bb201/Philippe-Duc-de-Bourgogne/Raynal/DSC03874.jpg
La reliure est en piteux état, mais étrangement, l'intérieur est "frais", sans tâche, et sans trop d'humidité. Seuls les bords ont souffert, ainsi que la première (dommage, c'est la page de faux-titre) et les deux dernières pages, qui restent bloquées contre la reliure. Enfin, ça doit pouvoir s'arranger!
Vous comprenez bien que je ne puisse pas le laisser comme ça. Surtout qu'il m'a servi dans mon boulot... J'aurais l'impression de l'abandonner en ne lui étant pas reconnaissant de tout ce qu'il m'a fourni comme renseignements, en le laissant "pourrir" dans son coin. Ce n'est pas que je veuille le faire avec tous les ouvrages que je possède, mais celui-ci mérite amplement que je dépense mon argent! Et pas simplement dans une reliure cartonnée de faible qualité comme c'est souvent le cas. Enfin, après, il faut voir si la chose est réalisable ou non! De toute façon, tout sera forcément mieux que ce qui est actuellement.
Raphael a dit :
>Bertrand : dites-nous ce qu'il faut >regarder plus particulièrement quand >on examine une reliure moderne et >qu'on la trouve comme ça, >globalement plaisante. Quels sont >les lièvres à soulever ?
Pour ma part, il y deux choses essentielles.
La qualité d'exécution technique et la réussite artistique. Ces deux éléments sont indispensables à mon sens pour obtenir un bel ouvrage de bibliophilie.
Si vous n'avez que le premier, vous avez certes un livre très finement relié mais sans grand charme ni originalité.
Si vous n'avez que le deuxième. L'attrait qu'aurait pu avoir la création artistique est complètement ecclipsé par la mauvaise exécution technique.
Comme la perfection n'existe guère en ce bas monde, il faut bien que l'un ou l'autre de ces deux éléments pêchent un peu, parfois, mais toujours alors je privilégierai la très bonne exécution tecnhique sur l'originalité et la créativité du relieur.
Combien de fois ai-je vu des créations de reliures avec force mosaïque où les morceaux de cuir étaient très approximativement placés, insérés. Où la dorure n'était pas nette, etc.
Un bon indice d'un grand maître relieur se traduit par l'élégance globale que peut avoir une reliure. Finesse des cartons employés, coins parfaitement faits, cuir très bien paré, pas de surépaisseurs disgracieuses sous la doublure des plats qui trahit un cuir pas assez aminci par endroit. Une dorure agréable à l'oeil, parfaitement nette, un or de qualité, brillant et qui ne fait en même temps pas "toc" (ce qui est le cas pour ceux des relieurs qui utilisent du faux or ou des films or un peu bizarroïdes...),
en un mot le volume doit être "gracile" et "svelte" sans être "pataud" et "boursoufflé"...
Je ne sais pas si d'autres partagent mon sentiment,
mais c'est intéressant d'apprendre à apprécier les grands relieurs.
Et pour en manipuler tous les jours un bon nombre signées de grands maîtres incontestés du XVIIè au XXè siècle, je peux dire que même parmi les grands maîtres (ateliers de grands maîtres - Marius Michel n'a pas exécuté de ses propres mains toutes les reliures signées de son nom...), et bien même entre eux je peux établir un hiérarchie dans les notes techniques.
Par exemplaire, j'ai en main deux belles reliures signées de FRANZ et bien je peux dire que ce relieur est nettement moins bon qu'un MARIUS MICHEL ou un CHAMBOLLE DURU, bien que les reliures de FRANZ soient de très belle qualité.
Voilà ce que je peux dire,
Amicalement, Bertrand
Je prends le risque de me répéter, tant pis. J'ai donné ailleurs cette adresse mais l'univers et la personne d'Henri Pollès écrivain-bibliophile et grand amateur de reliures qu'il dessinait avec ses relieurs, sont tellement attachants que je ne rate pas une accasion de la replacer, et zut aux redites !
http://www.bm-rennes.fr/accueil/henripolles/polles.htm
Raphael
Je ne connaissais pas cet Henri Polles.
Je crois que sa méthode n'est pas mauvaise, et c'est ce que je me disais pour mes livres, comme les Vorys dont je parlais plus haut. J'ai bien des idées, mais pas du tout les sous pour l'instant :)
Wall
Somme d'intéressantes expériences.
Merci, Bertrand pour cette mise au point didactique.
Raphael
Une autre question:
-Avez vous un ex-libris?
-Si oui, quel type de dessin (armes de familles, dessin en rapport avec les livres, etc) et quel type d'ex-libris (gravure, etc)
-Si non, y avez-vous pensé, pourquoi, quel type d'ex-libris?
Dans mon cas, je n'en ai pas, mais je souhaite m'en faire graver un, dès que j'ai les sous, d'après un dessin d'un ami artiste, qu'il me reserve pour l'ex-libris, sans aucun rapport avec les livres. J'aurais pu utiliser des armes familiales, mais je ne trouve pas ça assez personnel.
Pourquoi voudrais un ex-libris? Pour personnaliser mes livres en quelque sorte, comme marque d'appartenance. Je ne vois pas ça vraiment comme une volonté de laisser une trace, d'autant que j'ai peu de livres de très grande valeur.
Wall
"Papa, comment on fait les ex-libris?"
Est-ce que c'est un tampon ou un papier imprimé à partir d'une gravure? Quelle colle utiliser? Plein de questions techniques auxquelles j'espère vous aurez des réponse! :)
Sinon, pourquoi pas, effectivement, faire un ex-libris pour personnaliser mes livres.
A un moment donné de sa vie, on croit qu’il est très important de laisser une trace de son passage et on se demande ce qu’on pourrait bien faire. Quand on a pas la chance de pouvoir construire de grandes bibliothèques (ou stades ou musées) dans des capitales, on se dit « Tiens, pourquoi pas un ex-libris ? » et on caresse béatement l’évocation d’avoir un jour son nom dans le catalogue G…d- B…n ou Pierre B…s, avec la mention « Exemplaire (si possible précieux ou rare et recherché, tant qu’à faire) de la bibliothèque de Monsieur R…R… (dont la collection était très réputée…etc. etc.- tant qu’à rêver…)».
Donc, j’ai fait faire un ex-libris. Je me suis amusé à le dessiner moi-même et l’ai porté à un graveur qui l’a imprimé sur du papier vergé ivoire non acide (important détail).
Je suis revenu chez moi avec mes 500 ex-libris sous le bras et la petite matrice métallique qui avait servi à l’impression. Premier problème : quelle colle utilisée ? un relieur/restaurateur par moi sollicité m’a répondu « De la colle de peau ! » , « Oui, bien sûr, certainement… » répondis-je d’un ton assuré en maudissant le bougre, alors que je venais d’acheter un joli tube jaune de colle en bâton. Il m’apprit qu’il ne lui était pas rare d’avoir à décoller des ex-libris de possesseurs qui souhaitaient en changer et que la colle était un véritable problème, quand elle n’abîmait pas le contre-plat et la garde !
J’ai donc choisi de ne pas coller l’ex-libris et de simplement le glisser dans l’ouvrage… ce qui fait que l’ex-libris tombe à chaque fois que le livre est manipulé.
Au mieux, il servira de signet, au pire, il finira dans un album de collectionneur d’ex-libris qui n’aura pas à se donner la peine, lui, de le décoller…
A présent que la phase narcissique s’est tout de même un peu évaporée (l’âge et quelques « rameaux » calmant ce type d’ardeur), c’est une amusante perspective d’imaginer dans quelques décennies le propriétaire curieux qui dans l’excitation de l’achat, voudra à son tour, comme nous avons beaucoup de plaisir à le faire quand nous découvrons un ex-libris, tout connaître du voyage de « son » livre.
