« Après le plaisir de posséder des livres, il n'en est guère de plus doux que celui d'en parler. » Charles Nodier

"On devient bibliophile sur le champ de bataille, au feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des livres."
Henri Beraldi, 1897.

frise2

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mercredi 19 décembre 2007

Espace, frontière de l'infini... "Débat" : le livre est mort...

Amis Bibliophiles Bonsoir,

Petit dialogue entre un vulcain et un terrien en 3265 :

"- Tiens, je suis allé à une vente sur Alpha du Centaure hier, la vente "Pilou 139", mais si, tu sais le descendant d'un grand bibliophile du 19ème siècle, sur Terre, ou bien n'etait-ce pas plutôt au 18ème... je m'y perds avec ce nouveau calendrier interstellaire... On est quel jour aujourd'hui? KV LXIV? Enfin bref, et bien figure toi que j'ai fait quelques Claydermans (illustre compositeur français qui remplaca Chopin dans le coeur des mélomanes au milieu du 21 siècle)...
- Naan? Raconte moi ça, la dernière fois que je suis allé à une vente à la porte d'Orion je n'ai rien trouvé à part un vieux Kindle de génération 83...
- Et bien moi mon cher, j'ai déniché deux digidisks des oeuvres de Brett Easton Ellis, édition originale en format phonebook, ses deux premiers best-sellers uniquement diffusés sur téléphone portable...
- sur quoi?
- Téléphone portable, tu sais les intercoms primitifs.
- J'en ai entendu parler, mais jamais vu.
- Bah, moi non plus, mais bon.. Enfin bref, deux digidisks en format phonebook pour 500 crédits! T'imagines! La Bibliothèque Des Racines Humaines n'en a qu'une dizaine...
- Ils sont complets?
- Euh, non... C'est un peu le problème, pas de générique de début et l'hologramme de l'Institut Cosmique de Contrôle des Données n'est plus présent.
- Dommage, mais ça explique le prix... C'est devenu trop souvent le cas sur les livres anciens, le Grand Conflit a fait pas mal de dégâts.
- C'est vrai, quand tu penses qu'avant il paraît qu'on imprimait des livres sur du papier...
- Du quoi?
- Je sais pas, un truc comme des feuilles de silicium, ou du latex je crois. Enfin organique en tout cas.
- Organique? Tu plaisantes? Tu imagines le coût?
- Tu as raison, c'est probablement une légende.
- Bon sinon, tu en es où au niveau de ta bibliothèque?
- Ca se construit, ça se construit.... Je suis de plus en plus bibliopégimane, je me réoriente en ce moment sur les boîtes de Mega Data File, on en trouve encore, récemment j'en ai rentrée une en adamantium, avec un dos lisse!
- Naaaaan, dos orné?
- Oui, superbe... Moitié moins cher que chez le dataseller des quais de la ceinture de la Grande Naine...
- Tu m'étonnes, tous des escrocs ces marchands! Je préfère encore prendre un cargojet pour le satellite xb24 d'ebay, c'est celui qui est consacré au grand marché des données, et s'il me reste du temps je file sur la planète mère ouvrir un compte paypal en grognioks de Gondor.... ces satanés barbares de la frontière refusent les crédits quand je leur achète des mutapets pour ma fille...
- Ah les chiens! Ca me fait penser qu'il faut que j'y aille, Kirk 239 m'attend sur l'Enterprise. Je te laisse!
- A plus, Longue vie et prospérité.".

Vous croyez que je plaisante?

Savez vous que 5 des 10 romans les plus vendus cette année au Japon ont été écrits sur des téléphones portables. Ils ont été vendus à 400.000 exemplaires en moyenne. Que nous serait-il arrivé si La Fontaine avait écrit ses fables sur un téléphone portable?

Et que penser de la numérisation des livres, documents et notamment des bibliographies dont les versions papiers deviendraient obsolètes (volume occupé, difficulté à compulser…), sujet que nous évoquons souvent sur le blog?

La technologie présente des avantages mais aussi des inconvénients et non des moindres. Voici en substance les idées développées dans un article du dernier " Pour la science n°361 nov 2007 pp 14 et 15 "

De nos jours des données de tous ordre sont écrites et conservées sous forme numérique pour la commodité et la compacite (1 DVD = plusieurs kilo de papier)

La mémoire de l'humanité est donc de plus en plus numérique, bien que cette technique soit extrêmement instable. Ce problème tient donc en 2 points.

Le premier c'est le caractère indirect du stockage : il est tout à fait impossible de lire avec ses yeux un document sur support numérique, il faut passer, pour cette lecture, par des appareils en constante évolution . qui peut lire aujourd'hui des données stockées il y a 10 ans sur disquette 5,25 pouces ? (plus de lecteur et plus de logiciel)

Le deuxième problème tient dans la durée de vie du support, les bandes magnétiques, les CD et les DVD tout comme les disques durs ont une espérance de vie d'une dizaine d'années (voire parfois beaucoup moins).

Pour préserver les données il faut régulièrement les recopier sur un support neuf.

Si l'on néglige, durant quelques années, ce travail de recopie, l'information est perdue !

Alors quoi? Le Livre est-il en voie d'extinction (où sont passés les papyrus d'ailleurs?), que devons nous commencer à collecter pour être les bibliophiles de demain? Des DVDs? Des disque durs, des cartes SIM?

Entre nous, le Livre n'est-il pas "fini"? Terminé, hors de propos? Nous, gardiens du temple, comment devons vivre cela? Et qu'est ce que cela va signifier pour les livres anciens? On est fichus (grosse panique de l'auteur!!).

C'est un vrai faux débat entre nous, amoureux du livre, mais pour le reste de la société?

H

P.S. : merci beaucoup à Pascal pour l'idée.

50 commentaires:

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

J'ai bien peur que notre droogie préféré se soit consolé un peu vite de l'affreuse vente Bérès dans les délices d'un Moloko+

Voilà ce qui arrive à trop écouter la 9è de Beethoven !

Je noterais deux points dans l'article qui me semblent intéressants :

1. l'article sous-entend qu'Ebay existera encore en 3265. Peu de chances... non ?

2. Que les yeux seront encore nécessaires pour lire un livre ? On aura progressé question évolution de l'espèce... non ?

Par contre on peut très bien imaginer des livres qui conservent la forme qu'on leur connait aujourd'hui en 2007 (feuille, papier, encre, caractères, reliure) mais des livres à contenu virtuel c'est à dire que vous prenez un livre dans votre bibliothèque (le seule d'ailleurs puisque un seul livre suffit alors), vous énoncez à haute et intelligible voix "Molière. Les femmes savantes" ou "Orange mécanique. Anthony Burgess" et hop ! aussitôt le livre est prêt à être lu. la couverture est illustrée, les pages en papier électronique sont quasi-identiques à nos bons vieux livres du XXIè siècle... et puis à mi-chemin de la lecture vous en avez assez... alors vous dites "Nicolas Sarkozy. Télmoignage" et hop ! vous obtenez immédiatement le livre que l'illustre président avait écrit au début des années 2000, juste avant que le monde interstellaire ne tombe dans le chaos (entre temps les Vénusiens ayant tenté une invasion de la Terre). Heureusement, Procyon, Alcor, Vénusia et Actarus Prince d'Euphor étaient là pour nous sauver tous... Ce qui est montré de façon évidente ici http://www.generiquestele.com/Goldorak

Allez les Droogies ! Arrêtez de vous prendre la tête avec la fin des livres... ils sont bien là et pour des siècles encore, j'en mettrais une reliure de Chambolle-Duru à couper !!

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

Les livres sont encore bien présents pour un bout de temps. Aujourd'hui, ils font encore partie des trois cadeaux les plus offerts à Noël (je ne me rappelle plus où j'avais entendu ça, mais je crois que c'était une émission du style Capital).
Pourtant, ils ont de moins en moins le statut culturel qu'ils pouvaient avoir il y a 20 ou 30 ans encore. Le goût n'est plus à montrer le livre dans les habitations comme marqueur d'un certain statut de lettré, mais plutôt à le cacher, remplacé par la télévision, la plus grosse possible, pour prouver la réussite sociale de l'individu. Un peu à la manière de la voiture, mais moins chère.