Comme une sorte de petite colle, en quelque sorte…
Raphael
Pour ma part,
j'avais fais dessiné un ex libris par un membre de ma famille plutôt doué (enfin plus que moi...) il y a de cela bientôt 10 ans...
D'amateur je suis devenu libraire...
Ma bibliothèque étant en quelque sorte devenue celle des autres... je n'ai jamais donné suite et jamais apposé cet ex libris sur aucun livre.
Par contre, je me passionne toujours pour rechercher et savoir le parcours d'un livre qui me tombe entre les mains... et là les historiettes sont légions...
A bientôt,
Bertrand
Quand un nouveau livre entre chez moi, le plaisir est aussi (surtout ?) d'essayer de retracer son histoire, son parcours. Pour ce faire, les ex-libris manuscrits ou gravés sont précieux. Continuer cet usage, c'est aussi permettre aux bibliophiles futurs de savoir d'où viennent leurs livres.
Certes, je n'écris pas mon nom sur les feuillets de titre ni ne fait apposer mes armes sur les plats, mais un ex-libris gravé, j'y pense ... Quelque chose de pas trop voyant, juste des initiales qui éveilleront la curiosité d'amateurs futurs.
Philippe M
Tout à fait d'accord avec Philippem sur la curiosité à aiguiser des futurs possesseurs. Poussons plus loin: doit-on glisser quelques notes (peu épaisses et sur un papier adéquat) sur les recherches que nous avons faites sur l'ouvrage ou faut-il mieux s'en abstenir pour laisser le plaisir d'une nouvelle recherche à celui qui suivra ?
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"d'amateur, je suis devenu libraire" dixit Bertrand ; est-ce à dire que vous ne conservez plus rien en amateur dans le secret de votre bibliothèque ?
Raphael
cela ne veut effectivement pas dire que je n'ai pas quelques rayonnages secrets un peu à part...
Mais honnêtement tous les livres de la librairie sont Ma bibliothèque, une heure, une journée, un mois, un an... ils passent sur les rayonnages mais non sans avoir été étudiés et admirés par le conservateur en chef des lieux (rires...)
Cela me suffit comme cela. Il faut dire que j'ai fais le choix rester maître du nombre...
1.000 livres suffisent à mon bonheur et comme cela je maitrise le tout sans problème...
Au delà je ne deviendrais qu'un épicier du livre...
Bonne soirée,
Bertrand
En parlant de libraires, êtes-vous allé au Marché de Saint-Sulpice ce week-end? C'était la première fois que j'y allais. Si je n'avais pas travaillé dans la journée, j'y serais bien resté plus d'une heure... Je n'avais jamais vu autant de livres anciens de toute ma vie! Et dire que je n'avais que 40€ sur moi... Juste histoire de m'acheter un ptit bouquin!
Bonjour Philippe,
Avez-vous pu pêcher quelque chose et comment avez-vous trouvé ce marché globalement ?
D'autres bloggers s'y sont-ils rendus ?
Raphael
Je suis allé à St-Sulpice jeudi avec notre Sire (notre bien amé Hugues). Il a fait plutôt beau, ce qui était plutôt agréable, l'entrecôte était bonne et la bière blanche savoureuse (comme quoi on ne mange pas si mal à Paris, même sur un salon)...
Ceci étant dit, c'était également la première fois pour moi (eh oui ! il y a des libraires qui ne s'y étaient jamais rendus... à moins que je fus le seul ??)
Mon impression a été globalement très bonne. Il y a avait bon nombre de livres à tous les prix, des livres de qualité et des livres plus abordables qui restaient intéressants.
Mon sentiment est qu'avec 500 euros en poche on pouvait déjà s'offrir une belle pièce de bibliophilie (EO en reliure signée, édition ancienne sympa, etc). Evidemment je comprends que 500 euros soit déjà un budget.
Pour ma part je n'ai acheté qu'un seul livre. Il fait partie de la catégorie des fous littéraires ou assimilés. Un achat d'envergure moyenne (140 euros), acheté à un libraire du quartier St-Sulpice même. On ne pouvait faire plus local.
On a tourné dans les allées (merci à Hugues pour son sens de l'orientation qui me fait défaut...) de 11h à 17h environ. C'était le temps nécessaire ce me semble pour bien faire le tour de la question.
Voilà,
je suis heureux d'y être allé, l'ambiance y était bonne.
Amicalement, Bertrand.
Un achat d'envergure moyenne (140 euros)
Effectivement, les budgets sont très différents: le livre que j'ai acheté le plus cher m'a couté 130€ et ensuite, quelques-uns à 60€, mais il est vrai aussi que je suis étudiant.
En revanche, ma seule limite est ce que j'ai de disponible sur mon compte, donc je suis pret à depenser tous mes sous, si c'est pour une super affaire.
Wall
Bertrand : Quel est ce fou littéraire ou assimilé ?
Wall : Vous évoquez la "super-affaire" . peut-on l'opposer au coup de coeur ?
Personnellement, ma définition du coup de coeur est assez extrémiste : elle concerne le livre qui n'est pas vraiment rare et recherché mais à qui j'attribue par un jeu d'évocations et de résonnances trés personnel(dédicace évocatrice d'un lieu particulier, reliure dérangeante, notes intercalées, mutilations...) une valeur spéciale qui ne sera peut-être pas partagée par d'autres, ..et faiblement commerciale.
Raphael
J'ai un peu les mêmes critères que Raphaël. J'aime beaucoup les petits livres qui ne paient pas de mine, ceux qu'on ne voit pas vraiment lorsque l'on est chez un libraire. J'aime particulièrement les livres de tout petit format, ceux avec des couvertures en vélin, etc.
Et de toute façon, mon budget ne me permet pas d'acheter des livres de gravures en in-folio. 500€, pour moi, c'est le budget bibliophilie annuel! Là, je n'avais que 40€, avec lesquels j'ai pu m'acheter un petit Cazin, qui était perdu au milieu des grands livres.
C'est tout de même un univers particulier et intimidant pour quelqu'un qui n'est jamais allé sur un salon (comme moi, quoi!). Mais je suis tombé sur deux trois libraires vraiment très gentils. Malheureusement, je n'ai pas pu en visiter beaucoup plus, étant donné que je n'y suis resté que 45 minutes...
Je suis aussi allé à St-Sulpice mais le vendredi AM.
Comme les meilleurs choses avaient été prises par H., B. et P., je me suis rabattu sur un recueil de Poèmes du sulfureux Maurice Rostand de 1911, alors âgé de 20 ans, (1 des 50 sur Japon) avec un envoi à Paul Hervieu (un des deux parrains de son père Edmond au momment de sa réception à l'Académie française en 1903, accompagné de la mention "Arnaga", l'étonnante villa Rostand à Cambo-les-Bains.
En fait, l'oeil avait été attiré initialement par la reliure moderne en vélin blanc décoré d'aplats non figuratifs de peinture dans différents tons pastels (70 euros).
Exemple de coup-de-coeur.
Raphael
A Raphael: super affaire et coup de coeur:
Il m'arrive assez peu d'avoir des coups de coeur, car je fais tout pour les éviter, et quand ça m'arrive, je limite ces achats à 20€ maximum.
Quand je dis super affaire, ou même affaire, c'est que ma bibliothèque devient "raisonnée", qu'elle constitue un tout sur une époque, la plus abordable (1880-1950), et que j'achète les livres peu cher, par rapport aux valeurs réelles (sures, grâce à diverses sources d'information). Il y a bien mes préférences pour quelques auteurs (peu recherchés) qui me font acheter des livres plus chers mais ça reste très limité.