On n'est pas non plus à l'abri d'une modification de la forme du livre dans les décennies à venir. Pourquoi pas imaginer des livres dont les feuilles sont en plastique ou en matières composites? Meilleure résistance, facilité de production, protection de l'environnement et recyclage, et surtout baisse des coûts de production... On se rappelle que le papyrus a remplacé la pierre par sa facilité d'utilisation; le parchemin a remplacé au IXème siècle en France le papyrus, parce que ce dernier ne pouvait être acheminé en Occident en raisondu blocus arabe qui obligeait à augmenter les coûts de transport depuis l'Egypte; le papier a ensuite remplacé le parchemin pour ses coûts réduits et sa facilité de production. Sait-on jamais s'il ne peut y avoir de révolution semblable au XIXème.
De là à ce que le "datapad" remplace intégralement la production livresque...

PS: Hugues, il faut arrêter la consommation des Epices plutoniennes!

Gonzalo a dit…

Bon sang! Je n'ai pas eu le temps de me remettre de l'invention de l'imprimerie qu'on m'annonce déjà une nouvelle technologie!

Non, sérieusement, je crois que le livre ne risque rien, du point de vue du support en tous cas (après, pour ce qui des choix éditoriaux, là ça acommence à craindre...). Ca fait des années qu'on nous annonce sa mort, et il est toujours là. Le contenu change, le public change aussi, mais le retour au volumen électronique (vous savez, faire dérouler la page avec le petit curseur à droite, comme on déroulait les rouleaux jadis...) n'est à mon avis pas pour demain.

Hugues a dit…

Amusant, parce que moi, je crois absolument à la disparition du livre à terme, en tout cas tel que nous le connaissons aujourd'hui (feuille, papier, encre, caractères, reliure comme dirait Bertrand).
A quel terme, évidemment, je ne saurais dire, mais un livre c'est avant tout un contenu, et aux yeux des non-bibliophiles, le contenant à moins d'importance qu'il n'en a pour nous.

Ma petite fille de 3 ans et demi ne jure que par les naïpodes et quand elle croise un CD, l'idée qu'on puisse mettre de la musique sans image sur un tel support ne l'effleure pas. Pour elle, la musique c'est soit virtuel, soit dans un concert, mais en tout cas pas sur un format matériel.

Demain elle lira, peut-être sur un kindle (livre virtuel d'amazon dont mêmes les détracteurs du nuémrique semblent dire que c'est une réussite). Le Kindle semble enfin être un succès commercial, ou en passe de le devenir.
Les ebooks représentaient 2% du marché du livre en vente à distance aux Etats-Unis il y a trois ans, on approche les 10% aujourd'hui, et le chiffre croit de façon significative sur la population étudiante.

Alors pourquoi dans une société comme la nôtre s'encombrer de ces livres pesants, quand sur un disque dur vous pouvez stocker des bibliothèque entières?

Vous savez mon amour du livre, mais honnêtement, je ne crois pas que ce support, tel que nous le connaissons aujourd'hui survivra. Cela prendra 100 ans, ou 500 ans (dont finalement, la question est sans intérêt), mais il disparaitra, parce que la lecture si elle ne disparaît pas, se fait différemment.
Le livre serait le support culturel qui survivrait contre vents et marées? Non, je n'y crois pas.
Finalement, Gonzalo et Pilou, les plus jeunes lecteurs du blog (22 et 23 ans), sont déjà des ancêtres par rapport aux générations qui arrivent. :p
H

Anonyme a dit…

Dans ce cas, il faudra redéfinir le mot livre, ou tout simplement supprimer son utilisation, puisqu'un livre est avant tout un assemblage de feuilles. Un ebook n'est pas un livre. Si l'on prend les thèses de la Nouvelle Histoire, où tout est document, alors l'ebook est un document, mais pas un livre. C'est un contenu. Si l'ebook est considéré comme livre, alors un dvd, un cd ou tout autre chose qui a un contenu littéraire, artistique ou musical est également un livre.
Mais je ne pense pas que d'ici à ce que nous tous ayons disparu, le livre mourra. Il faudra attendre un bon bout de temps. Le livre garde quand même un certain nombre d'avantages par rapport à un ebook: facilité de lecture, possibilité de prendre des notes en marge (même si je ne le recommande pas...), touché et sensations que n'ont pas les instruments informatiques. Le sensoriel joue beaucoup dans un livre.
Alors pour l'instant, je dis que le livre survivra encore un bout de temps. Pour voir une société sans livre, peut-être faut-il aller dans une galaxie lointaine, très lointaine...


PS: Oui! Je revendique mon statut d'ancêtre afficionados du livre!

Bergamote a dit…

Je suis persuadée que le livre "version papier" (de toute façon, s'il n'est pas en papier, pour moi ce n'est pas un livre) a encore de beaux jours, de belles années et de beaux siècles devant lui.

D'une part, je déteste consulter des fichiers pdf de grande taille (par exemple, car je ne parle même pas des autres formats), il m'est donc impossible de lire un livre sur un écran d'ordinateur - ou même sur un PDA ou autre machin-truc électronique. Exit pour moi le livre sur disque, carte, puce, c'est imbuvable.

D'autre part, en tant que bibliophile (et bibliopégimane !), je suis à peu près tout aussi attachée au contenu du livre qu'à son contenant. L'objet m'est cher : un livre se prend dans les mains, se touche, se feuillette, se lit parfois en diagonale (César Birotteau, de Balzac...pfff). Comme pour toutes les choses que je possède et que j'aime, le livre est ma propriété, je dois pouvoir le prendre dans mes mains, il est à moi.

Et je ne parle même pas de mon adoration pour la reliure.

Sans oublier que les enfants d'aujourd'hui sont les bibliophiles de demain : mes enfants raffolent de l'ordinateur, mais je m'imagine mal leur lisant les Contes de Perrault au format pdf (je pense que je me ferais huer en moins de 4 secondes). Je viens de leur offrir un album de contes, qui mesure 50cm de hauteur, aucune puce ou clé USB n'aurait pu les émerveiller de la même manière.

Ton billet était vraiment très drôle, en tous cas :)

Valérie

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Si je prends un cas précis, par exemple mes catalogues Morgand pour y revenir, je les ai sous deux formes, version papier, 10 gros volumes in-8 brochés (ou plutôt débrochés pour la plupart) mais très bien imprimés par Danel à Lille sur beau papier (1876-1904), et puis j'ai une version CD-ROM numérisée de l'ensemble incluant l'OCR (reconnaissance de caractères).

Au niveau pratique voici comment je fonctionne. Les 10 volumes brochés sont des "livres" que je feuillète très régulièrement "pour le plaisir de feuilleter de beaux catalogues" ET "pour y apprendre quelque chose". Le CD-ROM qui n'est pas un livre, je ne l'utilise (c'est donc un OUTIL et uniquement un OUTIL) que lorsque je cherche une information précise. Et là, l'outil est plus performant que le livre, c'est certain. Si je dois chercher tous les exemplaires contenant l'occurence "Fables de La Fontaine" dans les 10 volumes papier... 2 jours après j'y suis encore (certainement plus même... et je risque très sûrement d'en oublier...), si je cherche cette occurence dans mon PDF OCRisé, en gros 15 secondes après j'ai à ma disposition la liste exhaustive des résultats de ma recherche.

On voit la puissance de l'outil !

On voit la faiblesse du livre !

On voit le plaisir lié au livre !

On voit la froideur de l'outil !

Bref ! En clair, que ce soit dans 100, 1.000 ou 10.000 ans, je pense que cela dépendra de ce que notre pauvre monde est devenu...

Si ce monde est utile, froid et rapide comme il semble se dessiner... Je pense que Hugues à raison et que dans les quelques dizaines de décennies qui viennent on risque de voir le LIVRE disparaître, comme ont disparu les tablettes d'argile, les papyrus, mais aussi les chaises à porteur (pas assez rapide Marie-Antoinette ! Fouette cocher !) et le phonographe à pavillon (hein ! qu'est-ce que tu dis ??),

tandis que si le monde futur s'annonce, doux, sensible, sensuel même (Vue l'activité Eurodysney landesque de ces derniers jours qui tendrait à le prouver... tous les espoirs sont permis... love me tender... love me Carla...), si le monde qui vient devient "raisonnable" ALORS et seulement ALORS le LIVRE tel qu'on le connait conservera sa place. Place qu'il mérite et que l'homme se doit de préserver... Après ce que feront les HOMMES !!!???

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

L'ordinateur EST UN OUTIL, que je range quand j'ai fini de m'en servir, d'accord avec un portable s'est plus facile :-)); je prend en main le livre pour le plaisir "sensuel" qu'il me procure. Et l'ordinateur m'aide à trouver le(s) livre(s) que je souhaite aquérir, et ça c'est génial !
Xavier (qui dépense sa paye d'informaticien pour acheter des livres en VRAI en papier recouvert de VRAI carton..., parfois de maroquin)
Amitiés Hughes

Anonyme a dit…

Correction : acheter des livres en VRAI papier
Bah, cette fenêtre de saisie est vraiment trop petite...je m'y fait pas.
Amitiés

Hugues a dit…

Bah, vous êtes juste d'indécrottables romantiques. Le mot "Livre " en lui-même est sans importance et le livre du bibliophile n'est pas le livre de tout le monde... mais c'est le livre de "tout le monde" qui décidera de l'avenir du livre.

Pilou, pas d'accord avec toi sur la différence que tu fais entre ebook et livre, parce que ça restreindrait le débat à un débat sémantique, et franco-français qui plus est.
"book" = "livre"... Donc j'aurais pu parler de livre électronique, le fond de la pensée aurait été le même.

Le Livre que nous aimons et que nous connaissons est fantastique, merveilleux, mais il peu finalement tellement peu pratique (allez, à la limite je vous accorde la portabilité, mais pas plus...). Et encore...
Notre approche à nous autres, bibliophiles, est sensuelle, même olfactive pour certains, mais cela n'empêche...

Et pas d'accord avec Bertrand, quand tu dis que futur froid rime avec abandon du livre (même si je sais que tu caricatures)... Et non, crénom de non, c'était pas mieux avant!
Ou alors, retournez tous dans vos cavernes à grelotter de froid avant qu'il y ait un dangereux progressiste qui invente le feu... (ah, ils avaient de jolies gueules les bibliophiles de l'époque, avec leurs maroquins en guise de slip!!).

Moi, j'attends les évolutions du livre avec curiosité, je pense que nous allons être à une période charnière de son existence, où il me semble plus menacé que jamais, et donc contraint plus que jamais à évoluer...

Je n'aurais rien demain, contre des kindles avec des liens hypertextes me permettant en feuilletant les pages de comparer 19 éditions de La Fontaine, ou de découvrir des vidéos de Versailles au moment où je lis les Trois Mousquetaires.

Ma vision du livre, c'est qu'il est porteur de modernité, tout en évoluant avec les techniques. On doit l'accompagner dans ce mouvement, et tant pis si cela heurte nos sensibilités fétichistes, non?

J'ai confiance. Et je me dis qu'il n'y pas de raison que les livres de demain soient moins bien que ceux d'hier.
Mais encore une fois, on parle là de livres qui sortent des presses tous les jours.
Et puis, en ce qui nous concerne, bibliophiles... ce n'est pas parce qu'on peut se meubler chez Ikea qu'on ne peux pas en même temps aimer les meubles anciens, et même les mettre l'un à côté de l'autre chez soi.
H

Anonyme a dit…

J'entendais par la définition du mot "livre" le livre tel qu'on le connait. Quel est le rapport entre un livre et un "ebook" qui n'est au final qu'un ordinateur portable, moins puissant, aussi cher, et moins utile, même si plus petit. N'est pas un livre un objet qui a le même contenu mais pas la même forme. Qui peut considérer qu'un papyrus sous forme de rouleau ou qu'un pierre gravée au VIIIe siècle av.JC. en Anatolie est un livre? Pourtant, il y a un contenu écrit dessus mais personne ne peut considérer qu'il s'agit de la même chose qu'une édition in-8 des oeuvres de la Fontaine, ou qu'un original de Bel-Ami de Maupassant.
Donc, pour moi, un ebook, qui n'a de "book" que la dénomination, n'est pas un livre.
Et effectivement, il y a la part de ressenti vis à vis du livre que nous avons en tant que bibliophile, mais que ne partagent pas 99% de la population.
Mais de là à ce que le "livre" papier disparaisse, je ne suis pas sûr que ce soit pour aujourd'hui. D'ailleurs, le développement des "grandes surfaces culturelles" du style FNAC ou Virgin prouve que le livre dans son ensemble (y compris les BD, oui...), qui prend généralement la moitié de l'espace de vente, ne perd pas de son attrait.
Alors bien sûr, les générations actuelles ont de moins en moins le goût du livre, et l'éducation scolaire (à ne pas confondre avec l'éducation tout court, ce que certains parents oublient souvent) a de plus en plus tendance à oublier le livre au profit de l'outil informatique. Maintenant, c'est aux parents de faire connaître le livre aux enfants et à le leur faire apprécier.

Et ça ne veut pas dire que je n'utilise pas de fichiers pdf sur mon portable! Juste que je préfère lire les livres "en vrai"!

Hugues a dit…

L'e-book est une forme de livre... Combien de fois vous ai-je d'ailleurs entendu dire ici que vous imprimiez vos pdf? (ce qui moi, me choque à un niveau incroyable).
Les mots ne sont pas figés dans le temps, ce qui est un livre pour nous aujourd'hui, ne sera pas la même chose à l'avenir.
Quelle analogie trouver? Il ne nous viendrait pas à l'esprit de renier le mot "voiture" aujourd'hui... alors qu'il y a un siècle et demi on mettait des chevaux devant et que tout le monde aurait été plié de rires si on lui avait dit "demain, on aura des voitures sans chevaux, et on appellera ça du même nom, voiture"... Réponse des copains "C'est ça mon grand, arrête la bouteille ça te réussit pas"!.
Et pourtant, on a d'abord appelé ça des automobiles... comme on appelle ça des e-books aujourd'hui.
Et puis, il ne faut pas résumer l'ebook au pdf... ce serait une immense erreur. Pensons justement plutôt au Kindle... et aux merveilles que l'avenir nous réserve.
Ah, je caricature, mais avec des bibliophiles comme vous, Gutenberg aurait passé un mauvais 1/4 d'heure! (j'ai dit je caricature...)
H

Gonzalo a dit…

J'observerai avec la même curiosité que toi, Hugues, l'évolution prochaine du livre. En gardant aussi à l'esprit qu'il vaut mieux, pour l'histoire, être dans l'évolution plutôt que la réaction. J'aimerai, tant qu'à faire, qu'on ne parle pas de moi dans 500 ans comme on parle des "Sorbonagres" et autre clercs qui virent dans l'invention de Gutenberg un danger pour leur pouvoir...
Le livre électronique ne coutera plus que la conception... quasiment aucun frais de production ou de reproduction. Dans un temps où les DVD coutent moins chers que les livres, une réduction des coûts peut être intéressante!

Cela dit, je ne te rejoins pas sur ton idée d'une mort du support papier, Hugues... Nous vivons certes à l'époque d'une "presse sans Gutenberg" (et la révolution connue par la presse papier/web ces dernières années est intéressante à cet égard), mais on n'a jamais autant imprimé. "Un nouveau livre toute les trente secondes", c'est ce qui sort des presses en ce moment sur terre (et c'est aussi le bandeau d'un passionnant essai de Gabriel Zaid, "Bien trop de livres? Lire et publier à l'ère de l'abondance", Paris, Les Belles-Lettres, 2005).

Un nouveau livre toute les trentes secondes! Comment, alors, croire que le support papier s'accomode mal des temps modernes.

Bonne nuit à tous! (on se fait une bouffe?)

Anonyme a dit…

Tous les acteurs du diner du 17/12 ne sont pas sur la carte !?
Au travail !