Je crois que je l'ai déjà dis: je considère ma bibliothèque comme l'assouvissement de ma passion et comme un investissement sur l'avenir. Je suis jeune, je préfère capitaliser en livres, car ça me fait plaisir, plutôt que de laisser en banque. Les seuls livres que j'achète chers sont aussi les derniers que je vendrais en cas de besoin, je m'y suis attaché plus qu'à d'autres
Wall
J'aimerais que l'on m'explique comment concilier bibliophilie et raison ??
Pour ma part je n'y parviens pas, et me dire que je ne dépenserai jamais plus de 20 euros pour un livre... impossible !
Au secours, je me sens seul et malade des livres ?
Y-a-t-il un docteur es bibliophilie sur le blog ?
Pour moi la bibliophilie est une addiction.
Amicalement, Bertrand
"j'achète les livres peu cher, par rapport aux valeurs réelles"
Qu'est ce que vous entendez par valeur réelle d'un livre ?
René
@Bertrand
Je n'ai pas dit que je ne dépensais pas plus de 20€ pour un livre, mais pour les coup de coeur, j'évite de dépenser plus.
Par ailleurs, étant étudiant, il m'est impossible d'acheter des livres de grande valeur, et mon livre acheté le plus cher a été 130€ (et ce fut un coup de coeur d'ailleurs, unique).
Je crois qu'on peut être raisonnable et bibliophile, mais cela vient peut être aussi de l'éducation. Ma famille a toujours été dans les affaires, donc, je dois avoir une prédisposition.
Mais être libraire n'est pas être raisonnable aussi??
Par ailleurs, si j'avais les moyens, je crois que je dépenserais facilement beaucoup d'argent pour de très beaux livres, mais ce n'eest pas le cas.
En plus, je lis beaucoup, et j'aime pouvoir avoir les livres que j'ai lu, ou plutôt, j'achète le livre que j'ai envie de lire et il entre dans ma bibliothèque. Vu mes finances, je dois donc limiter certaines choses.
@René:
J'avais déjà répondu à cette question sur une autre série de commentaires: je me fais une idée des prix par une documentation papier et informatique importante, que je développe: catalogues et résultats de SVV et catalogues de librairies. Par ailleurs, je connais personnellement plusieurs libraires, ce qui m'aide beaucoup.
Je me demande si ce n'est pas une chimère de penser en terme de placement.
C'est certainement juste lorsqu'on peut accéder au marché de l'exception - mais an niveau où, sans porter atteinte à quiconque, je crois que nous évoluons plutôt, le pari me semble risqué dans un marché trés volatil.
Les livres qu'on capitalise aujourd'hui, qui peut nous assurer de la valeur qu'ils auront demain ? (d'accord avec René : quelle valeur leur assigner, d'ailleurs).
Ne vaut-il pas mieux se laisser guider par sa passion et laisser son envie dicter la cote ?
Raphael
Mais ma passion est aussi cette époque! J'aime beaucoup l'époque 1880-1950 par tous ses côtés artistiques et littéraires. Seulement, je maîtrise ma passion sinon, je n'aurais jamais eu une bibliothèque aussi importante, avec des livres comme j'ai, et aussi une collection d'autographes.
J'ai bien, au début, été "soumis" à ma passion, mais maintenant, je vois la différence: ma bibliothèque se développe de manière beaucoup plus intéressante.
Je laisse juste ma passion me diriger pour quelques écrivains.
Par ailleurs, je ne pense pas que ce soit une chimère: mon père a vendu une partie de sa bibliothèque pour acheter la maison, et ça n'a pas du tout été un mauvais investissement.
De plus, le marché du livre n'est pas si volatile justement. Je suis assez initié aux marchés de l'art et de l'antiquité pour voir que c'est la moins volatile.
Wall
Je me lance : Les derniers achats de la quinzaine.
MILTON Le Paradis Perdu une édition de 1781
Un lot de Mysteria une des revues fondée par Papus (1913,1914)
Schwaller de Lubicz : L’appel du feu Imprimé le 8/9/1929 Officina Montalia St Moritz avec son prière d’insérer (assez rare)
Albert Poisson : Nicolas Flamel : sa vie, sa fondation, ses œuvres (E O) Chacornac 1893.
Pas de quoi fouetter un chat.
Demain direction Montolieu le village du livre dans l’Aude.
La dernière fois j’y avais trouvé un tome de Berbiguier pour quelques euros, j’aime pas trop les dépareillés mais une fois n’est pas coutume.
Et vous ?
Je pense que les libraires sont excusés d’office sur ce post mais après tout…
Ces livres sont les briques de ma future maison...
Pourquoi pas ?
Vous me faites envie avec votre visite à Montolieu...
mais normalement je devrais y passer courant juillet, ce lieu n'étant pas si éloigné de mon lieu de vacances (Sète).
Amicalement, Bertrand
Pour ma part, ce serait plutôt des briques que j'enlève à ma maison. Mes achats relèvent tous de ce que vous définissez comme coups de coeur. Si un jour mes livres repartent sur le marché, je ne sais pas du tout ce qu'ils vaudront. Les phénomènes de mode fluctuent, pour les livres aussi ; et la valeur que l'on attribue à un ouvrage en fonction de critères tellement personnels reste quelque chose d'éminemment subjectif. Je crois n'avoir aucun livre "de placement" et si tel était le cas, je m'en déferais au profit d'un ouvrage qui me toucherait plus.
D'accord, je ne suis pas un bibliophile classique : les livres fragmentaires ne me gênent pas : nombreux sont ceux chez moi à qui il manque quelques feuillets. Cela fait aussi partie de leur parcours et cela me permet d'avoir quelques titres sinon inabordables.
Philippe M
Dede, voilà un inventaire comme on aime à y fouiller...C'est le reflet de votre bibliothèque ou vous explorez encore d'autres champs ?
Raphael
Aller, je me lance aussi...
Derniers achats :
Librairie JC.Vrain-Reliures de Femmes de 1900 à Nos Jours, in-4, Catalogue de 103 ouvrages reliés par des femmes, 83 sont publiés entre 1900 et 1950, et 20 de 1960 à la publication de ce catalogue.
et surtout à la foire St-Sulpice :
-Les reliures d'art à la Bibliothèque Nationale
Paris, Rouveyre, 1888. in-4, 51pp. + 80 ill. 1000 ex. numérotés
le mien est un demi veau blond, pièce de titre en mar. rouge), d'accord quelques épidermures...mais bon, je vais effectuer quelques réparations dessus car j'ai fait quelques années de reliure en cours du soir; donc c'est facile pour moi.
-Anatole Claudin-Les origines de l'imprimerie à Paris, la première presse de la sorbonne
Paris. lib. A.Claudin, 1899, br., 59pp.
Extrait du bulletin du bibliophile tiré à 100 exemplaires
xavier
@Xavier:
Vous achetez beaucoup de documentation de ce type?
Oui, mais je commence à avoir beaucoup de documentation; je cherche des manuels de reliure, de restauration de livres/papier, d'ex-libris, quelques catalogues de ventes anciennes, bibliographie, etc.
Le thème de ma collection est avant tout basé sur l’ésotérisme en suivant Caillet, Dorbon, Guaita, Ouvaroff .
La première Guerre mondiale est aussi assez bien représentée (Imaginez deux secondes la tête de mon épouse quand elle a vu débarquer les « Armées Françaises dans la Grande Guerre » qui doivent représenter 8 mètres linéaires) mais ces ouvrages ne représentent pas le sacrifice financier nécessaire à l’acquisition d’un ouvrage d’alchimie par exemple.