Jean-Paul

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Hugues veut nous la jouer l'incroyable moderniste !

Lui qui chasse le maroquin au galop et qui entasse les livres sur ses rayonnages...

Je n'y crois pas une seconde...

Pris dans le tourbillon de la vie moderne, il peut arriver que absorber par les visions hallucinogènes et captivantes de ton Balckberry et autres Ebook, tu en oublies l'essentiel.

Le livre n'est pas une étape. Pour moi c'est un aboutissement. Les codex, papyrus et autres tablettes d'argiles ont été les tatonnements d'hier, le livre est d'aujourd'hui et de demain. Tout simplement parce qu'il est portable et pratique.

Les mangas, actuellement au comble du modisme, que je sache sont imprimés sur beau papier glacé, en petit format pour beaucoup et tiennent (à ma dernière visite Fnac de la semaine dernière), la bagatelle de 20 m2 de rayonnage sur Dijon... Les Mangas en Ebook je n'y crois pas... Et puis va te faire faire un ex libris par le dessinateur sur ton Ebook.

Comme tout le monde ici sait que j'affectionne les citations (au grand désespoir de certains - mais je m'en ....), en voici une, qui n'est pas d'un dinosaure de la littérature des siècles anté-déluviens :

« le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » (attribuée à André Malraux)

Et bien j'y crois. Soit notre siècle avance vers plus de sérénité, de spiritualité, de "réflexion" soit on va à la catastrophe.

Le livre tel qu'on le connait en sera sans doute un des acteurs majeurs.

Et marre des anti-c'était mieux avant, on pense ce qu'on veut, non ? Pour moi la chose est entendue.

Provocateur ? Non. Pas une seconde.

Amitiés, Bertrand

Hugues a dit…

Turlututu!
Ah, non mais! Je vais interdire les citations sur le blog, si cela continue! Sourire.

Pour information (et je sais un peu de quoi je parle, ayant été "khôllé" sur ce sujet précisément), la paternité de cette citation est trouble... Malraux ne l'a jamais prononcée en public (devant plus d'une personne), ni écrite, et il l'a récusée au moins deux fois.
Ainsi dans ses manuscrits, qui ont été étudiés par un spécialiste, professeur de Paris IV, Malraux a lui même inséré le texte suivant en marge :
"On m’a fait dire: le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas.Formule ridicule. En revanche, je pense réellement que l’humanité du siècle prochain devra trouver quelques part un type exemplaire de l'homme, etc.".
Et dans une relecture, il va encore plus loin, et passe du "ridicule" au "prophétique", le désaveu devenant encore plus fort:
On m’a fait dire: le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. Laprophétie est ridicule; en revanche, je pense que si l’humanité du siècle prochain ne trouve nulle part un type exemplaire de l’homme, ça ira mal...".
Enfin, dans une interview donnée au Point le 10 décembre 1975, Malraux va plus loin, et nie formellement avoir jamais prononcé la formule.
En revanche, il est possible, mais là, aucune preuve, qu'il ait dit : "Le 21 ème siècle sera mystique ou ne sera pas", ce qui est très différent.
Plus intéressant, certains supposent que Malraux a lui même désavoué la formule, s'il l'a effectivement prononcée un jour, parce que justement, elle devenait un lieu commun utilisé par tous. Dans tous les cas, son sens tendait vers le mystique et les religions.

On est loin du livre ancien, mais je me permettrais juste une petite remarque... Je n'ai pas l'impression que c'est en renforcant le mysticisme et la spiritualité religieuse qu'on va vers un mieux... Voilà, c'est dit.

Maintenant, "le Livre est un aboutissement", c'est ce qu'on a dit pour les automobiles, les la terre qui est plate, le téléphone, etc... Et puis un jour, à chaque fois, un homme ou une femme s'est levé un matin et s'est dit "Ah bon, je ne crois pas moi, j'ai une autre idée, etc."

On ne peut pas dire que le livre est un aboutissement! Il est fragile, il est périssable, il n'est pas toujours portable (pensez à l'OHR), il est statique, il est non évolutif, on ne peut pas le mettre à jour, on ne peut pas le partager facilement, etc. C’est aussi ce qui fait son charme, mais de là a dire qu’il est abouti…….. Ou alors, Bertrand, tu as une sacrée boule de cristal…

Moi à 36 ans, je dis, ce sera mieux bientôt, et j'espère bien, parce que je trouve pas que ça aille si bien que ça... Enfin, en tout cas, on est quand mieux aujourd'hui qu'au 18ème..! A ça ira, ça ira, ça ira!

Et laissez Malraux dormir en paix.

:)

H

Anonyme a dit…

Pour moi, il ne faut pas souhaiter au livre de rester dans son état actuel, de le considérer comme abouti, ce serait le condamner.

Le livre est un élément important de notre société. La société, les comportements et les techniques évoluent, si on ne veut pas que le livre reste au bord de la route et que finalement il devienne uniquement un objet de collection, il faut qu'il évolue lui aussi.

Mais peut-être que les bibliophiles sont mal placés pour juger de ceci, tant leur attachement à l'objet livre est grand. Il serait plus judicieux d'interroger les lecteurs, ce sont eux qui définiront la bibliophilie d'après-demain, parce qu'un livre est d'abord et avant tout fait pour être lu.

L'exemple des mangas est en fait un contre-exemple, il démontre bien que le livre est en évolution, et que les comportements qui lui sont associés évoluent aussi.

J'ai 44 ans, je suis professeur, avez-vous déjà essayé de lire un manga, de la dernière page à la première, de droite à gauche, de haut en bas? J'ai essayé, malgré mes efforts, cela m'est impossible, je suis trop marqué... Et je crois que si on avait dit à un instituteur de la communale qu'en 2007 les adolescents liraient de cette façon totalement nouvelle, il aurait éclaté de rire.

Le livre évolue, et avec les mangas, on voit bien quelle population provoque ces évolutions : 1. les lecteurs, 2. les jeunes.

Si demain, cette population décide qu'elle veut lire des romans de littérature française de cette façon, comme des mangas, les éditeurs les imprimeront ainsi, pour satisfaire leurs clients, et la consommation du livre aura déjà profondément changé.

Si comme on l'observe, les étudiants prennent l'habitude de travailler avec des pdf, ou online, avec des applications évolutives (cf les clefs usb pédagogiques remises aux professuers et aux élèves des collèges, pour leur éviter de transporter des livres! CE QUI EST ELOQUENT!), il n'y a pas de raison qu'ils "reviennent en arrière à l'âge adulte"...

Le Livre n'est pas un objet, sauf pour nous, c'est un contenu et une "user experience". Le contenu change assez peu, mais l'expérience révolutionne le livre. Je suis de mon côté convaincu que nous allons vers les livres numériques.

Dernier exemple : l'évolution de la presse. Avant hier, tous les journaux étaient payants, hier, les gratuits, qui font fureur, sont apparus, et les grands groupes de presse se sont bousculés pour en lancer. Aujourd'hui, ces mêmes grands groupes diffusent de l'information de qualité, gratuitement, sur un autre support, internet. L'expérience utilisateur a changé, combien d'entre nous ne lisent plus que ces mêmes nouvelles sur des sites comme ceux du journal Le Monde, etc?

On ne peut s'accrocher à un objet et vouloir qu'il reste tel quel, sans évoluer. Ce serait le condamner. Et puis, aussi, c'est vrai, ignorer des contraintes économiques, voire même écologiques importantes. Consommer autant d'énergie et de matière pour imprimer des contenus aura-t-il encore un sens dans un siècle, quand on pourra diffuser les mêmes contenus en économisant les ressources?

Antoine.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Vous m'avez convaincu Antoine ! Le livre tel que nous le connsaissons va mourir, c'est inéluctable.

Seulement je n'aime pas forcément le monde qui se prépare, dans sa globalité, le livre numérique n'étant qu'un aspect de ce gigantesque cataclysme technologique qui est déjà à notre porte. En ai-je le droit ?