Ps : Si une Atlante fugitive voulait bien me rendre visite elle y trouverait un havre de paix ;-)
Dede, quels sont vos plus vieux ouvrages alchimiques ou celui qui vous est le plus précieux (celui qui donne la bonne recette, j'imagine...)?
J'ai comme vous une attirance pour la 1ere guerre mondiale : vous faites littérature et documents ?
Raphael
Les plus anciens je pense : LULLIUS (R.). Codicillve sev vade me¬cvm Raymvndi Lvlli philosophi doctissimi 1572.
LIBAVIUS ANDREAS : D. O. M. A. Medicinae Hermeticae artificibus catholicae ad hominis sanitatem tuendam ...; et hydrargyrum, imperfectaque metalla in aurum vel argentum transmutanda, expositio fidelis ... Raymundi Lullii, et Arnoldi Villonovani; cum scholiis & interpretationibus 1599.
Hélas pas de poudre de projection en vue ; ma bibliothèque serait bien plus fournie ;-)
Pour la première GM effectivement en plus des récits, documents : photos cartes, cartes postales, revues : l’Illustration, le miroir etc.
Cordialement
Bonsoir à tous!
J'ai une petite question à ceux qui sont allés à St Sulpice. J'ai trouvé un livre de 1911 sur New York, présentant l'architecture de la ville au tout début du XXème siècle. La couverture présente une vision futuriste de la ville, couverte d'immeubles géants, au milieu desquels passent des tramways suspendus, etc. Est-ce que quelqu'un connait le titre de cet ouvrage illustré? Bon, je sais que c'est une question un peu bête, m'enfin, je compte sur vous!
Dede, on voit bien l'athanor rougeoyer dans un coin de votre bibliothèque.
Il faudra suggèrer à Hugues d'ouvrir une page où l'on pourra venir ranger sur les rayonnages les ouvrages des bloggers alchimistes.
Xavier : Dans votre documentation, auriez-vous quelque chose sur le relieur Louis Dézé (1857-1930)?
Merci.
Raphael
AVIS DU CHEF - HUGUES LE VENERABLE
Hugues, isolé sur son île au milieu de nulle part me demande de vous remercier tous un par un de cette activité débordante du blog en son absence...
Bien que secrètement il redoute un coup d'état sans violence... il est très heureux de nous voir tous ripaillés verbalement autour du livre.
Donc je transmets (en agrémentant un peu le style du maître - il ne m'en voudra pas je pense ??),
Continuez à discuter en amenant d'un sujet à un autre chacun à dévoiler ses petites trouvailles, ses grandes idées théoriques sur le monde du livre et vos intimes convictions.
A vos claviers !
Transmis pour Hugues depuis nulle part. Amicalement, Bertrand
ripaillés... ER ce sera mieux ! désolé c'est mon clavier qui a ripé !
Bertrand
Bonsoir Raphaël
A Propos de REZE, voici ce que dit Fléty dans son dictionnaire des relieurs : (il y à plusieurs relieurs de ce nom)
DEZE : relieur, exerçait à Paris vers 1900
DEZE : relieur, 1 rue St-Jean à Saumur. Exerçait durant le
dernier quart du XIXe siècle et le début du XXe siècle
DEZE : Eugène (dit Deze fils, lui succéda et exerça
jusqu'en 1940. Entre 1941 et 1944 l'atelier fut exploité par Mlles G. et S.Deze. Elles eurent Roche pour succésseur qui transféra
l'atelier au 52 rue d'Orléans.
Une mise à jour de ce dictionnaire sera disponible à la vente en mars 2008, 2 volumes édités par FATON (vu dans une pub dans Arts et Métiers du livre de juin/juillet 2007)
Vu sur internet : Auteur : VALMY-BAYSSE J.
Livre : GUSTAVE DORE. BIBLIOGRAPHIE ET CATALOGUE COMPLET DE L'OEUVRE, PAR LOUIS DEZE
Edité par La vie - Paru en 1930
Cordialement
xavier
Bonsoir Xavier,
Merci beaucoup d'avoir eu la gentillesse de regarder. Il s'agit bien du Dézé admirateur et bibliographe de Doré, actif dans la région parisienne.
Il correspond au premier de la liste, celui dont la notice sonne comme une vague épitaphe...Vous me faites découvrir qu'il en existait d'autres.
Si vous le rencontrez ailleurs...
Bien cordialement
Raphael
PS : Vous avez cette doc. par goût de la bibliographie ou pour documenter vos propres collections (ou les deux)?
Bonjour raphaël,
Effectivement,...je crois,...que j'aime la bibliographie, qui m'aide à afiner mes recherches; et me permet de vérifier certains points de ma collection.
Promis, si je "tombe" un jour sur Dézé, j'en reparlerai ici ou sur le "forum livres anciens"
Cordialement
xavier
Isa faisait allusion dans son portrait aux objets laissés par de précédents lecteurs qu'elle aimait trouver dans ses livres, en citant des fleurs séchées.
Dans "les chansons de Bilitis", j'ai trouvé un feuillet bleu qui restituait, avec forces ratures, un laborieux effort de composition de chansons relevant plus du corps de garde que de la poésie alexandrine.
La moisson sur Google indexée sur l'expression "objets trouvés dans les livres " est trés chiche alors que la version "things found in books" montre apparemment que cet inventaire intéresse plus outre-Atlantique.
Et vous-mêmes, sur quoi êtes-vous tombés ?
Raphael
Je suis déjà tombé sur une lettre de Louis Blanc parlant de Victor Hugo, une copie ancienne d'un poème de Lamartine et je crois bien que c'est tout.
Wall
J'ai déjà parlé d'un ticket d'omnibus trouvé dans un petit livre. J'ai aussi quelques notes sur un ouvrage dans un livre du XVIIIème. Mais bon, rien de transcendant!
Personellement, je n'ai jamais rien trouvé de particulièrement intéressant ou "interpellant". Par contre, petits dessins, esquisses,parfois malhabiles, dans les marges ou sur les gardes sont fréquents. J'aime tout particulièrement des esquisses à la sanguine et à la pierre noire sur un "livre de perspective" de Jean Cousin.
Vos ouvrages sont ils aussi ainsi enrichis?
PhilippeM
S’il faut croire Nicolas Barnaud son ami de Boodt qui fut le médecin de Rodolphe II et à qui nous devons « Le parfaict Joailler ou histoire de pierreries » découvrit dans la reliure d’un livre « cymbalum aureum » en sus d’une feuille manuscrite expliquant la manière d’opérer, une petite quantité de poudre rouge qui se révéla être une parcelle de la fameuse pierre philosophale.
J’ai me semble t’il une protubérance qui déforme le vélin d’un certain livre, je vais de ce pas chercher un cutter…
test
Puisque vous parlez de livres "truffés", je possède un exemplaire du 17eme du fameux livre de Liceti, "de monstrorum natura caussis", auquel un precedent proprietaire a ajouté ses propres notes manuscrites in-fine. Ce précédent propriétaire était probablement médecin et ses annotations correspondent à ses propres expériences de praticien face aux "monstres humains". Les notes sont extrêmement circonstanciées (et datent principalement du tout début 19ème), et il a également ajouté des croquis de sa main, coloriés. Pour ne rien gâcher, le tout a été relié dans une reliure de luxe, par Vermorel à la fin du 19ème. Je suis très attaché à ce livre, pour moi un rassemble toutes les qualités dont peut rêver un bibliophile!
Je crois avoir trouvé un moyen de participer a votre débat via mon téléphone... Espérons que cela fonctionne!
Hugues
je n'y crois pas !
il a fallu qu'il sorte de son hamac pour intervenir.
Hugues, mon bon Hugues,
je te rappelle...
QUE TU ES EN VACANCES !
Enfin, c'est sympa quand même.
Alors, bonne la mer ??
Amicalement, Bertrand
Je voudrais lancer un autre débat,
je suis en train de lire une fiche d'un libraire anglais qui décrit une reliure mosaïquée du XVIIIè siècle, voici comment :
"It may be provincial as it lacks the refinement of the top Parisian products of the period."
Etant provincial (comme dirait Pascal...), j'en suis resté sur le c...
Peut-on vraiment dire que les relieurs provinciaux étaient moins doués que les relieurs parisiens ?? Pour ma part j'ai de nombreux exemples de relieurs de province (Reims, Dijon, etc) qui sont de très fins relieurs.
Et vous ?
Avez-vous des reliures signées, très belles et fines, qui sortent du fin fond de la France ???
Si oui je serai heureux de vos commentaires et éventuellement de vos photos en lien (pour tout le monde dans le blog),
merci d'avance,
amicalement, Bertrand.
J'ai craqué. Je pouvais lire vos commentaires, mais je ne suis pas parvenu à me "logger", j'ai donc du me resoudre a participer via les commentaires.
Sensation étrange de lire des discussions sur le blog sans avoir posté de message. C'est même assez émouvant, je craignais qu'il ne s'éteigne doucement en mon absence et je le retrouve en pleine forme.
Merci à Bertrand d'avoir transmis mes 1ers remerciements. Je les renouvelle. Merci à tous, votre activité justifie tous mes efforts! Reliure, livres truffés, reliures anglaises... Etc. Les débats sont passionnants.
Je suis allé à saint-sulpice, avec Bertrand d'ailleurs (très sympathique "blogrencontre", c'est clair, pour les bibliophiles, le blog, c'est mieux que meetic!).
J'aime beaucoup ce marché. Peut-etre pourrions-nous à l'occasion y dejeuner ensemble, ou à Brassens... Mais je n'ose plus proposer, m'étant fait un peu envoyer sur les roses quand j'avais proposé un diner! Sourire. Bref, merci, vraiment.
H
(tombé du hamac, pour cause de vent force 7 sur mon île!)
Nn petit rendez-vous Brassens autour d'une table dans un bistro à la rentrée me paraîtrait de fort bonne augure.
Que ceux qui sont ok se signalent auprès du chef (quand il sera revenu de son île aux pirates...)
Bonne soirée à tous,
Amicalement, Bertrand
La délicieuse ambiguité de vos questions et cet appel aux dames à ôter leurs voiles ont un parfum de second rayon dont vous ne nous ferez pas croire, cher Xavier, qu'il est totalement involontaire...
Y'a t-il d'ailleurs des collectionneurs (-nneuses) de ces livres qui ne se lisent que d'une seule main ?
Philippe
A propos, quelqu'un sait-il à quel momment et par qui fut introduit le terme de "Curiosa" ?
Raphael
petit curieux, va...
"introduire le terme" est déjà quelque part une expression très curiosa, non ?
J'avoue ne pas connaître le point de départ de cette locution.
Je suis preneur de l'info également.
Amicalement, Bertrand
Et c'est là qu'intervient la prof de latin !
L'adjectif latin "curiosus" a de nombreux sens : "soigneux", "minutieux","avide de savoir" d'où "curieux" avec parfois le sens péjoratif d'"indiscret". La forme en -a est un neutre pluriel qui se traduit par "choses". A mon avis,"curiosa" est utilisé pour "choses curieuses" ou "choses indiscrètes".
Je vous livre cette explication sans aucune autre garantie que le sens latin du terme. Il y a peut-être d'autres explications.
Isabelle, "semper fidelis"
En tout cas, le "curiosa" du 17e au 19e semble être à toutes les sauces (physica, miscellanea, mathematica et j'en passe...)au temps où l'on s'émerveillait de tout - sauf à celle qui nous intéresse.
Pure hypothèse : le père littéraire de l'Hospodar Mony Vibescu (je suis désolé, c'est son nom...)n'aurait-il pas un peu contribué à lui donner sa nouvelle acception ?
Raphael
De blog en blog,
Connaissez-vous celui du déodorant pour livre (book deodorizer) ?
http://bookdeodorizer.blogspot.com/
Qui essaye ?
Laura
ces américains ! on aura tout vu...
Peut-être utile mais pour moi, hormis la mauvaise odeur persistante des livres ayant subi la moisissure (je ne dis pas mouillure - mais bien moisissure - c'est à dire que la fibre même du papier est partiellement ou totalement cassée (le papier se délite et se réduit en poudre au toucher)...
sinon je laisse à mes livre leur odeur qui leur est propre (c'est le cas de le dire), même plus, j'ai rentré récemment un livre que j'ai humé avec délice... vraisemblablement ce livre avait été plus d'un siècle auprès d'une cheminée ou d'un gros fumeur de pipe... odeur étonnante et suave avec le temps... délicieux !
Je laisse aux autres ce genre de désodorisant qui me rappelle méchamment le paliatif pour les odeurs de caisses à chats...
A vous,
Amicalement, Bertrand
Bonsoir,
Si vous voulez avoir "l'impression" de feuilleter un livre très ancien (mais sans l'odeur et sans le plaisir tactile), vous pouvez vous rendre à l'adresse suivante : http://expositions.bnf.fr/carolingiens/livres_web/index.htm
Vous pourrez virtuellement feuilleter quelques pages de manuscrits carolingiens sortis de leurs réserves.
Qui connaitrait d'autres adresses de sites qui présentent de façon originale (ou fidèle) de beaux livres qui nous feraient rêver, faute de mieux ?
Isabelle
Désolée : j'ai l'impression que l'adresse que j'ai donnée ne fonctionne pas. Le plus simple est d'aller à l'adresse suivante :
http://expositions.bnf.fr/carolingiens/
Sur cette page d'accueil,cliquez sur le titre "livres à feuilleter" et vous vous retrouverez où je voulais vous emmener.
Malheureusement, je ne sais pas comment créer un lien direct...
Isabelle
C'est vraiment une trés belle exposition.
Si vous aimez les manuscrits, rendez-vous sur le blog PECIA de Jean-Luc Deuffic (http://blog.pecia.fr/) qui est une source documentaire et iconographique de trés grande qualité.
Quant à la personnalité aromatique des livres qui les rend uniques et reconnaissables les yeux fermés, je partage votre idolâtrie, Bertrand.
Raphael
Merci beaucoup pour le lien BNF, quant à Pecia j'y passe en curieux trop ignorant du sujet je l'avoue.
Que ne pouvons-nous posséder ces livres précieux ne serait-ce qu'une seconde !
A Raphaël : Merci. Je me sens moins seul et ma pathologie trouvera peut-être un jour un remède... mais les maladies orphelines... pas facile !
Bonne soirée,
Amicalement, Bertrand
Je veux rester incurable et pleurer les anosmiques...
R.
Soit !
Que notre appendice soit notre supplice !
Et sans aucun artifice,
qu'il nous aide à notre vice !
Ensemble et sans artifice,
je le redis aux novices !
Respirer les vieux livres,
c'est mon vice !
A vous,
Bertrand
C’est le souffle léger de l’ancien Gutemberg
L’haleine parfumée de nos vieux grimoires,
Des encres et du plomb les antiques poussières
Qui marquent nos esprits en gravant nos mémoires.
Serviteur.
R.
Je caresse le rêve de réaliser un jour une édition de bibliophile en tirage trés limité d'un de mes textes préférés, l'Epopée de Gilgamesh, la toute première révolte impuissante contre notre humaine et fragile condition.
Au cours de flâneries rêveuses, je suis tombé sur le site suivant de livres d'artiste:
http://netoos.org/pele-mele/
Que pensent les bloggers pas encore partis en vacances de ces livres?