Je pense que oui. J'ai le droit d'être réactionnaire et conservateur. D'ailleurs le monde de demain n'en aura-t-il pas besoin de ces conservateurs au sens propre du terme ? Il faudra de tout pour faire ce monde de demain. J'expliquerai à mes enfants ces nuances subtiles qui font que l'on peut vivre ou en harmonie avec le monde qui nous entoure, ou en désaccord profond.

Quant à dire que les technologies de demain (nanotechnologies, robotique, domotique, etc...) seront moins polluantes que d'imprimer un livre papier... alors là j'en doute très fortement...

Amitiés, Bertrand

Anonyme a dit…

A Antoine: Je ne suis pas d'accord avec vous! Je suis bibliophile mais aussi grand consommateur (c'est l'exemple même du "livre-produit" à la japonaise... parfois 50 à 100 volumes d'une oeuvre, une histoire, une parution hebdomadaire dans des magazines tirés à la grande époque de la bulle économique japonaise à plus de 4 millions d'exemplaires pour le Weekly Jump, une véritable industrie de l'édition, avec ses stars, ses têtes d'affiche, etc.), et je n'ai eu aucun mal à m'adapter au sens de lecture japonais. Bon, peut-être aussi que j'ai commencé jeune (et pourtant, pas tant que ça, puisque les premiers mangas datent de mon adolescence). Mais je ne me vois absolument pas lire un roman ou autre dans le sens de lecture japonais. Trop compliqué...

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Bertrand. Aujourd'hui, les produits de nouvelles technologie, en particulier les ordinateurs (au bout d'un ou deux ans, un ordinateur est obsolète, je le rappelle...), sont parmi les principaux produits polluants déversés dans nos déchetteries. Le coût exorbitant de leur retraitement pousse souvent les entreprises chargées de leur collecte à vendre leurs restes à l'étranger où ils sont retraités à coup de mercure ou d'acide sulfurique. La plupart des composants sont fabriqués à partir de produits chimiques et hautement polluants également.
Le papier pollue, c'est vrai, mais il peut être recycler presque intégralement. Pour en revenir au Japon, la plus grande majorité des grands tirages et en particulier les magazines de prépublication hebdomadaires de mangas sont fabriqués à partir de papier recyclé pour limiter au maximum les importations extérieures de matière première (puisque le Japon ne produit pas ou peu de papier de "première main").

Anonyme a dit…

Je ne cherchais pas à vous convaincre Bertrand, vous pouvez bien sûr penser ce que vous voulez.

J'aime les livres, mais seulement comme objets. Je ne suis pas particulièrement heureux de ces évolutions, mais je pense qu'elles sont nécessaires pour que le livre continue de vivre et ne devienne pas un objet désuet auquel seuls quelques sectateurs seront encore attachés.

On peut ne pas aimer ces évolutions à venir, mais ce n'est pas une raison pour les nier, ou les refuser, d'ailleurs, je crains bien que nous n'ayons pas le choix.

Mais bon, il nous reste du temps devant nous... Et puis, vous savez, le monde ne sera pas moins bon pour vos enfants juste parce que les livres sont numériques!!! Sourire. Quant à être réactionnaire, c'est aussi votre droit, bien sûr, mais c'est assez loin de l'esprit de modernité que je vois moi aussi, dans le livre, comme porteur d'idées nouvelles notamment.

Pilou... Vous voyez, vous êtes jeune et déjà vous ne vous voyez pas lire un roman à la japonaise... sans parler des musulmans ou des hébreux, qui lisent aussi d'une façon différente de la nôtre. Alors pourquoi croire que nous, occidentaux, avons défini la forme aboutie du livre?

Antoine

Anonyme a dit…

Il fait "mais pas seulement comme objets", bien sur.
Antoine

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

On viendrait presque à un débat d'ordre politique !

A l'heure ou la planète s'essouffle la faut à qui l'on sait... A l'heure où les jeunes générations n'ont jamais été autant sensibilisées à la sauvegarde de la planète (ma fille de 2 ans sait presque déjà dans quel bac à poubelle - recyclable ou non recyclable il faut jeter, tandis que mes parents de 60 ans et + n'en font quasi rien...), le monde change vous avez raison, mais pourvu qu'il change dans le bon sens, et c'est là tout mon conservatisme si l'on peut appeler cela ainsi. Je ne suis pas un de ses vieux conservateurs à binocles et écharpe rose fluo et moumoutte en poil de bête que l'on peut croiser dans les salles de Drouot, non, je suis un conservateur qui se veut avant tout conservateur du bien être de sa planète et de ses hôtes... Un peu écolo comme discours, peut-être, mais le combat qui s'annonce est certainement autrement important que de savoir si les livres du futur seront en papier ou en silicium vulcanisé !!

Amitiés pour une évolution progresssiste raisonnée, Bertrand

Anonyme a dit…

On est malheureusement dans un monde où les intérêts économiques priment sur les idées écologistes. L'ebook, c'est très sympa, mais si au final, il existe le kindle, le Sony machin, le Yamaha truc et le iBook (je sens bien Apple nous pondre un truc de ce style, à côté des ibook ordi portables), et que chacun a son propre format, cela veut dire qu'il faudra autant d'ebook que de formats. Parce que bien entendu, Hachette va choisir Sony, WHS va choisir Yamaha, etc. Donc, pour avoir la possibilité d'étendre ses lectures à l'ensemble du marché, il faudra 50 outils pouvant les lire. Sans compter que tous les 6 mois, un nouveau modèle va venir remplacer le précédent (c'est comme ça que fonctionnent les groupes industriels: au bout de deux ans, il n'y aura plus de suivi des anciens produits et pour pouvoir bénéficier des nouveautés, il faudra un nouvel ebook). Au final, au lieu d'avoir un livre papier qui n'aura presque rien coûté au niveau production, qui n'aura presque pas pollué si c'est du papier recyclé (il faut bien savoir que malgré tout, le recyclage du papier utilise des produits polluants...) et qui coûtera peu en emballage, on se retrouvera avec un ebook "sale", comprenant un emballage: carton (non recyclable, je le rappelle), polystyrène (produits plastiques et donc issus des industries pétrochimiques), et autres, sans compter l'objet lui-même (et tous les produits métalliques et chimiques qu'il comporte), dont il sera quasiment impossible au bout de 6 mois de recylcer 50% maximum des composants.
Alors si le "livre" doit devenir "polluant", alors je suis un tradi, réactionnaire et même contre-révolutionnaire s'il le faut! :)

Anonyme a dit…

Pilou! Arguments captieux!
Uniformité des formats : pensez mp3par exemple, qui y parvient. Il ne me semble pas que cela soit un échec!
Par ailleurs, quand on parle ebook, qui vous parle d'emballage, de polystyrène, etc? Vous nous parlez de ça alors que les emballages de disques disparaissent (voir Radiohead)
Pensez téléchargement, voilà l'avenir de la donnée!
Vous ne faites que des demi pas..., ça ne peut pas tenir vos arguments! On a l'impression que vous êtes prêts à tout pour rester dans le déni! :)
Mais sur le fond, même si je regrette déjà le livre, c'est inexorable, pour ce qui est du livre de lecture.
Tristan

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

C'est vrai Tristan, vous avez sans doute raison, le combat est perdu d'avance.

Mais je ne peux m'empêcher de me référer dans ces cas là à cette bonne vieille tirade (un peu vieillotte pour beaucoup ici je pense... mais désolé les Tokyo Hotel ne sont pas encore dans mon lexibook super gamma...)

"Que dites-vous?... C'est inutile?... Je le sais! Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès! Non ! Non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! Les Compromis, les Préjugés, les Lâchetés, la Sottise et, tout en admettant sa défaite, leur annonce qu'il y a malgré vous quelque chose Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu, Mon salut balaiera largement le seuil bleu, Quelque chose que sans un pli, sans une tache, J'emporte malgré vous, et c'est... - C'est?... - Mon panache."

Ca me rappelle aussi ce que me rabâchait dans mon ancien boulot une collègue si motivée qu'elle a fini par devenir chef alors qu'elle en ramait pas une... (elle se reconnaîtra...) :

"Enfin Bertrand ! Tu ne vas pas refaire le monde un dimanche matin !!"