Raphael
J'en pense que c'est trop cher à mon gout...
Je préfère faire travailler ma relieuse en reliure mosaiquée d'après des oeuvres d'artistes connus avec qui je suis ami. J'en ai fait un seul pour l'instant, mais j'espère que d'autres suivront rapidement (si mes finances le permettent)
Sinon, mon dernier achat:
une rare brochure de Henry Bordeaux, auteur que j'affectionne car il m'a amené à la littérature, avec un bel envoi
Ok avec vous Wall sur les prix, mais au-dela de ça, ce qui m'intéresse est de connaître le sentiment des amateurs sur l'esprit des livres-objets, livres d'artistes ou livres détournés et savoir si vous êtes tentés par l'aventure du livre unique, rêvé, créé en collaboration avec un artiste (cela va au-dela de l'échange avec un relieur).
En ce qui concerne votre achat, vous en avez trop dit ou pas assez, quelle brochure et quel envoi ?
Raphael
Je suis complètement tenté par l'aventure du livre unique avec un artiste. C'est tout ce à quoi j'aimerai tendre. Mon premier livre a été fait en collaboration avec la relieuse, mais aussi avec l'artiste, très curieux de voir le résultat.
La brochure est un tirage à part d'une pièce en un acte parue en même temps dans la revue des deux mondes, la dernière flamme, en 1922, rééditée en 1930 avec d'autres. L'envoi est à Lucien Guitry.
J'affectionne l'auteur d'où l'achat (qui d'ailleurs n'aurait pas intéressé grand monde à part moi!)
J'aime bien l'envoi à Guitry, cette résonnance du théâtre au théâtre; c'est homogène, plein de rondeur, comme on dirait d'un vin.
Sans dévoiler vos gisements, c'est un achat dans une librairie habituelle, le net, racontez-nous un peu... ?
...Mais dites voir, à bien y regarder, cela a l'air de furieusement ressembler au coup de coeur que nous évoquions l'autre jour et dont vous semblez cependant vous méfier...
Raphael
Pour revenir aux éditions d'art, ou d'artistes, ou de bibliophiles, ou de bibliophilie, on ne sait plus trop bien...
Il y a tout de même quelque chose qui me dérange là dedans... ça fait un peu trop "Arts & Métiers du livre" à mon goût, trop de tapage pour un flan comme dirait un de mes anciens amis...
le flan, c'est inconsistant, c'est sans texture propre, ça suite les contours, ça dégouline, c'est bon soit, ça peut être beau et appétissant, mais ça n'a pas de classe !
Pour tout dire j'aime les livres rares parce qu'ils sont rares d'eux mêmes, pas une rareté programmée, inventée, crée de toute pièce, la mariée peut être belle, on lui achète une belle robe, un beau collier de perles, de beaux souliers, et hop !
Non, décidément, la bibliophilie contemporaine je n'accroche pas, je suis un indécrotable rétrograde...
Tanpis pour moi, je ne saurai sans doute jamais détecté les futurs best sellers de demain, l'auteur qui bouleversera Hugo sur son trône poétique (il n'est pas né...), qui renversera Balzac et Zola de leur siège romanesque...
Je ne contenterai donc de sortir de l'oubli les penseurs d'hier et les faiseurs d'histoires de nos ayeux ! Du temps ou le papier était chiffon parce qu'on ne savait pas faire autrement...
Amicalement, Bertrand
Bientôt off line
@Raphael
Il s'agit totalement d'un coup de coeur, car j'ai une certaine dette intellectuelle envers Henry Bordeaux qui m'a permis d'accéder à la littérature et de découvrir énormément de choses, indirectement.
Je vous disais que je faisais tout pour éviter les coups de coeur, que ça m'arrivait assez peu. En tout cas, cela m'arrive essentiellement avec Henry Bordeaux (qui, outre le coté moraliste, a un coté critique intéressant)
Je partage votre sentiment, Bertrand. Lors d’une récente virée, je suis tombé dans la vitrine d’une librairie ancienne sur une concrétion plâtreuse adornée de pinces de crabes tout autour , qui s’est révélé être après examen un livre ancien ouvert dont seul subsistait de visible quelques reflets de son ancien vélin. Ce qui m’a le plus surpris est que l’auteur de ce concept artistique est une libraire de livres anciens, dame d’expérience qui détourne les livres " pour les recréer en sculptures fantastiques en, nous introduisant dans la magie d’un nouveau rapport entre le sens du livre et le sens de l’objet… " dit la plaquette qui accompagne l’expo.
De là, je suis allé voir ailleurs quelques livres-objets, dont une paire de banderilles entourées et reliées entre elles par un galon d’ameublement sur lequel le texte était manuscrit. Bon…
Le site dont j’indiquais l’adresse a des formats plus bourgeois mais les textes ne sont pas …grands… encore, vous avez raison.
Je trouvais que vous faisiez mouche avec l‘expression " rareté programmée " à opposer à rareté de l’âge, mais à tout considérer cette confiture pour bibliophile existe déjà depuis longtemps.
Tout cela participant à la réflexion amorcée plus haut sur le contenu des collections futures de bibliophiles illustrant fin du 20e et début du 21e siècle.
En tout cas, je ne veux pas que mon vieux Pétrone de 1585 de chez Linocier, dans son vélin poli par l’usage et si savamment annoté, finisse dans les bandes plâtrées incrustées de crustacées, ah ! ça non !
Raphael
Taking off coming soon.
Wall : Quoi lire de H. Bordeaux ? son parcours est un peu… cahotique.
...et des crustacés avec des "e" au bout, en plus..
R
totalement d'accord avec Raphael,
malgré tout je ne veux pas passer pour un vieux rétrograde sans vision de l'avenir (36 ans... c'est pas si vieux...),
c'est seulement que je n'arrive pas à concevoir le livre autrement que comme un objet magique qui renferme à la fois, le savoir et l'élégance.
Tout le débat que l'on peut mener autour des "livres objets" dont nous inonde tous les deux mois la belle reliure progressiste A & M du livre (on ne peut le nier) peut à mon sens se résumer en une phrase, un constat ou une interrogration sévère :
Doit-on tout sacrifier pour la liberté de l'art contemporain ?
J'ai été sonné dernièrement lorsque j'ai appris que Paul Bonet n'avait jamais su relier un livre de sa vie... Bonet, génie créatif (quoique un peu répétitif... mais c'est sa marque de fabrique... d'où reconnaissance... d'où notoriété...) n'était qu'un dessinateur, un concepteur de maquettes de reliures "virtuelles" exécutées par d'habiles techniciens de la reliure. Idem pour Monique Mathieu (que je connais personnellement), idem pour beaucoup d'autres...
Mon idée est que Bonet a crée des décors pour les reliures, mais qu'il aurait tout aussi bien pu le faire pour des meubles, des automobiles, des mongolfières...
Je n'aime pas cette idée qu'un créateur de décors pour reliures ne sache pas techniquement l'exécuter... Mais ce doit être mon côté dogmatique et intransigeant, de la même façon je n'apprécie guère les chanteurs qui ne sont qu'interprètes, et qui toute leur vie chantent les chansons des autres... Pour moi un artiste doit être complet, auteur, compositeur et interprète. Evidemment c'est une utopie, une chimère... que je caresse doucement sans trop y croire...
Amicalement, Bertrand
@Raphael
Que lire d'Henry Bordeaux??
Je crois que les oeuvres de jeunesse sont, chez beaucoup d'auteurs, même les plus prolixes comme Bordeaux, souvent parmi les meilleures.
Je vous conseillerais dans ce cadre ses critiques de jeunesse et ses premières poésies (le tout repris dans oeuvres de jeunesse (1938) parmi lesquels La vie et l'art, 2 volumes parus avant 1900).
Il est vrai que nombre de ses romans sont moralistes plutôt, mais certains peignent la Savoie et sont très intéressants. Il y a aussi Murder Party qui n'est pas si mal.
Ses nouvelles, parues dans divers recueils tels que Les Amours inconnues sont aussi pas mal: il peint très bien un sentiment en peu de pages.
Et ses biographies et études, surtout quand ça touche le romantisme ou qu'il y met du romantisme, cela devient aussi assez bon. Les amants de Genève m'ont beaucoup plu (sur Helène de Doenigen et Ferdinand Lasalle)
Ce n'est certes pas un des plus grands écrivains, mais un bon écrivain qui a écrit de très bonnes choses, et des moins bonnes, et surtout à qui je dois énormément.
C'est par lui par exemple que j'ai lu Edouard Rod, que j'aime beaucoup.
Wall
PS: je fais énormément de fautes sur informatique... j'espère que je n'en ai pas laissé trop
Merci Wall pour cette revue critique. Je lirai bien par curiosité Murder Party et je vais aller voir Edouard Rod qui m'est totalement inconnu.
Raphael
J'ai un avis sur la reliure moderne, mais il m'est trop difficile d'intervenir de façon pertinente dans votre debat depuis mon lieu de vacances (sans connexion internet, je dois écrire mes messages sur l'ecran de mon blackberry, soit 5x5 cm).
Pour résumer en quelques mots... Je suis gêné par la reliure contemporaine lorsqu'elle recouvre des textes autres que contemporains, c'est trop anachronique pour moi.
Devoirs de vacances : en parcourant vos échanges, qui sont d'une grande qualité, je me suis dit "ils ne sont pas en vacances, et si tu les faisais travailler?"... Pour résumer, si vous avez des idées de contenu pour le blog, n'hésitez pas à en parler sur le blog. Ainsi quand je vois vos echanges, je me dis que proposer regulierement des debats serait peut être pertinent, de même qu'une section "citations", à laquelle je travaille déjà.
Merci a vous de faire le blog en tout cas! je rentre très bientot!
Hugues
J'ai un avis sur la reliure moderne, mais il m'est trop difficile d'intervenir de façon pertinente dans votre debat depuis mon lieu de vacances (sans connexion internet, je dois écrire mes messages sur l'ecran de mon blackberry, soit 5x5 cm).
Pour résumer en quelques mots... Je suis gêné par la reliure contemporaine lorsqu'elle recouvre des textes autres que contemporains, c'est trop anachronique pour moi.
Devoirs de vacances : en parcourant vos échanges, qui sont d'une grande qualité, je me suis dit "ils ne sont pas en vacances, et si tu les faisais travailler?"... Pour résumer, si vous avez des idées de contenu pour le blog, n'hésitez pas à en parler sur le blog. Ainsi quand je vois vos echanges, je me dis que proposer regulierement des debats serait peut être pertinent, de même qu'une section "citations", à laquelle je travaille déjà.
Merci a vous de faire le blog en tout cas! je rentre très bientot!
Hugues
Je ne suis pas d'accord avec Hugues: une reliure contemporaine sur un livre ancien ne dénature pas pour moi le livre, si la reliure est faite dans l'esprit du livre ou qu'il y a une certaine harmonie.
J'ai presque envie de comparer cela à une visite chateau XVIe avec des tableaux XVIIIe qui pour moi est comme un chateau XVIIIe avec des tableaux XXe. Cela ne me choque nullement si l'ensemble est bien assorti
Oui, je crois que c'est une affaire de subtils réglages avec le texte. La reliure doit le protéger et le mettre en valeur sans aboutir à un contre-sens. Pas de reliure en carton déchiré, journeaux collés, plumes et clous rouillés sur un Henry Bordeaux où une certaine rectitude de formes et un jeu sur la couleur du même nom paraitraient mieux adaptés.
En réfléchissant avec le relieur (Montecot, Paris)sur les "19 poémes élastiques de Cendrars" d'un exemplaire devenu trop fragile, nous en sommes arrivés à une demi-reliure simple avec un papier à dessins géométriques de rubans étirés et de stries évoquant l'élasticité et un dos en chagrin caramel asymétrique, plus large sur le 1er plat, sur lequel figure le titre en vertical sur deux colonnes. L'espace entre les lettres en caractère script allant en augmentant vers le bas pour exprimer cette idée d'étirement inspirée par le titre.
C'est vrai qu'on a l'impression de marcher sur un fil dans ce genre d'entreprise mais c'est là aussi où l'on apprécie d'avoir affaire à un relieur cultivé.
Raphael
Ps : Wall, vous connaissez sûrement le portrait d'Edouard Rod dans sa bibliothèque avec son chat sur les genoux (Wikipedia)? Je le trouve extra.
.
Le livre a tellement évolué depuis l'époque des reliures plein veau qu'il me semble pathétique, voire ridicule, de relier à l'ancienne une oeuvre moderne. Cela n'a aucun sens, ni historique ni artistique.
En revanche, lorsqu'il s'agit de restauration ou d'un livre ancien non-relié, il paraît intéressant de maintenir une certaine "tradition". A condition d'assumer la différence plutôt qu'essayer de la gommer. Le comble du ringard ? Les reliures dites pastiches.
TE
"lorsqu'il s'agit de restauration ou d'un livre ancien non-relié, il paraît intéressant de maintenir une certaine "tradition". "
Sur un exemple concret, comme le Raynal de Philippe dont il a fourni des photos plus haut, quelle reliure imagineriez-vous ?
R.
.
Pour un Raynal ? Du cuir d'Espagnol, parbleu ! :D
TE
Je sais que je vais passer pour un rustre et que je risque l’exclusion définitive en posant cette question : Que pensez vous des rééditions Jean de Bonnot ?
J’ai eu l’occasion d’en acquérir quelques exemplaires pour entre autre avoir accès au texte sans casser le dos de l’édition ancienne, et j’ai été agréablement surpris ; bien sur on ne peut que regretter le procède d’impression moderne.
.
Dede55, veuillez prendre la porte... IMMEDIATEMENT !
Aucun amateur de plein veau ne s'abaissera à acheter des reliures en Jambonneau ? Non, monsieur. Jamais...
TE
Pas cool en tout cas chez JdB, voyez à
http://jean2bonnot.canalblog.com/archives/2006/01/31/1297859.html
les misères qu'ils font aux collectionneurs de leur série...car il en existe...
TH
En effet pas très sympa, restons donc classique; de plus Alde, Glyphe, Plantin et autres, ne devraient pas envoyer leurs avocats.
Ah! Dede, c'que vous nous obligez à faire...
Vous avez piqué notre curiosité et pan !...nous v'la repartis sur eBay pour en apprendre plus
http://avis-membres.ebay.fr/Edition-JEAN-de-BONNOT_W0QQugidZ10000000001160990
TI
Encore là, Dédé ?!
:D
Plus sérieusement, je comprends Jambonneau. Un site officieux consacré à sa collection, passe encore. Mais qui organise un business parallèle de livres qu'il vend de son côté... c'est déjà plus litigieux.
J'aurais fait pareil. Vas-y, Jambo, bats-toi pour tes reliures pourries de rééditions tombées dans le droit commun, on est avec toi !
TE
Enfin...il ne faudrait pas froisser ceux d'entre nous qui collectionnent les Jules Verne de JdB...quand même...
TJ
Je ne comprends pas cette vague de véhémence contre les éditions J2B.
Elles sont d'excellente qualité,
...d'ailleurs, elles brûlent trés bien.