Et bien si. On peut refaire le monde un dimanche matin et même sans doute un lundi. Et les derniers commentaires qui tendraiement à prouver que l'inexorable évolution de notre monde est jouée d'avance n'ont pas pensé qu'alors il n'y avait plus aucun intérêt ni à débattre, ni à combattre, tout est écrit. Le monde ira à sa perte, c'est ce qui doit arriver, cela arrivera. Quel fatalisme ! Encore bien pire je pense que ce fatalisme qui voudrait faire du livre papier un support pour quelques dizaines de milliers d'années encore (si la terre et ce qu'elle supporte existe encore à cette date évidemment... j'en doute... ou alors sans nous... la nature ayant repris ses droits).

Amitiés non résignées à un monde de sicilium et de métal hurlant, Bertrand

Gonzalo a dit…

Bien d'accord avec vous, Tristan.

Même si l'on est attaché au livre, reconnaissons que les e-book du genre kindle ont aussi leurs avantages... Et si, au lieu d'emporter une valise pleine de livre quand je pars une semaine en vacance, je n'avais plus besoin que d'emporter un ebook?

Les baladeurs mp3 ne tueront pas le disque. Les ebook ne tueront pas le livre. Mais ils vont exister, devenir présent dans notre vie quotidienne. Ils ne tueront pas le livre, en tous cas pas avant plusieurs dizaines d'années. Ils existeront. Et franchement, je dirais presque tant mieux! C'est une solution écologique (si, si!), et qui peut éventuellement s'accompagner d'une baisse du prix des textes. Ne souhaitez vous pas que le livre soit concurrentiel du DVD? Ca n'est pas le cas aujourd'hui, et il est beaucoup plus facile (financièrement parlant) de devenir cinéphile que bibliophile... A condition que les ebooks ne soient pas des outils de flicage, je ne vois pas le problème à ce qu'ils existent et se multiplient.

Ne vous inquietez pas, Bertrand: rapidement, une bande d'informaticiens intelligents pondera un format libre, qui deviendra dominant, et les marchands suivront... On a eu linux, on a eu ogg, on a eu the Gimp et open office, on aura des ebook libres, au moins pour les oeuvres tombées dans le domaine public. C'est, en tous cas, ce que j'espère.

Et cela n'enlèvera pas ni le prix ni la valeur sentimentale des maroquins dorés et cirés qui s'entassent sur nos étagères...

Anonyme a dit…

Refaire le monde le lundi, refaire le monde le mardi, refaire le monde le mercredi, et les autres jours aussi...!

Refaire le monde, c'est accepter le changement.

Je ne suis pas dans le refus du progrès ou de l'évolution, mais quand il se présente à moi, j'essaie de faire tous mes efforts possibles pour le rendre humain. Si demain, les livres disparaissent, je me battrais pour que nos livres en papier subsistent, et si ce n'est pas possible, je ne m'enfermerais pas dans mon immobilité, mais j'essaierais de positiver les changements et de voir comment je peux faire survivre le livre à ma façon.

Ah la la, on serait mieux sans internet, on ne débattrait pas!

Par ailleurs, je suis passé aujourd'hui à l'expo sur l'Enfer... Superbe, mais que de monde!!!!! La folie!

Sourire.
Tristan.

Bergamote a dit…

(28 commentaires ! Hugues, tu as "high-scoré" ;-)
Quel débat passionnant, bien qu'assez déprimant, à y regarder de plus près.
Je pense toutefois que cette mort du livre "inéluctable" (j'use et j'abuse des guillemets, je sais) est si lointaine qu'en fait elle ne me touche pas. Non pas que je moque que cette fin arrive ou pas, bien au contraire, mais je suis sûre que nous avons encore des décennies avant que le cataclysme dont vous parlez ne se produise.
Dormez en paix, mes amis, nous serons les Irréductibles Gaulois, les village qui résiste à l'e-envahisseur ;-)
Valérie.

Anonyme a dit…

Je ne suis pas convaincu que le livre disparaisse. Ne serait-ce que pour les droits d'auteur. Beaucoup plus simple de se protéger par un livre papier que par un fichier pdf. Et ne me sortez pas l'argument "mais aujourd'hui, on vend des musiques sur le net en mp3!". Mais enfin, le rapport fichier légal/fichier piraté est tellement en défaveur de la légalité que ça en est risible... Il n'y a qu'à voir les 2 MILLIARDS de téléchargements du site Mininova avec une courbe exponentielle depuis environ deux ans.
Alors peut-être le disque et le dvd ne disparaîtront pas, malgré le piratage, mais dans ce cas, le livre non plus.
Et je le répète, l'ebook n'a pas tant d'avantages que ça. Ca m'étonnerait qu'un éditeur soit capable de courir le risque de perdre de l'argent dans ce genre de truc. Un ebook sur le site d'amazon est vendu entre 7 et 10$, soit le prix d'un livre papier. Quel intérêt, à part celui de gagner de la place, peut-on trouver à l'achat d'un lecteur à 400$ et à des livres de 10$ l'unité? Sans compter le risque de perdre ses données en cas de crash informatique, disque dur grillé ou autres joyeuseté informatiques. Si ensuite il faut sauvegarder chaque vollée de bouquins sur un DVD pour être sûr de les conserver, on en revient au même problème d'utilisation de place.
Alors, peut-être que je défends à corps perdu le livre, avec des "arguments captieux" peut-être, issus d'un esprit traditionnaliste et même réactionnaire, mais je pense sincérement que notre vieux livre a encore de beaux jours devant lui avant de passer l'arme à gauche! :)

Bergamote a dit…

Complètement d'accord avec toi, Pilou.
Je suis peut-être une vielle "tradi" réac, mais je n'ai pas de lecteur mp3, je n'avais jamais entendu parler de Minimachin avant aujourd'hui, et je ne télécharge ni vidéos ni musique. Alors quand je veux un livre,je vais me l'acheter, ou je le cherche sur internet, en version papier, bien sûr :)
Et longue vie à la reliure !
Valérie

Anonyme a dit…

Pilou, ne vous posez pas la question des éditeurs... Tous les gens un peu sérieux qui se penchent sur l'avenir de la création, intellectuelle et artistique sont au moins d'accord sur une chose : les intermédiaires entre auteurs et audience, les éditeurs par exemple, tels que nous les connaissons, n'ont aucun avenir.
Maintenant, si vous placez l'ebook face au livre, et que vous les comparez point par point, vous verrez que le 1er n'a pas à rougir, loin de là :
Le livre est portable? L'ebook est portable. Mais surtout là où vous partez dans la mauvaise direction, c'est quand vous imaginez que l'ebook soit matériel, ce qui est logique pour un bibliophile, adepte du livre objet.
Les ebooks de demain seront virtuels : ils seront donc portables et téléchargeables via des interfaces de lecture (téléphone, pda, micro-ordinateur, kindle, télévision, paire de lunettes, etc.), ils seront indexables, traductibles, écologiques (terminé les forêts qu'on abat pour imprimer du Marc Lévy...), et surtout, ce qui est un autre problème, je le reconnais, ils seront moins chers, voire gratuits (cf la musique en ce moment).
C'est un univers et un marché à réinventer. Que nous le voulions ou pas, comme l'a dit Hugues, ça arrivera, alors on peut être les derniers couillons à ne pas le vouloir, nous aurons jutse l'air idiot, celui des Sorbonagres de Gonzalo...
Et puis, trouvez-vous normal que l'on doive payer 5 euros pour lire Balzac ou Molière aujourd'hui? Ne pensez-vous pas qu'un culture moins chère serait plus abordable pour tous?
Avez-vous une idée de ce que représente l'achat de livres pour une famille qui manque de moyens?
Le livre sera virtuel, peut-être pas demain, mais après-demain, c'est certain. Il faudra vous y faire, mais vous savez, ce n'est pas parce qu'on a des outils qu'il n'y a pas de grands collectionneurs de silex... Vous êtes donc tranquilles.
Mike.

Hugues a dit…

Tout à fait d'accord avec vous Mike.
H

Gonzalo a dit…

Je souscris également. A tous points.