Ray Bradbury
@Raphael:
Non, je ne connaissais pas ce portrait. Je n'étais jamais allé sur cette page de Wikipedia.
J'ai vu aussi qu'il y avait dans la bibliographie, la brochure de Bordeaux sur Edouard Rod (rarissime, quelques dizaines d'exemplaires) mais repris dans Sentiments et idées de ce temps (si mes souvenirs sont bons)
Sur les J2B:
Je n'aime vraiment pas du tout!!!!!!
Je ne suis pas un très vieux bibliophile (42 ans), mais il me semble que négliger la reliure, ou les pages de titres et les gravures sont plus des erreurs de jeunesse que de réelles et pérennes aspirations pour un collectionneur.
On commence ainsi, souvent même on méprise ceux qui sont attentifs aux reliures, nous qui aspirons surtout aux textes et puis le temps passe, il fait son oeuvre et c'est lui qui au final permet de distinguer le simple lecteur du bibliophile. Car finalement, pourquoi lire un texte dans une version originale si seul le contenu nous intéresse? D'autant plus que bien souvent les éditions récentes sont bien meilleures que des éditions plus anciennes. Un exemple? L'Apologética Historia de Las Casas est parue au 17ème siècle, et c'est sans doute un délice pour un bibliophile amateur d'histoire de la posséder... mais le lecteur, lui, devra préférer la version intégrale, qui elle ne parût qu'en 1909.
Je ne juge pas d'ailleurs, je suis lecteur et bibliophile. J'ai d'ailleurs moi même connu une semblable évolution : au début, je recherchais des textes, et l'état m'importait peu, la reliure, comme le fait qu'ils soient complets de leur gravures, etc., je me targuais d'ailleurs de ne pas être de ces snobs qui étalent de belles reliures dans leurs bibliothèques, dont je pensais, parfois avec raison, qu'il ne lisaient pas leurs livres.
Avec le temps, les deux facettes se sont dissociées, je suis toujours un lecteur, et je dévore de grandes quantités d'ouvrages, anciens ou non, et je suis, à côté et en même temps, bibliophile. Si l'on s'en tient à la définition, le bibliophile est celui qui a la passion des livres et non pas la passion des textes. Finalement, le bon bibliophile est probablement l'amateur dont l'exigence dépasse le texte justement, et va jusqu'à la reliure, l'illustration, voire la typographie. Personnellement, je n'ai jamais d'ailleurs rencontré de bibliophile qui ne soit pas cultivé et fin lettré....
En ce qui me concerne, à mesure c'est vrai que mes moyens me le permettaient, je suis revenu de ce purisme déplacé qui voudrait qu'un texte dans son jus soit plus valable que le même texte, dans une belle reliure, voire une reliure postérieure, de Bozérian, Simier, Canale, Lortic ou Thouvenin. La bibliophilie est une exigence, sinon, autant se « contenter » de la lecture, et c'est aussi une esthétique. Si on est passionné par le livre ancien, comment oublier la reliure, etc?
Ce n'est pas parce qu'une femme est intelligente qu'elle ne peut pas en plus être belle, et pareillement pour les hommes (avant que je me fasse tirer les oreilles par les bloggeuses!).
Aujourd'hui, et parce qu'avant le temps, ma bibliothèque a gagné en qualité, j'essaie le plus souvent de réunir toutes ces qualités en un ouvrage : le texte, la reliure, le fait que l'ouvrage soit complet, etc. C'est peut-être cela la bibliophilie, cette accumulation d'exigences... Ceux qui ne cherchent que le texte étant plutôt des lecteurs (sans que cela soit péjoratif), ceux qui ne cherchent que la reliure étant plutôt des bourgeois (terme emprunté à un ami libraire, voire le message sur Jean de Bonnot, sur lequel je me garderais bien d'avoir un avis ici), etc. etc.
Pour ce qui est de la reliure contemporaine, j'ai croisé quelques exemples au cours de ma vie de bibliophile et je dois dire que l'anachronisme dont parlait Hugues m'a en effet souvent perturbé. Je me souviens d'un Suétone sur les César datant du 18ème (de mémoire), relié dans un box moderne, avec des couronnes de lauriers et des temples mosaïqués sur les plats... Un travail de professionnel, mais dont je cherche encore le sens... De quelle qualité supplémentaire pouvait donc se prévaloir l'ensemble ainsi relié par rapport au même en reliure plein veau, ou même en basane de l'époque? De deux choses l'une, soit l'ouvrage était dans un état catastrophique et alors pourquoi ne pas lui avoir offert une sobre demi-reliure en guise de restauration, soit il était en bon état, mais alors pourquoi cet outrage?
C'est ainsi souvent le cas pour les reliures contemporaines, on est souvent sur le fil du rasoir, au bord de la faute de goût et pour ma part je la réserve à des ouvrages d'artiste, contemporains eux aussi. Quelqu'un pose la question? Quelle reliure pour un Raynal?
Je me permets de répondre : mais pourquoi vouloir tant de mal à ce Raynal? Un Raynal du 18ème en 10 volumes coûte 300 euros dans une reliure d'époque... pourquoi aller dépenser le double ou le triple pour le « parer » d'une reliure hors de son époque?
J'adhère totalement aux remarques de Bertrand sur l'unicité.... Le relier donc pour le rendre unique? Réflexe d'investisseur ou de passionné? J'ai souvent l'impression que les relieurs contemporains utilisent le livre comme support à leur créativité, quand c'est sur un livre contemporain, je comprends, mais sur une édition 15ème, ou même 18ème? Pourquoi tant de haine? Sourire.
Cela me rappelle ce grand collectioneur de tableaux qui après avoir acquis ses Rembrandts, Renoir et autres Tintoret, sortait sa palette et les rectifiait... Imaginerait-on ce que l'on fait subir à ces livres anciens en leur collant une reliure contemporaine pour des tableaux, des meubles, etc?
Martin.
Bonjour à tous,
arrivé sur mon lieu de vacances (la mer n'est vraiment pas chaude sur le littoral du Languedoc...),
je vois que l'activité du blog ne cesse de croître, ce qui est vraiment une très bonne chose...
D'autant que le Patron ne vas pas tarder à faire son retour...
Pour faire suite au message de Martin et divers, voici un exemple concret de bibliophilie vacancière :
J'ai choisi de me faire livrer mon dernier achat sur Ebay sur mon lieu de vacances. Il s'agit d'un bel exemplaire des Mémoires de La Rochefoucauld, dans l'édition de 1669, titre à la sphère. L'exemplaire est relié en plein maroquin citron, fine reliure de la fin du XIXè siècle, non signée, mais dans le goût des meilleurs productions de Trautz-Bauzonnet ou Cuzin ou Lortic. L'exemplaire est parfaitement conservé et très agréable bien qu'il soit un peu court de marges (comme souvent...)
Alors voilà, ce sera MON LIVRE de vacances, que je vais savourer pour le texte (que je n'ai encore jamais vraiment lu en intégralité), un texte classique.
La reliure évidemment n'est pas de l'époque, j'aurais mille fois préféré un maroquin rouge janséniste de Boyet, avec sa fine roulette dorée en encadrement intérieur des plats, signe infaillible de la finesse et de la signature de ce relieur des Princes et des grands bibliophiles des années 1680 à 1710 environ.
Je vais donc lire avec plaisir ce texte classique.
M'acompagnent également dans mon périple 2 des catalogues de la longue et célébrissime vente des livres de la bibliothèque Lebeuf de Montgermont (1913 et 1914).
Lire des notices de belles bibliothèques étant un des mes plaisirs favoris.
Merci à Martin pour son intervention avec laquelle je suis 100% d'accord.
A bientôt,
Amicalement, Bertrand
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