Anonyme a dit…

Ne vous inquiétez pas, Mike, je sais tout à fait ce que représente l'achat de livres pour une famille disposant de peu de moyens... Effectivement, ils représentent un sacrifice important, surtout dans le cas des livres anciens.
Que l'on fasse évoluer le livre, très bien, notamment dans les métiers autour du livre. Mais croyez-vous sincérement qu'un trust comme Hachette accepte sans rechigner la disparition de ses droits sur du Molière ou du Balzac? Croyez-vous qu'ils acceptent de laisser distribuer des livres gratuitement sur internet, via des produits qui couteront de moins en moins cher? Je ne pense pas. Regardez ce que les majors de la musique et du cinéma ont réussi à imposer aux gouvernements! Taxes sur les produits, augmentation des peines pour les cas de piratage informatique, allant de paire avec un flicage intégral de toutes les sources "d'approvisionnement" en musique ou film, augmentation des prix des produits, aussi bien les films, que les cd vierges ou les appareils informatiques, etc.
Vous pensez franchement que Hachette, dont vous connaissez les propriétaires, accepterons de perdre un marché aussi important que celui du livre? Vous pouvez être sûr que google et même peut-être Gallica deviendront payant, que le prix des livres va enfler de manière exponentielle, jusqu'à la maîtrise du marché de l'internet (c'est ce qu'il se passe avec les cd: voyez le prix aujourd'hui, entre 17 et 20€ alors qu'il y a 5 ans, on se plaignait déjà de payer un cd 80fr...).
Alors faut-il accepter ces modifications? Non! En tout cas, moi je ne les accepterai pas. Alors peut-être que je serai seul, c'est sûr, quitte à passer pour un "sorbonnagre" ou même un tridentin du livre!
En tout cas, je ne m'en fais pas encore pour la production de livres. Pas avec le niveau de production actuel. Mais on ne sait jamais, effectivement. Mais dans ce cas, je prie pour la culture et pour les futurs historiens. Parce que les sources qu'il restera alors...

Anonyme a dit…

C'est toi qui a raison Pilou ! Et c'est super de constater que deux générations se rejoignent sur ce sujet. Peu importe qu'il y ait des amateurs de techno dehors...il y fait si froid. Chez nous, nous poursuivrons notre quête passionnée de vieux silex qui nous font si chaud au coeur.

Joyeux Noël !

Jean-Paul

Hugues a dit…

Oh non, tu n'as pas raison Pilou, notamment quand tu invoques les raisons économiques?
Hachette (Groupe Lagardère) ne serait pas d'accord? Et tu crois que ça changera quelque chose?
Crois-tu que les maisons de disques sont pour le téléchargement, gratuit et même payant et les -15% de résultats annuels que cela engendre? Non, mais ils n'ont pas eu le choix, entre le peer to peer et les groupes comme Radiohead, l'un des plus grands vendeurs de disques qui met désormais son disque en téléchargement direct sans passer par une major?
Ca se passera ainsi pour les livres. Hachette et les autres n'auront rien à dire.
Un exemple? Comme pour les logiciels Open source, il suffira qu'un internautre bien intentionné mette tout molière en ebook sur le net, téléchargeable gratuitement, et la cause de Molière sera entendue (et il faudra s'en réjouir).
Je ne suis pas certain que Molière serait ravi de savoir qu'aujourd'hui il enrichi les patrons d'eads et autres vendeurs de missiles.
Tu as également tort sur le coût de la musique, qui s'est effondré pour les utilisateurs, de 0 euro en téléchargement gratuit à 1 euro par chanson sur itunes, alors qu'un cd vaut 20 euros. Et je me souviens avoir acheté les premiers CD, qui tournaient autour de 120 francs. La différence ne s'explique que par l'inflation.
Mais le coût des biens culturels s'effondre, c'est totalement l'inverse de ce que tu dis (je sais un peu de quoi je parle, c'est mon métier). Regarde par exemple les Encyclopédies Universalis, après, que les groupes que tu cites soient contre, c'est peut-être vrai, et encore, au cas par cas, mais cela ne change rien.
Ces mêmes groupes, puisque tu parles de Lagardère, grand groupe de presse, étaient contre la presse gratuite, cela n'a rien changé, et aujourd'hui, leur stratégie consiste à passer tous leurs contenus sur le net.
Le blog enfin est un exemple. Je ne me positionne pas comme un concurrent su magazine du Bibliophile, mais regarde, sur le net, c'est communautaire et les bons mois tu peux trouver entre 20 et 30 articles gratuitemet sur le blog, contre 5 sur le MdB, pour 6 euros je crois. Et je ne coupe pas d'arbres.
L'avenir est là.
Après, vous pouvez toujours rêver, mais ça arrivera. Plutôt que de le refuser, accompagnons intelligemment le changement.
H

Anonyme a dit…

Je ne comprends pas ce langage.. Et puis, indépendamment du fait que je regarderai tout ça de là-haut, nous parlons ici de livres, si j'ai bien compris, et anciens de surcroit, pas de machines à sous du futur ?
Sujet certes intéressant, philosophiquement, mais qui intéresse bien peu le (vrai - mais y-en-a-t-il de faux ?-) bibliophile.
Comment imaginer lire Molière sur un écran ? On porte tous déjà des lunettes à trop travailler ou chater sur le net, et on connait les dégats sur notre petite cervelle de la lecture prolongée à l'écran : qui n'a pas fini par mettre en route l'imprimante pour faire cesser le supplice ?!
Et ne me parlez pas de la Culture gratuite pour ceux qui n'ont pas les moyens : les bibliothèques publiques ont été créées pour répondre à ceux qui voulaient se cultiver ...Et (j'ai hésité, car je ne veux froisser personne) la Culture de masse d'aujourd'hui montre déjà ce qu'elle sera demain : à base de Star Académy sur un écran ...

Jean-Paul

Anonyme a dit…

Face à ces Cassandre, à titre conservatoire, préparons la bibliothèque du bibliophile du 4e millénaire avec ce que nous avons sous la main aujourd'hui, puisque tout va disparaître...

Voyons, qu'avons-nous d'ailleurs à lui mettre de côté...?

- des livres pop-up ?
- la série limitée des Folios sous étui vendus dans les gares ?
- des JdB ?
-...autre chose à conseiller ?

G.

Gonzalo a dit…

Les éditeurs ne touchent plus aucun droit sur Balzac ou Molière (parce qu'ils n'ont aucun droit dessus, ça s'appelle le domaine public), ils s'en servent pour faire du fric. La question de savoir si ils seront conssentant ou non n'a aucun sens: le e-book les fera crever.

Crois-tu que Microsoft était d'accord pour qu'une bande de cinglé créé Open Office ou the Gimp? Crois tu que les gens de Windows ont vu l'arrivé de Linux d'un bon oeil? Ils ne peuvent rien: les logiciels libres existent, les e-books libres existeront (et si j'avais les compétences techniques, je serai même d'accord pour être de ceux qui les mettent au point!).

Quand à l'argument qui consiste à dire qu'on ne peut pas lire confortablement sur un écran, c'est vrai... Et c'est tout l'avantage du e-book sur le pauvre document pdf. Allez donc voir la vidéo de démonstration du kindle sur amazon.com... C'est très instructif.
Evidemment ça n'a pas le charme du livre papier, et bien sûr c'est quelque chose de différent. Mais je pense qu'il ne faut pas comparer les deux: ce sont deux supports de lecture complètement différents. Les générations à venir décideront lequel des deux supports est le plus pratique.

PS: Pilou, en tant qu'historien, je ne vois pas de quoi tu as peur. On fait partie des premières générations à laisser quantité de sources indestructible aux historiens: acier trempé, déchets nucléaires, plastiques, etc. Un bonheur pour les archéologues! Evidement que les sources des historiens changent, mais les sources "virtuelles" (qui ne sont pas virtuelle du tout, elles sont justes électroniques) sont de vraies sources qu'il convient d'exploiter! Le seul problème pour l'avenir de la recherche historique est un problème politique, mais ça s'est une autre histoire.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Bonjour à tous,
j'ai bien du mal à m'exprimer dans ce débat vraiment passionnant.

J'ai du mal à me positionner aussi. Pour être franc je suis même un peu choqué de la position des ultra-modernistes chantres de la vision tout-métal. Mais en même temps ils ont sans doute raison. Ce qui est fondamentalement le plus grave en fait.

Ce qui me gène dans cette vision "fin du livre papier" et émergeance du "tout gratuit numérique" c'est l'absence totale de considération pour l'objet-livre vecteur de plaisir sensoriel et intellectuel.

En effet, certes si le futur se déroule ainsi la connaissance sera à la portée de tous, en un clic, gratuitement. Restera tout de même à motiver les foules pour aller cliquer sur un Molière binaire plutôt que sur les dernières photos chocs disponibles d'une nageuse aux épaules bien trop carrées...

Par ailleurs, si l'on décortique les systèmes internet d'aujourd'hui (Hugues ne me dira pas le contraire) le "tout gratuit" n'est qu'une façade dans bien des cas. Que dire de la main mise de Google et de ses Adwords et autres systèmes "publicitaires" payants ! Evidemment l'utilisateur ne paye pas (enfin pas directement) mais il est inondé de bandeaux publicitaires désagréables à l'oeil. Alors ce que vous risquez de lire demain, ce sont les "Femmes savantes" avec sur la colonne de gauche de votre écran la publicité pour la tournée interplanétaire des derniers Goodies-actors sur Vega 32, 500 credits l'entrée. Colonne de droite comme il y a le mot "femme" dans "femmes savantes" vous aurez droit à quelques liens vers des sites douteux de donzelles aux formes rebondies en menues tenues d'été lunaire tropical...

Vive le futur. Une amie de New York m'expliquait dernièrement qu'il était quasiment impossible de voir un film de cinéma en entier sur les chaînes de télévision américaines. Nombreuses coupures pub et autres flash d'infos ! Voir même il arrive que le film ne soit pas diffusé jusqu'à la fin...

Donc dans le futur vous pourrez lire molière en numérique, gratuitement, mais noyé dans la publicité indigeste, et sans doute vous ne pourrez pas le lire en entier (Cf. voir ce qui se passe déjà actuellement avec les pages numérisées de Google books... vous n'avez le droit de lire que des extraits la plupart du temps... très intéressant... de culture dosée, saupoudrée, parsemée... Mais bien trop ne faudra de culture pour les masses du futur j'en ai bien peur... d'autres impératifs leur sont déjà proposés pour survivre (logement, nourriture, etc).

Bref, pour résumer ce que je crois discerner dans tout ça, je rentiendrais quelques phrases qui m'ont marqué dans les commentaires précédents :

"Plutôt que de le refuser, accompagnons intelligemment le changement." (Hugues)

Oui, mais comment ?

"Je ne suis pas certain que Molière serait ravi de savoir qu'aujourd'hui il enrichi les patrons d'eads et autres vendeurs de missiles." (Hugues)

Certes, mais y-aurait-il un angélisme caché que je n'aurais su voir chez les Google, Yahoo, et autres vendeurs de numérique ?

"Comment imaginer lire Molière sur un écran ?" (Jean-Paul)

C'est vrai, je ne l'imagine pas. Mais la vrai question semble être, les lecteurs du futur auront-ils toujours envie de lire du Molière ? Je crois que non. Pensons tout de même que nous extrapolons à quelques dizaines de milliers d'années lumière (enfin lumières... il y avait un siècle pour cela... ne lui faisons pas honte...).

Alors oui Messieurs les modernistes vous avez sans doute raison, le livre papier va mourir, mais je ne pense en aucun cas que ce soit pour le plus grand bien de l'humanité, comme je ne crois pas non plus à la pseudo philanthropie qui émanerait des pseudo-vendeurs de gratuits de par le monde... ah quelle brague !

Cherchez plutôt toujours à résoudre cette heureuse question que mon père m'a toujours dit de me poser en toutes circonstances :

"A qui profite le crime ?"

Cherchez bien vous finirez par trouver. M'est avis que Lagardère investira rapidement dans le 'tout gratuit numérique' et que les vendeurs de pétrole d'aujourd'hui (Total, Elf, Mobil, ...) se lanceront très prochainement dans la vente en ligne de panneaux solaires et autres moteurs écologiques !!! Le monde change, les idées restent.

Amitiés, Bertrand

Gonzalo a dit…

Intéressant message Bertrand, avec de vrais arguments. Ne jouons pas les nostradamus, il ne sert à rien d'essayer de prévoir l'avenir, comme nous le faisons depuis 41 messages. Restons simplement vigilants sur ce qui va advenir, mais sans préjugés trop avancés non plus: je crois qu'il est encore possible que le e-books soit un bien. Qui vivra verra! Vigilance mais ouverture d'esprit. La révolution numérique (car c'en est une!) en train d'advenir est passionnante à observer, et je pense sincèrement que la comparaison avec l'invention de Gutenberg n'est pas exagérée! C'est d'ailleurs le point de vue de Frédéric Barbier dans son manuel sur l'europe de Gutenberg. La révolution numérique aura peut-être autant d'importance que la révolution typographique...

Quoi qu'il en soit, comme le dit Bertrand, ce débat est passionnant. Seul l'avenir pourra le clore...

Bons réveillons à tous, et joyeux noël!

Rémi

Anonyme a dit…

Très bien, vous avez réussi à me convaincre. Le livre disparaîtra un jour... Que ce soit le prix, le moyen de lecture, la possibilité d'avoir des quantités infinies de livre à bas coût sur le net, etc. Produit non polluant, prenant très peu d'espace dans une bibliothèque, évitant de brûler des forêts et de tuer les derniers orang-outans des forêts de Bornéo, etc.
Révolution, certes. Mais j'espère toujours qu'il y aura un coin où émigrer, de l'autre côté d'une frontière culturelle, entre le tout numérique et le tout digital, ou alors, j'espère très vite finir sur l'échaffaud, la tête couiquée par le bourreau.

PS: tout à fait d'accord avec Bertrand. Rien n'est gratuit en ce monde...

Hugues a dit…

Bertrand, à part ton abonnement internet qui te sert à vendre tes livres, le blog est absolument gratuit. Et il ne me coûte rien non plus, à part beaucoup, beaucoup de temps..
Hugues

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Cher Hugues, je ne doute pas de ta bonne volonté et de ta philanthropie, sinon je ne serais pas là, parmi vous.

Mais honnêtement, crois-tu vraiment que des groupes pilotés par des multi-nationales style Google et autres géants du net sont dans la même position que toi ??!! Bons samaritains du net ?

Allons, allons, ton bon coeur qui est tout à ton honneur te brouille l'esprit jeune Skywalker.

Amitiés, Bertrand

Hugues a dit…

Ce serait un long débat, mais les modèles économiques de groupes comme Google sont intéressants : là où on avait l'habitude de faire payer l'utilisateur pour un service, Google met les annonceurs/entreprises à contribution.
Mais tu le sais, utilisateur zélé de Google Books que tu es!
H

Anonyme a dit…

A propos de google books: Les utilisateurs zélés devraient le savoir, mais pour les autres (si présents ici), il serait peut-être intéressant d'apprendre qu'il y a beaucoup plus de livres en "full view" pour les Américains que pour le reste du monde.
L'utilisation d'un proxy américain est donc indispensable.
Frohe Weihnachten!
Martin

Anonyme a dit…

Sincérement Hugues, crois-tu que des produits, virtuels ou non, puissent être gratuits? Ils sont forcément répercutés sur un prix quelconque, d'un produit qui n'a parfois rien à voir avec celui qui semble être gratuit.

Hugues a dit…

Absolument Pilou, j'y crois totalement. Voir l'Open Source, les logiciels gratuits, etc.
H

Anonyme a dit…

Ah ! le papier !
On vient d'apprendre que les CD et DVD gravés chez soi ont une durée de vie de moins de 5 ans ! ceux gravés par des professionnels bénéficient d'une couche protectrice complémentaire, mais n'auraient une durée de vie limitée à une vingtaine d'années max !
Que vive le Livre..papier !

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